Jouons collectif !

Cinq postures pour cultiver l'intelligence collective

Dominique Sauzet

• Éditeur: Editions Aquilae
• Année: 2022
• Imprimer l'ISBN: 9782940678020
• ISBN de l'eBook: 9782940678037
• Édition: 1
• Sujet: Commerce
• Sujet: Commerce Général

Avant l'outil, l'artisan.En amont de la parole, l'intention.Préalablement à la méthode, la posture.Pour travailler ensemble, vivre l'intelligence collective et la coopération dans une perspective durable, Dominique Sauzet nous invite à questionner notre contribution au collectif dans sa légitimité, sa nécessité, son unicité, sa capacité à donner et à recevoir. Notre posture individuelle s'en retrouve renforcée, dans un regain de confiance et de joie à élaborer le monde de demain. Retrouvons le sens de « jouer collectif »!

1. Le principe
d’équivalence

ou la pleine et entière légitimité de chaque contribution

PREMIER pas vers un rapport différent à nos semblables engagés avec nous dans un processus de réflexion, de création ou de décision, le principe d’équivalence nous invite à prendre le contrepied des discours égalitaires et réducteurs, en reconnaissant les différences, non pour catégoriser et hiérarchiser, mais bien pour éclairer et distinguer afin d’articuler. C’est le principe qui soutient la biodiversité d’un écosystème, qui nomme le potentiel d’un collectif et sous-tend la proposition du « tout qui est plus que la somme des parties », si chère aux systémiciens.

Plus un groupe est hétérogène, plus sa puissance dépend du principe d’équivalence : chaque contribution y est reçue de la même manière ; l’expertise a la même légitimité que la naïveté, l’expérience que le noviciat ou encore la parole du général que celle de la recrue. Cette légitimité ne repose plus seulement sur les critères connus du savoir, de l’expérience ou du grade, mais principalement sur le fait de concourir au processus collectif en le nourrissant d’une indispensable énergie vitale.

Le sentiment de supériorité, tout comme celui d’infériorité, son incontournable complément, sont les deux faces d’une même médaille qui définit ordinairement la plupart de nos rapports humains sans même que nous en ayons toujours conscience. Cette manière habituelle et automatique d’envisager nos interactions perd ici une bonne part de sa validité, ouvrant de ce fait des champs nouveaux de coopération dans le cadre de rencontres véritablement humaines au sens plein du terme.

Le principe d’équivalence apprécie le relief, aime le contraste et se réjouit des tensions parce qu’il invite à transcender les a priori et les blocages qui en découlent habituellement.

La disposition et le fonctionnement en cercle, que l’on retrouve dans toutes les sociétés traditionnelles, en est la scénographie. Dans cette configuration, pas une place meilleure ou plus importante qu’une autre ; une vraie place existe pour chacune et chacun.

Adopter ce principe, le construire en soi, avec la lenteur et la détermination indispensables à cette véritable transformation, le faire enfin exister dans les dynamiques auxquelles nous prenons part, est le premier des passages nécessaires pour développer une posture facilitant l’intelligence collective.

De cette première balise découle directement la deuxième.

2. Le principe de
recyclage

ou l’indiscutable nécessité de chaque contribution

INSPIRÉ des écosystèmes restés libres de toute intervention humaine, ce principe nous incite à ne rien considérer a priori comme de moindre valeur, ou pire, propre à jeter. Toutes les contributions, si elles sont vraiment reconnues comme équivalentes, trouvent tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, leur fonction dans le processus. D’où son articulation avec le premier principe.

Toute contribution est bienvenue au-delà des réflexes qui pousseraient à les trier, les hiérarchiser et les sélectionner selon ce qui serait considéré comme seul critère valable : leur qualité intrinsèque. Bien plus que cela, la valeur d’une contribution dépend largement du regard que l’on va choisir de porter sur elle, de la manière dont chacune et chacun va chercher et trouver la bonne lecture pour en faire un élément de construction de la pensée collective.

En intelligence collective, la valeur de ma contribution dépend donc de la manière dont je l’élabore et la présente autant que du regard qui sera posé sur elle par les membres du collectif. Ainsi une réflexion qui paraît « à côté de la plaque » a au moins le mérite de permettre de préciser, ou de repréciser, où se situe la plaque en question, et peut-être même de découvrir comment les contours de cette plaque pourraient finalement évoluer. Rappelons-nous ces découvertes scientifiques majeures nées d’errances ou même d’erreurs de leurs découvreurs !

À ce moment de la réflexion, remarquons combien ces repères deviennent éthiquement engageants. Il s’agit réellement de développer une forme aiguisée d’attention à soi et à ses propres mécanismes, permettant une posture réellement attentive à l’autre et à ses contributions, tout en gardant à l’esprit une troisième attention, orientée elle vers le processus et sa dynamique. Ces trois attentions, à soi, à l’autre et au mouvement, constituent ensemble les trois points d’appui d’un engagement éthique indispensable au déploiement d’une intelligence collective fertile et vivante.

Et c’est pourtant là précisément qu’...

Table des matières

• Sommaire
• Introduction
• Une question
• En nous, autour de nous et entre nous
• Apprentissage
• 1. Le principe d’équivalence
• 2. Le principe de recyclage
• 3. Le principe de préciosité
• 4. Le principe de générosité
• 5. Le principe de récursivité
• Soigner les processus
• Pour conclure
• Postface de Martine Marenne
• Histoire de plume
• Remerciements
• Dominique Sauzet
• Epigraphe
• Page de copyright