Que faire de sa retraite ?
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Que faire de sa retraite ?

Une vie à inventer

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Que faire de sa retraite ?

Une vie à inventer

À propos de ce livre

Que faire de son temps disponible au moment où s'annonce la retraite? Continuer une activité dans le même secteur que celui de sa compétence professionnelle? En profiter pour réaliser un projet qu'on n'a pu mettre en œuvre quand on était au travail? Accompagner des plus jeunes ou des personnes qui vivent dans la précarité? Ou se lancer dans tout autre chose encore... Une diversité d'activités possibles s'offre dans le monde associatif et du bénévolat quand on s'apprête à quitter le travail. Mais comment choisir?

Mieux qu'un livre de recettes, ce livre présente le récit de douze retraités. Confrontés au choix d'une activité bénévole, ils ont opté pour des voies diverses: l'une s'est engagée dans une association de promotion de la lecture, l'autre fait bénéficier une association de ses compétences professionnelles, beaucoup combinent leur activité avec une présence auprès de leurs petits-enfants. Tous confient leurs recherches, leurs tâtonnements, leurs réussites.

Par la variété des témoignages recueillis et les repères donnés par l'auteure, ce livre propose des balises aux personnes préparant leur retraite ou nouvellement retraitées. Il aide à formuler son choix et à le motiver. La retraite n'est pas la fin de la vie active, elle peut devenir celle du temps donné. Pour soi et pour les autres.

Bénédicte Goussault, ancienne maître de conférences en sciences de l'éducation à l'université Paris-Est Créteil, est membre du laboratoire Circeft (Centre interdisciplinaire de recherche « Culture, éducation, formation, travail »). Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages dont Paroles de sans-papiers (Éditions de l'Atelier, 1999), Être parent aujourd'hui. Une aventure au quotidien (Éditions de l'Atelier 2005), et a participé au Nouveau dictionnaire critique de l'action sociale (Bayard, 2006).

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Informations

Année
2015
Imprimer l'ISBN
9782708243101

Chapitre 1
Vivre ses passions

Au terme de leur vie professionnelle, certains retraités désirent changer radicalement d'activité. Ils ont envie de découvrir d'autres domaines, ou de faire ce dont ils ont toujours rêvé et qu'ils n'ont pas pu réaliser. C'est le cas de Françoise, qui a exercé le métier d'orthophoniste mais qui a toujours aimé la lecture. Pour que sa passion devienne le moteur de ses activités de retraitée, elle a choisi de s'investir auprès de l'association Lire et faire lire, qui transmet le goût des livres et de la lecture dans les écoles. Catherine, elle aussi, a tiré parti de sa passion pour le domaine artistique. Elle qui était pharmacienne exerce aujourd'hui une activité bénévole dans le marché de l'art. Son association, Les 111 des arts, vend les œuvres de jeunes artistes au profit du service d'oncologie pédiatrique de l'hôpital Trousseau. Toutes les deux évoquent une nouvelle vie.

