Comment devenir aussi sage qu'un chinois ?
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Comment devenir aussi sage qu'un chinois ?

  1. 145 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Comment devenir aussi sage qu'un chinois ?

À propos de ce livre

Confucius, Lao Tseu, Tchouang-tse, Sun Tzu, Lin Yutang...
Et si les philosophes, les sages et les poètes de la Chine ancienne pouvaient nous transmettre des leçons pour vivre aujourd'hui? C'est le pari d'un jeune Français devenu un héros en Chine.
Son livre rassemble douze grandes figures de la pensée chinoise. Il met à notre portée deux mille cinq cents ans de sagesse et en révèle toute la modernité:
• Comment ne pas se laisser envahir par le mental
• Vivre le moment présent
• Découvrir le miracle du non-agir
• Se simplifier soi-même
• Respecter ses valeurs
• Rester soi-même
• Avoir un idéal de vie
• Cultiver les bonheurs simples, etc. Du taoïsme à L'Art de la guerre, en passant par le bouddhisme, autant de valeurs et d'idées, racontées ici de manière vivante, qui peuvent servir de jalons à la construction de soi.

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Informations

Arrêter de réfléchir

Lao Tseu, père fondateur du taoïsme, est souvent représenté en sage pèlerin à dos de buffle. C’est ainsi que le « vénérable maître » se serait, à la fin de sa vie, au ve siècle av. J.-C., retiré seul en direction de l’ouest, après avoir confié ses écrits à un inconnu. Selon une légende, il se serait rendu en Inde, d’où l’arrivée du bouddhisme en Chine quelques siècles plus tard ! Avec le confucianisme et le bouddhisme, la pensée de Lao Tseu constitue l’une des trois écoles qui fondent la pensée chinoise. Son Tao Te King, ou Classique de la Voie et de la Vertu, requiert de s’imprégner de ses mots plutôt que de chercher à en saisir le sens. Il débute ainsi : « Le Tao que l’on peut exprimer n’est pas le Tao lui-même. »
Honorable Lao Tseu,
Vous seriez bien amusé d’apprendre que j’ai entendu parler de vous la première fois dans une bande dessinée belge. Quand Tintin manque de se faire décapiter en votre nom par un Chinois empoisonné par les fléchettes du vil Japonais Mitsuhirato, on ne peut s’empêcher de vous juger très illuminé. « Lao Tseu a dit : il faut trouver la Voie ! L’avez-vous trouvée ? Si vous ne l’avez pas trouvée, alors je vais vous couper la tête ! »
Au premier degré, votre philosophie paraît assez terrifiante…
Mais une fois que l’on a compris que vous aimez les métaphores, on se dit que par « couper la tête », vous entendiez sans doute « arrêter de réfléchir ». Il faut avouer que, pour nous autres Occidentaux, cette phrase prête à confusion. Je crois cependant que vous nous suggérez d’oublier notre intelligence, de laisser tomber nos jugements et nos raisonnements « prêt-à-penser », de nous vider la tête pour mieux appréhender les choses.
C’est un peu ce que j’ai dû faire pendant ces dix dernières années passées en Chine : me déshabiller de mes habits d’Européen et essayer ceux des Chinois. Je me suis efforcé de me débarrasser de mes idées préconçues sur la Chine et sa culture, d’oublier mes visions sur le monde ou mes systèmes de valeur et j’ai tenté de faire comme l’eau : me laisser couler dans les méandres de la pensée chinoise pour découvrir son art de vivre.

