Histoire des peintres impressionnistes
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Histoire des peintres impressionnistes

Claude Monet, Auguste Renoir, Berthe Morisot; Camille Pissarro; Alfred Sisley.

  1. 158 pages
  2. French
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  4. Disponible sur iOS et Android
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Histoire des peintres impressionnistes

Claude Monet, Auguste Renoir, Berthe Morisot; Camille Pissarro; Alfred Sisley.

À propos de ce livre

RÉSUMÉ : « Histoire des peintres impressionnistes » de Théodore Duret est une oeuvre incontournable pour quiconque s'intéresse à l'impressionnisme, ce mouvement artistique qui a bouleversé le monde de l'art à la fin du XIXe siècle. Duret, critique d'art et ami de nombreux peintres impressionnistes, propose une analyse détaillée et éclairante de ce courant révolutionnaire. Le livre se concentre sur les figures emblématiques telles que Claude Monet, Auguste Renoir, Berthe Morisot, Camille Pissarro et Alfred Sisley, en explorant leur parcours, leurs influences et leur impact sur l'art moderne. Duret, par son approche rigoureuse et documentée, offre au lecteur une plongée dans l'univers des ateliers parisiens et des expositions qui ont marqué l'époque. À travers une narration vivante et précise, il décrit les défis auxquels ces artistes ont été confrontés, notamment le rejet initial de leur travail par le public et les institutions officielles. Son oeuvre est non seulement un hommage aux artistes qu'il a côtoyés, mais aussi une source précieuse pour comprendre les évolutions stylistiques et techniques qui ont caractérisé l'impressionnisme. En intégrant des anecdotes personnelles et des analyses critiques, Duret réussit à capturer l'essence de ce mouvement artistique, tout en offrant une perspective historique et culturelle enrichissante. Ce livre est ainsi un témoignage vibrant de l'essor de l'impressionnisme et de son influence durable sur l'art contemporain. L'AUTEUR : Théodore Duret (1838-1927) est un critique d'art français reconnu pour ses contributions significatives à la promotion de l'impressionnisme. Né à Saintes, il se passionne très tôt pour l'art et la littérature. Duret commence sa carrière en tant que journaliste, mais c'est son engagement auprès des peintres impressionnistes qui le distingue. Ami proche de figures telles que Édouard Manet, il joue un rôle crucial dans la reconnaissance de ce mouvement artistique novateur. Son ouvrage « Histoire des peintres impressionnistes » témoigne de son profond attachement à ces artistes et de son désir de légitimer leur travail face aux critiques de l'époque. Duret est également connu pour ses voyages en Asie, qui influencent sa perception de l'art et enrichissent ses critiques. Sa collection personnelle comprenait des oeuvres de nombreux peintres impressionnistes, reflétant son engagement en faveur de leur reconnaissance. E

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Informations

Année
2022
Imprimer l'ISBN
9782322381579
ISBN de l'eBook
9782322464869
Édition
1
Sujet
Art

