Aux sources de l'humour
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Aux sources de l'humour

  1. 372 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Aux sources de l'humour

À propos de ce livre

Esprit aussi encyclopédique que malicieux, Alfred Sauvy nous invite à un voyage à travers les siècles et les cultures, à la recherche de cet antidote éternel contre la tristesse et la pédanterie : l'humour. Fidèle à lui-même et à son propos, l'auteur laisse volontiers la parole aux humoristes et nous propose un ouvrage de référence qui constitue à la fois une somme d'érudition et une anthologie pleine d'alacrité. Alfred Sauvy (1898-1990), fut professeur au Collège de France, créa et dirigea l'Institut de conjoncture, puis l'Institut national d'études démographiques. Membre du Conseil économique et social de Paris, il représenta longtemps la France aux Nations unies.

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Informations

Éditeur
Odile Jacob
Année
1988
Imprimer l'ISBN
9782738100290
ISBN de l'eBook
9782738158482

1.

D’Einstein à Valéry


La seule chose absolue, dans un monde comme le nôtre, c’est l’humour.
ALBERT EINSTEIN.
Il avait de l’humour, cet homme qui a ébranlé le monde, le lançant dans les étourdissements de la relativité.
Et, comme à tous les riches, on lui a beaucoup prêté : « Étant un génie, tu dois en supporter les servitudes. »
Entre deux équations, il se soumettait à ce grand maître, le rire, celui qui nous a révélé la relativité. Faut-il lui en vouloir de ne pas nous en avoir livré la formule ? Non ! Sachons-lui, au contraire, gré.
Bien que l’humour semble le domaine de la pleine liberté, nombreux sont les auteurs à vouloir l’enfermer dans un réseau de règles. Or, les chasses les plus prenantes, en Afrique centrale ou à la Bibliothèque nationale, ne sont-elles pas celles où le gibier se dérobe ?
Quelle gaîté peut nous saisir, à entendre ces nombreux chasseurs, qui, depuis Homère, veulent nous faire comprendre pourquoi nous rions :
Cessez de rire un moment,… je vais vous expliquer pourquoi vous riez.
Nous allons les retrouver ici ou là, dans un ordre peu respectueux, sans doute, de la logique. C’est que l’humour a plusieurs dimensions, plusieurs visages. Loin d’être Dieu, c’est plutôt lui le… Malin.
Dès maintenant, pour le lecteur, un pronostic, plus sûr qu’à Auteuil : l’absence de clés, de tiroirs, de trucs. Plus facile serait d’équilibrer les finances de la France, d’assurer le plein emploi, de convertir l’ayatollah de Qom à la religion apostolique et romaine que de répondre ici : « Eurêka ! » Non que les portes, les fenêtres soient fermées, loin de là : tout est ouvert, au contraire, en tous sens. Le sida, l’atome, M. Kadhafi, sont, sans doute, mieux définis que l’humour, mais ils sont tenus pour plus dangereux… Voire !
 
