Le Corps est le seul langage qui ne ment pas
eBook - ePub

Le Corps est le seul langage qui ne ment pas

  1. 154 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le Corps est le seul langage qui ne ment pas

À propos de ce livre

Docteur en neurosciences, Constance Flamand-Roze a découvert l'hypnose à l'hôpital, en participant à des opérations du cerveau réalisées sans anesthésie.
Dans ce livre fascinant, elle raconte vingt-cinq histoires de patients dont l'hypnose a changé la vie: perte du langage, tremblements de la maladie de Parkinson, trouble de l'identité, tics, addiction, anxiété, deuil, chagrin d'amour, etc.
D'une plume sensible et limpide, Constance Flamand-Roze montre la puissance thérapeutique de cette technique, que les troubles soient d'origine neurologique ou psychologique.
Elle rend compte également des dernières études scientifiques consacrées à l'hypnose.
L'hypnose n'est pas un médicament, c'est une partie de nous qui s'exprime enfin.

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Informations

Éditeur
Les Arènes
Année
2018
Imprimer l'ISBN
9782352049234
ISBN de l'eBook
9782352049869

CHAPITRE 1

L’hypnose à l’hôpital

Guillaume, super-héros du bloc !

L’HYPNOSE AU BLOC OPÉRATOIRE

Dans une vie antérieure, pas si lointaine, j’étais orthophoniste dans le service de neurologie d’un hôpital parisien. Je travaillais auprès de patients hospitalisés après un accident vasculaire cérébral, ou atteints de tumeurs au cerveau, d’épilepsie, de maladies dégénératives… Je travaillais également dans le service de neurochirurgie, dans lequel nous avons mis en place, le neurochirurgien, l’anesthésiste et moi, une activité fascinante : l’ablation de tumeurs cérébrales chez des patients éveillés.
Le principe est simple. Un patient présente une tumeur cérébrale dans la zone qui gère le langage : en retirant la tumeur, on risque d’altérer les capacités d’expression ou de compréhension. Le patient est donc éveillé pendant que le chirurgien opère. Mon rôle d’orthophoniste consistait à proposer au patient des tests de langage adaptés à la localisation de la lésion dans le cerveau, et à guider le chirurgien sur ce qu’il pouvait enlever sans risque et ce qu’il fallait préserver. Le cerveau ne souffre pas, il n’était donc pas ici question de douleur, mais de concentration, de connaissances et, surtout, d’une confiance absolue entre tous les participants de cette aventure.
En trio, nous avons pratiqué des dizaines d’opérations et avons été chaque fois surpris des réactions des patients. Ils étaient parfois épuisés, mais nous les avons vus également rire aux éclats à mes plaisanteries alors que leur crâne était littéralement ouvert. Tous tenaient le coup, longtemps : ces interventions durent en effet plusieurs heures.
C’est dans ce cadre que j’ai découvert l’hypnose : l’hypnoanesthésie qu’exerçait l’anesthésiste, bien sûr, mais également l’hypnose conversationnelle que je pratiquais, au début, sans le savoir. C’est le docteur Catherine Bernard, anesthésiste, qui me mit face à cette évidence lorsque je lui demandai de me raconter l’hypnose. « Tu le fais déjà, me dit-elle. Chaque fois que tu passes quatre heures avec un patient sur la table d’opération, qu’il a le crâne ouvert, et que le temps passe vite pour lui, qu’il se concentre sur tes tests, qu’il rit à tes histoires, qu’il chante avec toi… c’est de l’hypnose conversationnelle. Le lendemain du bloc, quand le patient dit : “C’était une aventure géniale”, c’est qu’on a gagné ! »
C’est à ce moment-là que j’ai décidé de me former à l’hypnose thérapeutique.
Mais revenons à nos opérés !
Chaque patient est différent et a un univers propre. Nous le rencontrons à de nombreuses reprises avant la chirurgie, nous lui expliquons la procédure (avec laquelle il doit être en accord : il a toujours le choix d’être opéré « endormi », avec les risques de séquelles que cela comporte), et nous apprenons à nous connaître. Pendant l’opération, lors de la phase des tests qui permettent de guider le chirurgien, on propose au patient des exercices standardisés, mais on évoque également avec lui des sujets qui lui sont chers, afin de maintenir son attention et sa concentration en éveil. Je « fabriquais » donc en amont, pour chacun d’eux, un diaporama comportant des images de ses lieux préférés, de ses acteurs, films, chanteurs favoris… Nous pouvions ainsi parler des heures, tout en évaluant son langage et en gardant son attention en alerte, alors même que le chirurgien faisait son travail.