RENOIR

Le propre des Impressionnistes, peignant directement devant la nature, a été de faire apparaître les objets sous les colorations fugitives et changeantes, dont les variations de la lumière et les effets de l’atmosphère pouvaient les revêtir. Les objets, reproduits par eux, ont pris une coloration plus vive et plus diaprée, que celle qu’ils avaient jusqu’alors reçue des peintres retenus dans l’atelier. Les champs, les bois, les rivières et la mer se sont nuancés, sous le pinceau de ces Impressionnistes qui ont été surtout des paysagistes, Pissarro, Claude Monet, Sisley, Guillaumin, d’une variété de tons imprévue. Ce que les autres avaient fait pour le paysage, auquel ils s’étaient avant tout consacrés, Renoir l’a fait pour les êtres humains. Les personnages qu’il a peints apparaissent colorés, dans un ensemble clair, plein de combinaisons de tons, ils forment partie d’un tout lumineux. Mais il n’est point parvenu à sa manière personnelle, telle que nous la définissons, du premier coup, il ne l’a naturellement atteinte qu’en passant, comme les autres de l’impressionnisme, par certaines étapes.
Renoir (Pierre Auguste) est né à Limoges, le 25 février 1841. Il avait trois ou quatre ans lorsqu’il fut emmené à Paris par son père, petit tailleur, qui, pensant y faire fortune, venait y résider. Le tailleur ne trouva pas à Paris la fortune entrevue, il y vécut péniblement et, comme il était chargé de cinq enfants, chacun d’eux dut se mettre à travailler. Auguste adopta le métier de peintre sur porcelaine, à l’instigation de son père qui, à Limoges, l’avait vu pratiquer. De treize à dix-huit ans, il fut donc ouvrier peintre sur porcelaine. Toute son ambition se bornait alors à prétendre entrer à la manufacture de Sèvres, pour y exercer son métier de peintre sur porcelaine.
Il fut subitement détourné de cette perspective. La décoration de la porcelaine industrielle avait été demandée de tout temps au travail, manuel d’ouvriers, lorsqu’une invention la fit exécuter par une machine. Du coup les ouvriers peintres sur porcelaine durent se chercher un autre métier. Renoir, après un certain temps de chômage, découvrit un nouveau filon à exploiter, celui de la peinture de stores. Il avait acquis à cette époque une grande dextérité de main et, avec ses facultés natives maintenant développées, il put s’appliquer avec une telle supériorité à son nouveau travail, qu’après trois ou quatre ans, il se trouva des économies suffisantes pour pouvoir l’abandonner et satisfaire les ambitions de l’artiste alors apparues, en entrant dans l’atelier d’un peintre en renom, de Gleyre. Ce fut là, en 1861-1862, qu’il rencontra d’abord Sisley et Bazille, puis Claude Monet et qu’il se lia d’amitié avec eux.
Il envoie, pour la première fois, au Salon de 1863, un tableau qui est refusé. Conçu dans la donnée romantique, il représentait une femme nue, couchée sur un lit et près d’elle un nain, pinçant de la guitare. Il répète en 1864 l’envoi au Salon d’un tableau romantique qui, cette fois, est reçu. On y voyait Esmeralda, l’héroïne de Victor Hugo, dansant la nuit sur la place de Grève, avec les tours de Notre-Dame dans le fond. Renoir détruisit ces deux premières œuvres, lorsqu’il se mit à peindre en se rapprochant de la nature. Cette heureuse transformation se produit dès 1865, où il envoie au Salon deux toiles reçues, peintes d’après nature : Le portrait de Mne W.-S. et une Soirée d'été.
Il n’apparaît pas aux Salons de 1866 et de 1867. Il y avait probablement envoyé des tableaux, qui auront été refusés. Il envoie au Salon de 1868, Lise, qui est reçue, une jeune fille en pied de grandeur naturelle, vêtue d’une robe blanche, une ombrelle à la main. Cette œuvre marquait un pas en avant, elle avait été peinte en plein air, dans la forêt de Fontainebleau. La jeune fille, le terrain autour d’elle, et un tronc d’arbre par derrière reçoivent les plaques de lumière et les reflets, que le soleil fait descendre à travers le feuillage. Les caractères de la peinture de plein air sont là maintenant bien établis, mais en même temps s’y révèlent encore des traits dus à Courbet, au maître qui influençait alors les jeunes artistes portés vers l’observation directe de la nature. Renoir faisait recevoir, au Salon de 1869, En été, où la même Lise de l’année précédente, lui avait servi de modèle1. Elle était montrée à mi-corps, les bras nus, les mains croisées sur les genoux, sa chevelure dénouée sur les épaules. Le tableau avait encore été peint en plein air et, derrière la jeune fille, le feuillage d’un vert très vif était pénétré par les rayons du soleil. C’était un nouveau pas fait dans la voie de la peinture colorée et lumineuse, en plein air. En 1870, Renoir met au Salon deux tableaux, Baigneuse et une Femme d’Alger. La baigneuse était un morceau très ferme, une femme nue, de grandeur naturelle, en pied, vue de face. La Femme d’Alger aussi de grandeur naturelle, étendue sur un canapé, n’offrait d’algérien que le nom. Un modèle parisien, vêtu d’un costume oriental de fantaisie, l’avait donnée.