Françoise : lire et faire lire

« J'ai 64 ans et je suis à la retraite depuis presque sept ans. J'ai pris ma retraite anticipée parce que mon mari, plus âgé que moi, ne voulait pas attendre que je prenne ma retraite à 65 ans puisque j'étais en libéral. Il m'a dit : “Si on veut voyager, faire des choses, tu ne pourras pas. Prends ta retraite !” J'ai tout arrêté en juin 2003. J'aimais ce que je faisais, mais ça ne m'a pas coûté. Je me suis arrêtée au moment des vacances scolaires, et je n'y ai plus pensé, ce qui m'a beaucoup étonnée. J'étais orthophoniste. Pendant plusieurs années, j'ai été salariée d'un centre pour enfants sourds, puis je me suis installée en libéral en 1989-1990. J'ai fait beaucoup d'années en libéral. Les relations se sont très vite installées, très riches ; j'avais la confiance des médecins. Mais voilà, j'ai laissé mon cabinet à quelqu'un que je connaissais bien et en qui j'avais confiance. Je me suis dit : “L'occasion se présente, elle ne se représentera sûrement pas.” Le relais s'est bien passé et j'ai tourné la page.
J'ai préparé ma retraite. J'ai toujours eu un goût effréné pour la lecture et j'ai toujours beaucoup lu. Malgré toutes mes activités associatives, mon boulot et mes quatre enfants, je lisais quand même tous les jours autant que je pouvais ; c'était pris sur mon sommeil. J'ai toujours aimé ça, alors je me suis dit : “La lecture en rééducation, c'est bien, mais maintenant je voudrais passer à la lecture plaisir.” J'ai lu 1 + 1 + 1 = une révolution, le bouquin d'Alexandre Jardin{9}, qui m'a vraiment marquée, et je me suis dit que c'était ce que je ferais quand je serais à la retraite. Je ne pouvais pas le faire en étant orthophoniste, parce que cela aurait été un mélange des genres qui n'aurait pas été compris par mes parents. J'ai donc vraiment attendu d'être à la retraite.
Dès le premier jour de ma retraite, j'ai téléphoné à une association que je connaissais, la Ligue de l'enseignement, pour prendre mes marques pour la rentrée suivante : il s'agissait d'une activité de lecture à voix haute auprès de petits groupes d'enfants dans les écoles. La Ligue, ce sont des salariés qui coordonnent les demandes des écoles et les lecteurs bénévoles. On m'a répondu : “Il y a des possibilités dans une école de votre ville. Vous pouvez y aller si vous voulez, il n'y a pas de problème.” Je suis donc allée lire dans une école maternelle. J'étais en rapport avec une enseignante, très heureuse que je prenne des enfants pendant une vingtaine de minutes pour leur faire des lectures de mon choix. Je lisais ainsi à tous les enfants de la classe, par groupe de six. Le principe était : tous les enfants de la classe ont la même lecture et on respecte les textes. En maternelle, je faisais deux matinées complètes. Je choisissais parmi les ouvrages que je possédais parce que j'avais des enfants, et que, dans mon cabinet, j'avais aussi renouvelé mon stock (j'aimais bien avoir quelques minutes de lecture libre avec les enfants à la fin de mes séances d'orthophonie). J'avais donc pas mal de bouquins et j'en achetais aussi : la base de ma collection, c'était les livres des éditions L'École des loisirs. La Ligue de l'enseignement ne nous donnait ni conseils ni livres ; elle ne s'occupait que de la gestion, de l'organisation, et il n'y avait aucune formation.
