Cahiers de l'Atelier n° 564
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Cahiers de l'Atelier n° 564

Jeunes : nouveaux engagements, nouvelle charité ?

  1. French
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Cahiers de l'Atelier n° 564

Jeunes : nouveaux engagements, nouvelle charité ?

À propos de ce livre

Loin de l'image caricaturale que se fait des jeunes l'opinion publique, la génération des 18-30 ans n'est pas en retrait de l'engagement. Ces engagements leur apportent des compétences, tant pratiques que relationnelles, très riches pour leur vie personnelle et professionnelle.

C'est ce constat que partage la Fondation Jean Rodhain et qu'elle a voulu étudier plus en profondeur lors de son colloque de recherche 2019 intitulé « Jeunes: nouveaux engagements, nouvelle charité ». Les textes de ce numéro des Cahiers de l'Atelier émanent des travaux de ce colloque et permettent de prolonger la réflexion en donnant à ces travaux une portée plus large.

La spécificité de ce colloque a été de partir d'enquêtes quantitatives et qualitatives, de témoignages, et de donner la parole à toutes les générations, à tous les types d'engagement (individuel, associatif, professionnel) et à de multiples domaines de recherche (théologie, philosophie, histoire, sociologie). Trois jours d'échanges pour interroger l'engagement des jeunes d'aujourd'hui et leur rapport à la charité.

Les jeunes générations sont immergées dans un monde de crises: crise de la démocratie, crise écologique, crise migratoire, crise de sens, risques pour l'avenir de la planète, manque de reconnaissance de la place des jeunes dans la société... Face à tout cela, elles ne sont pas passives ni défaitistes, mais elles prennent à bras-le-corps leur avenir en se saisissant du présent, en multipliant les expériences et les liens avec leurs pairs, jeunes ou moins jeunes.

Face à l'angoisse et à l'urgence d'un futur incertain, voire compromis, cette jeunesse nous indique très probablement les comportements charitables à adopter, pour relever ensemble les défis à venir.

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Informations

Année
2020
Imprimer l'ISBN
9782708253513
Jeunes, charité, foi, Église

Portrait d’une jeune femme : Abishag de Shounem (1 Rois 1,1-4)

Christophe Pichon est maître de conférences en exégèse biblique, docteur en théologie catholique de l’université de Strasbourg et membre de l’association catholique française pour les études bibliques (ACFEB).
Dans cette analyse biblique, le théologien montre comment la Bible interroge le rôle de la jeunesse et invite à relire les engagements contemporains à la lumière des Écritures.
Il y a plusieurs manières d’évoquer les jeunes et la jeunesse à partir de la Bible. Ce pourrait être par exemple pour mesurer l’écart culturel entre ce que nous considérons comme un « jeune » et les manières de l’envisager dans le Proche-Orient ancien. L’approche des textes, écrits plusieurs siècles avant notre ère, serait historique.
La proposition ici consiste plutôt à venir devant le monde du texte avec nos expériences, afin de regarder comment la Bible invite à modifier nos questions, à ouvrir des possibles. Le lecteur qui interroge (« Que leur est-il arrivé ? ») se trouve, par le détour du récit, interrogé (« Que m’arrive-t-il ? Que m’est-il arrivé ? »).
Le jeune roi David affrontant Goliath, le jeune Salomon demandant la sagesse pour gouverner sont des scènes plus connues que le service d’Abishag de Shounem près du vieux roi David (1 R 1,1-4). Les spécialistes de la narration biblique ont qualifié de « catalyseurs » certains personnages. Par leur persuasion, leur agir, ils sont instigateurs de l’action, sans détenir eux-mêmes « le » pouvoir. Les femmes sont souvent des personnages catalyseurs, et sans doute également les « jeunes » personnages. Que l’on pense ici à « la jeune esclave israélite » qui « indique la voie à suivre pour obtenir la guérison{34} ». Elle est femme et jeune, « catalyseur » à un double titre en quelque sorte. Abishag est quant à elle mentionnée dans deux épisodes : le service de David (1 R 1,1-4.15) et, après la mort de David, la demande d’un de ses fils, Adonias, de prendre Abishag pour femme (1 R 2,12-25). Elle devient un enjeu lors de la succession de David.
Nous allons faire un détour pour entendre, du mieux possible, ce que le récit de 1 Rois 1,1-4 raconte. Qui peut dire qui est cette jeune femme ? La mise en récit problématise son identité. Robert Alter a pu voir dans cet « art de la réserve » un trait caractéristique de la présentation des personnages bibliques{35}. Abishag est l’objet d’attentes diverses, ses gestes sont susceptibles d’être interprétés différemment, par les protagonistes du récit et les lecteurs. En soi, cette diversité révèle qu’une jeune femme est un être de relations qui garde une part de mystère pour ceux qui en parlent, la racontent, la rencontrent. Le récit de la création de l’humain et de la femme en Genèse 2 le dévoilait déjà : ni l’humain qui dort quand son côté est bâti en femme, ni la femme qui n’était pas construite quand l’humain est modelé, ne peut dire d’où il vient. Naître à l’autre, naître par l’autre est le propre des humains. Le mystère persistant de l’identité d’Abishag l’exprime.
La réception de ce bref épisode témoigne donc de multiples appréciations portées sur cette jeune femme et surtout son rôle. Le récit travaille sur les représentations que les uns et les autres peuvent s’en faire. Le peu de versets qui lui sont consacrés sont à ce titre riches d’enjeux. L’auteur implicite peut même, par les opérations qu’il incite à faire, inspirer un type de questionnement pour qui s’intéresserait à la manière d’appréhender l’engagement social de jeunes du xxie siècle.