L’année 1871 ne voit pas de Salon, par suite de la guerre étrangère et de la guerre civile, qui sont venues interrompre la vie normale. Les Salons reprennent en 1872. Renoir envoie à celui de cette année un tableau de grande dimension qui est refusé. Il montrait, sous le titre de Parisiennes habillées en Algériennes, un groupe de femmes dans un intérieur, vêtues de costumes orientaux de fantaisie. Toutes les parties étaient pleines de tons et de reflets, les ombres elles-mêmes étaient colorées. En 1873, Renoir envoie au Salon deux tableaux, l’Allée cavalière au bois de Boulogne et un portrait. Ils sont aussi refusés. On est étonné aujourd’hui que l’Allée cavalière ait jamais pu être condamnée par un jury de peinture Une amazone, à peu près de grandeur naturelle, sur un cheval et à côté d’elle un jeune garçon, sur un poney, viennent vers le spectateur, le cheval de l’amazone au frot, le poney au galop. On est là en présence d’une œuvre de belle allure, où l’auteur atteint la grande force d’exécution2. Il est présumable que c’est le coloris, alors déconcertant par sa nouveauté, où apparaissent les reflets et les variations de tous propres à Renoir et à l’impressionnisme, qui aura fait repousser l’œuvre.
La difficulté grandissante de se faire recevoir aux Salons, avec les particularités de sa manière maintenant développées, amène Renoir à se joindre à ses amis Monet et Sisley, pour montrer ses œuvres hors des Salons dans des expositions particulières. Il prend part avec eux à la première exposition chez Nadar, en 1874, sur le boulevard des Capucines. Il y met cinq tableaux à l’huile et un pastel. Parmi se trouvaient deux œuvres que l’on peut dire de ses meilleures : la Danseuse et la Loge. La Danseuse est une toute jeune fille debout, de grandeur naturelle, avec un jupon de tulle bouffant. La Loge représente une femme assise au théâtre et près d’elle un jeune homme en habit et cravate blanche. Tout le monde admire ces œuvres aujourd’hui, mais elles ne furent remarquées en 1874, que pour exciter les railleries.
Renoir, en 1876, mettait à la seconde exposition des Impressionnistes dix-huit œuvres variées. C’étaient les années où les Impressionnistes, pris d’une mutuelle émulation, atteignaient la plénitude de leur originalité. Renoir comme les autres a donc été en accentuant sa manière d’exposition en exposition et à celle de 1877, rue Le Peletier, ses envois le montraient sous un aspect tout à fait particulier. Les principaux étaient La Balançoire et le Bal à Montmartre, au Moulin de la galette, qui, comme faisant partie de la collection Caillebotte, sont entrés au Musée du Luxembourg.
Au Salon de 1868, il avait montré, pour la première fois, une figure sous le feuillage, traversé par des rayons lumineux. La Balançoire et le Bal à Montmartre, exposés rue Le Peletier, en 1877, répétaient cette disposition. On avait des personnages en plein air, sous le feuillage, éclairé par le soleil, avec des taches de lumière répandues sur eux et sur le sol. Mais dans l’intervalle de 1868 à 1877 Renoir, par sa persistance à travailler eu plein air, est arrivé à serrer de plus en plus près les jeux de la lu-mière et les colorations naturelles, et en effet son feuillage éclairé apparaissait maintenant coloré, d’une toute autre façon qu’en 1868. Son feuillage de 1868 avait été de ce vert clair, adopté comme note permanente par les paysagistes jusqu’alors, et ses taches lumineuses avaient été de cette sorte de jaune, uniformément employé pour représenter les parties éclairées directement par le soleil, en opposition avec les parties dans l’ombre. Mais maintenant les Impressionnistes Pissarro, Monet, Sisley, Renoir ont reconnu, en commun, que les colorations de la lumière et de l’ombre en plein air ne sont jamais semblables, quelles varient selon les heures, les saisons et les circonstances atmosphériques. D’après ces observations, cherchant à être aussi vrais que possible, ils étaient arrivés à rendre les éclats de la lumière et les ombres en toute occasion diversement colorés.
