
eBook - ePub
Comment sont-ils devenus résistants ? - Une nouvelle histoire de la résistance (1940-1945)
- 601 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Comment sont-ils devenus résistants ? - Une nouvelle histoire de la résistance (1940-1945)
À propos de ce livre
Une histoire humaine plus que politique de la Résistance, par un grand professeur d'Oxford.
Une histoire humaine plus que politique de la Résistance, par un grand professeur d'Oxford.
Un regard historique inédit: Le livre est le fruit de plusieurs dizaines d'années de recherches et d'enquêtes conduites en France. Sur une trame chronologique sans raideur, chaque chapitre présente un groupe typique de résistants, illustré par des témoignages, à un moment de l'Occupation.
C'est la force de l'histoire orale pratiquée par un grand expert: les anecdotes enrichissent l'analyse et illustrent la synthèse.
Foire aux questions
Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
- Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
- Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Comment sont-ils devenus résistants ? - Une nouvelle histoire de la résistance (1940-1945) par Robert Gildea, Marie-Anne de Béru en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Histoire et Histoire de la France. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.
Informations
1
PRISE DE CONSCIENCE
Je me souviens du discours de Pétain. C’est un truc qui m’a tué de honte et de rage. En entendant cela, j’étais convaincu que pour nous ça commençait.
Jean-Pierre Vernant, 1985
Madeleine Riffaud n’avait pas seize ans lorsque les armées allemandes, triomphantes après Dunkerque, envahirent le Nord de la France le 5 juin 1940. Sa famille s’enfuit vers le sud, pêle-mêle avec des dizaines de milliers d’autres civils terrifiés et de soldats hébétés, leurs biens entassés sur des voitures, des charrettes ou des chevaux. Pour ses parents, instituteurs dans la Somme, l’exode fut compliqué encore par la nécessité d’évacuer son grand-père, qui se mourait d’un cancer. Quelques semaines plus tard, après la défaite, la famille retourna en lentes étapes vers ce qui était désormais la zone occupée. À la gare d’Amiens dévastée, Madeleine partit à la recherche d’un brancard afin de transporter son grand-père pour la dernière étape de leur voyage : « J’avais une petite jupe d’été, j’avais les cheveux sur le dos, j’avais quinze, seize ans1. » La jeune fille, séduisante, fut agressée par des soldats allemands. Un officier les rappela à l’ordre, mais elle se souvient de son geste : « Il m’a flanqué un magistral coup de pied au cul qui m’a envoyée dinguer. J’avais le nez dans la poussière. J’étais tellement furieuse, c’était l’humiliation, la colère, et dans cette colère je me suis juré que j’allais retrouver la Résistance. Je vais les retrouver, ceux qui résistent, c’était parti de là2. »
L’humiliation de la défaite fut ressentie par l’ensemble de la nation française, des dirigeants aux gens ordinaires. Ce fut une défaite inattendue, car les Français étaient entrés en guerre en 1939 avec enthousiasme, confiants dans la force de leur armée, de leur marine et de leur aviation. Ce fut une défaite inexpliquée, parce qu’en 1914-1918, les armées françaises avaient résisté pendant quatre ans aux armées allemandes et avaient fini par sortir victorieuses des tranchées. Cette fois-ci cependant, l’armée avait été débordée en à peine six semaines3. Ce fut une défaite dramatique, parce qu’elle détruisit la République qui, depuis 1870, incarnait la démocratie française et le patriotisme, et qu’elle ouvrit la voie à un régime autoritaire prêt à pactiser avec l’Allemagne.
