Les Français jihadistes
eBook - ePub

Les Français jihadistes

  1. 165 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Les Français jihadistes

À propos de ce livre

Ce livre raconte l'histoire des petits soldats du jihad français, ces adolescents qui ont appris l'islam jihadiste sur Internet, loin des mosquées et à l'insu de leurs parents. Au début de 2014, selon les chiffres officiels, 700 Français ont rejoint la Syrie, souvent en famille, 250 sont au combat. Une vingtaine sont morts dont trois en réalisant une opération suicide. Les plus déterminés d'entre eux disent vouloir revenir un jour frapper le sol français.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Les Français jihadistes par David Thomson en format PDF et/ou ePUB. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Les Arènes
Année
2014
Imprimer l'ISBN
9782352043270
ISBN de l'eBook
9782352043362
« C’est l’islam qui nous a rendu notre dignité
parce que la France nous a humiliés. »
1
Tout quitter pour le martyre
– Allô, maman ! Salam alaykoum. Comment tu vas ?
– Ça ne va pas depuis que tu es parti.
– Je sais, maman, je sais. Mais soubahnallah (gloire à Dieu), avec le temps, les plus grandes souffrances s’effacent. Je m’excuse mais regarde, maman, je vais te lire un hadith 3 que j’ai trouvé aujourd’hui. Le compagnon du prophète Omar ibn Khattab, il a fait des centaines et des centaines de batailles. Son rêve c’était comme moi, de mourir shahid (martyr). Mais Allah en a décidé autrement en le faisant mourir dans son lit. Dans ses dernières paroles, il disait : « J’aurais voulu mourir en martyr moi qui étais l’épée d’Allah et je meurs comme un chameau dans mon lit. » Tu vois, maman, ça veut dire que c’est Allah qui décrète notre mort avant même notre naissance. Et cela, que je reste à côté de toi ou que j’aille à l’autre bout du monde. Donc ça sert à rien de vouloir me garder auprès de toi.
– Mais en Syrie tu te jettes dans le danger !
– Non, c’est pas ça. Bref, on va pas rentrer dans le détail, je t’ai déjà tout dit. Fais des doua (invocations) pour moi. Tu veux mon bonheur, non ? Eh ben, mon bonheur, je suis en train de le vivre, c’est de partir combattre pour Allah et pour vous. Fais confiance à Allah, c’est ça le vrai bonheur. Dis-toi que tu as peut-être mis au monde et élevé la meilleure génération de cette terre. Comme le Prophète a dit…
– Pourquoi tu ne nous écoutes pas ?
– Maman, maman, je suis obligé de te dire la vérité. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Je ne fais rien d’autre de mes journées que de parler de ça.
– J’espère que tu vas revenir.
– Maman, ce n’est pas mon ambition. Je t’aime de tout mon cœur. Tu es la femme de ma vie. Mon amour, mon trésor. Mais ça me fait de la peine de te parler parce que tu te mets tout le temps à pleurer. Allez, je te fais des bisous, je t’aime.
Cet énième échange téléphonique entre Yassine et sa mère en pleurs n’y changera rien. Le jeune homme aspire au jihad depuis des années, et aujourd’hui le voilà sur le point de concrétiser son rêve. L’heure avait sonné une première fois en même temps que son téléphone, en 2011, un jour de désœuvrement, alors qu’il traînait avec son ami Hamza. Au bout du fil, une voix lointaine, difficile à comprendre. Dans un arabe au fort accent afghan, un homme lui donne le salut musulman avant de citer les noms de deux de ses amis partis quelques mois plus tôt de leur Seine-Saint-Denis natale. En dépit de la mauvaise qualité de la ligne, aux mots « shahid fissabililah » (martyr sur le sentier d’Allah), Yassine comprend immédiatement l’objet de l’appel. C’est un émir taliban qui lui annonce la « bonne nouvelle » : la mort de ses deux amis, Abdel et Xavier, tombés en Afghanistan. Yassine se souvient d’avoir ressenti une joie immense. « Dès qu’on m’a dit “ils sont morts”, j’ai crié “takbir Allah ouakbar ! (Dieu est le plus grand) ! Je les enviais ! Demain si je suis sur le champ de bataille et que je vois mon frère mourir devant moi, je vais aussi crier “Allah ouakbar !”. Les gens ils vont se dire : “Mais il est fou lui ! Son frère il est mort et lui il est content ?” Mais oui je suis content. Parce que nous, on voit pas les choses de la même manière. Nous, on aime la mort autant que les mécréants aiment la vie. Autant que l’alcoolique aime l’alcool. Autant que le fornicateur aime forniquer. La mort, c’est notre objectif. »
