Là-bas est ici
eBook - ePub

Là-bas est ici

Contribution critique à la V.S.T. de Douglas Harding

  1. 280 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

Là-bas est ici

Contribution critique à la V.S.T. de Douglas Harding

À propos de ce livre

Ce livre rassemble plusieurs textes de genres différents, qui ont tous pour objet la "Vision Sans Tête" (VST), méthode de développement spirituel créée par Douglas Harding (1909-2007) à la fin du vingtième siècle. Des textes didactiques ainsi que des explicitations claires de poèmes et contes originaux créés par l'auteur (publiés dans ses ouvrages précédents) revisitent créativement les conceptions du grand maître britannique en y intégrant notamment la dimension du langage. Ils soulignent la fonction différenciatrice de celui-ci, qui s'exerce "là-bas" dans les miroirs en entretenant et maintenant à distance l'image de nous dans notre passé, inscrite (par des mots) dans notre mémoire. La distance avec notre image dans les miroirs n'est alors plus seulement d'ordre visuel/spatial, mais elle est aussi d'ordre verbal/temporel. Le silence intérieur qui s'ensuit s'associe à l'invisibilité de notre personne pour nous faire vivre une vie à la fois de créativité et d'unité paisible avec soi et avec les autres.

Foire aux questions

Oui, vous pouvez résilier à tout moment à partir de l'onglet Abonnement dans les paramètres de votre compte sur le site Web de Perlego. Votre abonnement restera actif jusqu'à la fin de votre période de facturation actuelle. Découvrez comment résilier votre abonnement.
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptés aux mobiles peuvent être téléchargés via l'application. La plupart de nos PDF sont également disponibles en téléchargement et les autres seront téléchargeables très prochainement. Découvrez-en plus ici.
Perlego propose deux forfaits: Essentiel et Intégral
  • Essentiel est idéal pour les apprenants et professionnels qui aiment explorer un large éventail de sujets. Accédez à la Bibliothèque Essentielle avec plus de 800 000 titres fiables et best-sellers en business, développement personnel et sciences humaines. Comprend un temps de lecture illimité et une voix standard pour la fonction Écouter.
  • Intégral: Parfait pour les apprenants avancés et les chercheurs qui ont besoin d’un accès complet et sans restriction. Débloquez plus de 1,4 million de livres dans des centaines de sujets, y compris des titres académiques et spécialisés. Le forfait Intégral inclut également des fonctionnalités avancées comme la fonctionnalité Écouter Premium et Research Assistant.
Les deux forfaits sont disponibles avec des cycles de facturation mensuelle, de 4 mois ou annuelle.
Nous sommes un service d'abonnement à des ouvrages universitaires en ligne, où vous pouvez accéder à toute une bibliothèque pour un prix inférieur à celui d'un seul livre par mois. Avec plus d'un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu'il vous faut ! Découvrez-en plus ici.
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l'écouter. L'outil Écouter lit le texte à haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l'accélérer ou le ralentir. Découvrez-en plus ici.
Oui ! Vous pouvez utiliser l’application Perlego sur appareils iOS et Android pour lire à tout moment, n’importe où — même hors ligne. Parfait pour les trajets ou quand vous êtes en déplacement.
Veuillez noter que nous ne pouvons pas prendre en charge les appareils fonctionnant sous iOS 13 ou Android 7 ou versions antérieures. En savoir plus sur l’utilisation de l’application.
Oui, vous pouvez accéder à Là-bas est ici par Jean-Paul Inisan en format PDF et/ou ePUB ainsi qu'à d'autres livres populaires dans Filosofia et Storia e teoria della filosofia. Nous disposons de plus d'un million d'ouvrages à découvrir dans notre catalogue.

Informations

Année
2022
Imprimer l'ISBN
9791095638148
ISBN de l'eBook
9791095638155
II. Mêmes sujets,
autres points de vue.

