Rosewood
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Rosewood

La dernière énigme de la guerre froide

  1. 208 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Rosewood

La dernière énigme de la guerre froide

À propos de ce livre

2014, à l'approche du vingt-cinquième anniversaire de la chute du mur de Berlin. En vacances à Agadir, Craig Portman, journaliste au Wall Street Journal et « occasionnel » de la CIA, se retrouve nez à nez avec un ancien de la Stasi, qu'il avait contribué à neutraliser. L'Allemand s'est reconverti avec succès dans la vente de voitures de luxe, mais semble aux abois. Qui le traque et pourquoi ? Portman n'aura pas le temps de le découvrir… puisque l'ancien espion disparaîtra presque aussitôt, avec d'autres figures troubles de la fin de la guerre froide. Effrayé, Portman sollicite conseils et protection auprès de ses anciens chefs de la centrale de Langley. Ce qui le conduira jusqu'à Berlin, à la pêche aux fameux fichiers secrets de la Stasi. Il y retrouvera une ancienne maîtresse, ex-sympathisante de la Fraction Armée rouge. De Paris à Berlin, en passant par Francfort, Portman conduira avec elle l'enquête la plus échevelée de sa carrière... et découvrira, sur les dessous de la chute du Mur, une vérité bien plus complexe et cynique que celle que décrivent le plus souvent les spécialistes de cet épisode crucial de la fin du XXe siècle. Et si tout était vrai ? Michel Meyer  