« Il faut tout délaisser »
À leur arrivée au Pakistan, avant de traverser les zones tribales montagneuses de la frontière afghane, Abdel et Xavier avaient donné des numéros de téléphone de proches à prévenir après leur décès. C’est la procédure habituelle. Ils ne s’étaient pas exilés si loin, dans un environnement aussi hostile, sous les bombes de la coalition, pour faire du tourisme. Ensemble, ils rêvaient de prononcer une dernière fois la profession de foi (shahada) en martyr de l’islam, l’index pointé vers le ciel, en signe d’adoration. Dès la troisième mission, le tandem d’une vingtaine d’années fut exaucé en se faisant tuer dans un bombardement américain, après s’être entraîné dans un camp du Waziristan, la zone tribale du nord-ouest du Pakistan. Plus tard, dans la liste des contacts à informer, leur émir tomba au hasard sur le numéro de Yassine. À celui-ci revenait la responsabilité de prévenir les parents des nouveaux martyrs. L’annonce de la nouvelle aux familles suscita des réactions autrement plus douloureuses que celle de Yassine. « Aucune mère n’accepte la perte de son fils. Même si c’est pour la bonne cause. Elles ne comprendront la vraie valeur de nos actes que le jour de la rétribution finale, au paradis. » Au lieu de dissuader Yassine, la tristesse des parents ne fit que renforcer sa détermination. « Même les compagnons du Prophète ils l’ont dit. Aucun moudjahid ne partira avec l’approbation de ses parents. Car aucun père ni aucune mère n’accepte l’idée de perdre ses enfants. Aucun. Mais Dieu nous rassure en nous disant que toute cette tristesse, tous ces pleurs, le jour du Jugement dernier, quand le père fuira sa femme et ses enfants de peur qu’on lui fasse des reproches, nous, en tant que martyrs, on viendra vers eux. On leur dira : soyez apaisés. Si Dieu le veut, nous, nous intercéderons en votre faveur pour vous faire entrer au paradis. Et grâce à nous, ce jour-là, toute leur tristesse et toute leur peine, elle sera transformée en joie et en rires. Et c’est ça qui nous rassure au moment de partir. C’est comme ça qu’Allah voit notre sincérité. C’est le délaissement de ce bas monde. Il faut tout délaisser. Tout ce à quoi notre cœur est attaché. Tout ce que notre cœur aime : nos parents, nos enfants, nos épouses, nos biens. Y a un verset coranique qui dit “si vos épouses, vos familles, vos biens vous sont plus chers que le sentier d’Allah, attendez-vous à ce que le châtiment arrive”. Et, nous, on veut pas attendre le châtiment. »
L’islam de France les révolte
Avant de rejoindre l’Émirat islamique d’Afghanistan du mollah Omar, ses deux amis avaient pris soin de taire leur projet pour limiter les risques d’échec. Ni Yassine ni Hamza ne furent informés de leur départ au jihad. Mais dès leur arrivée au Pakistan, les deux apprentis moudjahidin avaient immédiatement appelé au quartier, pour les inviter à les rejoindre. « Et ils nous ont dit : “Ça y est ! Nous on y est ! Les frères si vous êtes chauds, venez ! Y a tout ce qu’il faut ici !” Alors à partir de là, nous, on s’est motivés entre nous. Mais on était des novices à l’époque. On connaissait rien à tout ça. On a essayé de partir en Afghanistan. On a fait des projets. On s’est organisés. J’étais déjà marié, j’avais un appart et je travaillais. Mais j’ai tout quitté, tout plaqué. Et finalement ça n’a pas marché parce que mon compagnon de route, Hamza, il s’est fait attraper par la police. Ça n’a pas marché parce que dans mon groupe, on n’était que deux, moi et lui. Et je me suis retrouvé seul ! » À vrai dire, Hamza n’a jamais été très vigilant. Après son retour à l’islam, juste avant sa majorité, les services de renseignements français