
- 192 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Faut-il avoir peur de la Chine ? Dernier grand pays gouverné sans interruption depuis plus de soixante ans par un Parti communiste, la République populaire de Chine ne nourrit plus les rêves politiques des Occidentaux, mais devrait-elle susciter leur crainte ? Le pays qui basculait, en 1949, dans la révolution de Mao n'a plus rien à voir avec la Chine d'aujourd'hui, en passe de devenir la première puissance économique de la planète. La vie des Chinois s'en trouvera-t-elle changée ? Vont-ils adopter un mode de vie semblable au nôtre et se transformer en un milliard et demi de consommateurs ? Ou bien cette position hégémonique conduira-t-elle la Chine à imposer sa loi et ses valeurs traditionnelles aux autres pays ? Si la scène internationale est actuellement dominée par l'affrontement entre les nations occidentales et un monde musulman tenté par l'intégrisme, il n'est pas exclu qu'une Chine promue superpuissance puisse représenter, à plus ou moins long terme, un défi, voire une « menace » pour le reste du monde. Michel Cartier est directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS), spécialiste de la Chine et du Japon. Il a notamment dirigé La Chine entre amour et haine.
Foire aux questions
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Informations
CHAPITRE II
La découverte de la Chine :
un choc de cultures ?
« La Chine, un miroir qui nous est proposé. »
Samuel PURCHAS (1575 ?-1626).
Le développement que nous venons d’évoquer est souvent assimilé, conformément à l’expression mise à la mode dès 1973 par Alain Peyrefitte1, à un choc de civilisations, dont la Chine serait sortie par un « éveil ». La différence entre un choc de cultures, au sens donné à ce mot par Samuel Huntington, et un choc de civilisations tient à ce que le premier impliquerait des incompréhensions et mènerait à des conflits, tandis que le second désignerait d’abord un décalage. Soumis pendant plusieurs siècles à la pression des puissances qui cherchaient à provoquer son « ouverture », le vieil empire millénaire aurait commencé par se replier sur lui-même. Sa conversion au marxisme, loin de lui permettre d’entrer dans la modernité, aurait au contraire retardé son développement. Cette vision des choses est en apparence partagée par les Chinois, qui lient depuis une vingtaine d’années modernisation (xiandaihua) et ouverture (kaifang). Tout se serait passé donc comme si seule une nouvelle rencontre plus complète avec l’Occident pouvait leur assurer un véritable démarrage longtemps différé.
Un choc de civilisations inversé
La notion de choc de civilisations, telle qu’elle est habituellement entendue, désigne une confrontation inégale entre des peuples situés à des niveaux de développement très différents, sur le modèle de ce qui s’était passé en Amérique et dans de nombreux territoires colonisés ou accostés par les navigateurs européens à partir des grandes découvertes. On peut invoquer à cet égard l’exemple des empires amérindiens, pourtant puissants et anciens, très facilement conquis par de petites troupes de conquistadores espagnols disposant d’une supériorité technique et militaire indiscutable. Les Amérindiens subirent de plein fouet un choc de cultures, doublé très vite par un choc microbien qui décima les populations et entraîna un effondrement global des cultures indigènes. Les Espagnols les traitèrent comme des peuples destinés à être pillés, au point qu’ils en vinrent même à discuter du caractère « humain » des autochtones. Il fallut l’intervention des missionnaires jésuites pour entreprendre une étude objective et réhabiliter au moins partiellement les civilisations amérindiennes.
