
- 257 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Les aristocrates rebelles
Ă propos de ce livre
Ils sont nĂ©s avec un nom et des privilĂšges mais ont choisi leur propre destin, au risque de tout perdre. L'histoire de France et du monde recĂšle une incroyable richesse en aristocrates rebelles. De Cyrano de Bergerac Ă Olympe de Gouges, de Lord Byron Ă Alphonse de Lamartine, du comte TolstoĂŻ Ă Savorgnan de Brazza, de Luchino Visconti Ă Simone de Beauvoir, ils inventent leur voie. Ils dĂ©frichent leur chemin et explorent les horizons lointains. Ils se dĂ©font des oripeaux de leur classe pour se vĂȘtir des habits neufs de la dĂ©couverte.
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Informations
Lord Byron
(1788-1824)
Entre violence et passion
Jâabhorre lâAngleterre et lâAngleterre mâabhorre. Lord Byron
Sur les quais de Londres, le 5 juillet 1824, Gilbert du Motier de La Fayette se prĂ©pare, pour la Ă©niĂšme fois, Ă traverser lâAtlantique, cinquante ans aprĂšs la premiĂšre. Cette escale, au cĆur de la capitale de cette nation qui, jadis, lui a pris son pĂšre, et quâil a lui-mĂȘme mise Ă genoux lorsque, en AmĂ©rique, il a permis la victoire des insurgents, prend la forme dâune revanche qui ne lui dĂ©plaĂźt pas, surtout lorsquâil constate que le bruit de sa venue sâĂ©tant rĂ©pandu comme une traĂźnĂ©e de poudre, chacun veut le voir. DâoĂč un encombrement extraordinaire prĂšs de ces docks entourĂ©s de brouillard, conformĂ©ment Ă lâidĂ©e que chacun de fait de la capitale britannique, en particulier cette rive de la Tamise qui sera intĂ©gralement dĂ©truite par les bombes allemandes pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mais un homme sâapproche de lui et lui annonce une nouvelle qui le stupĂ©fie : Ă quelques centaines de mĂštres Ă peine, un cercueil vient dâĂȘtre dĂ©barquĂ© dâun navire en provenance de GrĂšce. Et celui-ci renferme le corps dâun homme au moins aussi cĂ©lĂšbre que lui, bien que beaucoup plus jeune, lord Byron. AussitĂŽt, La Fayette Ă©met le dĂ©sir dâaller le saluer, mais il nâen a pas le temps, son propre navire devant lever lâancre. Lâextraordinaire rencontre entre le hĂ©ros des LumiĂšres, bien vivant et celui du romantisme, dĂ©jĂ mort, nâaura pas lieu. Il est temps de remonter sur le navire qui va prendre le large en profitant de la marĂ©e descendante, laissant le Français songeur Ă lâapproche du grand large, qui se dit que leurs deux existences ont Ă©tĂ© plus complĂ©mentaires quâon ne pourrait le croire.
Un jeune lord débauché
Trente-six ans plus tĂŽt, en effet, le 22 janvier 1788, Ă©tait nĂ© Ă Londres, Holles Street, Ă Cavendish Square, George Byron, enfant unique du capitaine John Byron et de sa seconde Ă©pouse, Catherine Gordon de Gight. Le premier, fils dâun amiral, appartenait Ă une des plus anciennes familles dâAngleterre, dont le fondateur comptait parmi les proches de Guillaume le ConquĂ©rant ; la seconde descendait, via Jacques Ier dâĂcosse, des Stuarts. Leur union dura peu, puisque John Byron, sorte de bon Ă rien ne sâintĂ©ressant quâau vin, aux femmes et aux tables de jeu sâĂ©teignit trois ans plus tard en France, oĂč il rĂ©sidait afin dâĂ©chapper Ă ses crĂ©anciers, laissant, de son premier mariage avec la marquise de Carmarthen, une fille, Augusta, qui allait tenir dans la vie de son demi-frĂšre une certaine importance. Lâenfant qui vint au monde Ă©tait dĂ©jĂ ruinĂ©, mais un espoir planait sur son berceau : il Ă©tait le plus proche hĂ©ritier de son grand-oncle, le baron Byron de Rochdale, dit le mauvais lord, un demi-fou richissime qui, aprĂšs avoir tuĂ© en duel son cousin et jetĂ© sa femme dans un lac, vivait en solitaire dans son abbaye de Newstead, en lisiĂšre de la forĂȘt de Sherwood, jadis donnĂ©e Ă ses aĂŻeux par Henri VIII, oĂč il entraĂźnait ses grillons Ă la course⊠sur son Ă©norme ventre !