Les événements vont très vite. Le 17 juin, le gouvernement, replié à Bordeaux, demande un armistice. Paul Reynaud, qui a remplacé Édouard Daladier comme président du Conseil en mars 1940 et qui s’est engagé vis-à-vis de la Grande-Bretagne à ne pas signer de paix séparée, perd la majorité au sein du cabinet. Il remet le gouvernement au maréchal Philippe Pétain, le vainqueur de Verdun en 1916. Avec le général Maxime Weygand, Pétain avait été appelé en mai 1940 pour renforcer le gouvernement, lorsque les Pays-Bas et la Belgique s’étaient effondrés devant l’offensive allemande. Malheureusement, Pétain et Weygand ne pensent pas seulement en termes militaires : la défaite leur offre l’opportunité de se débarrasser de la République, régime de plus en plus critiqué par les conservateurs qui y voient la porte ouverte au pouvoir politique des juifs, des communistes et des francs-maçons. La République avait été à deux doigts de s’effondrer le 6 février 1934, lorsque des ligues réactionnaires et fascistes avaient attaqué l’Assemblée nationale. Pour leur barrer la route, un mouvement antifasciste soutenu par le parti socialiste, le parti communiste et les radicaux s’était formé, dans la rue et dans les syndicats. Cette coalition, le Front populaire, arrive au pouvoir en 1936 et gouverne sous l’autorité d’un président du Conseil juif, Léon Blum. Bien que le Front populaire ait empêché que le fascisme ne prenne le pouvoir en France comme il l’avait fait en Italie et en Allemagne, et qu’il ait épargné à la France une guerre civile comme celle qui avait ravagé l’Espagne de 1936 à 1939, fascistes et réactionnaires attendent le moment de prendre leur revanche, ce qui arrive en 19404.
Dans sa déclaration prononcée à la radio le 17 juin, le maréchal Pétain annonce qu’il s’offre en sacrifice quasi christique pour mettre fin à la guerre, dans l’honneur, et sauver la France : « Sûr de l’affection de notre admirable armée qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance, elle a rempli ses devoirs vis-à-vis de nos alliés […] Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur […] C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités5. »
Aux termes de l’armistice conclu le 22 juin 1940, l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par le IIIe Reich, la moitié nord de la France et la côte atlantique jusqu’à la frontière espagnole sont occupées par l’armée allemande, et l’armée française est réduite à 100 000 hommes. La France doit également verser à l’Allemagne une indemnité de guerre colossale en représailles à sa déclaration de guerre conjointe avec la Grande-Bretagne en septembre 1939. Moins de trois semaines plus tard, le 10 juillet, le Parlement est convoqué à Vichy. L’éminence grise du maréchal Pétain, Pierre Laval, un politicien d’expérience, persuade les députés de voter les pleins pouvoirs à Pétain, qui établira une nouvelle constitution. Pétain se déclare chef de l’État français, selon le nouveau terme, abolissant ainsi la République. Puis il se confère les pleins pouvoirs exécutifs, législatifs et constitutionnels, et ajourne le Parlement sine die.
Pour la majorité des Français, ce fut un soulagement. L’armistice signifiait que les combats étaient terminés et que le carnage de la Première Guerre mondiale, pendant laquelle la France avait perdu 1,4 million d’hommes, ne se reproduirait pas. À la place, 1,5 million de soldats furent faits prisonniers par les Allemands, mais on s’imaginait qu’ils seraient vite relâchés. On ne regretta pas beaucoup non plus la République, dont l’échec politique et militaire était patent. Les conservateurs considéraient que le sauveur empli d’autorité désormais à la tête de la France la débarrasserait des juifs, des communistes et des francs-maçons qui avaient sapé le pays de l’intérieur et qu’il restaurerait sa force et son unité.
Certains voyaient les choses différemment et étaient prêts à agir, dont Charles de Gaulle, un général relativement peu connu qui avait passé la moitié de la Première Guerre mondiale comme prisonnier en Allemagne. Il avait avoué à sa mère en novembre 1918 qu’« à l’immense joie que j’éprouve avec vous des événements se mêle, il est vrai pour moi, le regret indescriptible de n’y avoir pas pris une meilleure part. Il me semble qu’au long de ma vie, ce regret ne me quittera plus6 ». Depuis cette date, il était devenu une autorité sur la guerre des chars. De fin mai à début juin 1940, à la tête de la 4e division blindée, il combat avec honneur près d’Abbeville, à l’embouchure de la Somme, pour tenter une percée qui libérerait les troupes cernées à Dunkerque. Le 5 juin, il est nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre du gouvernement Reynaud. L’envoyé de Churchill le décrit comme un homme observant dans un silence de pierre la panique et le défaitisme qui croissent autour de lui, « fumant cigarette sur cigarette7 ». De Gaulle est l’un des rares ministres qui, opposés à l’armistice, veulent continuer à combattre. Isolé, craignant désormais d’être arrêté, il monte à l’aube du 17 juin dans un petit avion mis à sa disposition par les Britanniques. Il quitte ainsi Bordeaux pour Londres avec son aide de camp, le lieutenant Geoffroy de Courcel, au moment où Pétain fait sa déclaration à la radio. Le lendemain, le 18 juin 1940, il prononce sa fameuse riposte sur les ondes de la BBC :
« Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement, qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
« Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas8. »
Même si, selon le mythe gaullien, cet appel marque la fondation de la Résistance, fort peu de gens l’entendirent à l’époque. Et parce que la résistance fut d’abord envisagée sous l’angle militaire, il s’adressait surtout aux militaires, aux 30 000 soldats, marins et aviateurs qui étaient arrivés en Grande-Bretagne après l’évacuation des plages de Dunkerque ou qui avaient embarqué dans d’autres ports de la Manche et de l’Atlantique sur des bateaux fuyant le désastre. Il s’adressait aussi aux vestiges de l’armée française repliés dans le Sud de la France. Cependant, l’appel fut entendu aussi par quelques civils, souvent éparpillés le long des routes qui menaient vers le sud, ou dans les villes et villages où ils s’étaient réfugiés, pour laisser passer la tempête. Désemparés, en colère, humiliés, ils n’étaient pas en mesure de continuer la lutte dans l’immédiat. Eux aussi devaient décider s’ils retournaient à leur ancienne vie sous le joug du nouveau régime, ou s’ils commençaient à rechercher des gens partageant leur opinion, pour faire quelque chose, sans même savoir quoi.