Or, contrairement aux peuples du Nouveau Monde encore inconnus, la Chine jouissait dès le Moyen Âge d’une image systématiquement favorable et apparaissait depuis longtemps comme un monde plus développé que l’Europe. Ce sont d’ailleurs précisément les descriptions enthousiastes rapportées par Marco Polo dans son Devisement du monde, rédigé par Rustichello au début du XIVe siècle sous la dictée de Marco Polo et largement diffusé dans l’Europe de la fin du Moyen Âge, qui furent à l’origine directe des grandes découvertes. C’est en effet dans l’intention de gagner le royaume de Cathay par une voie occidentale en profitant de la rotondité de la Terre que Christophe Colomb s’embarquait en 1492 dans le voyage qui devait le mener aux Antilles, puis à faire la découverte de l’Amérique. Les Européens étaient au courant de l’existence d’un empire immense, bien gouverné, raffiné, sans commune mesure avec les royaumes européens, même si de nombreux traits évoqués par le Vénitien, et surtout les chiffres et les dimensions, éveillaient la suspicion et étaient considérés comme des exagérations2. L’entrée en contact des Européens avec l’empire du Milieu laissait présager un choc de cultures au détriment de l’Europe.
Les Portugais et la Chine
Conformément au traité de Tordesillas, signé dès 1494 entre les souverains espagnols et portugais, deux ans seulement après la découverte de l’Amérique, les deux royaumes ibériques divisaient le monde en deux sphères d’influence délimitées en gros par une ligne passant à 270 milles à l’ouest des Açores3. Le Portugal estimait avoir reçu en partage l’océan Indien et le Pacifique occidental, ainsi qu’une fraction de la côte orientale de l’Amérique du Sud, ce qui lui permit de s’établir au Brésil. Les relations avec l’Extrême-Orient allaient se développer dans un contexte très différent de l’expansion espagnole en Amérique. L’Europe n’avait jamais cessé depuis l’Antiquité d’entretenir des relations directes ou indirectes avec le monde asiatique, qui jouissait d’une supériorité reconnue dans de nombreux domaines de la vie matérielle (marchandises de luxe telles que les soieries de grande qualité, puis les porcelaines et la laque dont les procédés de fabrication étaient inconnus des Européens) comme sur le plan des institutions.
Les premières expéditions portugaises s’étaient situées dans le prolongement direct des expéditions de reconnaissance de la côte africaine, entreprises comme une suite de la Reconquista dès le règne d’Henri le Navigateur (1394-1460). Elles prirent d’emblée la forme d’une confrontation économique et militaire avec le monde musulman. L’un des objectifs poursuivis par les Portugais, en doublant le cap de Bonne-Espérance en 1498, était l’élimination du rôle d’intermédiaires joué par les sultanats établis dans l’océan Indien, qui monopolisaient l’approvisionnement de l’Europe en épices, telles que le poivre et les clous de girofle produits dans des îles de l’Asie du Sud-Est. Cependant, même si les Portugais pouvaient se targuer d’une supériorité militaire incontestable dans le domaine de la guerre sur mer, ils ne se trouvaient nullement dans la situation de leurs voisins espagnols vis-à-vis des Amérindiens. Il était dans ces conditions hors de question pour eux de se lancer dans des conquêtes militaires sur le modèle espagnol, à l’égard aussi bien de l’Inde, où la vallée du Gange était en cours d’unification sous l’autorité des Moghols, des musulmans venus d’Afghanistan, que de la Chine, voire du Japon, alors divisé durant ce que l’on nomme la période des Royaumes combattants, aux XVe-XVIe siècles4.
Les progrès des Portugais avaient d’abord été très rapides. En 1509, onze ans seulement après le doublement du cap de Bonne-Espérance, ils soumettaient l’île de Goa, un entrepôt important situé au départ de la route traversant l’océan Indien, où ils construisirent leur métropole, puis Malacca, en 1511, un nœud de communication avec les îles des Moluques et les pays d’Extrême-Orient. Dès 1514, le premier vaisseau portugais en provenance de ce port abordait Canton, le grand port méridional de Chine, point d’arrivée des missions de tribut en provenance de l’Asie du Sud-Est. Ces missions désignaient des ambassades étrangères qui, en échange de tributs, de cadeaux à la Chine, obtenaient la possibilité de commercer. La zone d’influence portugaise recouvrait en quelque sorte l’espace parcouru un siècle plus tôt par les flottes chinoises lors des expéditions maritimes de Zheng He (1405-1432), qui avaient touché le golfe Persique et reconnu la côte orientale de l’Afrique avant que l’empire des Ming, confronté sur sa frontière septentrionale à la menace mongole et le long de ses côtes aux incursions des « pirates japonais5 », ne se replie sur lui-même. Ces menaces s’étaient intensifiées aux XVe et XVIe siècles, suscitant la reconstruction de la Grande Muraille et la mise en défense des côtes. Les ressortissants chinois n’étaient plus autorisés à s’expatrier et seuls les navires marchands venus de pays tributaires6 pouvaient aborder quelques ports désignés dans le cadre des relations « tributaires ».
