Victor et les autres mondes
eBook - ePub

Victor et les autres mondes

Conte philosophique

  1. French
  2. ePUB (adapté aux mobiles)
  3. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Victor et les autres mondes

Conte philosophique

À propos de ce livre

La civilisation terrienne s'est-elle vraiment éteinte après l'Apocalypse nucléaire et écologique?? Pour préparer le retour sur Terre, l'amiral Colette, chef de la Colonie sur Mars, décide d'y envoyer Victor Lambda, pourtant simple appelé, mais désigné par Athéna, l'intelligence artificielle au jugement incontesté. Mais pourquoi moi?? se demande Victor en apprenant qu'une première mission d'éclaireurs d'élite a disparu. Lancé à leur recherche, voici Victor sur le rivage d'une île du Pacifique… habitée. Auprès de ses indigènes, tous jeunes, beaux, oisifs et fervents disciples du dieu de l'amour, l'explorateur découvre une vie en société bien différente de la sienne et, semble-t-il, idyllique. Mais Victor n'est pas au bout de son voyage, ni de ses rencontres avec d'autres mondes?: que va-t-il apprendre sur lui-même dans cette odyssée?? Dans la tradition du conte philosophique, avec la modernité d'un roman d'anticipation à suspense, ce récit invite à réfléchir sur la justice sociale, l'amour, la technologie… et, surtout, la liberté. François Lelord est psychiatre et auteur du grand succès Le Voyage d'Hector ou la Recherche du bonheur, publié dans trente-cinq pays et adapté au cinéma. 

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Victor et les autres mondes par François Lelord en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Philosophie et Histoire et théorie de la philosophie. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