 
Dans ces conditions, diverses ressources se présentent au lecteur :
— fuir vers un sujet moins scabreux ;
— se résigner et suivre le fil ;
— piquer ici ou là, à son gré.
Humour en liberté : à chacun de proposer sa raison ou sa déraison.
Ce n’est ni un traité, ni un cours, ni une démonstration, c’est une promenade, un voyage… non organisé.
Elles ne manquent pas, les vues sur le passé, les explications données par des « maîtres », avec ou sans majuscule ; seulement, un volume, combien plus épais, pourrait être composé, au moyen des lacunes, des oublis, des omissions. Un millier de collaborateurs, c’eût été juste suffisant.
Diem perdidi, disait — dit-on — Titus, quand il avait passé la journée sans commettre une bonne action. « La plus perdue de toutes les journées, affirmait Chamfort, est celle où l’on n’a pas ri. » La Bruyère de surenchérir : « Il faut rire avant d’être heureux, de peur de mourir sans avoir ri. » Que voilà du triste !
Plus sévère encore, Alphonse Allais, si réputé qu’il soit pour son laisser-aller, son laisser-vivre, a écrit :
Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux !
Diable ! Qui peut se vanter, rieur ou non, de mériter ce titre accablant de sérieux, qu’il soit élève, sauteur à la perche, domestique, chercheur scientifique ou poète ? Sérieux ? L’épithète ne s’applique pleinement qu’à un vin ou un fromage.
Peut-être ne vous arrive-t-il que rarement de rire ou même d’en avoir l’occasion. Il y a des hommes, et plus encore des femmes, qui ne sont jamais secoués par ces convulsions. Mais le sourire, lui, est un langage universel, une arme dans la vie, tant ce mouvement de lèvres peut exprimer de sentiments divers, indulgence ou mépris, indifférence ou séduction, satisfaction ou découragement. Seulement, qui nous a appris à sourire et à rire ?
« La plaisanterie expliquée cesse d’être plaisante », dit Voltaire ; et un commentateur de bons mots peut être lugubre.
Sujet maudit ? Sujet béni, au contraire, si incomparable est la richesse du gisement. Depuis Homère, les théories, les explications ne manquent pas, seulement elles se détruisent ou s’embrouillent à volonté. Ce domaine sauvage est, en somme, livré à quelques explorateurs, qui ne se rencontrent pas. Au cours de votre vie scolaire et universitaire, vous pouvez ne jamais avoir à parler du rire, en dehors des railleries que vous inspire tel ou tel maître.
Science sauvage ? Toutes les disciplines sont cultivées dans des universités, des instituts, des centres, des séminaires, des « symposiums » [sic] toutes, sauf une toutefois, le rire, l’humour. Chassé, exclu, damné ? Pas même ; il est ignoré.
Facile, d’ailleurs, l’expérience : rendez-vous 15, quai Voltaire, au Centre national de la recherche scientifique ou dans quelqu’une de ses annexes. À force de longer les murs, d’où suinte la science de toutes parts, de lire des écriteaux, chargés de mystère ou révélateurs de quelque monde nouveau, à force d’admirer cette chasse impitoyable à l’inconnu, toujours vaincu et toujours sarcastique, vous finirez bien par trouver quelque familier de la maison, prévenant, vous demandant si vous cherchez quelque chose ou quelqu’un. Si vous répondez génétique, particules élémentaires, mythologie, synthèse, analyse des systèmes, etc., un sourire et une réponse ; mais si vous demandez dans quelle serre se cultive l’humour, vous « avez droit », comme on dit, à un aveu d’ignorance — peut-être lui-même ironique —, et au conseil de… vous adresser au gardien.
Une chaire sur l’humour, au Collège de France ? Lorsque des amis bienveillants m’ont offert, au Collège, une chaire de démographie sociale1, j’étais tenté de demander si les « crédits disponibles » ne pourraient pas être plutôt affectés à une chaire d’humour. Pourquoi m’en suis-je gardé ? La peur d’entendre mes amis me répondre : « Une chaire d’humour ? Ce n’est pas sérieux ! »
Il y a maintenant près d’un siècle que Bergson a écrit le Rire. Si contestable qu’il soit, cet ouvrage a ouvert quelques portes, mais il est ignoré de… l’Encyclopaedia Britannica.
Bien décidé, néanmoins, à savoir quelque chose sur l’humour, cherchons dans l’Encyclopaedia Universalis française. Par manque de chance (peut-être ?), le terme humour est oublié : dans le volume 19, vous passez de humidité à humus, sujets dont l’intérêt n’est pas en question, mais extérieurs à votre préoccupation.
Ne nous reste-t-il pas la ressource du thesaurus ? Miracle de la connaissance ! Le mot humour y figure bien (volume 10, page 1033), seulement suivi de quelques lignes sur le surréalisme et Henri Michaux… Faut-il en pleurer ou en rire ?
Vous cherchez plus encore les lieux où se pratique ce culte, et vous apprenez qu’il y a, dans le monde, des milliers d’églises, de temples, de mosquées, de synagogues, mais qu’il n’existe qu’un seul temple de l’humour, plus précisément qu’un seul institut. Il doit, pensez-vous, se trouver au pays de Molière et de Tristan Bernard ou bien dans celui de Jerome K. Jerome et de N. Parkinson, ou encore dans celui de Mark Twain et de James Thurber.
Humour suprême, le seul institut dans le monde, consacré à Momus2, est en Bulgarie, à Gabrovo, localité que vous découvrirez dans quelque bon atlas. Nous le retrouverons, cet étrange foyer, au cours de notre promenade.
Allons donc vers ceux qui nous font rire et demandons-leur, non certes leur secret personnel, mais quelques explications sur ce pouvoir de secouer notre corps et notre esprit. Ils répondront tous, nous le verrons, de façon brillante, mais tous de façon différente.
 
