La psychanalyse
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La psychanalyse

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La psychanalyse

À propos de ce livre

Ce serait sans doute faire une erreur que de chercher Ă  introduire Ă  la psychanalyse en 2022 comme on le faisait au siĂšcle passĂ©. Nul n'ignore plus qu'elle opĂšre exclusivement par la parole, qu'elle est l'objet de violentes critiques et qu'elle a donnĂ© naissance Ă  de nombreux courants contradictoires. En la matiĂšre, les prises de position sont souvent virulentes et irrĂ©conciliables. Alors, Ă  dĂ©faut d'une objectivitĂ© sans doute inaccessible, prĂ©fĂ©rons l'honnĂȘtetĂ© et ne masquons pas notre orientation. Nous nous proposons d'introduire Ă  la psychanalyse dĂ©couverte par Freud et rĂ©inventĂ©e par Lacan.

D'oĂč vient-elle? En quoi consiste-t-elle? Quel effet produit-elle? VoilĂ  les trois questions auxquelles nous essayons de rĂ©pondre en rappelant d'abord que la psychanalyse naĂźt au confluent de la philosophie et de la mĂ©decine, qu'elle roule tout entiĂšre ensuite sur une redĂ©finition Ă  nulle autre pareille de l'inconscient et qu'elle vise enfin Ă  susciter une mutation subjective. Mue prĂ©cise et intime qui ne s'Ă©prouve pas tant dans l'ineffable qu'elle se prouve par la raison.

Emmanuel Maudet est agrégé et docteur en philosophie, enseignant en CPGE.

Foire aux questions

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Informations

Année
2022
Imprimer l'ISBN
9782340066366
ISBN de l'eBook
9782340068032

Partie B.
Son pari

Introduction

La psychanalyse s’érige comme maniĂšre radicalement nouvelle de penser l’homme, ni mĂ©dicale ni philosophique. Cela, nous avons essayĂ© de le rappeler dans la partie prĂ©cĂ©dente, en dĂ©gageant en derniĂšre instance l’étrange alliance que Freud et Lacan nouent avec la rationalitĂ© scientifique. Pour l’un comme pour l’autre, le dĂ©terminisme propre Ă  la science exige, lorsqu’il se trouve consciencieusement appliquĂ© Ă  l’homme, d’ĂȘtre amendĂ© et Ă©tonnamment connectĂ© Ă  une insondable responsabilitĂ©. La psychanalyse se propose donc d’achever la science, en Ă©tendant Ă  l’homme lui-mĂȘme, sa maniĂšre de concevoir le rĂ©el, mĂȘme si, ce faisant, elle en corrige le moteur explicatif. Elle se vit ainsi comme la discipline visant, ni plus ni moins, qu’à dire la vĂ©ritĂ© sur l’ĂȘtre parlant. Telle est son ambition.
À l’évidence gigantesque, on peut se poser la question de savoir si cette derniĂšre est tenable. C’est ce Ă  quoi nous allons essayer de rĂ©pondre, en partie, dans cette deuxiĂšme partie. Comment Freud et Lacan s’y prennent-ils pour relever un aussi incroyable dĂ©fi ? Qu’inventent-ils pour oser croire qu’enfin dire le vrai sur l’homme devient possible ? Comment combinent-ils ces contraires, que sont le discours philosophique arguant de la spĂ©cificitĂ© humaine et le discours scientifique posant que le rĂ©el est sans exception ? Par quel miracle rendent-ils compatibles libertĂ© et dĂ©terminisme ? VoilĂ  la question que nous allons maintenant affronter.
Pour ce faire, nous procĂ©derons en trois temps. D’abord, nous rappellerons en quel sens la psychanalyse se dote d’une conception de l’inconscient inĂ©dite. Ensuite, Ă  quel point cette thĂ©orisation singuliĂšre d’un terme qu’elle n’a pas inventĂ© s’avĂšre insĂ©parable de celle du rĂȘve. Enfin, une fois rappelĂ© que la psychanalyse ne pose l’existence d’un inconscient que pour promouvoir la possibilitĂ© d’un rĂ©veil subjectif, il ne nous restera plus qu’à aborder son Ă©thique. Pratique qui ne sait que trop le poids du destin dans la vie de tout un chacun, la psychanalyse ne peut ĂȘtre Ă  la hauteur de sa haute d’ambition qu’à la condition de travailler Ă  l’avĂšnement d’une heureuse et inattendue mĂ©tamorphose intime. Entreprendre une analyse, c’est parier qu’il est encore possible de changer
 mais qu’est-ce que cela, concrĂštement, signifie ?

1. Psychanalyse et inconscient

Pour en savoir plus sur la maniĂšre dont la psychanalyse compte ĂȘtre Ă  la hauteur de son ambition, c’est-Ă -dire rĂ©ussir son pari d’entraĂźner une modification subjective, commençons par rappeler en consiste son concept principiel ; qui dit psychanalyse dit inconscient. Or, ce terme, bien sĂ»r, n’est pas inventĂ© par Freud – la psychanalyse n’en a pas le monopole. Qu’il soit contestĂ© comme illusion ou supposĂ© comme Ă©vidence, il est au cƓur des rĂ©flexions philosophiques et scientifiques lorsque ces derniĂšres traitent de l’homme. En quoi consiste sa version spĂ©cifiquement psychanalytique ? Pour Freud et Lacan, qu’est-ce que donc l’inconscient ?