En attendant que ce dernier consentĂźt Ă disparaĂźtre, Catherine Byron et son fils sâinstallĂšrent Ă Aberdeen, en Ăcosse, oĂč la vie Ă©tait moins chĂšre quâĂ Londres, et oĂč George grandit, sinon en beautĂ©, car sa cheville tordue le contraignait Ă boiter, tandis quâil Ă©tait prĂ©maturĂ©ment obĂšse. Au moins son intelligence paraissait bonne, son prĂ©cepteur lui inculquant le goĂ»t du latin, de lâhistoire et de la littĂ©rature. Mais la premiĂšre caractĂ©ristique de cet enfant rĂ©tif Ă toute autoritĂ© et infatuĂ© de son nom et de la devise des siens â Crede Biron (Crois en Byron) â fut la rĂ©volte quâil manifesta contre sa redoutable mĂšre, qui trompait ses frustrations dans lâalcool, jurait comme un charretier et poursuivait son fils avec un tisonnier lorsquâil lui cherchait querelle et lâappelait son tourment. Byron, vous ĂȘtes un monstre, comme vos ancĂȘtres, lui criait-elle dessus, en lui jetant la vaisselle Ă la tĂȘte !
De cette singuliĂšre Ă©ducation il allait conserver, outre lâimpĂ©rative nĂ©cessitĂ© de porter, sa vie durant, une chaussure orthopĂ©dique, une irritabilitĂ© constante, un caractĂšre ombrageux et une insatisfaction permanente qui allaient ĂȘtre les premiers traits de son caractĂšre rebelle et anticonformiste. Ce long sĂ©jour, de surcroĂźt, fit aussi de lui un Ăcossais de cĆur, aimant porter le tartan de son clan et arpenter les landes dĂ©sertes et brumeuses du royaume de ses ancĂȘtres maternels, y puisant dĂšs son plus jeune Ăąge un profond sentiment romantique. Ă dix-sept ans, cette existence cessa, puisque le grand-oncle Ă©tant enfin mort, le nouveau lord Byron hĂ©rita du titre de sixiĂšme baron de sa lignĂ©e et de la fortune au moment oĂč il passait de la renommĂ©e Public School de Harrow au prestigieux Trinity College de Cambridge.
SâopĂ©ra alors une extraordinaire mutation : au prix de privations alimentaires, il maigrit et, pratiquant lâĂ©quitation, lâescrime, le cricket, la boxe et surtout la natation, se forgea en quelques annĂ©es, par sa seule volontĂ©, un physique dâathlĂšte parfait. Son visage subit parallĂšlement une aussi singuliĂšre mutation, faisant de ce blond aux yeux gris-bleu, bordĂ©s de longs cils, au nez parfaitement droit et Ă la bouche sensuelle, un garçon dâune stupĂ©fiante beautĂ© qui fit dĂ©sormais chavirer tous les cĆurs, ceux des femmes comme ceux des hommes. Car, dĂšs la fin de son adolescence, lord Byron, parfaitement bisexuel, sacrifia aux deux, divisant en parts Ă©gales ses amours entre ses jeunes, trĂšs jeunes condisciples de Cambridge, pourvu quâils fussent dâune beautĂ© Ă©gale Ă la sienne, et les prostituĂ©es de Londres, sans jamais Ă©prouver le moindre dĂ©sir de se justifier, puisquâil se considĂ©ra toujours au-dessus du conformisme, lui qui envisagea mĂȘme dâĂ©crire un traitĂ© sur les mĆurs, dont lâun des principaux chapitres eĂ»t Ă©tĂ© un Ăloge de la sodomie et de la pĂ©dĂ©rastie en tant que pratique digne de louanges dâaprĂšs les auteurs anciens et lâusage moderne. Ceci ne lâempĂȘche pas de sâĂ©prendre de ses cousines Marie Duff puis Margaret Parker, mais sans rien en espĂ©rer, sinon lâinspiration de ses premiers poĂšmes.