 
Violon d’Ingres pour moi ? À peine une contrebasse.
Loin de mon premier amour, les équations différentielles, loin de tous les mondes, de tous les monstres qui ont pu me saisir, je songe aux moyens qui s’offrent aux hommes d’interrompre, de temps à autre, leurs lamentations.
Lorsque le souriant éditeur a bien voulu accepter ma proposition, si hérétique, en me demandant le nombre de pages qui serait nécessaire, j’ai pensé, en toute ingénuité, à un nombre de quatre ou cinq chiffres. Et cependant, bien vite, j’ai été épouvanté devant la première feuille blanche, en pensant qu’il y en aurait 300 à remplir.
Avais-je raison ? Ce n’est pas à moi de le dire. Une simple impression : si j’avais à refaire cet ouvrage, peut-être le referais-je tout autrement… ou pas du tout. Aucun poème, disait Paul Valéry, aucun ouvrage n’est jamais terminé.
Surtout celui-là !

2.

Ne cherchez plus !
Trouvez !


Mieux est de ris que de larmes écrire
Pour ce que rire est le propre de l’homme.
GARGANTUA.
À l’approche du XXIe siècle, ils sont partout les chercheurs, en biologie, en astrophysique, dans notre corps, dans l’espace.
Et ils trouvent !
Dans un seul domaine, cependant, échecs, divergences, impuissance, abandon. Pas de réponse à la question simple :
« Qu’est-ce que l’humour ? »
Seul point clair : le mot humour a quelque peu pris la place du bon vieux rire, illustré par Bergson. Lorsque celui-ci a publié son fameux ouvrage1, il ne pouvait guère l’appeler autrement : le terme humour n’est entré au dictionnaire de l’Académie… qu’en 1932 :
Prenons trois maîtres contemporains. Quel terme emploient-ils ?
P. Daninos : Tout l’humour du monde2.
G. Elgozy : De l’humour3.
R. Escarpit : L’Humour4.
Dans cette aventure, le rire n’est cependant pas tout à fait oublié : Jean Fourastié, le célèbre...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Du même auteur
  4. Copyright
  5. Préface de Robert Escarpit
  6. Préface de Georges Elgozy
  7. Avant-propos
  8. 1. - D’Einstein à Valéry
  9. 2. - Ne cherchez plus ! Trouvez !
  10. 3. - Ils ont réussi : d’Adam à Escarpit-Elgozy
  11. 4. - Ils en ont parlé : d’Aristote à Coquelin Cadet
  12. 5. - Ils en ont parlé : de Bergson à Raymond Devos
  13. 6. - Supériorité, mais de qui ?
  14. 7. - Humour involontaire
  15. 8. - L’œil, l’oreille et la tête
  16. 9. - Bataille intérieure
  17. 10. - La longueur d’onde
  18. 11. - Ces grands joueurs, les mots
  19. 12. - Trois maîtres joueurs
  20. 13. - Humours croisés : grandeur et décadence
  21. 14. - Publicité, tapage, humour
  22. 15. - La caricature de Daumier à… Gabrovo
  23. 16. - Ironie, malice, repartie, gaffe, farce
  24. 17. - Outrance, burlesque, disproportion
  25. 18. - Euphémisme, suggestion, reconstitution
  26. 19. - La langue verte
  27. 20. - Humour noir
  28. 21. - Le faible et le fort. Les pays socialistes
  29. 22. - Humour, âge et sexe
  30. 23. - Humour et politique
  31. Essai de conclusion
  32. Index
  33. Table