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
2011
Imprimer l'ISBN
9782738126429
1
Agadir, dimanche 28 septembre 2014, 12 h 45, heure locale
Longtemps, Craig Portman a vécu avec l’illusion que les hôtels cinq étoiles restaient des eldorados où les privilégiés n’ont jamais à subir le supplice des files d’attente. Et, pourtant, face à la réception du Royal Bay, une fois de plus, une fois de trop, il se vérifie qu’il n’en est rien. Devant lui dans la file, fébrile et contrariée, une blonde aux traits un peu fatigués ne supporte plus d’attendre qu’une machine recrache sa carte de crédit. À sa suite, à peine plus calme, un couple d’amoureux, elle grande, rousse, affligée de coups de soleil et taillée comme une haltérophile, lui, petit, bedonnant et apoplectique, se chamaille dans une mystérieuse langue scandinave. « Plus le motif pour lequel tu es dans une file d’attente est urgent et plus lent est l’employé du guichet », a un jour, en pleine conférence de rédaction, théorisé l’un des forts en thème de son journal.
Craig affecte d’avoir l’éternité devant lui. En réalité, il lui tarde toujours de trouver une solution aux désagréments, même parfaitement insignifiants, qui le mettent sur les nerfs. Ainsi, à son retour de déjeuner, il a en vain tenté de pénétrer dans sa chambre. La serrure ne répondant plus à sa carte magnétique, il n’a eu d’autre choix que de redescendre à la réception pour en demander une autre. Il y a plus irritant encore : depuis la veille, ses réponses aux courriels qui lui arrivent du monde entier sont systématiquement bloquées par l’administrateur de son fournisseur d’accès à Internet. Et, malgré les interventions successives d’un technicien de l’hôtel afin qu’il puisse accéder à un réseau wi-fi local, la panne persiste.
– Je fais la queue, d’accord, mais je garde ma valise.
Dans son dos, une voix vient brusquement de résonner.
– Je vais m’en charger, Monsieur. Vous la retrouverez dans votre suite.
– Désolé, mais je tiens vraiment à la garder avec moi.
Oui, c’est bien ça. Cet accent germanique et ce ton ne souffrent aucun doute. Craig Portman vient de reconnaître ce timbre métallique. Doit-il se retourner ? Ou tout simplement ignorer celui qui vient de se manifester ? À présent, dans son dos, c’est à lui que le revenant s’adresse.
– Craig ! Toi ici ! Je dévore tous tes articles sur le site de ton journal. Où que je sois dans le monde.
Dans un geste réflexe, Portman pivote sur lui-même. Avant de faire face.
Leinen, le « rouquin rubicond », tel qu’en lui-même ! C’est tout juste si sa chevelure de feu a blanchi au niveau des tempes. Un large sourire découvre une éclatante dentition de carnassier. Et, sur son visage d’ascète paradoxalement sanguin, quelques rides à peine se sont creusées depuis leur dernière rencontre.
– Ludwig ! Comment diable as-tu su que…
– Su quoi ? Je viens juste de t’apercevoir dans la queue… Seul le hasard fait que je tombe sur toi.
– La belle histoire ! Tu sais bien que, dans nos métiers, personne n’y croit, au hasard !
Pour toute réponse, Leinen projette sa main droite grande ouverte en direction du visage de l’Américain. Portman, vif comme l’éclair, l’a déjà imité en lançant son battoir vers celui de son vis-à-vis. Dans un claquement retentissant, leurs mains s’entrechoquent. Puis, sous les regards ahuris des autres clients, des concierges et du bagagiste, les voilà qui s’étreignent et s’embrassent comme deux adolescents.
– Bien sûr, on se réserve le dîner. Sauf si le bel animal que tu es resté est accompagné…
Yeux bleu acier rieurs, menton ferme, nez légèrement en trompette, à la fois bien proportionné et bien planté. Les tempes grisonnent clairement, mais le grain du cheveu a conservé une blondeur juvénile. Presque trop. Un sourire plein d’innocence rayonne sur le visage de patricien présexagénaire de Portman lorsqu’il élude.
– Accompagné ? Non, pas encore. J’ai surtout une urgence : c’est le bordel avec ma boîte e-mail. Et j’ai des courriels à envoyer. Avant de piquer une tête dans l’océan.
– Bonne idée ! Tu m’acceptes ?
– Pas de problème ! La plage est à tout le monde.
Leinen insiste.
– On se retrouve où ?
– Sur la gauche de l’hôtel, répond l’Américain, au bout de la corniche.
Lyon, 13 heures
Situé au huitième étage du siège d’Interpol, quai du Général-de-Gaulle, le bureau d’angle de Slim Arcand offre, là où la Saône se jette dans le Rhône, une vue imprenable sur les méandres des deux cours d’eau. Au loin, malgré la distance, on peut discerner, au sommet de son clocher et encadrée par ses tours lanternes, la vierge dorée de Notre-Dame de Fourvière.
– La « colline qui prie », quelle trouvaille ! Je me pince tous les jours devant… comment dis-tu ?, devant cette… magnifiscience française…
Dans le coin salon où ils se prélassent, confortablement assise, un peu à la renverse, Fabienne Cohen feint de s’indigner pour la cent cinquantième fois de la prononciation de son amant.
– On dit devant cette « magnificence », avec un c. Ça n’a rien à voir avec la science !
Ils éclatent d’un rire complice, avant que l’Américain ne reprenne :
– Y a pas à dire, vos villes restent des Disneyland de maisons de poupées.
Tout juste trentenaire, brune aux immenses yeux couleur noisette, souveraine dans le tailleur mauve qui met en valeur son corps de tenniswoman, la jeune femme, malicieuse, le dément.
– C’est une illusion, mon chéri. La France ne se réduit pas forcément à un décor de dessin animé.
Plaisanterie habituelle entre eux. Car, sous ses allures d’ancien enfant de chœur, ce chasseur des faisans du crime organisé international n’a rien d’un Américain ingénu. Rejeton d’une vieille famille canadienne naturalisée américaine depuis deux générations, il a figuré parmi les plus fins agents, puis analystes du saint des saints de Langley, le siège de la centrale de renseignement américaine. Et c’est à la demande expresse du secrétaire général américain d’Interpol, lui-même ancien agent secret de la lutte contre le crime, qu’il s’est porté candidat à une fonction prestigieuse au sein de l’état-major de cette vénérable institution. Depuis, la rumeur court que, pour le numéro un d’Interpol, né d’un père afro-américain et d’une mère allemande, ses avis pèsent très lourd.
Sur le bureau en palissandre, le bourdonnement d’un mobile les arrache soudain à leur contemplation. Arcand enrage :