Très vite, je me suis rendu compte qu'on n'était pas du tout encadrés, ni suivis. On ne pouvait pas parler de ce qu'on faisait, de nos pratiques. C'était étonnant pour une association, et ça a déclenché autre chose : je me suis un peu remuée en contactant la Ligue de l'enseignement pour leur dire que ça ne fonctionnait pas bien. J'ai rencontré quelqu'un sur place qui m'a demandé : “Ça ne vous intéresserait pas de participer à l'action de la Ligue de l'enseignement ?” J'avais parlé de mon passé FCPE et de mon engagement auprès des enfants d'un lycée pendant dix ans... J'ai été responsable de la FCPE dans un lycée, comme parent de base, puis je me suis retrouvée présidente parce que j'avais beaucoup d'expérience – j'ai quatre enfants. J'organisais en particulier le “Carrefour des métiers”. Je n'ai pas attendu la retraite pour être militante.
On m'a alors proposé d'être administratrice à la Ligue, et j'ai pensé que ça me permettrait d'acquérir une certaine légitimité pour fonder ma propre association. En 2007, je suis en effet devenue présidente d'une association loi 1901 qui s'est créée en lien avec la Ligue de l'enseignement. J'ai monté cette association avec des gens qui ont bien voulu se manifester : la Ligue avait envoyé un courrier à tous les bénévoles de leur fichier... Après avoir discuté ensemble des statuts, certaines personnes se sont dites prêtes à travailler pour faire avancer les choses. Dès la création de l'association, nous avons décidé d'organiser des formations pour les bénévoles avec la bibliothèque pour enfants de la ville. Aujourd'hui, nous en sommes à six ou sept formations. C'était un gros souci, parce qu'il fallait payer les formateurs, et la Ligue n'avait pas l'argent pour ça... J'ai donc pris en charge la formation des bénévoles.
Il s'est créé ainsi une sorte de réseau : comme j'ai été conseillère municipale d'une municipalité de gauche et que j'ai fait partie du conseil d'administration de la bibliothèque pour enfants, je suivais un peu leurs activités, je rencontrais des enseignantes, des institutrices qui me demandaient d'intervenir dans leurs classes. Au niveau des bénévoles, je connaissais des gens qui arrivaient à la retraite, et ça a fait boule de neige : aujourd'hui, nous avons une quinzaine de bénévoles dans ma ville. La bibliothèque pour enfants nous ouvre ses portes pour le prêt de livres et pour les conseils. Les bibliothécaires sont d'excellentes conseillères. Elles sont d'accord pour accueillir des bénévoles qui voudraient lire en crèche, pour leur montrer comment lire à des tout-petits (nous commençons à avoir des demandes de lecture en crèche et au relais d'assistantes maternelles).
Au début, j'étais un membre de base, ordinaire. Nous étions tous sur le même plan mais j'étais la seule à représenter la Ligue. C'est dans les statuts, ce n'est pas moi qui l'ai décidé : la Ligue voulait que la présidente et la vice-présidente soient issues de l'un de ses réseaux. Je gère donc tous les Hauts-de-Seine. Il y avait 140 bénévoles en 2007 et nous en sommes à près de 300 aujourd'hui. Ce sont des personnes de toutes les catégories sociales. Il faut avoir au moins 50 ans pour être lecteur, à cause du principe du lien intergénérationnel (il y a donc très peu de gens qui travaillent). Quand ils atteignent 70 ans, ils commencent à avoir des soucis de santé... Mais j'ai aussi des gens de 80 ans ! Je les rencontre tous (en ce moment, je ne fais que cela). Je gère à peu près les deux tiers des bénévoles : je m'occupe de la formation de tout le monde ; elle n'est pas obligatoire, mais elle est vivement conseillée...