La critique de Sartre

Concept majeur, l’inconscient en psychanalyse n’est pas simple Ă  dĂ©finir. Prenons le temps, pour commencer, par rappeler en quoi il put choquer ceux qui en entendirent pour la premiĂšre fois parler. Et, pour cela, rien de mieux que de rappeler la critique que Sartre lui adressa dans L’ĂȘtre et le NĂ©ant. DĂ©laissons pour quelques instants Freud et Lacan, le dĂ©tour par la philosophie sartrienne nous permettra d’en bien saisir la radicale nouveautĂ©. Voyons donc pour commencer pourquoi, pour le philosophe français, l’inconscient freudien n’est rien d’autre qu’une erreur, pire encore, une lĂąchetĂ©.
L’attaque en rĂšgle contre le freudisme se trouve exposĂ©e dans le deuxiĂšme chapitre de la premiĂšre partie de son ouvrage, mais pour y introduire le plus efficacement, le plus simple consiste peut-ĂȘtre Ă  partir d’un autre texte, plus aisĂ©ment accessible de Sartre, Ă  savoir sa trĂšs prĂ©cise dĂ©finition de ce qu’est la libertĂ© humaine dans La libertĂ© cartĂ©sienne1.
Dans ce court et trĂšs accessible texte, Sartre s’appuie sur Descartes, il le commente et identifie ce qu’il considĂšre ĂȘtre sa faille. Dans le cartĂ©sianisme, le terme de libertĂ© possĂšde trois sens qui sont autant de degrĂ©s. Le plus bas niveau de libertĂ© est celle que Descartes Ă©pingle du terme d’indiffĂ©rence, il s’agit de la possibilitĂ© qu’a l’homme, quand bien mĂȘme il n’a aucune raison de prĂ©fĂ©rer une option Ă  une autre, d’en sĂ©lectionner une. Pour lui, en effet, la facultĂ© de choisir qu’est la volontĂ© commande toujours Ă  l’entendement, facultĂ© de penser. Tel est le plus bas degrĂ© de la libertĂ©, choisir
 sans avoir de raisons dĂ©terminantes de le faire.
Il est clair que cette thĂ©orisation du plus bas degrĂ© de la libertĂ© suppose qu’il en existe un autre, supĂ©rieur, oĂč, au contraire, le choix est Ă©clairĂ©. La volontĂ© toujours dĂ©cide, l’entendement jamais ne lui commande. Dans le monde de Descartes, donc, nous sommes toujours libres
 et nous pouvons nous dĂ©cider Ă  dire que deux et deux font cinq, mais ce n’est pas lĂ  l’option la plus prĂ©fĂ©rable. L’homme vĂ©ritablement libre est celui qui choisit au mieux. À la libertĂ© d’indiffĂ©rence prĂ©fĂ©rons donc la libertĂ© Ă©clairĂ©e.
Autant la libertĂ© d’indiffĂ©rence comme plus bas degrĂ© de libertĂ© indique qu’il en existe un autre, autant la libertĂ© Ă©clairĂ©e semble ne pas pouvoir ĂȘtre elle-mĂȘme dĂ©passĂ©e ; il semble ainsi qu’il y a, dans le champ de la libertĂ©, un vaste spectre qui va du choix dans l’ignorance au choix en connaissance de cause ; pourquoi donc Descartes ajouterait-il un troisiĂšme et dernier degrĂ© de libertĂ© ? À quoi ce dernier peut-il bien correspondre ? Si nous ne l’avions pas initialement dĂ©gagĂ©, c’est parce qu’il ne s’applique en rĂ©alitĂ© qu’à Dieu seul, quoiqu’il rejaillisse aprĂšs-coup sur l’homme et complĂšte sa juste saisie.
Dieu n’est pas libre comme l’est l’homme ; car le Dieu de Descartes est dit, dans La lettre au pĂšre Mersenne du 15 avril 16302 crĂ©ateur des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles. C’est-Ă -dire que le Dieu de Descartes, monarque absolu en son royaume, a dĂ©cidĂ© de ce qui nous apparaĂźt, Ă  nous hommes, absolument nĂ©cessaire. Le primat de la volontĂ© sur l’entendement, que nous constatons en nous, procĂšde de celui qui se trouve en Dieu lui-mĂȘme. Ainsi, a-t-il dĂ©cidĂ©, dans un geste qui reste pour nous Ă  jamais inconnaissable, de dire que deux et deux font quatre ; Dieu a inventĂ© les vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles ; c’est lĂ  sa suprĂȘme libertĂ©, une autre libertĂ© d’indiffĂ©rence en quelque sorte, mais dont le degrĂ© est par rapport Ă  l’homme, de valeur opposĂ©e. La libertĂ© d’indiffĂ©rence, choisir sans raison, est le plus bas degrĂ© de la libertĂ© en mĂȘme temps que le plus haut ; le plus bas pour l’homme et le plus haut pour Dieu.
