
- 190 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
À propos de ce livre
Simplement des moments de la vie d'une fille d'aujourd'hui, brillante autant que frivole et d'un garçon sentencieux et ennuyeux. mais ne sont-ils que cela? Amis d'enfance, ils vont se retrouver, s'éloigner pour se trouver enfin... Une longue promenade en leur compagnie dans un coin des Landes de Gascogne où, au détour des chemins, chaque touffe de bruyère, chaque tronc d'arbre est différent et où les êtres et les choses vivent à leur manière les grands bouleversements du monde moderne. les aventures et les amours d'un Aucassin et d'une Nicolette d'aujourd'hui.
Foire aux questions
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Informations
CHAPITRE IV
Q uelques jours plus tard, Augustin qui traversait la place du Marché aperçoit Étienne, un petit sac plastique à la main, haute silhouette perdue dans ses pensées circulant entre les étals. Il l’aborde, content de le rencontrer, mais le visage d’Étienne lui paraît triste quand, levant le bras, il lui montre son sac plastique :
— Vous voyez Augustin, je viens d’acheter ma petite sole chez le poissonnier, Édith est une fois de plus partie s’occuper de sa sœur à Genève et je vais encore manger seul.
— Étienne, votre petite sole attendra dans mon frigidaire, venez donc déjeuner avec moi.
— Non, non, je vous en prie, vous n’êtes peut-être pas seul…
Entre ces deux hommes, une immense amitié est née, mais une grande pudeur demeure : la différence d’âge, l’éducation assez stricte chez l’un comme chez l’autre, malgré leurs confessions différentes. Et peut-être aussi cette crainte un peu élitiste de tomber dans la banalité, le copinage, les bisous, les claques dans le dos, les empêchent d’aborder des confidences qui pourraient nuire à leur profonde amitié.
— Non, je vous en prie : Noémie, ma femme de ménage, m’a préparé un repas, comme à son habitude, trop copieux pour moi tout seul et ce sera tellement agréable pour moi de le partager avec vous.
Une allumette et le feu dans la cheminée font briller tous les meubles cirés avec soin par Noémie. Étienne se sent réchauffé tout au fond de lui-même.
Ils parlent tous les deux, un verre de bon vin à la main qu’Étienne apprend à apprécier en découvrant les mots pour le dire qu’Augustin est fier de lui transmettre. Tournant son verre, humant longuement les senteurs décrites par Augustin, Étienne se sent tout simplement bien et tous deux découvrent une facette de leurs rapports qu’ils n’avaient jamais connus jusqu’alors.
Étienne se lève tout à coup :
— Je suis désolé, j’ai abusé de votre temps.
Il se dirige vers la porte, mais quand Augustin lui dit :
— Mais non, j’ai tout mon temps, je n’ai pas cours demain.
Étienne se ravise, fait quelques pas en arrière, hésite :
— C’est vrai ? je peux vous parler un instant ? Il entre, puis s’assoit. « Augustin, il y a quelque chose que je veux vous dire depuis longtemps...
C’est difficile, douloureux et je vous supplie de ne pas mal me juger. Je serais très malheureux de perdre votre amitié » et d’une traite, il lance les phrases terribles qu’il retenait en lui avec un grand sentiment de culpabilité :
— Voilà ! depuis des années je mens à ma femme d’abord et à ma fille ensuite. Ou plutôt j’ai tu ce que j’ai appris sur mon fils et sur l’accident qui a lui a coûté la vie et celle de ses amis. Un jour, où je sortais d’un cours, un de mes étudiants, auquel j’avais donné une mauvaise note à un examen, m’a rejoint et de façon très agressive m’a dit : « Je suppose que vous seriez heureux d’avoir des détails sur l’accident de votre fils, un des passagers de la voiture était mon ami et c’était Arnaud, votre fils, qui conduisait. » « Comment le savez-vous ? mon fils et un des garçons avaient été éjectés et la voiture brûlée, la police n’a rien pu me dire et aux parents des garçons, non plus. » « Moi, je sais. Mon ami avait eu son permis retiré et personne ne le savait, sauf moi, quant à l’autre, quand ils revenaient tous les trois de faire la fête, il ne conduisait jamais, il était toujours ivre mort ».
« Arnaud, votre fils, tenait mieux l’alcool et d’ailleurs c’était surtout la coke son truc, c’était lui qui conduisait »... Je n’ai pas pu protester, je n’en avais pas la force, j’étais cloué sur place, sidéré, et je l’ai laissé parler.
Comprenez-moi, Augustin. J’ai ainsi appris que mon fils, brillant étudiant, interne dévoué « carburait à la cocaïne » et faisait l’admiration de tous, capable de tenir une nuit aux urgences, et une nuit dans la boîte à la mode avec la même ardeur. J’ai eu bien d’autres détails dont je ne veux pas me souvenir.
