La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire
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La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire

  1. 189 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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La Tortue d'Eschyle et autres morts stupides de l'Histoire

À propos de ce livre

De l'Antiquité à nos jours, la grande et la petite histoire s'entremêlent, invitant à méditer sur la fragilité du destin. La plupart de ces personnages disparus prématurément, pour des causes stupides, auraient peut-être modifié la marche du monde s'ils avaient vécu plus longtemps. On parle souvent de l'ironie de l'Histoire: ce livre montre que, dans le genre grinçant, elle n'a pas de limites. 120 biographies Par David Alliot, Philippe Charlier, Olivier Chaumelle, Frédéric Chef, Bruno Fuligni et Bruno Léandri. Avec des dessins de Daniel Casanave.

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Informations

Éditeur
Les Arènes
Année
2014
Imprimer l'ISBN
9782352042211
IX. Trop snob
t.snob.tif
Être tué par une tortue, un baquet, un verre d’eau, un singe domestique, une mouche ou une guitare n’est pas donné à tout le monde : il y a toujours des singuliers pour faire leur intéressant, des inclassables qui échappent à toute volonté de taxinomie… Ces excentriques du trépas constituent en quelque sorte l’aristocratie de la mort stupide : chapeau bas devant ces corbillards qui semblent des chars de carnaval !
Eschyle (v. 525-456 av. J.-C.)
Ouvre-boîte malgré lui
Par une faveur du hasard, une des plus anciennes morts stupides de l’histoire peut aussi prétendre à une des plus hautes places sur le podium de l’absurde funèbre, tant ses circonstances relèvent d’une conjecture improbable. Seconde particularité et non la moindre, si la vie du tragédien athénien Eschyle est incomplètement connue, parsemée de zones d’ombre et d’épisodes confus, sa mort, même si sa date en reste incertaine, a été détaillée en long et en large dans la plupart des tentatives de biographie de l’auteur des Perses.
En voici la version la plus commune : invité par le roi de Syracuse, Hiéron, Eschyle se rend en Sicile en 456 av. J.-C. Il se promène un jour aux alentours de la ville de Gela, s’assoit pour contempler le paysage lorsqu’un rapace vole au-dessus de lui, cherchant un endroit approprié pour y lâcher de très haut sa proie : une tortue, dont il faut briser la carapace pour se repaître du contenu. De son œil perçant, l’oiseau repère alors un magnifique rocher rond et clair : il lâche le reptile avec une grande précision, lequel vient s’éclater sur le crâne chauve du tragédien, qui meurt sur le coup.
La plus belle des variantes vient de Pline l’Ancien, qui raconte dans son Histoire naturelle (X, 3, 2) qu’un oracle avait fait à Eschyle, peu de temps auparavant, une sombre prédiction : il lui avait assuré qu’il mourrait de la chute d’une maison. Notons qu’Eschyle se trouvait alors dans les environs de l’Etna, dont les caprices telluriques étaient largement connus du monde antique, et que l’effondrement inopiné d’une bâtisse à la suite d’une secousse volcanique n’avait rien d’invraisemblable. C’est donc pour échapper à ce funeste sort que le poète passait le plus clair de sa vie dehors, se rendant ainsi d’autant plus facilement repérable par un rapace. Et sa proie particulière rendit conforme la prédiction de l’oracle.
Eschyle.tif
Confrontée à la science, l’anecdote n’est pas non plus complètement dénuée de vraisemblance. Il existe un rapace alors commun en Sicile, le gypaète barbu, dont le mode d’alimentation très connu des ornithologistes consiste à prélever sur les cadavres d’animaux les os creux, crâne, fémur, etc., et à les briser en les projetant de haut sur un rocher, afin d’en manger le contenu.