– Contente de vous voir, me dit l’amiral Colette.
Mais elle a l’air contrarié, comme d’habitude. Je ne sais pas si elle l’est vraiment, ou si elle fronce ses beaux sourcils pour mieux affirmer son autorité. Souvent les femmes officiers supérieurs ont tendance à prendre cet air mécontent, je l’ai remarqué, à la manière des hommes lorsqu’ils occupaient encore ces grades, comme les prédécesseurs de l’amiral dont j’ai aperçu les visages sévères sur la rangée de portraits dans la coursive qui mène à son bureau.
– À vos ordres, amiral.
– Nous ne sommes pas en public, vous pouvez vous détendre un peu. Tenez, asseyez-vous.
Et elle me sourit.
Dois-je préciser que l’amiral Colette a un sourire chaleureux et même radieux ? C’est la deuxième fois que je la vois sourire depuis que je suis sous ses ordres, c’est-à-dire plus de deux ans. Sa chevelure couleur de bronze et d’argent est rassemblée en un impeccable chignon, dégageant son long ovale aux traits si réguliers qu’on pourrait la prendre pour un androïde. Mais non, les petites rides au coin de ses paupières qui se creusent quand elle me sourit montrent qu’elle est bien humaine.
– Vous vous demandez sans doute pourquoi je vous ai fait appeler, sans passer par votre supérieur hiérarchique, le lieutenant Jessica.
– J’avoue être un peu surpris, amiral.
Surpris, le mot est faible. Comme simple soldat de deuxième classe, je n’ai jamais affaire directement à un officier supérieur, et encore moins à l’amiral, notre chef militaire suprême. Et comme de plus, je suis au-dessous de la moyenne de ma promotion à tous les tests, je ne me trouve aucune raison d’être là.
Je me sens intimidé. J’essaie de le cacher ; ce n’est pas facile, c’est un des inconvénients d’être jeune, on est plus émotif.
Derrière elle, par le grand hublot ovale, je vois tourner lentement notre planète, recouverte par la ouate grise de ses nuages qui se déchire par instants pour dévoiler le bleu profond d’un océan, cette couleur unique qui lui a donné le nom de Planète bleue.
L’amiral fait glisser son index sur l’écran de la tablette posée sur son bureau, je vois qu’elle parcourt un document.
– En fait, j’ai consulté le lieutenant Jessica, mais je me suis aussi fiée à Athéna.
Athéna est notre ordinateur central. Elle et ses versions précédentes ont tout recueilli de moi depuis ma naissance, mais je n’ai jamais eu accès qu’à des versions simplifiées de mon dossier. Mon dossier complet est accessible à l’amiral, qui lève son regard de l’écran et le plonge dans le mien. Elle a de beaux yeux gris, et on dit que ses iris sont naturels et ne doivent rien aux améliorations génétiques pourtant habituelles ici.
L’amiral m’examine avec attention.
– Vous n’avez aucune idée de la raison pour laquelle je vous ai fait appeler ?
– Non, amiral.
– Le lieutenant Jessica ne vous a donc pas mis au courant, cela me donne à penser qu’elle a quelque chose contre vous… ce que j’avais déjà déduit de son rapport sur vous, dit-elle en désignant sa tablette.
Elle a raison, bien sûr le lieutenant Jessica a quelque chose contre moi, mais je la ferme. J’ai déjà appris dans ma courte carrière militaire ce qu’il en coûte de médire d’un officier devant un autre même s’il semble vous approuver.
Devant mon silence, l’amiral comprend que je vais la boucler. Elle sourit à nouveau.
– Une raison ? Vous pouvez me donner une raison de l’hostilité du lieutenant Jessica à votre égard ?
Il y en a une, en effet. Quelques semaines auparavant, le lieutenant Jessica m’a fait appeler un soir dans sa cabine. Prétextant un malaise, je ne m’y suis pas rendu. Même demande trois jours plus tard, même motif de refus. À ce moment-là, des camarades m’ont dit que j’étais un idiot, que servir ainsi son chef n’avait rien de déshonorant, au contraire. Je ne suis pas contre par principe, mais il y a toujours eu quelque chose dans le regard du lieutenant, ses manières brusques, son ironie agressive, qui me déplaisait. D’autres camarades se sont révélés moins difficiles, et s’en sont trouvés bien quant à leur notation.
– Je ne sais pas, dis-je. C’est sans doute une question d’affinité.
– Une question d’affinité ? Avez-vous fait quelque chose qui ait pu la contrarier ?
– Pas que je m’en souvienne…
L’amiral sourit à nouveau.
– Excellent, vraiment. Vous me confortez dans l’idée que j’ai eu raison de vous choisir.
– De me choisir ?