— Mais, Étienne, ces racontars venaient d’un ignoble revanchard, il ne fallait pas en tenir compte.
— Pas possible, Augustin, j’ai, ensuite, été rencontrer les parents des autres garçons, ils le savaient, mais leurs fils étaient dans le même cas qu’Arnaud et ils avaient préféré se taire. Un premier accrochage avait déjà eu lieu quelque temps avant et ils avaient payé pour étouffer l’affaire. Ma femme vouait un tel culte à son fils que je n’ai pas eu le courage de lui rapporter ces faits. Souvent, j’essayais d’aborder avec elle les circonstances de l’accident qui avait coûté la vie à Arnaud, elle ne voulait rien entendre et je la sentais au bord d’une dépression sévère. Elle a l’air très forte mais je connais sa fragilité. Quand Idelette est née, quel bonheur !
j’ai décidé de fuir pour recommencer une vie heureuse... Mais toujours dans le mensonge. Edith a accueilli cette idée avec enthousiasme. Elle avait fait du scoutisme dans sa jeunesse : la nature, l’écologie, la vie à la campagne, s’investir dans un village – Elle avait quitté son métier d’infirmière – tout la séduisait dans cette idée. Et j’ai continué à mentir quand elle donnait sans cesse à Idelette l’exemple de ce frère admirable. Idelette s’est construite sur ce modèle jusqu’à l’adolescence, et puis... l’ambition, la réussite, Paris, tout a basculé, mais elle, contrairement à son frère, ne nous cachait rien. Edith, malheureuse, j’ai continué à mentir.
Comment lui expliquer cette malédiction, Idelette suivait bien le même chemin que son frère au niveau de la réussite, mais également dans le reste de sa vie. Est-ce une malédiction ? une punition pour ma lâcheté ?
Raisonnablement est-ce possible que n’ayant rien su de la vie de son frère, elle orientât sa vie de la même manière ? Je n’aime pas beaucoup les psychiatres et je n’ai pas voulu demander de l’aide de ce côté… Cette malédiction du recommencement, ça me poursuit, mais c’est trop irrationnel, c’est impossible ! Hélas ! je crois plutôt qu’il faut incriminer notre éducation, trop austère, peut-être, et pourtant quelquefois pleine de joie... Mais peut-être pas de plaisir. Ma femme est d’une famille suisse très vertueuse et elle critiquait souvent, devant Idelette, le monde moderne et ses permissivités. Elle avait choisi pour notre fille ce prénom d’Idelette, vous savez c’était celui de la femme de Calvin, vous vous rendez compte !
— Je n’ai jamais eu l’impression3, coupe Augustin, pour faire diversion, « que cela gênait Idelette.
— Non, c’est vrai, elle disait : « Ça fait marrer tout le monde, Idelette, ça me va aussi mal que possible ! » – Étienne, épuisé, laisse tomber sa tête entre ses mains, les coudes sur la table, il n’ose pas regarder Augustin et murmure :
— Quel gâchis ! Quel gâchis !
C’est exactement ce que pense Augustin, comme figé, droit sur sa chaise, incapable de dire un mot.

Madame Ferrand de retour de Suisse, la vie reprend, en apparence lisse, même monotone. Très heureuse qu’Idelette ait quitté Paris, la ville de toutes les turpitudes, Édith ne pose aucune question. Étienne, un peu plus taciturne, passe davantage de temps dans sa bibliothèque.
Seul Augustin repasse sans arrêt dans sa tête la confession de son ami.
Comment, maintenant, avouer à Étienne le drame qu’a vécu Idelette ? Ce serait ajouter un autre drame dans la vie de ce couple. Et pourtant, Idelette n’attend que ça, elle n’aura jamais le courage de parler et elle attend tout d’Augustin.
Étienne culpabilise déjà, comment expliquer qu’Idelette, sans rien savoir, a vécu de la même manière que son frère une vie débridée. Comment expliquer ce recommencement ? cette fatalité d’un recommencement dans la même famille. Il y voit forcément des erreurs dans l’éducation de ses enfants. Augustin de son côté, n’est pas loin de regretter sa vie simple, transparente, d’AVANT.
Il manœuvre comme il peut dans ces demi-vérités, ces mensonges, pour préserver les uns et les autres. Irrité quelquefois comme quand sa mère, se croyant très moderne, lui expliquait la conception des bébés. À l’histoire de la petite graine déposée par le monsieur et qui va devenir un bébé dans le ventre de la maman – explication qui ne le satisfaisait pas –, il rétorquait immanquablement : « C’est pour de vrai, ton histoire… ou pour de très vrai. » Il se dit qu’en ce moment, il n’est jamais dans le très vrai, seulement quelquefois un peu dans le vrai. Et cela le perturbe.