HARDING ET LEVINAS :
DEUX CONCEPTIONS DE L’ALTÉRITÉ

« C’est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet. La meilleure manière de rencontrer autrui, c’est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observe la couleur des yeux, on n’est pas en relation sociale avec autrui. La relation avec le visage peut certes être dominée par la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c’est ce qui ne s’y réduit pas.12 »
De qui donc est cette citation ? En ancien adepte de la VST (Vision Sans Tête), je répondrais sans doute trop rapidement, c’est-à-dire sans prendre le temps nécessaire pour prendre connaissance du contenu exact de la citation : « De Douglas Harding, bien entendu ! ». Eh bien non ! Ce texte est d’Emmanuel Levinas (1906-1995), célèbre philosophe franco-lituanien qui enseigna à la Sorbonne pendant de nombreuses années.
J’ai toujours été surpris que ces deux personnages, ayant vécu à la même époque, ne se soient jamais rencontrés. Pourtant, l’enseignement du philosophe, qui se fonde (du moins dans ses premiers écrits) sur la reconnaissance du visage de l’autre comme étant ce qui explique le mieux ce qu’est la conscience, me semble rejoindre – en le complétant – le point de vue de Harding quand il proclame l’absence de visage « ici », « à zéro millimètre de soi ».
Le sujet-hôte et l’invisible de l’autre
Comme Harding, Levinas considère le face-à-face comme étant de nature dissymétrique. Pour lui comme pour Harding, il n’y a pas un sujet qui peut, à volonté, être ou ne pas être accueil pour l’autre. L’accueil de l’autre EST ce qui définit la subjectivité : « Le sujet est un hôte », écrit-il.
En tant que sujet, l’individu est quelqu’un qui est ouvert à un autre plus grand que lui. En présence d’un visage, le sujet est mis en question par l’Infini de celui qui se donne à voir : « Le visage de l’homme – c’est ce par quoi l’invisible en lui est visible et en commerce avec nous » (Difficile Liberté – 1963 et 1976).
Je suis responsable (de fait) d’autrui
Une notion qui revient souvent dans l’œuvre de Levinas, c’est celle de « responsabilité » face au visage de l’autre. Il s’agit d’une responsabilité « de fait », qui s’impose à moi, qui m’oblige (au sens d’obligation, d’obligation naturelle). Le visage de l’autre, dans sa nudité totale, manifeste une vulnérabilité extrême – qui constitue (mais ne reflète surtout pas) ma propre vulnérabilité. C’est pourquoi il est difficile de se taire en présence de quelqu’un. « Il faut parler de la pluie, du beau temps, peu importe, mais parler, répondre » (à cette présence vivante).
Et, précise le philosophe, répondre à l’autre homme, c’est déjà répondre de lui. Autrui ne se distingue pas de cette expérience fondamentale de ma responsabilité envers lui, qui veut dire que je suis responsable (mais pas coupable) de tout ce qu’il fait.
Quoi qu’il fasse et quoi qu’il ait fait, c’est comme si c’était moi qui l’avais fait. C’est aussi ce que voulait dire Harding quand il prononça, en réponse à une question concernant des crimes contre l’humanité, cette phrase terrible : « Tout ce qu’un autre a pu faire, Douglas est capable de le faire » (séminaire de Clermont-Ferrand – juillet 2000).
Je suis Première Personne uniquement en
tant que responsable de l’autre.
Chaque première personne est irremplaçable en tant que première personne. Personne ne peut être première personne à ma place ! Cependant, c’est dans le sentiment de responsabilité (à ne pas confondre avec le sentiment de culpabilité) envers autrui que non seulement mon « Je » est irremplaçable, mais aussi qu’il sort de sa solitude accablante. Donc, il n’y a pas de « solipsisme » du « Je » comme Douglas Harding le soulignait, notamment dans « Le Procès de l’homme qui disait qu’il était Dieu...13 » (p. 391-392).