Pendant une brève seconde, je pense que l’amiral m’a fait venir dans son bureau pour la même raison que le lieutenant Jessica m’a convoqué dans sa chambre. Je me sens rougir. Car même si l’amiral a près de deux fois mon âge, je sens que je ne serais pas insensible à son charme.
L’amiral remarque mon embarras.
– Mais non, je ne vous ai pas fait venir pour ce que vous pensez ! dit-elle en riant.
– Excusez-moi, amiral.
– Pas de problème. Vous n’avez pas une idée, vraiment pas ?
– Non.
Elle fait pivoter sa chaise et désigne notre planète.
– Et si vous partiez là-bas ?
Revenir sur Terre ! C’est le grand projet de la Colonie depuis au moins une génération.
Puisque je ne sais pas qui lira ce récit – ou si quelqu’un le lira jamais un jour – autant donner quelques explications. Nous vivons sur Mars. Au début, nous avons commencé comme une petite colonie de scientifiques, mais depuis près d’un siècle, nous sommes probablement tout ce qui reste de l’humanité.
Nous avons tous appris à l’école comment s’est terminée la dernière civilisation terrestre connue. Les choses allaient de mal en pis à la suite de catastrophes climatiques et de bouleversements économiques. Cela avait entraîné des vagues de migration et des guerres locales entre pays qui se disputaient l’eau ou les matières premières. Mais, un jour, une bombe thermonucléaire avait effacé une capitale d’Orient. C’était un attentat, la bombe avait été placée à l’avance, et non envoyée par un missile. Le pays touché avait de bonnes raisons de penser qu’une puissance rivale avait fomenté l’attentat, ou soutenu ceux qui l’avaient exécuté. Alors, un général de l’état-major, outrepassant les processus de décision, fit envoyer trois missiles en riposte. Le président des États européens avait appelé à la paix et à la modération, mais cela ne dura pas longtemps, car un nouvel attentat, ordinaire celui-là, lui avait coupé définitivement la parole. Après quoi, tout était allé de mal en pis, d’autres missiles avaient décrit leur courbe parfaite, chaque pays accusant d’autres de les avoir lancés, et puis assez vite personne n’avait plus pu accuser personne, car les nuages radioactifs et l’hiver nucléaire étaient arrivés, mettant fin à la fois à la civilisation et au réchauffement climatique, que l’on avait pourtant cru irréversible.
De Mars, la Colonie avait observé cette Apocalypse avec terreur et consternation. La vie sur Mars était difficile, source de claustrophobie, mais supportable à condition de garder l’idée qu’après un séjour de quelques mois ou années l’on pourrait revenir passer ses journées sur Terre à écouter le chant des oiseaux et le murmure des rivières en réalité non virtuelle. Mais voilà que la Terre n’était plus la Terre, et c’est pourquoi nous l’avons depuis nommée la Planète bleue, comme pour la laver de son passé tragique et lui donner un nouveau commencement.
C’était aussi une catastrophe pour tous les progrès techniques et scientifiques à venir. Jusque-là, la Colonie avait bénéficié sans cesse des avancées de la recherche mondiale dans tous les domaines. Désormais elle ne devait compter que sur elle-même, comme une université soudain interdite à jamais d’échanges avec le reste du monde.
Heureusement, comme on avait envoyé ici les – supposés – meilleurs individus possibles, rigoureusement sélectionnés, et comme l’intelligence artificielle était déjà assez avancée lors de l’implantation de la Colonie, on n’avait pas manqué de créativité pour s’adapter et arriver en une dizaine de générations à une petite société qui fonctionne aujourd’hui plutôt bien et qui n’a pas cessé d’accomplir des progrès technologiques et scientifiques.
Je ne dirais pas que tout est rose, mais en tout cas tout est parfaitement organisé pour une communauté de quelques centaines de personnes vivant sous une bulle qui nous protège de l’atmosphère toxique de Mars. Ça, c’est le point de vue optimiste, mais pas mal de gens ne se trouvent pas si heureux à la Colonie.
Pourquoi ? Parce que tout est prévu, soigneusement planifié avec l’aide d’Athéna, rien n’est inattendu. À part peut-être nos relations amoureuses, le dernier champ d’aventure qu’il nous reste. Ou plutôt qu’Athéna nous a laissé, car elle pourrait déterminer sans faillir la personne qui nous conviendrait le mieux pour une aventure ou pour une relation durable. Mais il a été décidé qu’il fallait nous laisser un domaine de liberté et d’imprévu. Mais, même là, rien n’est très risqué : en cas de chagrin d’amour, nous avons à notre disposition des thérapies de désensibilisation très efficaces. Après quelques séances, vous pouvez croiser la personne qui vous a rendu presque fou avec une indifférence teintée de dégoût.
