Un été trop brûlant...
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Un été trop brûlant...

Roman

  1. 320 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Un été trop brûlant...

Roman

À propos de ce livre

Mimmo a dix ans et vit en Calabre avec sa famille. Tout irait bien, s'il ne se sentait si différent des siens. Une affiche entrevue sur la vitrine d'un magasin et une question va s'imposer à lui: est-il réellement le fils de ses parents?Sous le soleil brûlant de l'été calabrais, il va apprendre à ses dépens que la vérité a parfois un goût amer.Photo de couverture: Le sanctuaire de l'île, à Tropea

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Informations

Année
2022
Imprimer l'ISBN
9782322410620
ISBN de l'eBook
9782322428465
Calabre, printemps 1992…
Il était presque midi, et en cette chaude matinée du mois de mai, la petite ville de Tropea accueillait ses premiers touristes. Ils étaient encore peu nombreux, la plupart retraités et venus de pays au printemps moins généreux. Dans un mois, il y aurait davantage de foule. Les vacances scolaires augmenteraient la fréquentation du lieu, on se bousculerait dans les ruelles écrasées de soleil, la plage serait noire de monde. Les visiteurs profitaient donc du calme provisoire de cette station balnéaire calabraise de la côte tyrrhénienne. Attablés au café proche de la Mairie, ils sirotaient tranquillement leur capuccino ou leur apéritif, en appréciant la douceur de cette belle journée.
Le silence relatif de la place fut violemment interrompu par une petite troupe qui avançait bruyamment. C'étaient des enfants venus en excursion scolaire et qui avaient hâte de descendre sur la plage pour se baigner.
La Signorina Carla, leur institutrice, la Maestra comme ils l’appelaient, avait promis une après-midi de détente au bord de l’eau, après la visite de la cathédrale et de l’exposition consacrée à l’enfant du pays, l’acteur Raf Vallone1.
Contrairement à leur maîtresse, les élèves étaient peu sensibles au passé. La carrière cinématographique de cette ancienne gloire locale ne les intéressait pas, c’était bien trop lointain pour eux. A la rigueur, une renommée due au ballon rond aurait pu retenir leur attention, mais ce n’était hélas pas le cas ! Quant’ au patrimoine historique et architectural, inutile de revenir là-dessus, ils s’en fichaient et n’aspiraient qu’à une chose, s’amuser. Elle renonça donc à les mener au Sanctuaire de la Vierge de l’île, le symbole de la ville dominant la baie. Il est vrai que la chaleur augmentait. Gravir les marches jusqu’à l’église serait un calvaire pour les enfants, et, elle devait se l’avouer, l’idée de faire quelques brasses dans l’eau cristalline, de se rafraîchir puis de se poser tranquillement sur le sable, la tentait elle-aussi.
« Je leur montrerai de loin le monument, ça suffira amplement pour cette journée ! » pensa-t-elle.
Aidée de sa collègue Gabriella, elle avait eu du mal à contenir l’impatience des enfants. Ils s’éparpillèrent sur la place, et il fallut en rappeler quelques uns à l’ordre avant d’obtenir un peu de discipline. Enfin, au grand soulagement des visiteurs, ils s'éloignèrent et arrivèrent sur la route de la mer, le lungomare. Du haut des falaises sur lesquelles la ville était perchée, ils apercevaient la mer scintillant sous le soleil, bordée d’une plage de sable blanc, qui les invitait à la baignade.
Domenico Coglirame, surnommé Mimmo, avait été lui-aussi ravi de prendre part au déplacement, même si les plaisirs balnéaires de cette journée de détente l’attiraient moins que ses camarades. Contrairement à eux qui, été comme hiver, restaient le plus souvent dans leur village, niché à l’intérieur des terres à quatre cents mètres d’altitude, il passait une partie de ses vacances au bord de la mer, dans la villa d’un ami de son parrain. Mais il avait tenu lui-aussi à participer à l’excursion. Pour cela, il avait dû supplier ses parents de le laisser y aller et ce n’est qu’après d’âpres négociations qu’ils y avaient consenti. Il était content. Pour quelques heures, enfin, il échappait à l’amour trop protecteur de sa mère.
Pour atteindre le rivage, ils avaient emprunté les ruelles escarpées. En chemin, les enfants avaient regardé avec envie les magasins remplis d’articles de plage, de jouets, de maillots de bains, de souvenirs pour touristes, mais aussi les bars et le menu des restaurants. Toutes ces choses qu’ils ne pourraient s’offrir. La descente s’était malgré tout faite dans un brouhaha joyeux, et les deux jeunes femmes peinaient à suivre le petit groupe qui dévalait les escaliers à toute vitesse. Enfin, ils étaient arrivés au bord de l’eau, sans incident, au grand soulagement de leurs accompagnatrices.