Lâcher prise

C’est toujours difficile de lâcher prise comme vous le prônez, de s’oublier soi-même, de se défaire du monde matériel et de la société pour retourner à la Nature, à sa propre nature et à la liberté inconditionnelle de l’esprit en harmonie avec le cosmos. Aujourd’hui, il n’y a pas foule d’ermites. Cela paraît même ridicule à certains de vouloir tout lâcher pour suivre la Voie et vivre selon la Vertu. Il est tellement plus simple de vivre au jour le jour sans se soucier des contingences spirituelles.
Pour moi, l’ermitage ou le lâcher-prise matériel qui permet de mieux se « couper la tête » comme on vous le fait dire est un idéal, mais je ne me sens ni la force ni la nécessité de le poursuivre. En tout cas, pas à mon âge.
On dit souvent que vous cherchiez à redevenir comme un enfant : incapable de langage, de raisonnement, plus apte à ressentir les choses dans leur globalité et sans filtre déformant. Je me souviens que, petit, j’adorais m’allonger sur le carrelage de ma chambre et m’envoler par le plafond, imaginer le monde depuis le ciel, ou bien réfléchir à l’arbre généalogique de l’Humanité, c’était vraiment vertigineux. Je le faisais sans réfléchir, je ne tentais pas par des raisonnements de rompre cette chaîne imaginative. Je crois que la pensée, pour vous, est à prendre comme une espèce de flux, quelque chose qui va et qui vient sans avoir vraiment de forme. Plus on essaie de la modeler, plus on s’écarte de la sensation première, de la sensibilité que vous semblez rechercher. Cette sensation « première » est souvent annihilée par la poursuite des satisfactions du monde matériel, mais aussi ternie par la pensée quand elle se laisse emprisonner dans des fonctionnements machinaux ou analytiques qui nous en éloignent.
Dans notre société, beaucoup considèrent que ceux qui pensent simplement, « sans trop se prendre la tête », sont des simplets. On ferait mieux de couper la tête aux premiers. Comment peut-on rester maître de sa pensée, et donc de sa vie, si l’on se laisse entraîner dans des raisonnements ardus et trop complexes pour les maîtriser soi-même ?
Je ne sais pourquoi, mais j’apprécie particulièrement votre pensée. J’aime son mystère, la sagesse humble et simple qu’elle contient. J’aime le minimalisme de vos paroles. Leur profondeur qui donne l’impression que nous sommes tels des oignons habillés de couches successives. Défaire chaque couche coûte des larmes. On se rend compte à quel point on est parfois bien éloigné de notre vraie personnalité ou de la simplicité qui nous avait été offerte en naissant. Pourquoi avons-nous compliqué les choses par des principes absolus, des raisonnements biaisés ou des règles trop strictes et quelquefois caduques à cause de leur complexité ?

Pour vivre heureux, vivons cachés

Un jour, on m’a dit en vous citant : « La plus grande sagesse est comme la stupidité » en m’expliquant que c’était cela votre pensée : dissimuler et ne jamais trop se mettre dans la lumière. Je dois vous avouer que sur le moment j’ai eu du mal à comprendre. Mais finalement, en côtoyant certains professeurs ou lettrés chinois, j’ai compris. Ils essaient de dissimuler leur savoir et disent souvent qu’ils sont de bien « stupides hommes » ou qu’ils sont « simples » et vivent chichement dans une « humble demeure ». C’est une forme de politesse et d’humilité. C’est aussi un moyen de se protéger des jalousies et de la gloire qui leur fait peur. Une de leurs phobies est de se perdre sous l’attention des autres, d’être aliénés par celle-ci. Ou peut-être tout simplement veulent-ils préserver la pureté de leur pensée et ne surtout pas la rendre trop complexe pour rester vrais ?
Ce qui m’a intrigué quand j’ai lu le Classique de la Voie et de la Vertu pour la première fois, c’est que certaines de vos phrases donnent l’impression d’être des inepties, si vous me pardonnez mon franc-parler. On se dit parfois : « Cela n’a aucun sens ! » Par exemple, vous écrivez : « Gouverner un pays est comme faire frire un petit poisson » ou encore « Tous les êtres sont nés de lui sans qu’il en soit l’auteur ». On a envie de vous demander d’où vous sont venues ces idées. Aujourd’hui, je pense que c’est voulu. Vous ne cherchez pas, comme Confucius, à démontrer ni à enseigner, mais plutôt à attirer les gens vers votre pensée par son mystère. En utilisant une méthode « passive », vous encouragez à méditer et à aller chercher par soi-même.
En cela, vous semblez détaché, mais c’est pour mieux vous protéger. Les artistes et intellectuels chinois ont cette attitude. Ils rechignent à ce que l’on écrive sur eux, ils ne souhaitent pas être connus. Certains gardent leur aspect « poussiéreux et terreux » pour éviter une vaine sophistication. D’ailleurs, la plupart des moines taoïstes vivent en retrait de la société, au fond des montagnes, au fond des vallées, dans des grottes, pour retrouver ce lien avec la Nature et leur propre nature. Cette distance leur permet de ne pas être influencés.
J’aime beaucoup votre phrase qui décrit l’idéal du saint de l’Antiquité : « Les sages de l’Antiquité étaient si fins, si subtils, si profonds, si universels qu’on ne pouvait les connaître. » C’est un passage qui donne envie de devenir sage soi-même, de trouver cette Voie et de vivre selon cette Vertu, sans encombre, et être simple et authentique tout en préservant son énergie, en harmonie avec la Nature et avec soi-même.
无为无所不为
« C’est en ne faisant rien que l’on fait tout. »
Lao Tseu