Alors, l’histoire est-elle vraie ? Des générations de tragédiens, de gypaètes et de tortues attendent la réponse à cette question. Une chose est sûre : dans les biographies les plus sérieuses, si le lieu est retenu, si la date reste approximative à deux ans près, l’histoire est toujours donnée comme une légende. Une autre chose est sûre : depuis Pline l’Ancien, elle a régulièrement été rapportée, des recueils factuels de Valerius Maximus au ier siècle, au lexique de Suidas au xe siècle, ce qui n’en fait pas une légende urbaine ou rurale pour autant, mais témoigne au moins du fait que l’anecdote plaît à tous les auditoires. Heureusement pour les chauves, l’aire de répartition des gypaètes s’est considérablement restreinte. (B. L.)
Xénocrate (v. 396-v. 314 av. J.-C.)
Du Banquet au baquet
Selon Diogène Laërce, dont la Vie des philosophes illustres fourmille de biographies invérifiables, Xénocrate était « fils d’Agathénor, originaire de Chalcédoine », ce qui classe son homme.
Venu s’instruire à Athènes, il compte parmi les disciples de Platon, dont il semble d’ailleurs le cancre. « Il avait l’esprit si lent, que Platon le comparant à Aristote disait : ‘‘Pour l’un, j’ai besoin d’un frein, et pour l’autre d’un éperon.’’ »
Peu agile de ses méninges, Xénocrate découvre les vertus d’une extrême gravité, attitude qui procure au plus borné tous les dehors de l’intelligence. Homme austère, au visage sévère, il se fait une réputation de philosophe incorruptible, sobre et détaché, au point que la courtisane Phryné, qu’on place un soir dans sa couche où elle épuisera toutes les ressources de son art, se plaindra de ne rien pouvoir tirer d’une pareille statue.
Patient et laborieux, Xénocrate va succéder à son maître et à Speusippe, pour diriger l’Académie pendant vingt-cinq ans, inaugurant le processus selon lequel c’est aux plus médiocres enseignants qu’est confiée la direction des établissements universitaires. Tout cela se passait il y a fort longtemps, « sous l’archontat de Lysimaque » : pour les ignares, vers l’an 339 av. J.-C.
Ces fonctions conservent et l’impassible Xénocrate atteint la seconde année de la cent dixième olympiade : pour les mêmes, l’an 314 av. J.-C. Âgé de plus de quatre-vingts ans, le philosophe en chef se lève une nuit et, tâtonnant, tombe dans un baquet. Ce que Diogène Laërce exprime par cette épitaphe en vers :
Tombant dans un bassin de bronze, il se heurta
Le front, poussa un grand cri et mourut,
Xénocrate, l’homme universel !
Parmi ses œuvres nombreuses, un Traité de la mort lui est attribué. (B. F.)
Chrysippe (v. 280-v. 207 av. J.-C.)
Ricânement
Né à Soles, ville de Cilicie où on parlait si mal le grec qu’elle a donné le mot de « solécisme », Chrysippe vient se frotter de belle culture attique en s’établissant à Athènes, où il devient disciple du philosophe stoïcien Cléanthe.
Cet enseignement ne fait pas vraiment de lui un rigolo, d’autant qu’à une pensée rigoriste qui pourfend le matérialisme joyeux d’Épicure, Chrysippe allie une vanité sans bornes. « Enseignez-moi seulement les dogmes, je trouverai moi-même les démonstrations », dit-il un jour à son maître. Pressé de s’établir à son compte, il se fait connaître comme rhéteur par des finesses dialectiques de cet acabit : « Ce que tu dis passe par ta bouche ; tu dis le mot charrette, donc une charrette passe par ta bouche. » Ou encore : « Ce qui est à Mégare n’est point à Athènes ; il y a des hommes à Mégare, donc il n’y en a point à Athènes. » Et son sommet de spéculation abstraite, son grand succès : « Vous avez ce que vous n’avez pas perdu ; vous n’avez pas perdu des cornes, donc vous avez des cornes. »
Ces syllogismes truqués sont à peu près toute son œuvre car, si Chrysippe a publié de nombreux ouvrages, dont Diogène Laërce nous a transmis la liste, ces derniers sont perdus et ce n’est pas plus mal : l’essentiel en était copié sur les vrais penseurs de son temps !
Né trop tôt pour parader à Saint-Germain-des-Prés, cet imposteur prétentieux et sentencieux serait tombé dans un oubli profond sans les circonstances quelque peu farfelues de sa mort. Invité par ses disciples à un banquet de sacrifice, il voit un âne qui mange des figues disposées pour les convives sur un plateau d’argent. « Qu’on lui donne à boire ! » lance Chrysippe à la cantonade, et ravi de ce bon mot, part dans un fou rire interminable, si violemment irrépressible qu’il en râle, suffoque et, finalement, expire.