Nous sommes le département le plus mobilisé ; je pense que c'est une question de personnes. Moi, j'ai toujours eu envie d'aller plus loin et j'y passe un temps fou. Peut-être qu'un salarié serait un peu moins motivé, il n'aurait pas forcément le temps. J'ai déclaré trente heures par semaine en moyenne à l'association nationale en début d'année, mais c'est plus que cela : parfois, à 22 heures, je suis encore devant mon écran... Ça me plaît beaucoup et je n'ai pas envie de me faire remplacer. Je le fais parce que j'aime la lecture. Je pense que c'est un vecteur de beaucoup de choses : de connaissance, de vocabulaire, d'imaginaire, de compréhension, d'intelligence, d'ouverture d'esprit... Je voudrais que les enfants aient cette envie de lire pendant toute leur vie. Ça a toujours été un bonheur pour moi, que je veux transmettre aussi à mes petits-enfants : chaque fois que je vais les voir, j'apporte des livres ; on les lit et on les relit... Je les teste auprès d'eux.
J'aime aussi être en relation avec les autres. Le réseau de bénévoles, ce sont des rencontres, des amitiés qui se nouent, plus ou moins proches. Des responsables de certaines villes me téléphonent presque tous les jours, et cela peut durer une heure... Il y a aussi le fait d'être presque à égalité avec les enseignants : ils reconnaissent que nous faisons quelque chose pour les enfants qu'ils ont en charge, que nous sommes utiles. Être reconnue socialement, je m'en fiche, mais maintenant que nous commençons à être connus, il y a des gens qui viennent nous donner des chèques... Par exemple, nous avons reçu un chèque de plus de 5 000 euros d'un groupe d'assurance qui cherchait à récompenser une association créatrice de lien intergénérationnel ; on nous a interviewées sur des radios qui disaient : “C'est merveilleux !” Il y a cette reconnaissance-là.
Notre association s'adresse aux mairies parce que nous lisons aussi pendant le temps périscolaire (qui n'est pas du temps scolaire mais du temps pris en charge par la mairie). J'ai fait des courriers aux directeurs d'école en disant que nous pouvions aussi intervenir sur le temps scolaire... Nous nous adressons également aux inspecteurs de l'Éducation nationale (les IEN), qui ont la responsabilité d'un secteur. J'ai par exemple rencontré un IEN à qui nous avons proposé de lire dans les écoles de son secteur, notamment celles qui étaient en ZEP{10}, et maintenant toutes ces écoles nous accueillent parce que l'IEN est convaincu de l'intérêt de la lecture. Je rencontre beaucoup de gens : des inspecteurs, des principaux de collège, etc. L'année dernière, je suis allée tous les jeudis dans un collège et, à la fin de l'année, les enfants m'ont demandé si je pouvais revenir. Quand j'ai dit que ce ne serait que pour les sixièmes, une élève m'a dit : “Alors je vais redoubler.” Nous n'intervenons que dans trois collèges, dans des quartiers plutôt défavorisés. Les enfants sont volontaires, on ne les force jamais ; on les incite, mais on ne les force jamais... L'an dernier, j'étais stupéfaite par les sixièmes : pendant une heure, ils ne bougeaient pas... Nous avons commencé par un groupe de huit et nous avons fini l'année à dix-huit...
J'ai commencé très bas avec « La Sorcière du placard aux balais » des Contes de la rue Broca : ils ont applaudi ! J'ai lu un conte des Mille et une nuits, puis un conte russe, et enfin différents contes d'une heure. À la fin de l'année, j'ai lu Oscar et la dame rose d'Éric-Emmanuel Schmitt : nous étions presque tous en larmes ! Je suis passionnée. J'ai l'impression de faire une chose toute simple mais, en fait, c'est plein de richesse. Alexandre Jardin nous a lui-même félicités : « Vous êtes incroyables, nous a-t-il dit. Moi, au départ, je ne pensais pas aux crèches et aux collèges ! »
Ce n'est pas du tout le même travail que ce que je faisais quand je travaillais. La grande innovation, c'est Internet, parce que je me souviens du nombre de coups de fil que je passais en tant que présidente de la FCPE pour le “Carrefour des métiers” ! Aujourd'hui, ce serait beaucoup plus simple... Mais si je devais choisir un métier aujourd'hui, ce serait peut-être ça : un métier relationnel et organisationnel. En même temps, je n'ai pas de regret sur ce que j'ai fait...
