No bank
eBook - ePub

No bank

  1. 186 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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À propos de ce livre

En octobre 2011, Hugues Le Bret démissionne de la direction de Boursorama pour publier en toute liberté son témoignage sur l'affaire Kerviel. Son livre est un succès mais, rapidement, les portes se ferment. Hugues Le Bret a brisé la règle du silence des dirigeants du CAC 40. Le système lui fait payer. C'est un homme libre, mais seul. Une rencontre change le cours de son destin...

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Informations

Sanction
Alger Plage, juillet 1973.
Heddi Boulanouar s’affaire dans sa villa de bord de mer située à vingt kilomètres du centre-ville, sous le regard de Sakina, sa femme, de ses deux petites filles et de sa belle-sœur Malika, que le couple a recueillie six ans auparavant. La famille est assez aisée. Les Boulanouar emploient un jardinier, une femme de ménage et un cuisinier.
Sakina porte dans les bras la toute petite Miriam et tient par la main leur fille aînée, Samira, 5 ans. Elle est enceinte du troisième. Elle a l’habitude d’être en retrait. Elle vient d’une famille de neuf enfants, originaire d’un bled nommé El-Maïn, en Petite Kabylie. Un village « ravitaillé par les corbeaux », comme on dit là-bas, oublié du monde. Un village où les femmes n’ont d’autre droit que celui d’être soumise à la volonté du père, puis du mari. Un village où l’on marie les petites filles à 14 ans. Un village fui par Malika pour éviter les coups infligés par son père.
Ce jour de juillet écrasé de soleil, Heddi creuse les talons compensés de deux paires de chaussures que porteront Sakina et Malika pour passer la douane. Il regarde par la fenêtre. Personne. Il prend les dinars qu’il lui reste, l’équivalent de 1 500 nouveaux francs*, les plie minutieusement et les tasse à l’intérieur des talons. Une fois l’argent bien réparti, il recolle les semelles. Une société de déménagement a déjà enlevé tous les meubles pour les charger sur le bateau de Toulon. Des amis coopérants français ont fait mine de les acheter pour faciliter les contrôles. Les deux femmes se chaussent. Heddi jette un œil sur les passeports. Les billets d’avion sont bien dans sa poche. Il vérifie plusieurs fois.
Heddi a été un fervent soutien du FLN, le Front de libération nationale qui a mené la guerre d’indépendance. En 1962, il n’a pas hésité à choisir la nationalité algérienne alors que ses études en France lui permettaient facilement d’opter pour la nationalité française. Mais trois ans plus tard, le président régulièrement élu, Ahmed Ben Bella, est renversé. Depuis, la révolution promise a fait place à un régime autoritaire.
Heddi se rappelle avec amertume du coup d’État de Boumédiène, le 19 juin 1965. À l’époque, le cinéaste Costa-Gavras était en plein tournage du film Z, sur la dictature des colonels en Grèce. Dans les rues d’Alger, des chars et des comédiens habillés en militaires faisaient office de figurants. Heddi était alors journaliste politique et culturel pour Radiodiffusion Télévision Algérienne (RTA), Sakina était dactylo au même endroit. Heddi parlait notamment au micro de Radio Culture et de Radio Algérie Internationale.
Les putschistes se sont servis du tournage de Costa-Gavras. L’armée, la vraie, s’est mêlée aux faux chars et aux faux uniformes de cinéma. Les putschistes ont profité de l’événement pour investir les rues et tous les lieux stratégiques, notamment les médias. À la manœuvre, le ministre de la Défense, Houari Boumédiène.
Ironie du sort, Z est un réquisitoire contre la dictature inspirée par l’assassinat du député grec Grigoris Lambrakis en 1963, à Thessalonique. Le journaliste Vassilis Vassilikos en commet le roman éponyme, qui sert de base au scénario. Le film se situe dans un pays du Bassin méditerranéen au milieu des années 1960. Yves Montand, député progressiste, lutte contre les dérives totalitaires du régime. Il meurt dans un accident tragique. Jean-Louis Trintignant, juge d’instruction, dévoile l’implication directe de l’armée et du pouvoir dans ce qui se révèle être un assassinat. Il dénoue un vaste réseau de complicités.