D’ailleurs, si vous en avez assez de l’amour et de ses soucis, vous pouvez aussi prendre un médicament qui supprime en vous tout désir, sans vous diminuer en rien par ailleurs. Avec ce traitement, c’est le grand repos sentimental et sexuel garanti, et vous pouvez enfin vous consacrer à fond à votre travail ou à tout ce qui vous intéresse dans la vie.
Quand l’ennui vous pèse, vous arrêtez le traitement, et hop, c’est reparti, vous commencez à rêver de tenir quelqu’un dans vos bras.
Pour résumer, nous ne sommes pas malheureux, chacun a une activité à sa mesure, mais à part les chercheurs passionnés par leur discipline, les militaires absorbés par leurs exercices de guerre et les ambitieux qui veulent monter dans la hiérarchie, beaucoup de gens s’emmerdent un peu ici, dont moi.
Même parcourir en réalité virtuelle les plus beaux paysages de la Terre d’avant l’Apocalypse finit par laisser frustré d’un contact réel avec une nature que nous n’avons jamais connue. C’était déjà vrai pour les derniers Terriens des sociétés avancées, l’environnement était si dégradé et l’insécurité devenue telle que la plupart des gens ne sortaient plus des grandes villes.
C’est pourquoi tout le monde ou presque rêve au grand projet de la Colonie : revenir s’établir un jour sur Terre. Enfin l’aventure, la vraie ! Sans doute avec des risques, mais aussi les joies de la découverte et – pensent certains – de la liberté !
Je crois que ceux-là rêvent trop, car je ne vois pas pourquoi Athéna ne pourrait pas continuer son règne sur la Planète bleue.
Le niveau de radioactivité a baissé depuis longtemps, contrairement aux prédictions les plus pessimistes, et le climat est redevenu hospitalier près des océans.
Mais pourquoi l’amiral m’aurait-elle choisi pour un projet aussi capital, moi, Victor Lambda, simple soldat, sans expérience militaire, et jugé très moyen aux tests ?
– Athéna, dit-elle.
Elle lève les yeux de son écran.
– Et puis vous ne serez pas le premier. Nous y avons déjà envoyé des Zomons.
– Des Zomons ?
Je n’en reviens pas. Les Zomons sont des militaires de carrière, entraînés en vue d’un retour sur Terre, contrairement à moi. En quoi pourrais-je leur être utile sur le terrain ?
Et maintenant un sourire espiègle de l’amiral.
– Voulez-vous savoir ce qu’Athéna pense de vous ?
Après ma rencontre avec l’amiral, je décide de passer voir Yû.
Je la trouve devant son écran virtuel ; en fait c’est un casque, avec une visière opaque qui lui montre des images que je ne vois pas, et qui masque son visage, sauf sa bouche pensive – que j’ai encore envie d’embrasser, hélas – et son joli menton. Elle se tient très droite, assise sur ses talons dans une position qui devait être familière...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Chapitre 1
  6. Chapitre 2
  7. Chapitre 3
  8. Chapitre 4
  9. Chapitre 5
  10. Chapitre 6
  11. Chapitre 7
  12. Chapitre 8
  13. Chapitre 9
  14. Chapitre 10
  15. Chapitre 11
  16. Chapitre 12
  17. Chapitre 13
  18. Chapitre 14
  19. Chapitre 15
  20. Chapitre 16
  21. Chapitre 17
  22. Chapitre 18
  23. Chapitre 19
  24. Chapitre 20
  25. Chapitre 21
  26. Chapitre 22
  27. Chapitre 23
  28. Chapitre 24
  29. Chapitre 25
  30. Chapitre 26
  31. Chapitre 27
  32. Chapitre 28
  33. Chapitre 29
  34. Chapitre 30
  35. Chapitre 31
  36. Chapitre 32
  37. Chapitre 33
  38. Chapitre 34
  39. Chapitre 35
  40. Chapitre 36
  41. Chapitre 37
  42. Chapitre 38
  43. Chapitre 39
  44. Chapitre 40
  45. Chapitre 41
  46. Chapitre 42
  47. Chapitre 43
  48. Chapitre 44
  49. Chapitre 45
  50. Chapitre 46
  51. Chapitre 47
  52. Chapitre 48
  53. Chapitre 49
  54. Chapitre 50
  55. Chapitre 51
  56. Chapitre 52
  57. Chapitre 53
  58. Chapitre 54
  59. Chapitre 55
  60. Chapitre 56
  61. Chapitre 57
  62. Chapitre 58
  63. Chapitre 59
  64. Chapitre 60
  65. Chapitre 61
  66. Chapitre 62
  67. Chapitre 63
  68. Chapitre 64
  69. Chapitre 65
  70. Chapitre 66
  71. Chapitre 67
  72. Chapitre 68
  73. Chapitre 69
  74. Chapitre 70
  75. Chapitre 71
  76. Chapitre 72
  77. Chapitre 73
  78. Chapitre 74
  79. Chapitre 75
  80. Chapitre 76
  81. Sommaire
  82. Du même auteur chez Odile Jacob
  83. Collection