Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l'enfer
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Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l'enfer

  1. French
  2. ePUB (adapté aux mobiles)
  3. Disponible sur iOS et Android
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Ils cherchent le paradis, ils ont trouvé l'enfer

À propos de ce livre

Sophie et Philippe sont sous le choc: leur fille Adèle, 15 ans, a disparu.
Nathalie et Bernard ont perdu Célia, 16 ans.
Marie se bat pour qu'Iris ne parte pas.
Samy fait tout pour sauver son frère.
Nicole ne veut pas que son fils soit mort pour rien.
Meriam veut récupérer son bébé kidnappé par son ex-mari.
Un seul point commun à ces vies volées: avoir cru aux vidéos d'Abu Oumma.
Ce livre raconte la descente aux enfers de « parents orphelins » qui s'unissent pour ramener de Syrie leurs enfants endoctrinés par des groupes « jihadistes ».
Comment leurs filles, leurs fils, persuadés de partir « faire de l'humanitaire » en Syrie, ont-ils pu être manipulés à ce point? Comment les aider à aimer la vie et à lutter contre les injustices sans rejeter le monde réel?

Dounia Bouzar a publié en janvier 2014 Désamorcer l'islam radical, ces dérives sectaires qui défigurent l'islam (Éditions de l'Atelier). Depuis, plus de 120 familles l'ont appelée parce que leur enfant souhaitait rejoindre la Syrie ou y était déjà parti.

Foire aux questions

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Informations

Année
2014
Imprimer l'ISBN
9782708242869
ISBN de l'eBook
9782708244481

1

Voilà un quart d'heure que Sophie tourne en rond dans le salon. Il est 18 h 00 et Adèle n'est toujours pas là. Ce n'est pas normal. Adèle est une fille sérieuse, toujours à l'heure. Elle termine à 17 h 00. Habituellement, au bout de cinq minutes, elle appelle Sophie, sa mère. Sa voix chante, passionnée : « Oh, c'était super les SVT, on a attaqué le fonctionnement du cœur... C'est sûr je veux sauver des vies, je suis faite pour ça... » Ou bien elle lui envoie un texto : « Comment tu vas, mamaman ? » Sophie adore quand elle l'appelle « mamaman ». Elle lui répond : « Et toi, ma princesse adorée ? »
Mais aujourd'hui, silence de mort. Sophie attrape son téléphone, elle tombe sur le répondeur d'Adèle, une fois, deux fois, trois fois, essaie de se raisonner : sa batterie s'est peut-être vidée... La sœur d'Adèle, Clémence, s'approche de sa mère et lui pose la main sur l'épaule :
– Arrête de faire ta mère poule... Elle vient d'avoir 15 ans, on voit bien que c'est ta dernière. Elle t'aurait appelée si elle avait un problème, inutile de t'inquiéter pour rien...
 