À la radio, les équipes travaillent au rythme des trois-huit. Les « brigades » de collaborateurs se remplacent les unes les autres, 24 heures sur 24. Heddi et Sakina arrivent à 5 heures du matin pour prendre leur tour. Les putschistes les laissent entrer. Les journalistes sont rassemblés à l’antenne, on leur demande de lire des déclarations à la gloire du nouveau régime. Heddi refuse, il a opté pour la démocratie, pas pour une dictature militaire. Il ne se couche pas. Il n’accepte pas de se faire voler « sa » révolution.
Il est le seul.
Boumédiène prend la tête du gouvernement et du Conseil de la révolution nouvellement formé. Les fonctions régaliennes sont investies par l’armée. Les nouveaux dirigeants sont favorables au non-alignement et à l’unité des pays arabes et africains. Le monde impérialiste est dans le collimateur.
Heddi est immédiatement blacklisté. On lui crée de nombreux ennuis au bureau, il n’a plus droit au micro. Puis il est poussé à la démission. Sakina aussi.
Grâce à un ami bien placé au ministère de l’Information, Heddi trouve quelques semaines plus tard une place comme responsable d’une société d’édition, l’Entreprise Algérienne de Presse (ENAP), mais il ne peut plus écrire. Il s’occupe de la diffusion. Sakina devient intérimaire pour des sociétés américaines.
En 1969, Alger accueille le PANAF, le premier Festival culturel panafricain. L’Algérie souhaite intensifier ses relations avec la république du Congo, le Mali, la Guinée, la République arabe unie, mais aussi la Côte d’Ivoire et tous les pays du Maghreb. Le changement de régime en Libye, intervenu au cours de l’été 1969, est chaleureusement accueilli. Boumédiène, président en exercice de la conférence des chefs d’État africains, inaugure l’événement au palais des Nations du Club des Pins. Près de 1 500 personnes assistent à son discours, dont les membres du Conseil de la révolution et du gouvernement algérien, les représentants du corps diplomatique accrédités et tous les chefs de délégations, ministres, écrivains, cinéastes ainsi que diverses personnalités européennes des arts et des lettres. Alger vibre au son du bendir et de la voix forte de l’Afrique décolonisée. Son discours est sans ambiguïté : « Le premier festival panafricain n’est pas un divertissement général qui nous distrairait de la lutte quotidienne, annonce-t-il d’entrée, il fait partie d’un immense effort pour notre émancipation. Il fait partie du combat que nous continuons tous en Afrique à mener : qu’il soit celui du développement ou de la libération nationale. Le colonialisme est un mal que nous avons tous subi, vécu, et dont nous avons triomphé. Mais son mécanisme est complexe. Le colonialisme est dans son essence comme dans son esprit un acte total. Il ne peut qu’ajouter à sa domination matérielle une emprise sociale et culturelle. »
Le régime se radicalise franchement, la liberté d’expression est abolie, la culture est reprise en main par le pouvoir, « l’emprise sociale » devient le leitmotiv de la répression. Alger devient rapidement la capitale des révolutionnaires en exil, ceux de Palestine, d’Amérique latine ou d’Asie, les Vietnamiens et les Cambodgiens, le refuge de toutes les victimes du colonialisme portugais, de l’apartheid d’Afrique du Sud, de Namibie ou de Rhodésie, celui de tous les opposants aux régimes fascistes brésilien, espagnol ou grec. L’anti-impérialisme constitue l’alpha et l’oméga du régime : tout est mis au service de ce mot d’ordre. La liberté d’opinion disparaît rapidement, l’autosuffisance alimentaire du pays aussi. Alger la blanche devient Alger la rouge.
Heddi se sait dans le collimateur. Des proches du pouvoir viennent de plus en plus souvent à la maison demander à sa famille quand il reviendra. Il se cache. On demande alors ce qu’il fait, sur quoi il travaille. Il se sent menacé. Ce n’est pas grave, ne vous inquiétez pas, dit-on à Sakina, nous repasserons. Heddi s’alarme. Il a déjà vu des policiers en civil venir chez des voisins. Ils ont emmené les hommes pour un contrôle « de...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Titre
  3. Copyright
  4. Dédicace
  5. Sanction
  6. Amorçage
  7. Révélation
  8. Contrecoup
  9. Décollage