Je voudrais parler de l'illettrisme. En ce moment, le grand souci de l'Éducation nationale, c'est la lutte contre l'illettrisme. Sachant qu'il y a environ 3 millions d'illettrés en France, nous essayons de faire quelque chose pour que les adultes n'aient pas de difficultés de lecture. En Île-de-France, une association rattachée à l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme [ANCLI] cherchait des gens qui s'occupent d'enfants et qui pourraient participer à la lutte contre l'illettrisme. Grâce aux bibliothèques pour enfants qui ont pensé à nous, nous nous sommes trouvés embarqués pendant une année entière dans une réflexion autour de nos pratiques pour expliquer que les lecteurs de Lire et faire lire faisaient de la prévention contre l'illettrisme. Nous sommes allés à une grande rencontre à Lyon, où tous les inspecteurs d'académie étaient conviés. Nous avons signé une convention nous accordant une somme d'argent pour lutter contre l'illettrisme – ce sont des fonds européens. Nous attendons. Il se peut qu'il y ait une suite, mais en tout cas nous figurons maintenant dans le guide pratique de la lutte contre l'illettrisme d'Île-de-France.
J'ai d'autres occupations. J'ai une famille nombreuse puisque j'ai sept petits-enfants ! Mes enfants ont compris que, pendant l'année scolaire, je ne peux les garder que ponctuellement comme lorsque je travaillais, mais les vacances scolaires sont réservées à mes petits-enfants. La famille, c'est très important pour moi. Je sais la réunir régulièrement, je ne renâcle pas devant des tablées de seize, ça me plaît beaucoup. J'aime aussi jardiner dans ma maison de campagne – j'y vais à peu près autant que quand je travaillais. Je chante aussi dans une chorale depuis des années (j'ai commencé avant ma retraite). Mon mari a aussi beaucoup de responsabilités associatives, au moins dans deux associations, si ce n'est trois. Au Secours catholique, il s'occupe des familles en difficulté. Nous sommes tous les deux coincés. Mais on est contents, on se parle de nos activités – et il fait mon secrétariat. Je ne conçois pas les choses autrement. Sinon, je crois que je serais morte d'ennui ! Nous ne sommes jamais beaucoup sortis. De temps en temps, quand j'entends parler d'une pièce qui me plaît, je prends des billets et on y va. Nous partons aussi un petit peu tous les deux : nous sommes allés le week-end dernier en Haute-Loire, mais j'avais mauvaise conscience parce que le lundi je n'étais pas sur place, alors j'ai laissé mon portable allumé...
C'est comme une deuxième vie. J'ai tourné la page de l'orthophonie. Maintenant, je suis là-dedans et je ne me vois pas arrêter. Je ne suis pas encore fatiguée de ça, je sais qu'il y a encore des choses à faire, pas forcément le train-train, mais des découvertes, de nouvelles choses. Je crois que c'est ça qui me porte. Pour moi, la retraite n'est pas négative, au contraire. Il faut dire que j'ai une santé de fer, ce qui joue sûrement. Je ne vois pourquoi je m'arrêterais tant que je n'ai pas de soucis de santé. Mon corps suit, c'est une chance... Je pense aussi que je peux assumer des choses assez lourdes parce que j'en ai l'énergie et le goût ! Pour moi, la retraite, c'est d'être occupé avec des choses qui nous plaisent, c'est se faire plaisir... Je conseillerais d'ailleurs aux gens de faire ce qu'ils ont envie de faire. Ce qui manque le plus aux personnes retraitées, c'est une passion ! Et il est important d'y avoir pensé avant... Tout est ouvert aux gens qui arrivent à la retraite, mais ceux qui ont commencé à se mettre à droite et à gauche, on ne peut plus rien leur proposer, ils n'ont plus le temps ! »