Ainsi, dans le cartĂ©sianisme, en derniĂšre instance, nous sommes d’autant plus libres que nous marchons dans les pas de Dieu ; la libertĂ© Ă©clairĂ©e, Ă©clairĂ©e par cette lumiĂšre naturelle qu’est notre raison, conduit et ramĂšne Ă  Dieu. Cela ne choque en rien en Descartes ; cela insupporte Sartre. C’est cela qu’il condamne dans le cartĂ©sianisme, il rejette l’idĂ©e d’un Dieu crĂ©ateur des vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles
 et ose dire qu’à l’homme revient la suprĂȘme libertĂ© d’indiffĂ©rence logiquement rĂ©servĂ©e Ă  Dieu.
« Ainsi Descartes finit par rejoindre et par expliciter, dans sa description de la libertĂ© divine, son intuition premiĂšre de sa propre libertĂ©3 ». Pour Sartre, quand Descartes parle de la libertĂ© divine, il traite ainsi, sans le savoir, de la libertĂ© humaine. Et c’est prĂ©cisĂ©ment en vertu de cette audacieuse conception d’une libertĂ© humaine absolue qu’il va s’autoriser Ă  rejeter la dĂ©couverte freudienne de l’inconscient. Poursuivons donc.
Comment est-ce que Sartre peut-il bien s’y prendre pour oser soutenir que l’homme est infiniment libre ? Le dire de Dieu est une chose, le dire de l’homme en est une autre ; Ă  l’évidence nous ne crĂ©ons pas l’univers ! Certes, mais c’est nous, et nous seuls, qui lui donnons son sens. VoilĂ  l’argument sartrien. On peut le rĂ©ceptionner en n’y voyant qu’une simple reprise de l’ancienne leçon stoĂŻcienne, on peut l’envisager au contraire comme son authentique intensification. Le rocher au milieu du chemin, obstacle ou opportunitĂ© ? Sartre n’est pas le premier Ă  se poser la question4.
Ce qu’il invente, toutefois, est l’analyse inĂ©dite de la mauvaise foi, Ă  savoir le fait, pour le sujet, de se dĂ©fausser de sa responsabilitĂ© en prĂ©textant l’immixtion en son sein du dĂ©terminisme naturel. Dans le monde de Sartre, nous sommes toujours libres ; et nous le savons, nous savons qu’en tant que conscience, nous Ă©clairons l’univers Ă  la lumiĂšre de nos projets
 et cela, bien Ă©videmment, nous angoisse.
Comment en pourrait-il ĂȘtre autrement, attendu que nous sommes Ă  jamais responsables non pas seulement de la maniĂšre dont nous rĂ©agissons aux Ă©vĂ©nements qui nous arrivent, mais aussi et surtout Ă  la maniĂšre dont nous les percevons ? LĂ  est le vĂ©ritable sens de la critique sartrienne de la libertĂ© cartĂ©sienne : certes, nous ne sommes pas Dieu, nous ne crĂ©ons pas l’univers, mais nous le co-fabriquons toutefois d’y injecter le sens.
C’est donc se tromper du tout au tout que de rĂ©duire la libertĂ© Ă  l’examen de la maniĂšre dont nous rĂ©pondons Ă  ce qui nous arrive, notre vĂ©ritable libertĂ© en rĂ©alitĂ© nous prĂ©cĂšde. La libertĂ© que Descartes pense ĂȘtre celle de l’homme n’est en rĂ©alitĂ© qu’une libertĂ© seconde, rĂ©flĂ©chie, dĂ©rivĂ©e ; l’authentique est antĂ©rieure. La libertĂ©, la vraie, est dans l’éclairage du rĂ©el par le projet qui nous anime, ce que Sartre appelle situation. Ainsi, pour lui, nous sommes tous, toujours, entiĂšrement libres.
CondamnĂ©s Ă  ĂȘtre libres, nous fuyons cette Ă©crasante responsabilitĂ© en rĂȘvant de nous dĂ©partir de la transcendance inhĂ©rente Ă  la conscience, de par cette mauvaise foi oĂč nous nous pensons chose, et non pas homme. En termes sartriens, l’homme, conscience, c’est-Ă -dire pour-soi, se cache sa vĂ©ritable nature, en se prenant pour une chose, en-soi. Être de mauvaise de foi, c’est prĂ©texter du dĂ©terminisme de l’en-soi afin de masquer la responsabilitĂ© du pour-soi. Cette ligne de raisonnement, qui se rĂ©sume dans l’affirmation suivante : « Il peut y avoir conscience de loi, non loi de la conscience5. » s’achĂšve dans le refus catĂ©gorique de prendre en compte l’inconscient freudien, sournoise injection au cƓur du pour-soi de l’en-soi. Pour Sartre, la conscience est transcendance, l’homme n’est pas une ...

Table des matiĂšres

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Page de copyright
  4. Introduction
  5. Partie A. Son ambition
  6. Partie B. Son pari
  7. Partie C. Sa conséquence
  8. Conclusion
  9. Indications bibliographiques
  10. Table des matiĂšres