Il sacrifia de surcroĂźt au dandysme ambiant, montant les plus beaux chevaux, commandant ses vĂȘtements aux tailleurs les plus chic, et sâinstallant bientĂŽt, une fois prĂȘtĂ© son serment Ă la Chambre des lords, Ă Newstead Abbey, quâil fit restaurer Ă grands frais et oĂč il donna de superbes fĂȘtes, dĂ©pensant sans compter lâargent dont il venait dâhĂ©riter. Travaillant peu ses Ă©tudes, il noua de durables amitiĂ©s avec des camarades tels que Skinner, Matthews, Scrope, Davies et Hobhouse, et obtint, selon sa propre expression ses diplĂŽmes dans lâart du vice. Il sâinstalla parallĂšlement Ă Londres, oĂč il publia ses premiers poĂšmes, mais déçu par le frais accueil que lui rĂ©serva lâaristocratique assemblĂ©e, oĂč il pensait briller, et attristĂ© par la mort de son chien, Boatswain, il se lassa de sa trop superficielle existence et dĂ©cida dâaller voir ailleurs si le ciel est plus beau.
Lâerrance dâun homme libre
Au mois de juillet 1809, il quitta donc lâAngleterre avec son ami Hobhouse, un page, le jeune Bob Ruston, et trois domestiques, destination Lisbonne, SĂ©ville, Cadix, Gibraltar, Malte, lâAlbanie et enfin lâEmpire ottoman, via ce quâon appelle aujourdâhui la GrĂšce dâabord, la Turquie ensuite. Patras, Smyrne, AthĂšnes, Constantinople furent autant dâĂ©tapes oĂč ils se gorgea de soleil, de monuments et dâexpĂ©riences sexuelles de tous bords, jusquâĂ se dĂ©goĂ»ter du vice, comme il le dit lui-mĂȘme, mĂȘme si, Ă Malte, il tomba sĂ©rieusement amoureux de Constance Spencer Smith, avec laquelle il manqua de sâenfuir, avant de faire de mĂȘme, Ă AthĂšnes, avec, cette fois, le beau Nicolo Guraud, qui lui proposa de vivre ou de mourir avec lui, ce que Byron finit par refuser en dĂ©clarant : Je suis Ă©cĆurĂ© jusquâau fond de lâĂąme, ni vierge ni jouvenceau ne me donnent plus de plaisir. Ce fut Ă cette Ă©poque que le peintre Thomas Phillips le reprĂ©senta dans le flamboyant costume albanais, tandis quâun de ses confrĂšres le montra couchĂ© et mĂ©ditant, Ă AthĂšnes, dans les ruines du Zeus olympien, ses serviteurs dormant Ă ses cĂŽtĂ©s, comme les compagnons dâUlysse, peut-ĂȘtre ce jour oĂč il a gravĂ© son nom sur ce rocher du cap Sounion, oĂč on peut toujours le voir.