– C’est quoi encore ? Jamais une minute de répit !
Déjà, la jeune femme s’est levée pour se saisir du téléphone.
– Tu exagères. Nous avons la paix depuis plus de dix minutes. Un miracle !
Il la rabroue gentiment :
– Tu parles ! Les appels sur mon mobile aux heures de bureau, c’est toujours pour m’annoncer une tuile familiale.
Un SMS vient de s’inscrire sur l’écran : « Urgence signalée/Réapparition vendeur Park Avenue/Présence Maroc/Conseil souhaité. »
– Bordel !
– Pardon ?
– Un spectre de la guerre froide qui se rappelle au bon souvenir d’un compagnon de combat.
– La guerre froide ? Mais c’est de la préhistoire ! J’imaginais que ceux qui y avaient participé sucraient les fraises dans des asiles climatisés.
Il s’est penché vers l’avant, embarrassé par une carcasse d’athlète rompu aux arts martiaux et à la course à pied. Fortes mâchoires, bouche sensuelle, nez proportionné et front haut surmonté d’une chevelure châtain clair que cisaille, à droite, une raie très années 1930 : sur son visage émacié se disputent contrariété et amusement.
Veut-elle néanmoins rattraper son impair ? Elle tente un assaut de charme :
– Sais-tu que tu ressembles de plus en plus à Joe DiMaggio ?
– DiMaggio ?
– Oui, un joueur de base-ball, l’un des maris de Marilyn Monroe.
Pensif, il lâche :
– Je n’étais même pas né lorsqu’elle est morte.
Puis, subitement véhément, il précise :
– Moi aussi, je suis un ancien de la guerre froide. J’avais 30 ans lorsque la chute du mur de Berlin a mis fin à l’équilibre de la terreur. Depuis, on a fini de craindre chaque matin que ce soit la fin du monde. L’Union soviétique, l’Empire du mal de Reagan, a disparu corps et biens. Ceux qui ont rendu ça possible, et j’en étais, ne sont pas tout à fait des vieux cons !
– Je n’ai jamais pensé ça, corrige-t-elle.
Préoccupé, il poursuit :
– Le problème, c’est qu’un quart de siècle après cette victoire sans guerre de l’Occident des douleurs persistent. Et surtout des survivants qui feraient mieux de crever en silence…
Dans un accès de tendresse distraite, Fabienne l’embrasse furtivement dans le cou. Avant de se lever.
– Fais pour le mieux. Tu sais où je suis…
L’écoute-t-il ? Fébrile, il s’est remis à pianoter sur l’écran du mobile.
Sa réponse au SMS de Craig Portman se résume bientôt à quelques bribes de phrases : « Déteste résurrection hyène saxonne/Possible rupture du pacte/Méfiance. » Une pression, et l’appareil émet comme un claquement de langue pour signaler que le message est parti.
– Leinen ! Pas question qu’il me refile sa peste !, marmonne-t-il comme pour lui-même.
Sur le point de quitter le bureau, Fabienne Cohen n’a rien perdu de son monologue. Elle lui lance :
– Rien à craindre, tu es un lion. Et surtout, mille fois plus racé que DiMaggio !
– N’importe quoi. Tu dis vraiment n’importe quoi !
Agadir, 13 heures, heure locale
La corniche de front de mer relie le littoral encore largement inviolé à une litanie d’hôtels où alternent palaces pour pachas du golfe Persique et pensions pour seniors européens argentés. Séducteur distrait et célibataire par confort, Portman apprécie particulièrement ce paradis balnéaire lors de l’été indien. Les Européens désertent alors les hôtels et les plages, mais il reste possible de rencontrer, hantant les cocktails chics, quelque épouse négligée d’oligarque russe ou autre executive woman esseulée.
Ludwig Leinen l’attend à l’exacte intersection entre la bande de béton gris de la corniche et les plages de sable blond qui, à perte de vue, coulent vers le détroit de Gibraltar en baignant Essaouira, Casablanca, Rabat et Tanger.
Un silence emprunté s’installe, vite rompu par l’Allemand.
– Alors, je reste un pestiféré de l’Empire du mal ?
Portman éclate de rire et désigne la chemisette jaune moutarde et le boxer-short imprimé d’oiseaux exotiques jaunes sur fond rouge que porte Leinen. Avant de lâcher :
– Vu ton accoutrement, difficile de te confondre avec un suppôt du démon.
Presque agressif, Leinen pointe à son tour les tortues bleu marine du boxer-short de l’Américain.
– Même marque, mêmes motifs criards !
Le ton de l’échange est enjoué. Pourtant, plantés face à face, les yeux dans les yeux, les deux hommes se défient. Craig se souvient.
– Il y a presque vingt-cinq ans, si je compte bien ?
Une onde de moquerie vibre dans la voix de Leinen.
– Oui, un quart de siècle ! Ne crois pas que j’aie oublié ta passion pour les Mercedes classe S ! Quatre roues motrices, freinage ABS, Airbag : tu voulais tout essayer !
Sans un mot, ils longent un paysage de dunes parsemé de rares touffes d’arbustes. Avant que l’Allemand ne s’enquière :
– C’est quoi, ce bout du monde ?
Craig explique :
– Un no man’s land qui entoure l’une des résidences d’été du roi du Maroc.
Au loin, des militaires armés, abrités dans une guérite ou assis sur un siège de toile à même la plage, interdisent aux promeneurs et aux baigneurs de se risquer plus avant.
Leinen avertit :
– Si tu veux te baigner, allons-y, car, d’ici une cinquantaine de mètres, tu seras bloqué par les vigiles.
Portman fixe l’océan démonté.
– Tu as vu les rouleaux ? Une vraie lessiveuse.
Déjà, Leinen a mis à nu son torse d’athlète. Sarcastique, Portman le détaille.
– Dis donc ! Pas mal pour un guerrier rangé des voitures.
Un sourire d’adolescent transfigure le visage de Leinen.
– C’est vrai. Physiquement au moins, je ne crains personne !
Portman, sournoisement, joue l’inquisiteur.
– Comment ça : « Physiquement au moins » ?
La riposte est immédiate.
– Je te retrouve bien. Oublie donc cette manie de disséquer les comportements. Ta psychanalyse, c’est comme l’Empire austro-hongrois, un astre mort, une nostalgie folklorique.
Ils sont arrivés à l’extrême limite de l’océan. Couvrant de leurs cris le fracas des rouleaux et les coups de sifflet d’un maître nageur, des baigneurs récalcitrants refusent de sortir de l’eau.
Craig interroge :
– C’est qui, ces zozos ?
– Des Saxons en goguette !
Portman provoque :
– Et trompe-la-mort ! Comme tous les fils de cette force qui va que reste l’Allemagne.
Leinen se moque :
– « Force qui va » ! Arrête donc de jouer l’Amerloque gavé aux ...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Chapitre 1
  5. Chapitre 2
  6. Chapitre 3
  7. Chapitre 4
  8. Chapitre 5
  9. Du même auteur