Je pense trop donc je ne suis pas

Nous avons, en France, le penseur de Rodin, la Chine ne l’a pas. D’ailleurs, je crois que vous diriez volontiers « Zut ! » au « Je pense donc je suis » de Descartes. Vous, vous « non-agissez » pour être. Du reste, le verbe « être » n’existe toujours pas dans votre langue. J’ai trouvé cette nouvelle vertigineuse lorsque je l’ai entendue en cours de chinois. Le mot employé à la place de notre verbe « être » français signifie « cela » et « positif » ou « affirmatif », mais pas « être ». Les Chinois ne semblent pas en avoir l’utilité. Les choses existent, point ! Dire « Je Français » est tout à fait normal en chinois.
Vous ne vous embrouillez pas dans des raisonnements métaphysiques pour tenter d’expliquer quelque chose que vous avez senti, dès le début, inexplicable. Au début, votre pensée m’a paru obscure, bizarre, à l’encontre de nos idéaux rationnels. Tous ces mots : explicable, exprimable, extirpable, examinable, vous les entendez avec un « in- » devant… Le verbe « expliquer » existe en chinois bien sûr, mais il veut plutôt dire « défaire les nœuds et libérer » que raisonner sur quelque chose. La philosophie chinoise demande souvent juste de mettre en pratique sans réfléchir, ou de « ne rien faire et de laisser les choses aller ». Vos disciples les Beatles vous ont repris avec Let it be.
Même si je sais que vous ne cherchez pas à l’expliquer, je voudrais discuter avec vous de la manière dont je conçois le Tao « qui me conçoit sans me concevoir et que je ne suis pas censé concevoir », comme vous le dites à propos du principe universel que représente cette notion. Pour moi, le Tao a plusieurs significations. Je ne pense pas que lui donner une seule et unique définition servirait à grand-chose d’ailleurs.
La première signification tient au caractère en lui-même : représente une tête avec un œil . Puis, à gauche, vous avez mis le caractère du chemin. On peut expliquer cela comme : « Si vous avez trouvé la Voie, alors vous garderez votre tête. » Ou bien, la voie que suit votre pensée ou encore, de façon plus élaborée, la vertu selon laquelle vous agissez.
Mais signifie aussi « énoncer », ce qui est contradictoire puisque l’on n’a pas le droit d’énoncer ce qu’est « la Voie ». Sauf si l’on sait que chaque parole doit être prononcée selon le Tao.
Enfin, tout simplement, le Tao signifie « la Voie ».
Ou alors, le Tao, c’est le principe, le chemin et le but à la fois.
Là, j’ai mal à la tête et je commence à avoir envie de me la faire couper. C’est normal, c’est inexplicable. Plus on parle, plus on complique, plus on s’éloigne et finalement plus on perd la sensation première. C’est un peu comme essayer de décrire la beauté d’un morceau de musique. L’écouter et ressentir ne suffisent-ils pas ?