Mimmo avait regardé tout cela d’un œil distrait. Pourtant, en passant devant un commerce, une affichette apposée sur la vitrine et portant une inscription en caractères gras captiva son regard. Aiutateci a ritrovarli, Aidez-nous à les retrouver. Sous ce titre dramatique se trouvaient les photographies d’enfants disparus depuis plusieurs années. A côté de leur portrait datant de l’époque de leur disparition, on avait fait figurer une photo plus récente, réalisée par morphing. Bien sûr, il ignorait tout de ce procédé nouveau, et de son nom. Mais il était intrigué et s’approcha. Il crut un instant se regarder dans un miroir car, parmi tous les visages, il lui sembla en reconnaître un… le sien ! Ces cheveux blonds, ce regard bleu, c’était lui. La ressemblance était si surprenante qu’il sentit ses jambes flageoler. Un de ses camarades, attiré comme lui par l’affiche, fit à son tour la comparaison et s’écria :
- Hé, les gars, venez voir, c’est Mimmo!
Aussitôt quelques autres rappliquèrent. En découvrant le visage du petit disparu, ils émirent des commentaires peu flatteurs à son égard.
- Ça, Mimmo ? Tu rigoles, dit l’un, ce garçon a l’air bien plus malin !
- Oui, ajouta un autre, en plus, celui-là on dirait pas une fille !
Ils continuèrent jusqu’à ce que Maciste, qui avait un compte à régler avec lui, s’exclame en riant :
- Dis-donc, je ne savais pas que tu étais recherché ! Tu dois être drôlement dangereux. Oh la la , j’ai peuuuur !!
Et il fit mine de trembler de tout son corps. Cette attitude eut le don d’attiser davantage les moqueries et, bientôt, un petit groupe se forma autour de l’enfant. Fier de cet attroupement, l’ennemi crut bon d’ajouter à la cantonade :
- Hé les gars, Mimmo est recherché ! C’est un n’dranghetiste…
Les rires fusèrent de plus belle. Sous les quolibets, Mimmo se sentait de plus en plus mal à l’aise. Certes, ses camarades s’attaquaient surtout à sa silhouette gracile et à son tempérament rêveur, mais de cela, il avait déjà une certaine habitude. Ce qui le touchait davantage c’est que, sans le savoir, ils venaient de mettre en lumière une évidence : il ressemblait davantage à un enfant inconnu qu’à eux, avec lesquels il vivait quotidiennement. Et s’il gardait le sourire sous les moqueries, c’était pour ne pas leur montrer à quel point cette constatation l’effrayait. Face à un tel déferlement de méchanceté, il se sentait impuissant. Comme il aurait voulu leur régler leur compte une fois pour toutes ! Mais il savait qu’il ne serait pas de taille face au nombre. Il tenta cependant de se défendre par quelque remarque cinglante, ce qui ne fit qu’envenimer les choses. Heureusement, la Maîtresse mit bien vite fin à cet attroupement et à ces railleries. Sous la menace de punitions, le calme revint.
Il n’était pas question pour la jeune femme d’avoir des problèmes avec les commerçants, et encore moins avec le directeur de l’école qu’elle avait eu un mal fou à convaincre du bien fondé de cette excursion, s’ils venaient à se plaindre. Mais, plus que tout, l’allusion à la N’drangheta, la puissante mafia locale, l’effrayait. En bonne fille du nord de l’Italie, elle se méfiait de tout ce qui, de près ou de loin, évoquait la « pieuvre2 ». Parfois, elle se disait qu’elle avait eu tort de demander ce poste au fin fond de la péninsule pour essayer d’éduquer ces fils de paysans frustes, pour lesquels le mot culture n’évoquait que le dur travail des champs. Sur cette terre aux étés torrides, brûlée par le soleil et oubliée des pluies, et dont l’emblème était un piment rouge, ils voyaient leurs parents livrer un combat quotidien afin de produire tomates, olives, et un vin âpre qui montait à la tête, mais n’aspiraient à rien d’autre et montraient peu d’intérêt pour ses cours.
Contrairement à d’autres régions du pays, et malgré ses innombrables richesses culturelles et ses paysages magnifiques, la Calabre n’attirait qu’un public étranger restreint. Elle souffrait du manque d’industries et son littoral, ces immenses plages au sable blanc, n’avait pas encore conquis le tourisme de masse. Mais surtout, le parfum de soufre, dû à la présence de factions mafieuses, entraînait une suspicion néfaste à son essor. Rares étaient les entreprises qui s’aventuraient sur ces terres, il leur fallait pour cela faire allégeance à une puissance insatiable, que ni la police, souvent gagnée à sa cause, ni les juges, n’effrayaient. Face à cette gangrène, les habitants espéraient peu des politiques ou des dirigeants qui ne se préoccupaient que de leur gloire, et souvent profitaient de certains avantages en fermant les yeux et empochant des subsides malhonnêtes. Eux-mêmes se pliaient le plus souvent aux « coutumes locales », trop heureux de garder ainsi leurs maigres biens, et se contentaient du peu que le ciel voulait bien leur accorder. Certains, plus intrépides ou qui refusaient la soumission, partaient dans le nord ou à l’étranger. C’étaient surtout eux, nostalgiques de leur contrée d’origine, qui revenaient y passer quelque temps, une fois les beaux jours revenus.