Catherine : la vie est imprévisible

« Je viens d'avoir 70 ans, ce qui est quand même un grand âge, une étape : on est sur la pente... Je suis pharmacienne et je ne travaille plus depuis 2002. J'ai eu une activité professionnelle irrégulière, parce que j'ai beaucoup vécu à l'étranger, et que, souvent, à l'étranger, on travaille en dehors de son champ professionnel. Je suis partie au Tchad, puis nous avons passé trois ans à Madagascar où j'ai enseigné le français ; ensuite nous sommes partis trois ans au Mexique avec trois enfants. Parfois je pouvais, parfois je ne pouvais pas travailler comme pharmacienne. Puis j'ai divorcé : ce fut une année très difficile, seule avec trois enfants... Là, je n'ai plus eu le choix, j'ai donc travaillé en pharmacie de façon régulière. Quand mes enfants ont été sortis d'affaire, j'ai fait des remplacements outre-mer pendant l'hiver en restant en France pendant l'été (pour la Sécurité sociale).
J'ai travaillé deux ans à l'Orstom{11} en contrat local à Madagascar. En pharmacie, à partir du moment où vous ne faites pas une carrière de chercheur, il n'y a plus que l'officine qui est possible ; dans la recherche, vous ne pouvez pas faire des allers-retours et il faut être jeune. J'avais attrapé le virus des voyages, j'aimais partir avec ma valise et travailler ; j'ai donc fait ça pendant dix ans. Ensuite, les hasards de la vie ont fait que je me suis remariée : un ami de très longue date a perdu sa femme et, puisque nous étions seuls tous les deux, nous avons décidé de continuer notre route ensemble. Ça devenait beaucoup plus difficile de partir six mois, je me suis donc posée. Ma vie est très différente depuis.
J'ai pris ma retraite à 65 ans. Je ne pouvais pas la prendre avant parce que la vie que j'ai menée ne m'y autorisait pas : on est très mal payés à l'étranger et, très souvent, je n'avais pas été déclarée... Je savais très bien que je n'aurais presque pas de retraite, c'était un choix. Mais la vie est imprévisible : je pensais avoir une petite retraite et que ma vie serait difficile mais, grâce à mon mari, j'ai une vie beaucoup plus facile. La vie est quelquefois très étonnante, elle n'est jamais ce que l'on attend ! En 2002, mon mari travaillait encore et moi je faisais des remplacements. La nouveauté, c'était d'être à Paris. Ma fille aînée a trois enfants, dont deux jumelles, et elle trouvait que c'était commode d'avoir une grand-mère proche. J'ai plongé dans mon activité de grand-mère avec plaisir. J'aimais beaucoup les mercredis avec mes petites-filles : on allait dans les musées où elles redessinaient un tableau ; moi, pendant ce temps, je pouvais regarder les expositions...
En 2003, mon mari a pris sa retraite tout en gardant une activité professionnelle. Un de ses amis, très investi dans le milieu artistique, avait un petit-fils qui avait été soigné à l'hôpital Trousseau pour un cancer. Quand il a vu les conditions d'hospitalisation, il a fondé Vœux d'artistes, une association d'artistes. En 2003, nous connaissions cette association de l'extérieur et nous en étions adhérents, mais pas bénévoles actifs. Quand le président est parti, en 2006, nous avons décidé de reprendre l'association. Ce projet est tombé exactement au moment de ma retraite, je n'avais rien prévu du tout, comme je ne pensais pas du tout que je revivrai avec quelqu'un. Donc aucune préparation de la retraite : je pensais continuer à faire mes va-et-vient outre-mer en faisant des remplacements... Quand j'ai décidé de vivre avec mon mari et qu'il y a eu ce projet, je me suis dit : “D'accord, on se relève les manches !” Et ça nous a passionnés : tous ces gens sont contents de se retrouver, de travailler ensemble, de faire quelque chose ensemble. Ça a été une véritable aventure.
Nous avons appelé tous nos amis à la rescousse. Beaucoup sont venus nous aider, en particulier une amie qui a travaillé dans la communication. Nous nous sommes retrouvés avec beaucoup de retraités pour lesquels l'idée d'une semaine d'exposition convenait bien : ils ne voulaient pas être pris toute l'année, ils ne sont pas tout le temps sur Paris... Nous faisons nous-mêmes la communication toute l'année ; en octobre, il faut faire des affiches, des flyers, et appeler l'ensemble des bénévoles pour préparer l'...

Table des matières

  1. Page de titre
  2. Sommaire
  3. Remerciements
  4. Introduction
  5. Chapitre 1 Vivre ses passions
  6. Chapitre 2 Se découvrir et se reconstruire
  7. Chapitre 3 Mettre à disposition ses compétences
  8. Chapitre 4 Créer de nouveaux liens
  9. Chapitre 5 Militer encore
  10. Chapitre 6 Participer à la vie locale
  11. Conclusion
  12. Bibliographie