La vertu du non-agir

J’aimerais maintenant discuter avec vous de l’autre partie de votre œuvre : la Vertu. Je comprends cela comme la façon d’agir, personnellement et politiquement. Beaucoup de personnes qui étudient la culture chinoise entendent dire que « Lao Tseu ne fait rien de ses journées à part critiquer ceux qui s’activent et se moquer d’eux ». Quel vil homme que ce Lao Tseu alors ! En réalité, vous n’étiez pas ce « désœuvré » que l’on décrit. Vous étiez simplement quelqu’un qui ne s’agite pas dans tous les sens pour créer une anarchie dont les autres feront les frais.
D’après le peu que l’on sait de vous, vous étiez archiviste à la cour des Zhou. Cela prouve bien que vous n’étiez ni désœuvré ni inculte comme on vous le reproche parfois. Et qui peut se dire plus ordonné qu’un archiviste ?
En fait, vous économisiez votre énergie. Et je suppose que votre réflexion sur l’action politique, et par extension l’action en général, explique pourquoi vous avez considéré celle de certains de vos souverains ou penseurs de votre époque comme caduque. Vous leur avez donné une belle leçon dans le Classique de la Voie et de la Vertu avant de vous retirer vers l’ouest à dos de buffle.
Comme le dit le proverbe, « en agissant, on obtient parfois le contraire de ce que l’on voudrait obtenir » ; l’histoire démontre souvent qu’il vaut mieux s’abstenir d’agir que de faire n’importe quoi. Et de façon moins grandiloquente, nous pouvons trouver des exemples assez probants dans notre vie de tous les jours.
En Chine, je me suis rendu compte que ne pas agir, ne pas parler, ne pas répondre est souvent bien plus utile que l’inverse. Il est parfois arrivé que l’on me reproche d’avoir agi de telle façon, alors que si je n’avais rien fait en ne cédant pas à mon activisme d’Occidental à qui l’on a appris qu’il y a toujours quelque chose à faire, je n’aurais pas créé de vagues et tout le monde aurait été content.
Un jour, j’ai eu une dispute avec un de mes amis chinois ; nous nous sommes fâchés et avons coupé les ponts pendant plusieurs mois. Je me sentais très mal et voulais absolument lui parler, dire ou faire quelque chose, mais la « raison taoïste » m’en dissuada. Je ne l’ai pas appelé, ni n’ai envoyé de messages, rien. Nous avons fini par oublier cette querelle et les choses sont revenues à la normale. Un autre ami chinois au courant de l’histoire m’avait d’ailleurs dit de ne jamais en reparler au risque de « faire se soulever les poussières ».

Lorsque le sens moral remplace la loi

J’ai trouvé, dans la deuxième partie de votre Classique de la Voie et de la V...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Dédicace
  6. Avant-propos
  7. 1. Arrêter de réfléchir - Lettre à Lao Tseu
  8. 2. À la recherche ininterrompue de la vertu - Lettre à Confucius
  9. 3. Pour se laver des querelles du monde - Lettre à Su Dongpo
  10. 4. Le retour à la Nature - Lettre à Tao Yuanming
  11. 5. Cultiver des bonheurs simples - Lettre à Lin Yutang
  12. 6. Je suis lucide donc je suis libre - Lettre à Lu Xun
  13. 7. Les hommes vivent pour demain - Lettre à Lao She
  14. 8. L’or de la nostalgie - Lettre à Li Qingzhao
  15. 9. L’amitié vaut mille lingots d’or - Lettre à Li Bai
  16. 10. La politique des simples - Lettre à Bai Juyi
  17. 11. La recette du succès - Lettre à Sun Tzu
  18. 12. S’oublier et se retrouver soi-même - Lettre à Tchouang-tse
  19. Achevé