Clémence, c'est la lumière, la force de Sophie... Elle est toujours là pour elle. Sophie lui doit la vie, autant que Clémence lui doit la sienne. Le jour où on a annoncé à Sophie : « Votre mari est dans un état grave, un accident de voiture, vous devez venir, tout de suite, madame... », Clémence s'est arrêtée de jouer, a regardé sa maman avec ses grands yeux marron et a agrippé sa main. Elle jouait au jeu du bureau de poste, passant des heures à trier les cartes postales miniatures à droite, les timbres à gauche, les récépissés au milieu. À 3 ans, ses gestes étaient minutieux. Sophie l'a serrée contre elle. Pour sentir son odeur. Elle cherchait de la force pour conduire. Sophie savait qu'elle allait vers la mort. Elle n'avait même pas peur, elle était résignée. Mais elle était faible, très faible, et vide à l'intérieur. Je lui avais pourtant dit de ne pas prendre la voiture..., était sa seule pensée. C'était bête, mais ça tournait en boucle. Sophie a amené Clémence chez ses parents et a pris la direction de l'hôpital.
Au retour, elle voulait en finir. C'était son seul moyen de tenir : se répéter que si elle le voulait, elle pouvait mourir. Ça la soulageait. Elle visait le balcon. Mais Clémence ne la lâchait pas ; chaque minute, elle lui demandait quelque chose : du jus d'orange, le parc, un gâteau, de la crème noisette... Elle, qui était si indépendante depuis sa naissance, se ligotait à sa mère. Les dix premiers jours qui ont suivi l'enterrement, Sophie les a passés à se dire : Je termine la journée et je meurs demain. Et puis voilà, jus d'orange après jus d'orange, gâteau après gâteau, elle est restée vivante. Tellement vivante que, dix ans plus tard, elle a pu aimer Philippe.
Sophie l'a rencontré lors d'une recherche pour un de ses livres. Au départ, ils ont ressenti une grande complicité intellectuelle en passant des heures à échanger sur le lien entre psychanalyse et histoire. Petit à petit, leurs cœurs se sont liés. Il a comblé un vide qu'elle n'avait même plus conscience de porter. De cet amour est née Adèle, le deuxième miracle de sa vie, sa princesse.
 
Aujourd'hui, Sophie n'est ni faible ni vide. Au contraire, elle a envie de frapper tout le monde, se force à faire des gestes lents, pour ralentir le sang qui tape contre ses tempes. Il est 18 h 30. Une seule phrase tourne dans sa tête : Il lui est arrivé quelque chose. Elle imagine Adèle dans un fossé, renversée par une voiture. La vie va-t-elle lui enlever Adèle alors qu'elle lui a déjà pris Antoine ? Impossible de rester en place. Sophie sort de la maison, marche jusqu'à l'arrêt de bus, et revient. Elle se raisonne. Pourquoi cette angoisse ? C'est incroyable comme on devient exigeant avec des enfants parfaits. Au moindre faux pas, on sait qu'il y a un problème. Pendant quelques minutes, elle envie Martine : sa fille est toujours en vadrouille, elle n'écoute rien ni personne. Martine s'est habituée.
Sophie respire tout doucement, cherche l'air dans ses poumons. Cette fois-ci, elle en est sûre : il est arrivé quelque chose à Adèle. Elle entend Clémence qui appelle son père :
– C'est urgent, tu dois venir. Adèle n'est pas rentrée. Si, maman est là, enfin non, maman n'est plus là, enfin rentre, papa, c'est grave.
Clémence a prononcé « c'est grave ». Sophie arrive à remuer ses lèvres dans le bon sens et demande ce qu'il a dit.
– D'appeler le lycée.
Clémence leur parle déjà, Sophie l'entend insister :
– Vous êtes sûrs, vous êtes bien sûrs ? Comment ça « souvent absente » ?
À peine Clémence a-t-elle raccroché le fixe qu'elle saisit le téléphone de Sophie.
– Tu as les numéros de Danaé et Salomé ?
Avant que Sophie, abasourdie, ne réponde, Clémence échange déjà avec les copines d'Adèle. Elle se met à crier :
– Comment ça, vous vous êtes disputées ? Vous ne vous parlez plus ? Mais depuis quand ? Mais pourquoi ?
Sophie monte dans la chambre d'Adèle : elle se couche en position fœtus sur son lit, autour de son coussin en fleur rose, toujours concentrée sur sa respiration. Elle a l'impression de flotter au-dessus de son corps et de se voir vivre. Mais tant qu'elle respire, Adèle respire. Sophie sait qu'elles respirent ensemble. Ses yeux vont du fauteuil à la commode, puis de la commode aux étagères. Ils fonctionnent de manière automatique. Puis son regard s'arrête sur une feuille qui sort de son livre préféré : une histoire de jeune atteint d'un cancer et qui décède. Instinctivement, elle tend le bras et l'attrape. C'est l'écriture d'Adèle.
« Mamaman à moi,
Je veux que tu saches que je t'aime
comme personne n'aime sa maman.
C'est parce que je t'aime que je suis partie.
Quand tu liras ces lignes, je serai loin.
Je serai sur la Terre Promise, le Sham{1}, en sécurité.
Parce que c'est là-bas que je dois mourir pour aller au Paradis.
Et même si tu n'es pas musulmane, je me suis bien renseignée, je vais pouvoir te sauver.
Dieu ne me fera pas souffrir, je ne sentirai rien, et je te retrouverai au Paradis.
Ils me l'ont promis.
Il faudrait juste que tu croies en Dieu.
Si tu te convertis, ce sera plus facile.
Mais sinon, je pourrai quand même t'amener au Paradis.
Je sais que tu ne vas pas comprendre, parce que tu n'es pas élue.
Mais moi, j'ai eu accès à la Vérité.
J'ai été choisie et j'ai été guidée.
Alors je sais ce que tu ignores : nous allons tous mourir, punis par la colère de Dieu.
C'est maintenant la fin du monde, mamaman.
On a trop laissé de misère, on a trop laissé d'injustices...
La Palestine, la Birmanie, la Centrafrique...
Et tous les humains vont finir en enfer.
Sauf ceux qui ont combattu avec le dernier imam au Sham,
Donc sauf nous.
Ça va te faire de la peine au début, je sais, c'est dur pour moi aussi,
C'est très très dur.
Mais quand on se retrouvera toutes les deux au Paradis,
Tu me diras merci.
Tu seras fière que je nous aie sauvées toutes les deux.
Bien sûr, je prendrai aussi Clémence, et papa, malgré qu'il ne t'aide pas beaucoup au ménage.
Je prendrai aussi pépé et mémé, et aussi les cousins.
J'espère qu'ils seront sages, au Paradis, qu'ils ne me feront pas honte.
Voilà, maman, j'ignore quand mon heure viendra.
En attendant, je vais soigner les enfants blessés par Bachar el-Assad, puisque toute la terre s'en fout.
Et puis je ferai ce que l'Émir me dira de faire, car le dernier imam envoyé par Dieu est un de ces émirs.
Tu comprendras plus tard, tu me diras merci.
Mais tu sais que personne ne t'aime comme moi.
La preuve, je suis là pour toi.
Ton Adèle qui est si pressée de te retrouver,
Mamaman que j'aime tant. »