Une jeune femme au service d’un vieillard

Un corps à réchauffer (1 Rois 1,1)

Le roi David était vieux et avancé dans les jours. On le couvrait dans des vêtements, mais il ne se réchauffait plus.
Cet épisode, du point de vue du personnage de David, peut être envisagé comme une tentative de prolonger la vie d’un homme, d’un roi vieillissant. À la fin de son règne, mais aussi de sa vie, il ne parvient plus à se réchauffer, malgré les vêtements dont on le couvre. Il est présenté comme « vieux et avancé dans les jours ». Il est en quelque sorte « plus » qu’âgé. Il n’est plus sujet de verbes actifs, on fait pour lui. Son corps est froid malgré le soin qu’on lui apporte.

Un curriculum vitae ambigu (1 Rois 1,2)

Ses serviteurs lui dirent : « Qu’on cherche pour mon seigneur le roi une jeune femme, une vierge. Elle se tiendra devant les faces du roi. Elle sera pour lui une intendante. Elle couchera sur ton sein. Elle réchauffera mon seigneur le roi. »
David a renoncé à ses femmes concubines enfermées jusqu’au jour de leur mort (2 Sm 20,3). Voilà un homme âgé, sans réel vis-à-vis féminin, seul, mais pas isolé : il a des serviteurs. L’entourage du roi se préoccupe de lui. Ses serviteurs n’ont pas le pouvoir d’envoyer eux-mêmes chercher quelqu’un pour aider le roi, mais disent connaître ce dont il a besoin : une intendante.
Ils décrivent qui elle doit être (une jeune femme vierge) et ce qu’elle aura à faire, non sans ambiguïté. Elle aura à « se tenir devant ses faces », un idiome pour décrire un service officiel. Elle sera pour lui quelqu’un d’utile. Le terme rare est difficile à traduire{36}. Qu’attendent-ils ? Une intendante, une courtisane, une aide-soignante ? Une sorte d’infirmière pour le roi ou une femme qui permettra de vérifier qu’il est en capacité d’être souverain (pourquoi préciser une « jeune fille vierge » pour un roi sans concubine) ? Ce n’est en tout cas pas une « concubine{37} ».
Elle aura enfin à « coucher sur le sein{38} » du roi pour le réchauffer. Faut-il attendre que le roi soit ravivé, y compris sexuellement ? Qui cherchent-ils et que cherchent-ils avec autant d’acuité (la conjugaison du verbe « chercher » est intensive) ?
Le texte ne dit rien des attentes de David. Le lecteur ne peut que supposer que, parce qu’il est roi, il a dû donner son accord pour qu’une telle recherche soit entreprise. Il serait alors en attente de quelqu’un qui le réchaufferait.
À ce stade du récit, le lecteur peut se demander s’il se trouvera une jeune femme pour venir vers David. Des adultes ont un projet pour elle. On parle d’elle en son absence.