Il est permis de penser que, dans un sursaut d’honnêteté intellectuelle, Chrysippe dut trouver hilarant qu’un âne véritable se soit joint au groupe d’individus assez bêtes pour suivre l’enseignement d’un philosophe aussi frelaté que lui ; son stoïcisme et toutes les ressources de la dialectique ne pouvaient rien contre ce saisissant raccourci, dont la seule issue fut un rire destructeur et fatal. (B. F.)
Bertrand du Guesclin (v. 1320-1380)
La soif de conquêtes
Enfant rude et malgracieux, Bertrand du Guesclin cause l’effroi de ses géniteurs en naissant en 1320 au manoir de la Motte-Broons, non loin de Dinan. On refuse la carrière des armes à ce guerrier, qui se cache en forêt de Brocéliande, où il devient chef de bande. La peste s’abat, on exécute les mendiants et les juifs, convaincus d’empoisonner sources et fontaines. Les guerres de succession agitent la Bretagne, du Guesclin refuse de voir le duché offert en pâture aux soudards anglais. Il participe en 1357 à la défense de Rennes assiégée par le duc de Lancastre. Il vole au secours de la France et de Charles V à la bataille de Cocherel, qu’il remporte en 1361. Conquérant, il se couvre de gloire en Castille, aux côtés d’Henri de Trastamare, qui dispute le trône à Henri le Cruel.
Revenu en France en 1370, il est fait connétable et repousse les Anglais de chacune des provinces du royaume, lors d’embuscades qui feront sa gloire posthume. Poursuivant ses campagnes contre les Grandes Compagnies, au cours de l’été 1380 il défend Châteauneuf-de-Randon. Il fait très chaud ce 6 juillet, et selon une tradition bien établie en Gévaudan, le connétable boit de l’eau froide – semble-t-il un peu trop – à la fontaine de Gloze, sous le village d’Albuges. Le chevalier téméraire s’inflige alors une pneumonie ou une dysenterie. Il s’alite aussitôt, son état s’aggrave. Le 9, du Guesclin se confesse et mande un notaire pour lui dicter son testament. Brave, il mène son dernier combat contre la mort et le 13 connaît son trépas. Tous pleurent, Anglais compris.
Le retour de la dépouille mortelle est organisé. Il faut faire vite : la chaleur accélère la décomposition. Au Puy-en-Velay, on embaume le corps gâté. Les entrailles sont remplacées par des aromates et ensevelies en l’église des Frères prêcheurs. Le 18 juillet, le cadavre parvient à Montferrand, dans un état de corruption très avancé. « Le corps de monseigneur Bertrand fut bouilli en l’eau, et fut ôtée toute la chair et les os, et fut coulé dans le corps de la glaise. » Les restes du défunt sont alors séparés, le cœur fait route vers l’église des Jacobins de Dinan. Charles V entend que les os de son bien-aimé connétable soient inhumés aux côtés de la reine Jeanne de Bourbon, dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste de la basilique de Saint-Denis, qu’il s’apprête à rejoindre, lui aussi. (F. Ch.)
Fernão de Magalhães dit Magellan (v. 1480-1521)
Une parade de trop
Fernão de Magalhães, Maghellanes et Magellanus sont un seul et même illustre personnage qu’on nommera par commodité : Magellan. Cet homme fait profession, pour le compte du roi de Portugal et de Dieu lui-même, d’aller chercher au-delà des mers lointaines épices et nouveaux territoires.
En 1518, Magellan se met au service de Charles Quint, roi d’Espagne, qu’il convainc de la possibilité et de la nécessité de trouver le passage entre les océans Atlantique et Indien. D’effectuer le tour du monde, en d’autres termes. On arme cinq navires dans le but de réaliser cette promenade – le Trinidad commandé par Magellan lui-même, le San Antonio, le Concepción, le Victoria et le Santiago –, on y enrôle une cohorte de rastaquouères prêts à se lancer dans l’inconnu le plus total et la flotte ainsi constituée quitte l’Espagn...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Page de titre
  4. Exergue
  5. Les auteurs
  6. Avant-propos
  7. I. Trop gourmands
  8. II. Trop libertins
  9. III. Trop radins
  10. IV. Trop curieux
  11. V. Trop sensibles
  12. VI. Trop exposés
  13. VII. Trop actifs
  14. VIII. Trop tranquilles
  15. IX. Trop snob
  16. X. Trop beau pour être vrai
  17. Conclusion
  18. Copyright