Chez l’adulte, il est déjà compliqué de supporter pendant plusieurs heures l’immobilité, la tête maintenue dans un étau de fer vissé dans le crâne, dans ce contexte particulier. Le patient ne doit pas s’agiter, il ne doit pas être paniqué. Pour y parvenir, il est important qu’il soit convaincu que la procédure est bénéfique pour lui. Le jeune enfant n’est pas conscient de cet intérêt, ce qui constitue une contre-indication à ce type de chirurgie. Les publications scientifiques font d’ailleurs état de la pratique de la chirurgie en condition éveillée chez des adolescents d’au moins douze ans.
Et pourtant, Guillaume avait neuf ans…
Guillaume est donc un jeune garçon de neuf ans. Il a fait ses premières crises d’épilepsie à l’âge de seize mois. Celles-ci sont secondaires à une lésion cérébrale située dans la zone du langage. Cela n’a pas du tout empêché Guillaume de parler, mais il a depuis trois ans des difficultés pour apprendre à lire et à écrire. Il est donc scolarisé dans une classe « spéciale », avec un retard d’apprentissage important. La lésion augmente rapidement, il faut l’enlever. Cela permettra également de limiter le nombre de crises de Guillaume : il est à l’âge des apprentissages fondamentaux et ceux-ci pourraient être affectés par son épilepsie. L’intervention doit donc avoir lieu relativement rapidement, avant que ses acquisitions ne soient trop perturbées.
Nous allons rencontrer Guillaume un certain nombre de fois avant l’opération, bien entendu. Il nous faut créer un lien avec ce jeune garçon, mais également avec ses parents. Ceux-ci sont séparés et s’occupent de Guillaume en garde alternée. Ils sont très attentifs au bien-être de leur fils, qu’ils font manifestement passer avant ce qui les oppose.
Guillaume a rencontré en premier lieu le neurochirurgien, puis l’anesthésiste. Il s’est montré très agité, ne tenait pas en place et disait des phrases inquiétantes, telles que « Maman va perdre son fils », qui témoignaient de son anxiété, et probablement de celle de sa maman. J’ai ensuite rencontré Guillaume, seul, sans ses parents. Il se montra alors tout à fait différent de ce que j’avais cru comprendre de lui. Il était sage comme une image, effectuait tous les tests de langage que je lui présentais, semblait détendu et souriant.
Nous avons donc longuement parlé en équipe de la possibilité d’une telle chirurgie chez un enfant si jeune et qui était parfois très agité. Les questionnements et les hésitations étaient nombreux : comment faire s’il bouge, s’il remue, s’il panique ? La tumeur étant très large, comment occuper et calmer Guillaume pendant des heures ? Mais comment aussi accepter de prendre le risque d’abîmer le langage d’un enfant si jeune en plein développement en l’opérant endormi ?
C’est là que l’hypnose conversationnelle prend tout son sens : le temps passe bien plus vite et de manière plus douce quand nos pensées sont tournées vers des choses agréables. L’hypnose conversationnelle n’est pas profonde, nous sommes juste un peu ailleurs et les événements « glissent » alors sur nous tranquillement. Dans cet état particulier, loin du bloc par la pensée, sans voir le temps passer, Guillaume pourrait sûrement traverser ce moment. Nous étions prêts à vivre cette aventure avec lui !
Il nous fallait, bien entendu, l’accord des parents. Il est presque inhumain de demander à des parents s’ils acceptent que nous endormions leur fils de neuf ans, que nous lui ouvrions le crâne, puis que nous le réveillions pour lui faire des tests de langage pendant au moins deux heures. Il faut pour cela tout le talent et le professionnalisme du neurochirurgien et de l’anesthésiste. Il faut pour cela la confiance absolue des parents envers des personnes qu’ils ne connaissent pratiquement pas et à qui ils vont confier la vie de leur enfant dans des conditions exceptionnelles. Il faut pour cela des parents qui oublient leurs peurs et leurs angoisses pour ne penser qu’à leur enfant. Toutes ces conditions ont été réunies, et l’opération de Guillaume a été programmée.
Nous avons eu quatre mois pour nous préparer à cette intervention, quatre mois au cours desquels nous avons tous rencontré Guillaume à plusieurs reprises. De mon côté, j’apprenais à le connaître, je découvrais ses goûts, ses héros préférés, ce qui le rassurait et ce qui lui faisait peur. À cette époque, mes enfants avaient presque le même âge. Nous avions donc des références communes ! Je connaissais ses dessins animés de prédilection, ses goûts alimentaires m’étaient familiers, j’entendais le même vocabulaire que le sien à longueur de journée !
La préparation de Guillaume a été complète : il a exprimé spontanément la peur qu’on lui coupe la tête. Nous lui avons donc fait rencontrer une petite fille de son âge qui avait été opérée du cerveau (endormie, par contre), et qui allait maintenant très bien. Elle a pu le rassurer et lui montrer que sa tête était toujours solidement accrochée ! Nous avons emmené Guillaume au bloc opératoire, en habillant son doudou de la tenue stérile. Il a rencontré toute l’équipe : le brancardier, la panseuse, l’infirmière…