La Maestra, elle, avait choisi d’y venir, pour apporter grâce à l’étude, un peu d’espoir d’une vie moins difficile aux enfants de cette contrée. Mais dans sa classe, il n’y avait que trois élèves qui justifiaient ses efforts, Silvana, la fille du maire, Dario, un garçon arrivé depuis peu et Mimmo. Elle aimait bien ce dernier. Comme elle, il lui semblait parfois égaré dans un milieu hostile. Et rien que pour lui, elle souhaitait mener à bien sa petite expédition.
Tandis que ses camarades se regroupaient bruyamment autour de la jeune femme, Mimmo était retourné discrètement dans la boutique. Là, profitant de l’inattention du commerçant occupé à regarder la jolie jeune femme, il détacha l’affiche, la plia et la cacha rapidement sous son t-shirt. Puis, à son tour, il rejoignit l’institutrice et, comme ses camarades, se dirigea vers la plage.
Une fois sur le sable, il se déshabilla et prit soin de fourrer discrètement son larcin dans son sac. Ensuite, après s'être enduit le corps de crème protectrice sous le regard narquois de ses camarades, il se mêla au groupe, se baigna et partagea tant bien que mal les jeux, jusqu’à l’heure du retour. Quand le moment de repartir arriva, ils gravirent tous les ruelles en pente raide jusqu’à la place où les attendait le car qui devait les ramener à Ravinia3. Ils étaient joyeux, riaient et se réjouissaient des beaux souvenirs qu’ils raconteraient à leur parents.
Mimmo aussi était content de rentrer et poussa intérieurement un soupir de soulagement. Il était fatigué d’avoir joué un rôle si longtemps. Il n’aspirait qu’à une chose, retrouver le calme de sa chambre pour observer minutieusement la photo qui l’intriguait tant. Tout au long des vingt-cinq kilomètres qui séparaient Tropea de son village, tandis que le véhicule grimpait de son mieux la route tortueuse, il regarda ses camarades s’amuser et commenter la journée. Mais lui ne riait pas.
Depuis des mois, il se sentait mal à l’aise. Il avait des doutes. Il n’en avait parlé à personne, sauf à Dario, son seul véritable ami. Il n’avait que dix ans, mais comme la Signorina Carla, il avait vite compris que certains sujets sont délicats et qu’on ne doit les aborder qu’avec des individus dignes de confiance. Dans son village, dans ce bout du monde perdu dans la colline calabraise, le secret était une tradition, une assurance sur la vie, une religion. Et Mimmo qui avait assisté le jour de ses sept ans à l’assassinat du Docteur Scaglia, savait que le silence est souvent la seule voie de salut.
Il était né à Vibo Valentia, de Giuseppe Coglirame, dit Beppe, et Carmela Savogna. Du moins, c’est ce qu’il avait toujours cru, jusqu’à ces derniers mois. Mais depuis le matin, depuis que ses yeux s’étaient posés sur l’affiche, la question tant de fois refoulée hantait à nouveau son esprit et il se demandait s’il était réellement le fils de ses parents.
En bons Calabrais, Beppe et Carmela étaient courts, massifs et noirauds, comme la plupart des natifs de la région. Tant qu’il avait été petit, il n’avait pas vraiment prêté attention à sa différence physique avec eux et les autres bambins qui l’entouraient. Pourtant, celle-ci s’accentuait au fil des ans. Contrairement à sa famille et à ses compagnons d’école, bruns de peau et de poil, sous le soleil ardent, sa peau virait désespérément au rouge, ses cheveux blonds devenaient presque blancs, alors qu’eux noircissaient encore davantage. A huit ans, il s’était mis à grandir si vite, qu’il avait dépassé tous les enfants de son âge d’une large tête. Et tandis qu’il poussait comme une herbe folle, eux stagnaient, comme pour s’accrocher à la terre, cette terre parfois si sèche et ingrate, dont ils savaient qu’elle était leur mère, leur frugale nourricière, la seule qui ne les trahirait jamais, puisqu’elle ne leur promettait rien. Issus de générations de paysans affamés et opiniâtres, leurs petits corps trapus contrastaient singulièrement avec son teint pâle et sa silhouette longiligne.
Les centimètres gagnés ne lui apportaient pourtant aucune autorité sur ses camarades. Ils lui donnaient une grâce féminine qui engendrait plus les moqueries que le respect. Ils lui avaient même valu le surnom de fanciulla, fillette, ce qui le remplissait de honte et de chagrin. Car il ne comprenait pas la raison de tant de d...

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