Ceux qui résistèrent plus tard étaient avides de montrer qu’ils avaient été des résistants « de la première heure ». Leur prestige dérivait de la rapidité avec laquelle ils avaient répondu à l’appel du général de Gaulle. Mais le ralliement à de Gaulle fut néanmoins toujours l’affaire d’une minorité, minorité souvent contrecarrée par une majorité qui se méfiait de l’ambition de de Gaulle et de son empressement à créer un gouvernement en exil opposé au maréchal Pétain9. Son premier vivier de soutiens potentiels était fait des expatriés français à Londres et des personnalités françaises de passage, mais ces soutiens étaient peu nombreux. Le 19 juin, le directeur de l’Institut français, Denis Saurat, professeur de littérature au King’s College et spécialiste de Milton, de Blake et de Victor Hugo, va voir de Gaulle à son domicile de Seymour Grove (aujourd’hui Curzon Place) pour lui proposer des contacts10. Parmi eux figure l’écrivain André Maurois, qui refuse cependant de travailler pour de Gaulle par crainte de représailles contre sa famille restée en France et préfère partir enseigner à Boston, aux États-Unis11. Jean Monnet, qui avait négocié le soutien logistique des États-Unis et dont le projet de la dernière chance pour sauver la France, une union franco-britannique, était mort-né le 16 juin, trouve l’initiative de de Gaulle trop personnelle et trop spectaculaire, et part pour New York en août12. Alexis Leger, diplomate et poète (sous le pseudonyme de Saint-John Perse), refuse de rejoindre de Gaulle, en particulier parce que, secrétaire général du Quai d’Orsay, il avait été démis par Reynaud qui lui reprochait sa politique d’apaisement, le même Reynaud qui avait ensuite appelé de Gaulle au gouvernement. Lui aussi part aux États-Unis13. L’ambassadeur de France à Londres, Charles Corbin, s’oppose à la création par de Gaulle d’un Comité national français pour représenter les Français libres et démissionne après que le gouvernement britannique a reconnu le Comité le 23 juin. Il rentre en France, via Rio de Janeiro, pour y prendre sa retraite14. Il faut attendre 1942 pour voir un nombre significatif de diplomates se ranger derrière de Gaulle.
De Gaulle connaît un peu plus de succès auprès des militaires qui se...
Table des matières
- Couverture
- Présentation
- Copyright
- Titre
- Cartes
- Introduction. À la mémoire de la résistance
- 1. Prise de conscience
- 2. Faire quelque chose
- 3. « Titi est vengé »
- 4. Ici Londres
- 5. Femmes et résistantes
- 6. Entre ombre et lumière
- 7. Clandestins de Dieu
- 8. Le sang des autres
- 9. Le tournant : l’Afrique du Nord
- 10. L’apogée
- 11. La rupture
- 12. Déluge de feu ou guérilla ?
- 13. Le jour J
- 14. Libération
- 15. La vie d’après
- Conclusion. La bataille pour l’âme de la Résistance
- Remerciements
- Liste des abréviations
- Notes
- Bibliographie
- Index
- Achevé