De mon côté, j’ai, avec la collaboration de Guillaume, transformé mes tests standardisés et un peu rébarbatifs en jeux pour enfant : au lieu de devoir dénommer des images banales en noir et blanc, il devrait reconnaître ses personnages de dessins animés préférés, ses plats favoris, ses objets familiers.
Le jour J, Guillaume est fin prêt. Le matin de l’opération, il arrive accompagné de ses parents, qu’il embrasse avant de leur lancer un joyeux « à tout à l’heure ! » En suivant le brancard qui emmène Guillaume au bloc, je regarde ses parents, qui se forcent à sourire, et j’imagine leur angoisse et leur détresse. Mais, à ce moment-là, je ne me demande pas : « Est-ce qu’on a bien fait ? Est-ce qu’on ne serait pas complètement fous ? » Je me suis posé ces questions pendant quatre mois, ce n’est plus le moment !
Guillaume est installé et endormi pour l’ouverture de son crâne, puis réveillé par l’anesthésiste. Il est un peu agité, mais nous reconnaît tout de suite et se sent rassuré.
L’hypnose conversationnelle commence !
J’ai pu utiliser avec lui tout ce dont nous avions parlé ensemble : son héros préféré, Iron Man, a une armure qui le rend invincible ? Guillaume aussi ! Mais c’est une armure invisible, qui le rend très fort, et grâce à laquelle son super-pouvoir s’exerce… Quel super-pouvoir ? Guillaume est capable de rester immobile, sans bouger, pendant plusieurs heures ! Il peut parler, regarder des images, lire des mots sur l’écran de l’ordinateur… sans bouger ! Il pourrait même manger un triple cheeseburger s’il y en avait dans le bloc opératoire ! Guillaume rit, Guillaume pleure un peu parfois, mais se reprend tout de suite, en héros qu’il est. Et puis nous écoutons de la musique, nous chantons ses chansons préférées… Le temps passe, la tumeur disparaît peu à peu sous le scalpel du chirurgien. Toute l’équipe participe activement au bien-être et au confort de Guillaume. Il « oublie » où il est. Nous utilisons un vocabulaire propre à son âge et à ses goûts, pour l’emmener avec nous dans une aventure dont il est le héros et dont il va, bien entendu, sortir vainqueur !
Il faut également rester attentifs aux réponses de Guillaume aux tests de langage. Certaines stimulations du chirurgien bloquent le langage : il ne faudra pas enlever la tumeur à ces endroits précis.
Après deux heures d’effort, Guillaume peut se rendormir paisiblement : il a gagné ! Quatre-vingts pour cent de la tumeur ont été retirés !
Nous sortons du bloc, épuisés, un peu groggy, et nous restons tous les trois, le neurochirurgien, l’anesthésiste et moi, sans parler pendant de longues minutes. La cafétéria de l’hôpital ne sert plus à manger depuis longtemps, nous nous contentons donc d’un café que nous aurions bien arrosé de whisky si la journée avait été terminée. Nous sommes fiers de Guillaume et nous sommes aussi fiers de nous.
Quand Guillaume se réveille, il parle et bouge normalement. Il répond aux questions et dit qu’il est un peu fatigué.
Une semaine plus tard, les tests de langage que je pratique sur Guillaume sont normaux et ses réponses correspondent à ce qui est attendu pour son âge.
Un an plus tard, l’épilepsie de Guillaume est très bien contrôlée et ne gêne plus ses apprentissages. Il a récupéré un an de retard scolaire ! Il se souvient parfaitement de sa grande aventure et de toute l’équipe. Il s’intéresse beaucoup moins aux super-héros, maintenant qu’il en est un lui-même…
C’est toute mon expérience d’hypnose conversationnelle autant que l’aventure que nous avons vécue avec Guillaume qui m’ont fait comprendre l’étendue de ce que pouvait apporter l’hypnose, à bien des niveaux. Les patients opérés éveillés, pendant les tests, ne sont pas dans un état hypnotique « formel », mais l’hypnose conversationnelle leur permet de traverser ce moment très particulier de leur vie en toute sérénité. Avec ces patients, j’ai chanté les Bee Gees, j’ai récité les dialogues de la série Friends, j’ai discuté des heures entières de la façon dont on pouvait démonter et remonter le moteur d’une voiture, j’ai voyagé en Tunisie, en Sibérie, j’ai revu dans...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Copyright
  4. Titre
  5. Dédicace
  6. INTRODUCTION
  7. CHAPITRE 1 - L’hypnose à l’hôpital
  8. CHAPITRE 2 - La magie contre les tics
  9. CHAPITRE 3 - Les tremblements
  10. CHAPITRE 4 - Les aléas de la vie
  11. CHAPITRE 5 - Les addicts
  12. CHAPITRE 6 - Les maladies incurables
  13. CHAPITRE 7 - Les anxieux
  14. CHAPITRE 8 - L’impossibilité d’être soi
  15. CHAPITRE 9 - Les troubles du langage
  16. CHAPITRE 10 - Quand tout n’est pas aussi simple
  17. UNE JOURNÉE D’AUTO-HYPNOSE
  18. LOU
  19. POUR EN SAVOIR PLUS