Il n’a jamais songé à se faire aider par un psychologue, ni même par un ecclésiastique, comme faisait sa mère. De toute façon, il n’a jamais eu à le faire. D’ailleurs, comme Etienne il est un peu méfiant vis-à-vis de la psychiatrie, encore plus de la psychanalyse. Idelette ne lui parle jamais des « séances » avec son psy, comme elle dit, mais Augustin voit bien qu’elle amorce de plus en plus une critique de son éducation et de ses parents.
Et si les critiques concernant Madame Ferrand ne le gênent pas, bien qu’en garçon bien élevé il proteste toujours, tous les reproches d’Idelette concernant son père le blessent profondément. Augustin essaie d’inciter Idelette à plus de compréhension au lieu d’une opposition systématique vis-à-vis de son éducation, coupable de tous ses maux. Il est partagé entre l’amitié qui le lie à Étienne et la vérité qui n’est certes pas bonne à dire et qu’une voix malveillante lui souffle quelquefois et le pousserait à dire :
« Sois honnête, Idelette, ton père n’est pas le coupable, pas plus que ta mère » et la mauvaise voix qu’il se refuse à entendre continue à dire : « C’est toi Idelette qui l’a cherché ».
Heureusement, le printemps arrive et la nature se réveille. Idelette est toujours partante pour une visite à « l’Arbre aux Zibous », c’est un but de promenade, mais Augustin se demande si cela ne cache pas une espèce de pèlerinage. D’autant plus qu’il a surpris Idelette en train de plonger sa main « dans le ventre » de l’arbre comme elle disait, alors qu’elle avait peur de ce geste il y a encore peu de temps.
Devant le regard intrigué d’Augustin, Idelette s’est écriée :
— Je te préviens, si tu regardes une fois de plus dans le tronc de l’Arbre aux Zibous, je te jette un sort.
— Tu en serais bien capable ! a répondu Augustin, et ils ont ri tous les deux.
Cependant, Augustin trouvait que cet arbre commençait à prendre trop de place dans la vie d’Idelette et cela l’intriguait, l’inquiétait même, il avait besoin de comprendre. Il ne savait pas rester neutre. « C’est ce qui me différencie de son psy », pensait-il pour justifier son envie d’agir. Et quand Idelette lui demandait :
— Augustin, tu m’amènes à Natus voir l’Arbre aux Zibous ?
Il était toujours tenté de répondre :
— Mais, pourquoi n’y vas-tu pas seule ? Tu peux prendre ma voiture.
Pourquoi ce pèlerinage ? surtout ne rien demander, avancer à petits pas, prudemment, ne pas jouer les psys, ne pas chercher à comprendre et là, c’est plus difficile. Heureusement, Augustin a beaucoup de travail, ses cours, les copies à corriger, car il est partisan d’interrogations écrites fréquentes, de plus, en accord avec sa collègue professeur de français. Il surveille les progrès de Pierrot Lacoste et s’intéresse beaucoup aux études de ses neveux, en particulier quand il va rencontrer son cousin pour gérer la propriété, ce qu’il fait avec de plus en plus d’intérêt depuis qu’il n’est plus seul et que la terre, les pins, la nature ont resserré les liens familiaux.
Ses recherches pour le concours de l’agrégation lui prennent aussi beaucoup de temps. Et son petit secret, une thèse qu’il écrit pour un éventuel doctorat, occupe également nombre de ses journées.
Mais Augustin est toujours disponible pour une visite à l’Arbre aux Zibous, c’est un rituel utile, lui semble-t-il, dans la reconstruction d’Idelette et il se doit d’y participer.
À la fin d’une de leurs visites, à la nuit tombée, un grand bruit venu de la forêt les fait tous deux se retourner. Une laie suivie de ses marcassins fonce vers eux en grognant, à vrai dire, pas du tout agressive, elle traversait seulement la clairière, peut-être même inquiète de leur présence. Mais Idelette, affolée, se jette dans les bras d’Augustin, puis, se détachant tout de suite dans un mouvement de recul, elle se met à trembler, en bredouillant :
— Excuse-moi… C’est idiot, je ne peux pas oublier.
Augustin a tout de suite compris et avec gentillesse lui dit, en respecta...
Table des matières
- Sommaire
- CHAPITRE I
- CHAPITRE II
- CHAPITRE III
- CHAPITRE IV
- CHAPITRE V
- CHAPITRE VI
- CHAPITRE VII
- CHAPITRE VIII
- CHAPITRE IX
- CHAPITRE X
- CHAPITRE XI
- CHAPITRE XII
- CHAPITRE XIII
- EPILOGUE
- REMERCIEMENTS
- Indication
- Page de copyright