l’ont vite repéré. Il fréquentait assidûment les mosquées de Belleville, de Couronnes et du XVIIIe arrondissement de Paris, surveillées par la police. « En France, aucune mosquée ne parle de jihad. Mais dans certaines, il y a des groupes de jihad qui se réunissent, sans prendre la parole. Vers l’âge de 18 ans, quand Hamza s’est mis à faire la prière et à fréquenter les mosquées, il a connu beaucoup de frères. Ils étaient tous suivis par les RG, photographiés. Et quand on te voit en photo dans un groupe, dans deux groupes, trois groupes, quatre groupes, etc., on peut même penser que c’est toi le leader ! Donc il a fait deux ans de prison pour rien. Ils l’ont pris pour un recruteur ou je sais pas quoi. Quelqu’un qui lavait le cerveau des gens. » Depuis, Hamza a enchaîné les incarcérations. La première fois, en raison de ses liens avec un groupe dont le leader projetait d’assassiner une figure du Conseil français du culte musulman (CFCM), institution considérée comme traître à l’islam. La deuxième, parce qu’il avait fréquenté les jihadistes en Tunisie juste après sa libération, en dépit de son contrôle judiciaire. Mais surtout, parce qu’il était proche d’un jeune Français arrêté au Mali en novembre 2012, alors qu’il rejoignait al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
Yassine, lui, a toujours échappé de peu à la police. Solitaire, il n’a jamais fréquenté aucune mosquée et s’est tenu éloigné des « excités ». À ses yeux, en France, tous les lieux de culte musulmans sont impies. Il ne s’y rend que pour la grande prière du vendredi car, selon lui, « il vaut mieux la faire en groupe. Mais quand j’entends ce que disent les imams en France, j’ai même peur que ma prière ne soit pas valide devant Dieu ». L’islam de France soumis à la tutelle de l’État le révolte. « Les mosquées françaises pour moi, c’est pas des mosquées. Il n’y a aucune liberté d’expression. Ils nous laissent pas transmettre la religion telle qu’elle est. En gros, c’est un islam à la carte où ils prennent ce qui leur plaît et ils délaissent ce qui ne leur plaît pas. Parce que c’est des gens qui veulent rester en France, les dirigeants de ces mosquées, ils se complaisent en France. Donc c’est normal qu’ils ne parlent pas de jihad, de guerre, etc. Il faut que ça rentre dans le moule de ce que veut la France. À chaque fois qu’un imam parle de jihad, de polygamie, d’Israël ou d’Antéchrist, on le traite d’extrémiste et on l’expulse. Ça montre bien ce qu’attend la France des mosquées. »
Le jeune homme préfère donc s’isoler, sortant très peu. L’emprisonnement d’Hamza lui ôte le courage de partir pour l’Afghanistan. « Comme j’étais jeune, fragile, avec pas beaucoup de science, même si je savais qu’il fallait combattre, seul, j’avais plus les cojones 4. L’union fait la force et, seul, j’avais pas assez de cran. Je venais de me marier, c’était compliqué. Quand t’es dans cette atmosphère de jihad, t’es dans une paranoïa constante, tu sais plus à qui faire confiance, tu sais plus qui est ton allié, qui est ton ennemi. Tu te demandes si les gens que tu vas rejoindre nourrissent les mêmes ambitions que toi. Donc la paranoïa t’envahit et, au final, tu angoisses. »
Alors Yassine reprend sa vie routinière, ses horaires de bureau et son travail de prothésiste dentaire à Paris. Il retrouve sa femme...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Présentation
  3. Mentions légales
  4. Introduction
  5. 1. Tout quitter pour le martyre
  6. 2. Un crédit conso pour le jihad
  7. 3. Avec femme et enfants
  8. 4. Jeune femme cherche jihadiste en Syrie
  9. 5. Cheikh Google et « lol jihad »
  10. 6. Abu Facebook, le recruteur
  11. 7. Réseaux sociaux halal
  12. 8. Génération moudjahidin du Web
  13. 9. Au Panthéon de la Guerre sainte
  14. 10. Tourisme islamiste en Tunisie
  15. 11. Des barbus français indésirables
  16. 12. La brigade française d’al-Qaida au Levant
  17. 13. Fausse indulgence et vraie impuissance
  18. 14. Revenir pour frapper la France ennemie d’Allah ?
  19. Remerciements