Je suis unique première personne en tant que responsable (de l’autre). Voici ce que dit Levinas : « Je suis sujet dans la mesure où je suis responsable. Je puis me substituer à tous mais nul ne peut se substituer à moi ».
Le véritable autre est irréductible
à moi-même
Nietzsche et Bergson avaient déjà dit que l’instinct de connaissance procède de l’instinct d’appropriation. La connaissance opère par assimilation de l’inconnu au connu, en d’autres termes de ce qui est autre à ce qui est moi.
Je remarque, par exemple, que, lorsque je rencontre inopinément une personne que je n’avais pas vue depuis très longtemps, je recherche tout de suite des points communs entre elle et moi afin de pouvoir développer des sujets de conversation. C’est le bé-a-ba de la communication qui pourrait facilement se caricaturer par une répétition interminable de « moi aussi ! » (ou : « tel membre de ma famille aussi ! », « tel ami aussi ! », etc.). Exemples : « j’ai fait un voyage en Égypte », « Moi aussi » ; « Je me suis marié », « Moi aussi » ; « J’aime la musique baroque », « Moi aussi » ; « Mon fils a obtenu tel diplôme », « Le mien aussi », etc.
A l’opposé de cette recherche de similitudes, Levinas déclare que la véritable altérité est radicale, irréductible au « même ». L’autre est irrémédiablement autre que moi. Sinon ce serait toujours moi-même (de l’identique à moi-même) que j’aimerais dans l’autre. Non seulement je ne peux aimer réellement l’autre que dans sa différence, mais je ne peux reconnaître qu’il y a un autre que dans l’acceptation totale de sa différence.
Ce qui signifie quelque part que je n’ai aucun pouvoir sur l’autre, sur le fait de l’existence d’un autre (l’altérité), le fait irréductible de la différence ! Face à l’autre, je ne suis rien, rien que reconnaissance de l’autre. Sans lui, je n’existe pas. C’est aussi ce que dit (en d’autres termes) Harding : « Ici il n’y a rien » (sous-entendu : en face de l’autre, lequel est tout !)
Ceci découle du point de vue phénoménologique : « Il n’y a pas de conscience sans conscience de… ». C’est parce que je peux être conscient de quelque chose que je peux être conscient. Même la conscience de la conscience est « conscience de… » La conscience pure n’est en fait qu’un objet de conscience. Ceux qui prétendent le contraire (par exemple, les adeptes d’un certain type de méditation) évacuent cette nécessité incontournable (ontologique ?) de l’existence de l’autre, d’un objet de conscience !
Et cependant, quand cet autre est une personne, je suis responsable d’elle ! Je suis responsable de l’autre, même et plus particulièrement (électivement suivant Levinas) dans ce qu’il a de différent avec moi ! La question qui demeure ouverte (et qui doit le demeurer) est alors : Qu’ai-je donc de commun avec cet autre qui me permette de communiquer avec lui ?
Deux conceptions du visage de l’autre
Le visage dont parle Levinas, c’est le visage de l’autre et non pas son propre visage vu dans un miroir. Il me semble que ceci n’a pas été bien compris par certains « amis » d’Harding. De leur point de vue, Levinas dirait tout à fait l’inverse de celui-ci. En effet, Harding s’attarde longuement sur le visage de l’autre et invite à l’explorer du regard, un peu comme un objet. Ceci est évident, par exemple dans « l’expérience » dite du tunnel : « Regardez, par exemple, les couleurs de ces yeux, de ces lèvres, de ces joues. (…)
Observez maintenant la complexité de ce relief escarpé, là-bas, la complexité des sourcils, la complexité des sourcils, des yeux, des lèvres, etc.14 » Et surtout il semble valoriser le visage du sujet au détriment de celui de l’autre perçu de l’autre côté du tunnel : « À l’autre bout du sac, le visage que vous voyez a un certain âge – jeune, vieux, ou entre les deux. De votre côté du sac, c’est votre Visage Originel. (…) Assurément, de votre côté se trouve le Visage Éternel de Qui vous êtes vraiment, vraiment, le Visage Immortel de la Réalité qui est la Source de l’univers.