Une Chine inaccessible
Après un départ foudroyant, l’expansion lusitanienne se ralentissait. Au cours de la première moitié du XVIe siècle, la présence portugaise en Asie était concentrée dans l’île de Goa, sur laquelle était construite une ville indo-lusitanienne, capitale de leur empire maritime, au point d’arrivée de la route reliant l’Afrique à l’Inde en profitant des vents de mousson, et se limitait à une quinzaine de forteresses dispersées entre le golfe Persique et l’archipel des Moluques. La seconde place en importance était Malacca, point de passage obligé d’où ils pouvaient indifféremment gagner l’Extrême-Orient ou les îles productrices d’épices d’Asie du Sud-Est.
Très vite, après s’être rendus maîtres de Malacca, les Portugais, qui n’avaient pas encore établi de relations avec le royaume visité trois siècles plus tôt par Marco Polo, tentaient d’établir des contacts diplomatiques sur le mode européen avec Pékin, en jouant, nous l’avons dit, sur une prétendue continuité entre leurs expéditions et les voyages de Zheng He. Dès 1517, une mission diplomatique dirigée par Tomé Pires, réputé être l’un des meilleurs connaisseurs de l’Asie du Sud-Est, se présentait à Canton sous couvert d’une mission de Malacca. Mal identifiés, les membres de l’ambassade furent d’abord retenus à Canton pendant trois ans, avant d’être autorisés à poursuivre leur route vers Pékin, en 1520, par voie fluviale en suivant l’itinéraire imposé aux missions de tribut, c’est-à-dire en franchissant d’abord les passes séparant les provinces méridionales de Guangdong et du Jiangxi, puis en redescendant le fleuve Gan. Ils rejoignaient ensuite Nankin avant de poursuivre par le Grand Canal. Lors de leur passage à Nankin, l’ancienne capitale de la dynastie7, Tomé Pires et ses compagnons eurent la chance d’y rencontrer l’empereur Wuzong (règne de 1506 à 1521), en visite d’inspection, qui leur accorda une audience informelle au cours de laquelle il manifesta beaucoup d’intérêt pour ces voyageurs venus d’un pays lointain encore inconnu. Les émissaires purent reprendre la route de Pékin, où ils parvinrent en 1521, peu de temps avant le décès de l’empereur. Commencée sous des auspices plutôt favorables, l’expédition se concluait par un fiasco. L’arrivée à Pékin d’authentiques émissaires de Malacca, venus solliciter l’aide de la Chine contre les Portugais, permit à l’administration chinoise de démasquer les imposteurs. Ils furent renvoyés à Canton, où ils furent incarcérés, et où leur chef, Tomé Pires, devait mourir à une date inconnue, située entre 1524 et 1540.
