Les Derniers
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Les Derniers

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  3. Disponible sur iOS et Android
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Les Derniers

À propos de ce livre

Ils ne sont plus nombreux Ă  pouvoir tĂ©moigner des camps de concentration. À peine une centaine d'hommes et de femmes, qui se sont longtemps tus face Ă  une France d'aprĂšs-guerre peu encline Ă  les Ă©couter.
Rescapés grùce à une succession de hasards avant tout, ils ont su se reconstruire avec un courage remarquable.
Sophie Nahum est allĂ©e Ă  la rencontre des « Derniers », ces rĂ©silients hors du commun, dont Ginette Kolinka et Élie Buzyn, pour une sĂ©rie de documentaires courts, de laquelle rĂ©sulte ce livre choral.
Leurs tĂ©moignages croisĂ©s se font Ă©cho tout en laissant apparaĂźtre la singularitĂ© de chaque destin. Ainsi, les derniers survivants de la Shoah nous offrent – 75 ans aprĂšs la libĂ©ration d'Auschwitz – un regard poignant sur leur vĂ©cu.
« Bouleversant. Ces hommes et ces femmes se livrent Ă  cƓur ouvert. » - Paris Match
Sophie Nahum est réalisatrice de documentaires depuis plus de 15 ans. AprÚs avoir travaillé pour les grandes chaßnes, et notamment Arte, elle décide de produire ses films de maniÚre indépendante.
Young et moi (2015, primé au FIGRA) fut le premier, suivi par le projet « Les Derniers » auquel elle se consacre entiÚrement depuis trois ans.

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Informations

Éditeur
Alisio
Année
2020
Imprimer l'ISBN
9782379350450
ISBN de l'eBook
9782379350795

SURVIVRE

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Et puis, c’est ainsi : soit vous abandonnez et vous vous foutez en l’air, soit vous essayez de vivre comme un homme.
Jean
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Shelomo

AprĂšs-guerre, j’ai eu sept annĂ©es d’amnĂ©sie. Quand j’ai rencontrĂ© ma femme, mes souvenirs commençaient tout juste Ă  revenir un peu, je faisais des cauchemars et je commençais tout juste Ă  sculpter. Avec un canif, je lui ai taillĂ© un petit bonhomme dans un morceau d’écorce, c’était trĂšs romantique. Puis j’ai pris des outils de menuisier, un tronc d’arbre et j’ai fait mon autoportrait, pour elle. AprĂšs cela, je ne me suis plus jamais arrĂȘtĂ© de sculpter. Deux ans plus tard, je me suis prĂ©sentĂ© Ă  un concours dont j’ai remportĂ© le premier prix. J’exerçais mon art, mais j’étais inculte, alors je suis venu Ă  Paris faire les Beaux-Arts.
Ces sept ans d’amnĂ©sie, c’est comme si la nature m’avait offert l’oubli pour que je puisse me reconstruire, avant que l’art, la sculpture et le dessin prennent la suite. La sculpture, c’est un acte d’amour. Et puis, quand on taille la pierre, il y a un accompagnement rythmique qui permet de s’absenter et de sortir de soi-mĂȘme, ce qui m’a aidĂ© aussi.
L’épouse de Shelomo.
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Shelomo et son épouse, Ruth.
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Jean

AprĂšs la libĂ©ration, je me suis retrouvĂ© Ă  Lille, comme beaucoup de rescapĂ©s. LĂ -bas, j’ai retrouvĂ© Vincent, un Polonais catholique que j’avais rencontrĂ© dans le camp. Il avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et dĂ©portĂ© de Toulouse en tant que rĂ©sistant. Dans le camp, il travaillait aux cuisines des SS. Comme je lui faisais de la peine, il m’avait pris sous son aile et me donnait un peu Ă  manger. Il m’a sauvĂ© la vie.
Quand je l’ai retrouvĂ©, il m’a dit : « OĂč vas-tu ? Tu retournes en Pologne ? » Je lui ai rĂ©pondu : « Hors de question : en Pologne, j’ai tout perdu. Si j’y retourne, je me suicide. » Il m’a proposĂ© de l’accompagner Ă  Toulouse, oĂč il avait gardĂ© quelques relations. Je l’ai suivi. Je n’avais rien. Vincent s’est occupĂ© de moi, il m’a nourri Ă  nouveau. Toute ma vie, il a Ă©tĂ© comme un grand frĂšre pour moi. Et puis, c’est ainsi : soit vous abandonnez et vous vous foutez en l’air, soit vous essayez de vivre comme un homme. Alors je me suis pris en main, en commençant de zĂ©ro. J’ai d’abord travaillĂ© comme chaudronnier, pendant trois ou quatre ans, avant de trouver un emploi moins dur physiquement. Et surtout, en 1950, j’ai rencontrĂ© Marie. Un an plus tard, et on s’est mariĂ©s.
Jean et Vincent.
Jean
Marie
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Armand