On avait vu Pissarro et Monet peindre des effets de neige et de givre au soleil, où les ombres portées avaient pris des tons bleus. Sisley avait peint des terrains ensoleillés, rose-lilas. Dans cette même voie, Renoir venait maintenant donner une teinte générale violette aux personnages et aux terrains de sa Balançoire et de son Bal à Montmartre, placés sous le feuillage éclairé par le soleil. Depuis on s’est tellement familiarisé avec les ombres colorées, les tons violets en particulier sont revenus si souvent, qu’ils passent sans exciter de remarque, mais en 1877, ils apparaissaient comme une innovation monstrueuse. On se maintenait alors dans la conception traditionnelle, qui faisait considérer l’ombre et la lumière comme des oppositions fixes, l’ombre apparaissait toujours sur les toiles semblable à elle-même, épaisse ou légère mais uniformément en noirceur. Renoir étendant un ton général violet, qui fut de l’ombre, faisait donc l’effet d’un ignorant, d’un contempteur des règles. Il contribuait ainsi, par son apport d’originalité, au : débordement de mépris, d’injures, de risées qui accueillait les Impressionnistes à leur exposition. Il en avait par là même sa part et, comme conséquence, il éprouvait les pires difficultés à vendre ses œuvres, de manière à pouvoir vivre.
Il avait à ses débuts connu le manque d’argent et subi l’extrême gêne, il n’en était jamais réellement sorti et il se voyait, après-ses expositions avec les Impressionnistes, dans un plus grand embarras que jamais. Il avait cherché à se procurer des ressources, par la vente de ses toiles aux enchères. Il se joignait donc à Claude Monet, à Sisley, à Berthe Morisot, en mars 1875, pour faire une première vente publique à l’Hôtel Drouot et en mai 1877 à Pissarro, Sisley, Caillebotte pour en faire une seconde. Les prix obtenus avaient été dérisoires. Les vingt toiles mises à la vente de 1875 ne produisaient que 2.150 francs, Il s’en trouvait dans le nombre d’importantes et des meilleures, telles que Avant le bain, une jeune femme, le buste nu, les bras levés, dénouant sa chevelure, dont le prix ne dépassait, pas 140 francs. Une Vue du Pont-Neuf montait par extraordinaire à 300 francs. A la vente de 1877 ; après l’exposition de la rue Le Peletier, Renoir n’obtenait pas meilleur succès, seize toiles ne produisaient toutes ensemble que 2.005 francs.
Renoir après l’insuccès de ces deux ventes publiques renonçait à en essayer de nouvelles. Dans l’état de mépris où la condamnation prononcée contre ses œuvres les avaient fait tomber, il ne pouvait d’ailleurs parvenir à les vendre convenablement. La question d’obtenir de son travail une rémunération, qui lui permît de vivre, était donc devenue angoissante. Il va la résoudre, en s’adonnant tout particulièrement à la peinture de portrait. Il la pratiquait déjà. — Il avait entre autres peint les portraits de ses camarades Monet et Sisley. — Il va maintenant la développer, en peignant des portraits, qui seront des œuvres importantes par les dimensions et les arrangements, et il obtiendra dans cette voie un appui suffisant, de la part de gens éclairés et de gens riches, pour se tirer de l’extrême gêne où il avait jusqu’alors vécu.
M. Choquet fut le premier a demander à Renoir des portraits. C’était un homme d’un goût sûr. Il avait d’abord, dans sa jeunesse, admiré Delacroix, puis à la première vue des Impressionnistes, il avait su reconnaître en eux de grands artistes. Il se liait particulièrement d’amitié avec Renoir et Cézanne. Il faisait exécuter à Renoir deux portraits de lui, des têtes, trois portraits de sa femme, dans des poses diverses et un petit portrait, d’après une photographie, d’une fille qu’il avait perdue. La plupart étaient montrés à l’exposition de 1876. Mais M. Choquet, ne jouissant alors que d’une modeste aisance, n’avait pu demander que des œuvres de dimensions restreintes. Renoir allait maintenant trouver des gens riches, qui lui- feraient exécuter des portraits, qui seraient de grands tableaux.