(…) Vous voyez que le visage à l’autre bout du sac est limité, enfermé dans un cercle
(…) … Et voyez comme le visage là-bas est solide et opaque.15 »
Levinas, au contraire, semble presque déifier le visage de l’autre : « La dimension du divin s’ouvre à partir du visage humain16 », « L’épiphanie du visage comme visage ouvre l’humanité17 », « Voir le visage [de l’autre], c’est parler du monde18 », etc. Ce qui exclut qu’on puisse le regarder comme un objet descriptible (voir la première citation de ce texte). Dieu n’est pas un objet.
Pas d’opposition mais une complémentarité
De mon point de vue, il n’y a cependant pas d’opposition entre ces deux conceptions de l’altérité, car, comme pour Levinas, l’ouverture à l’autre dont parle Harding est absolument indépendante des traits de son visage, elle est absolument inconditionnelle. L’autre peut être beau ou laid, jeune ou vieux, féminin ou masculin, blanc ou noir, etc., il sera accueilli pour ce qu’il est fondamentalement : un être irrémédiablement différent de moi et dont la différence est une condition de ma conscience (de moi).
Ceux qui opposent Levinas et Harding confèrent une signification excessive aux explorations détaillées du visage de l’autre que celui-ci suggère parfois de faire au cours des « expériences » qu’il a inventées. En réalité, les éléments (yeux, nez, menton, front, bouche, etc.) qui composent le visage de l’autre n’ont aucune valeur particulière (éthique, esthétique, sociale…) pour Harding, car l’autre est accueilli inconditionnellement pour ce qu’il est, tout à fait indépendamment des traits de son visage. La différence avec Levinas, c’est que celui-ci ne veut absolument rien retenir de l’apparence physique de l’autre. Mais, dans les deux conceptions, il y a une même inconditionnalité radicale de l’acceptation de l’autre en tant qu’autre, en tant que différent.
En réalité, les deux conceptions se complètent. La première (Harding) met plus l’accent sur la conscience de l’espace d’accueil immense ici, à zéro millimètre de soi, dont l’anonymat et la transparence permettent l’accueil inconditionnel de l’autre ; la deuxième (Levinas) met en avant l’objet de la conscience (le visage de l’autre) qui renvoie irrésistiblement à l’absence de personne ici : sans l’autre je ne suis rien.
Les deux démarches sont inversées, chacune des deux commence là où se termine l’autre. Mais si, au lieu de les opposer, on les associe, on découvre alors un lien interactionnel entre deux pôles indissociables : la conscience d’une part, l’objet19 de la conscience d’autre part. On aboutit presque à une boucle de feedback inattendue (A est cause et effet de B, B est cause et effet de A) : L’objet de la conscience est une condition de la conscience, la conscience est une condition de l’objet de conscience.
Conclusion
Ce texte est bien moins qu’un résumé ou qu’une introduction. Je pense cependant que, malgré certaines divergences incontestables, les deux approches semblent se compléter.
Celle de Harding présente l’avantage d’une pratique facile et claire. Les exercices (« expériences ») qu’il a mis au point valent tous les discours ! Je l’ai souvent vérifié par moi-même.
Et pourtant, je me plais parf...

Table des matières

  1. Sommaire
  2. DU MÊME AUTEUR
  3. Epigraphe
  4. NOTE AU LECTEUR
  5. I La VST revisitée
  6. II. Mêmes sujets, autres points de vue.
  7. III Commentaires explicatifs de quelques poèmes extraits du livre L’Autre Ici
  8. IV Commentaires explicatifs de contes extraits du livre Voyages au-delà du miroir
  9. V. Extrait d’un entretien avec l’auteur (2014)
  10. Page de copyright