Deux ans plus tard, il Ă©tait de retour Ă Londres, avec des sculptures antiques, quatre tortues, et un poĂšme quâil avait composĂ© pendant ses pĂ©rĂ©grinations, Le Chevalier Harold, texte autobiographique sur la quĂȘte dâun jeune homme qui, en voyageant du Portugal Ă la GrĂšce, cherche Ă se forger un destin en marge des convenances mĂ©diocres, tentant de pousser les peuples Ă se rĂ©volter contre leurs oppresseurs. PubliĂ© en 1812, le succĂšs fut colossal. Tout Londres se lâarracha et il ne fut pas jusquâau roi George III lui-mĂȘme Ă demander quâon lui prĂ©sentĂąt lâauteur. Un matin, je me rĂ©veillai cĂ©lĂšbre, dit laconiquement cet aristocrate anticonformiste venant de dĂ©couvrir sa vocation. Les salons les plus en vue le demandaient, tel celui de lady Melbourne, qui rĂ©gnait sur Londres, et les femmes, dont certaines sâĂ©vanouissaient lorsquâil paraissait, sâamourachĂšrent de lui, parmi lesquelles la ravissante lady Caroline Lamb qui lui adressait des lettres Ă©perdues, dans lesquelles elle allait jusquâĂ dĂ©poser des poils de son pubis. Elle parvint Ă obtenir ce quâelle cherchait, mais finit par lâeffarer par son caractĂšre fantasque et possessif. Il la quitta. Elle tenta Ă plusieurs reprises de se suicider, et sâĂ©criait, dĂ©sespĂ©rĂ©e : Il a brisĂ© mon cĆur, mais je lâaime encore ! Avant de contribuer Ă Ă©difier la mauvaise rĂ©putation de cet amant fugace quâelle allait dĂ©finir ainsi : Byron, mad, bad and dangerous to know.
Une, toutefois, retint son attention, la ravissante Annabella Milbanke, propre cousine de Caroline Lamb, Ă qui il proposa le mariage, mais, mĂ©fiante, elle refusa, bien quâelle fĂ»t folle de lui. Il se consola avec lady Oxford, puis avec sa propre demi-sĆur, Augusta Leigh, Ă qui il fut enfin prĂ©sentĂ© et avec laquelle il ne tarda pas Ă vivre une intense liaison incestueuse, dâoĂč naquit, au printemps 1814, une fille : MĂ©dora. Pour elle il Ă©crivit La FiancĂ©e dâAbydos et Le Corsaire qui furent de nouveaux succĂšs, le premier, surtout, dont 10 000 exemplaires furent vendus le jour de sa sortie.
Le 2 janvier 1815, Byron nâen Ă©pousa pas moins Annabella Milbanke, qui avait fini par accepter, vaincue par ses sentiments. Ce nâĂ©tait cependant plus par amour quâil avait demandĂ© sa main, mais pour se venger de son premier et humiliant refus. MalgrĂ© leur vie brillante dans la sociĂ©tĂ© londonienne, oĂč ils se sont installĂ©s somptueusement Ă Piccadilly Terrace, tout prĂšs de Hyde Park, il lui mena une vie infernale, dans laquelle, mĂȘlant sadisme et cruautĂ©, il ne lui Ă©pargna aucune humiliation, alternant les moments de tendresse et ceux oĂč il se montrait odieux. Et ce, en dĂ©pit de la naissance de leur fille, Augusta-Ada, lâhiver 1815. Annabella finit par se rĂ©fugier chez ses parents, et ce fut Ă ce moment que Carolone Lamb lui apprit que, non seulement Byron sacrifiait de temps Ă autre Ă lâhomosexualitĂ©, mais encore entretenait une liaison incestueuse avec sa propre demi-sĆur, ce qui, dans cette Grande-Bretagne du premier XIXe siĂšcle, constituait deux transgressions inexcusables, mĂȘme si nombre de jeunes gens sacrifiaient Ă la premiĂšre. HorrifiĂ©e, lady Byron, qui dressa elle-mĂȘme la liste des outrages quâelle avait reçus â parmi lesquels la sodomie, quâil lui avait imposĂ©e ! â entama une procĂ©dure de sĂ©paration, aprĂšs avoir tentĂ© de convaincre le corps mĂ©dical que son mari Ă©tait fou.