Je suis arrivĂ© Ă  Paris, car je faisais partie de ce qu’on a appelĂ© les enfants de Buchenwald, ces 900 mineurs rescapĂ©s du camp, dont personne ne voulait. AprĂšs de trĂšs longues tractations, le gouvernement français avait finalement acceptĂ© d’en accueillir la moitiĂ©, mais Ă  la condition que ce soient les associations juives qui nous prennent en charge. De toute façon, pour mes copains et moi, il n’était plus question de vivre en Europe. Seuls une vingtaine d’entre nous sont restĂ©s en France. Moi aussi, je voulais partir, mais les choses ne se sont pas exactement passĂ©es comme je l’imaginais.
Armand
« Quand je suis arrivĂ© Ă  Buchenwald, le 20 janvier 1945, on m’a donnĂ© des vĂȘtements rayĂ©s : une veste, une chemise et un pantalon beaucoup trop large pour moi, que je devais tenir en permanence, y compris Ă  l’appel. Je ne savais pas quoi faire. Et puis, deux jours plus tard, Élie Buzyn est arrivĂ© au camp. Lui, on lui a donnĂ© une ceinture et une corde. Quand il m’a vu me dĂ©battre avec mon pantalon, il a eu pitiĂ©. Il avait un cƓur en or. Alors il m’a donnĂ© sa ceinture. LĂ -bas, c’était un vrai trĂ©sor. Je considĂšre qu’il m’a sauvĂ© la vie. Ce jour-lĂ , on est devenus amis et on ne s’est plus jamais quittĂ©s depuis. »
Armand
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Élie

J’ai passĂ© deux ans Ă  Paris, mais en dĂ©couvrant ce qui s’y Ă©tait passĂ©, j’ai eu la sensation que l’Europe de l’Ouest Ă©tait aussi souillĂ©e que l’Europe de l’Est. Quand je voyais des gens dans le mĂ©tro, je me disais « celui-lĂ , soit il a Ă©tĂ© collabo et a participĂ© Ă  la dĂ©portation des miens, soit il Ă©tait juste indiffĂ©rent et considĂ©rait que ce n’était pas son problĂšme ». Ça m’était insupportable. Alors je suis parti. J’ai passĂ© sept ans en IsraĂ«l, dans un kibboutz ; j’étais agriculteur l’étĂ© et maçon l’hiver. Ça m’a beaucoup aidĂ© Ă  me reconstruire.
Au bout de quelques annĂ©es, j’ai voulu reprendre des Ă©tudes, alors je suis revenu Ă  Paris, pour faire mĂ©decine. Moi qui ai eu les pieds gelĂ©s pendant la marche entre Auschwitz et Buchenwald, je suis devenu chirurgien orthopĂ©dique.
Je suis restĂ© cĂ©libataire trĂšs longtemps : je ne me consacrais qu’à mes Ă©tudes, Ă  mon mĂ©tier. Et puis un jour, une fille est arrivĂ©e aprĂšs un accident de la route ; j’ai passĂ© la nuit au bloc pour lui sauver les deux jambes. Elle a dit Ă  l’une de ses amies venue lui rendre visite : « Va voir le chirurgien, il a de beaux yeux. » Entre son amie et mo...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Auteur
  3. Introduction
  4. Le basculement
  5. L'arrestation
  6. L'arrivée au camp
  7. Le quotidien
  8. Les marches de la mort
  9. La libération
  10. Survivre
  11. Parler ?
  12. Plus jamais ça ?
  13. Ce qu'ils ont écrit

  14. Remerciements
  15. Les éditions Alisio