Parmi les hommes d’un goût éclairé qui, en contradiction avec le public, avaient su d’abord comprendre l’art neuf des Impressionnistes se trouvait l’éditeur Charpentier. Il faisait peindre à Renoir un premier portrait de sa femme, une tête, envoyé à l’exposition de la rue Le Peletier en 1877.3 Ce portrait avait été jugé excellent, dans le petit cercle où l’on savait apprécier les Impressionnistes. M. et Mme Charpentier, encouragés par ce succès, demandent par surcroît à Renoir une œuvre des plus im-portantes. Mme Charpentier sera peinte de grandeur naturelle, dans un arrangement avec ses enfants. Le tableau, tel qu’il existe- 4 la montre en effet vêtue d’une robe noire, assise sur un sofa ; à côté d’elle, sur le parquet, sont ses deux fillettes, jouant avec un gros chien. Tout l’ensemble est coloré, les lambris du fond, le tapis du parquet, les vêtements multicolores de la mère et des enfants, le poil noir et blanc du gros chien, forment un assemblage de tons tranchés, tous en valeur et en même temps tenus dans une grande harmonie et une parfaite justesse.
Lorsque cette maîtresse œuvre eut été peinte, la question se posa de la montrer au Salon, où elle serait vue par l’élite et par la foule. Mais se présenter au Salon et prétendre s’y faire recevoir, après les refus naguère subis et la réputation d’artiste dévoyé acquise aux expositions des Impressionnistes, eut indiqué de la part de Renoir, laissé à lui-même, une grande présomption. Heureusement qu’il allait trouver de l’appui. Mme Charpentier, qui avait un salon où fréquentait le Tout Paris littéraire et artistique et jouissait en conséquence d’une grande influence, allait se mettre en campagne. En même temps que le portrait de Mme Charpentier, Renoir présentait à l’examen du jury le portrait en pied, aussi de grandeur naturelle, de Mlle Jeanne Samary, une sociétaire de la Comédie-Française, favorite du public. Refuser les portraits de femmes aussi en vue que Mme Charpentier et Mlle Samary devint impossible, après les démarches répétées, faites auprès des membres du jury par Mme Charpentier et les personnes quelle fit agir. Les deux portraits furent donc reçus et même, au Salon, exposés fort en vue, sur la cimaise. Renoir, le refusé des Salons de 1872 et de 1873, le peintre honni et conspué aux expositions des impressionnistes, rentrait ainsi avantageusement au Salon de 1879.
En cette même année, il fut appelé à faire un premier portrait par des gens du monde riches, M. et Mme Bérard, avec lesquels il allait se lier d’amitié. M. et Mme Bérard ne prétendaient point être des connaisseurs en peinture — par bonheur pour Renoir car, au cas contraire, ils n’eussent probablement vu en lui qu’un artiste dévoyé, comme le faisaient en masse les gens du monde — ils demeuraient sans opinion sur les mérites ou les démérites de l’impressionnisme, dans un état d’esprit tranquille. M. Deudon, un de leurs amis, avait acheté la Danseuse de Renoir. Il la leur avait montrée comme une œuvre pleine de charme, et les avait sollicités de faire exécuter, par son auteur, le portrait d’une de leurs filles. Les Bérard avaient en effet trouvé de l’agrément à la danseuse et, après des hésitations fort naturelles, puisqu’il s’agissait d’un artiste alors absolument décrié, ils se décidaient à demander à Renoir le portrait de leur fille aînée, Marthe. Renoir s’arrêta à une pose simple, d’un coloris sobre, de manière à ne pas effaroucher. Il peignit la jeune fille debout, sur fond neutre, les mains croisées devant elle, vêtue d’une courte robe noire, avec une ceinture bleue, collerette et manchettes de dentelle. Cette œuvre était très réussie et les Bérard furent enchantés de la grâce, qu’ils trouvaient à leur fille sur la toile. Ils avaient su en même temps apprécier la bonne humeur et l’esprit avisé du peintre. Ils en font donc un ami. Il vont l’avoir chez eux en ville et à la campagne et ils lui feront peindre tout un ensemble de portraits.
Renoir, qui avait commencé par une œuvre très sobre, après deux ou trois autres semblables, se sentant en pied dans la maison, devait se permettre des arrangements de toute sorte et atteindre l’extrême hardiesse du coloris. Il faisait ainsi successivement dix portraits. Quand on sait ce que valent les portraits de certains peintres en renom, l’idée d’en trouver dix de l’un d’eux dans un même lieu serait suffisante pour le faire éviter. Mais les portraits de. Renoir rendaient l’intérieur des Bérard délicieux. On pouvait reconnaître là comment un véritable artiste, un peintre inventeur, est apte à obtenir sur un thème donné, de réelles œuvres d’art variées à l’infini.
Il a peint une tête de Mme Bérard, où passe sur les traits une sorte de sourire de bonté, de charme et de distinction, p...

Table des matières

  1. Sommaire
  2. Chapitre I
  3. Chapitre II
  4. Chapitre III
  5. Chapitre IV
  6. PISSARRO
  7. CLAUDE MONET
  8. SISLEY
  9. RENOIR
  10. BERTHE MORISOT
  11. CÉZANNE
  12. GUILLAUMIN
  13. EN 1918
  14. BIBLIOGRAPHIE
  15. REMERCIEMENTS
  16. Note au lecteur
  17. Page de copyright