Ne voulant pas quâun nouveau scandale Ă©clatĂąt au grand jour, son mari accepta et lui adressa, pour solde de tout compte, un poĂšme intitulĂ© Porte-toi bien. Mais, tout de suite aprĂšs, il en provoqua un autre en rĂ©vĂ©lant ses amours interdites dans ses Stances Ă Augusta. AjoutĂ©s au fait quâil ne cessait, dans les salons, de dire du bien de NapolĂ©on, que les Anglais eurent tant de mal Ă abattre Ă peine deux ans auparavant, il fut un jour huĂ© en entrant Ă la Chambre des lords, tandis quâun autre, dans un bal chez lady Jersey, oĂč il eut le front de se prĂ©senter au bras de sa demi-sĆur, chacun sâĂ©carta de lui sans lui adresser la parole.
On le vit trop souvent ivre mort dans les la ville, faisant la fĂȘte avec les actrices du théùtre de Drury Lane, dont il Ă©tait administrateur, traĂźner avec les jeunes prostituĂ©s des bas quartiers ou encore tenter de repousser les huissiers qui, Ă neuf reprises, vinrent sâemparer de ses meubles et payer ses crĂ©anciers, pour quâon le considĂ©rĂąt comme un gentleman ! Si ses lecteurs le jugeaient Ă©gal Ă Southey, Wordsworth ou Keats, il Ă©tait dĂ©sormais totalement grillĂ© dans son monde, qui dĂ©cida de ne plus le recevoir. Seule une admiratrice, Claire Clairmont, ne lui tourna pas le dos et tenta de le consoler ; il commença avec elle une nouvelle liaison.
PersuadĂ© dĂ©sormais que ses compatriotes Ă©taient de parfaits crĂ©tins, Byron, toujours pressĂ© par ses crĂ©anciers et dĂ©solĂ© de la rupture que sa demi-sĆur venait de lui imposer afin de mĂ©nager sa propre rĂ©putation, dĂ©cida de quitter Ă nouveau cette Angleterre quâil dĂ©testait de toutes ses forces et avec laquelle il voulut rompre Ă jamais.
Quant Ă lâopinion des Anglais, Ă©crit-il Ă son Ă©diteur John Murray, quâils sachent dâabord ce quâelle pĂšse avant de me faire lâinjure de leur insolente condescendance. Je nâai pas Ă©crit pour leur satisfaction. Sâils sont satisfaits, câest quâils choisissent de lâĂȘtre ...
Table des matiĂšres
- Couverture
- Présentation
- Copyright
- Titre
- Prologue
- Louis de Gonzague (1568-1591)
- Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655)
- Olympe de Gouges (1748-1793)
- Gilbert du Motier de La Fayette (1757-1834)
- Germaine de Staël (1766-1817)
- Esther Stanhope (1776-1839)
- Lord Byron (1788-1824)
- Alphonse de Lamartine (1790-1869)
- George Sand (1804-1876)
- Abd el-Kader (1808-1883)
- JérÎme-Napoléon (1822-1891)
- Léon Tolstoï (1828-1910)
- Henri (de) Rochefort (1831-1913)
- Ălisabeth dâAutriche (1837-1898)
- Isabelle du Brésil (1846-1921)
- Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905)
- Henri de Toulouse-Lautrec (1864-1901)
- Winston Churchill (1874-1965)
- Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944)
- Emmanuel dâAstier de La Vigerie (1900-1969)
- Luchino Visconti (1906-1976)
- Simone de Beauvoir (1908-1986)
- Nelson Mandela (1918-2013)
- Ăpilogue
- Du mĂȘme auteur
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