Une seconde mission diplomatique, conduite par Martim Afonso de Melo Coutinho, en 1522, ne put débarquer par suite d’un incident meurtrier qui causa la mort de nombreux Chinois8. Pendant plusieurs décennies, les Portugais furent interdits de séjour en Chine parce que suspectés d’être des pirates. Ils se livraient effectivement à des activités de piraterie et de contrebande le long de la côte méridionale, dans une zone s’étendant entre des îles inhabitées, telles que Shangchuan, situées au large de la côte cantonaise, et l’archipel des Zhoushan, dans la baie de Hangzhou, considéré à juste titre comme un nid de pirates originaires de plusieurs nations. Les Portugais qui y vendaient à titre privé du poivre, prélevé sur les cargaisons destinées à l’Europe, étaient ainsi associés à des marchands chinois installés à Malacca, et leurs vaisseaux abordaient occasionnellement des ports chinois de la côte sud, en particulier Ningbo, port ouvert aux missions de tribut japonaises.
Le détour par le Japon
La situation changea du tout au tout à partir de 1542, lorsque des aventuriers portugais, profitant des contacts établis avec des Japonais expatriés en Asie du Sud-Est, qui leur fournissaient des alliés et des interprètes, prirent pied, toujours à titre individuel, sur l’île de Tanegashima, la plus occidentale de l’archipel du Japon, où ils nouèrent des relations avec le seigneur de Shimazu, l’un des protecteurs des « pirates japonais » (Wakô). Contrairement à ce qui s’était passé en Chine, empire centralisé pratiquement fermé aux étrangers en raison des activités des pirates japonais, les Portugais avaient affaire à un royaume désuni en état de guerre civile permanente. Ils furent particulièrement bien accueillis par plusieurs seigneurs de la région de Kagoshima, dans l’île de Kyushu, qu’ils avaient initiés au maniement des armes à feu, encore inconnues dans l’archipel. Quelques années plus tard, ils avaient obtenu de seigneurs pratiquement indépendants l’autorisation de se livrer à des activités commerciales et missionnaires. François Xavier, l’un des fondateurs de la nouvelle Compagnie de Jésus, y effectua un séjour de deux ans (1549-1551), au cours duquel il se rendit à Kyoto, la résidence impériale, où il tenta vainement d’obtenir une audience de l’empereur, qui ne détenait en réalité aucun pouvoir, dans l’intention de négocier un traité autorisant la prédication du christianisme et l’accès des navires portugais au port de Sakai, proche d’Osaka, le principal port japonais se livrant au commerce international. C’est au cours de ce séjour qu’il découvrit que le « roi » du Japon entretenait des relations « diplomatiques » avec la Chine. Il ignorait que ces relations concernaient en réalité le shôgun (mot chinois désignant un général et repris au Japon pour désigner le suzerain), considéré par les Chinois comme le « roi » du Japon, et qu’elles avaient été interrompues en 1550, précisément à l’époque où il résidait dans l’archipel, en raison du regain des activités des « pirates japonais » le long des côtes chinoises et de troubles survenus à Ningbo à l’occasion d’une mission de tribut du shôgun. Il est, par ailleurs, intéressant de relever l’image extrêmement positive de la Chine, brossée en quelques phrases à la fin de son rapport sur le Japon, dans lequel il décrit l’empire des Ming comme un pays pacifique, où « il règne plus de justice qu’en aucun pays de toute la chrétienté ». Revenu à Goa en 1551, François Xavier reprenait le projet d’envoyer une mission de tribut en Chine dans l’espoir d’obtenir de l’empereur des privilèges analogues à ceux que plusieurs seigneurs japonais avaient accordés aux Portugais.
À la différence des précédentes tentatives, il se serait agi d’une ambassade conjointe du P...
Table des matières
- Couverture
- Titre
- Copyright
- Introduction
- CHAPITRE PREMIER - Le miracle chinois et la conversion au libéralisme ?
- CHAPITRE II - La découverte de la Chine : un choc de cultures ?
- CHAPITRE III - De la sinophilie à la sinophobie
- CHAPITRE IV - Mettre à bas la boutique de Confucius. Le rejet total de la culture chinoise par les révolutionnaires
- CHAPITRE V - Le retour des valeurs asiatiques et du vieil homme
- CHAPITRE VI - Le développement chinois est-il durable ?
- Conclusion
- Table