2

– Nom, prénom, adresse, profession ?
– Philippe de la Vallière, psychanalyste, 5 boulevard Saint-Germain à Paris.
Il a du mal à prononcer « psychanalyste », comme s'il était coupable. Le policier le fixe. En une journée, les traits de Philippe se sont creusés.
Le policier jette un regard vers Sophie, probablement pour qu'elle décline à son tour son identité. C'est Philippe qui reprend la parole, agacé qu'on ne reconnaisse pas le nom d'écrivain de sa femme : « Sophie de la Vallière ». Son ton est méprisant. Elle devine ce qu'il pense : Encore un uniforme vide, un enquiquineur qui a renoncé à penser il y a longtemps. Depuis qu'il a monté son cabinet, Philippe a changé. Il s'ennuie vite avec ceux qui ne sont pas psy comme lui.
– Depuis quand votre fille s'est-elle convertie à l'islam ?
– Ma fille n'est pas musulmane : nous sommes athées. Nous portons plainte puisqu'on la pousse au suicide.
Il y a un petit silence. Sophie se dit que le flic va devenir plus subtil, mais non :
– Je comprends, monsieur, mais moi je lis sur la lettre qu'elle vous a écrite qu'elle est devenue musulmane. C'est pas moi qui le dis, c'est elle. Il n'est pas question de suicide, mais de fin du monde. Vous comprenez ?
Avant que Sophie n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche, Philippe s'est levé d'un seul coup, a attrapé son long manteau et a quitté le petit bureau défraîchi en claquant la porte. Il mesure 1 m 85 et ça fait du vent. Une fois dehors, il va attraper son portable ...

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