Une jeune femme recherchée et attendue (1 Rois 1,3a)

On chercha une belle jeune fille dans tout le territoire d’Israël (1 Rois 1,3a).
La jeune femme est cherchée dans tout le pays, ce qui indique que David garde pouvoir sur tout le royaume, mais aussi que cette jeune femme est difficile à trouver. Elle sera bien singulière au regard des autres jeunes femmes. Elle aura été cherchée sans qu’elle le sache encore.
Un détail ne peut manquer de surprendre. Les serviteurs avaient parlé d’une « jeune femme » (v.2), celle que l’on cherche est maintenant qualifiée de « belle ». Étonnant détail qui ne figurait pas dans les critères des serviteurs. Est-ce David qui l’a ajouté ou est-ce parce que les envoyés connaissent David ? Pourquoi faudrait-il qu’elle soit belle ?

On fait venir Abishag de Shounem (1 Rois 1,3b)

On trouva Abishag la Shounamite. On la fit venir vers le roi.
Sa présentation contribue à la rendre unique. Elle est nommée (Abishag), située géographiquement et dans le peuple (de la ville de Shounem qui appartient à la tribu d’Issachar). Elle ne vient pas d’elle-même vers le roi, « on la fait venir vers lui ». Elle sera présentée au roi. Cette rencontre a été voulue par d’autres qu’elle. Le récit ne dit rien de ce qu’elle pense, dit, veut. Le lecteur peut s’interroger : pourquoi viendrait-elle, pour le vieillard et/ou pour le roi ?

Abishag est désormais qualifiée d’extrêmement belle (1 Rois 1,4a)

La jeune femme était extrêmement belle.
Une fois devant le roi, elle est qualifiée d’extrêmement belle (v.4a), et plus seulement « belle » comme au v.3. Chacun des lecteurs construit progressivement le portrait de cette jeune femme et peut s’interroger sur elle et sur le regard que l’on pose sur elle. Que vise donc cette rencontre entre « le vieillard » et « la jeune très belle » ? Et pourquoi une telle insistance sur l’apparence de cette jeune femme ? Sa beauté serait-elle un trait essentiel de son identité ?

Une dernière précision bien surprenante (1 Rois 1,4b)

Elle fut intendante du roi et le servit. Cependant, le roi ne la connut pas.
Le dénouement attendu a bien lieu. Elle fut l’intendante du roi et le narrateur précise : « le servit{39} ». La forme verbale (piel) décrit le service appliqué d’une servante pour un maître. Elle est donc celle qui était attendue (v.2.4). Abishag est un personnage qui n’a pas de pouvoir, mais sans elle David le roi ne peut se réchauffer. On y trouve un trait caractéristique des héros bibliques. Ces « derniers ne disposent pas de la puissance suprême », pourtant « ce sont eux qui, dans le récit, résolvent les problèmes{40} ».
La précision finale ne manque pas une nouvelle fois d’étonner : « Cependant, le roi ne la connut pas. » Elle oblige une nouvelle fois à réviser les représentations et les attentes des protagonistes et du lecteur. Faut-il là aussi comprendre qu’elle « n’ait pas eu de relations sexuelles » ou « qu’elle restera inconnue du roi », le verbe hébraïque permettant les deux significations ? Qu’attendait-on de cette jeune femme très belle ? Jusqu’au bout, elle reste une énigme, notamment du fait qu’elle ne parle pas. Le narrateur la présente, les serviteurs disent ce qu’ils en attendent, David reste muet. Ce qu’il peut en attendre se laisse déduire de gestes posés pour lui par des intermédiaires. Abishag ne dit rien et agit.

La mise en récit aide à mieux comprendre qui elle est

L’auteur implicite incite à dépasser les apparences, à ne pas se contenter de ce qu’on dit d’Abishag, de ce qu’elle fait, de ce que l’on attend et de ce que l’on suppose d’elle. Il instille des détails qui enrichissent ce portrait et permettent de comprendre : ce qu’elle représente dans l’histoire de David ; la portée de son geste prophétique ; le type de secours qu’elle apporte.

Abishag belle, puis extrêmement belle, est-ce important ?

La beauté d’Abishag prend une signification toute particulière dans l’histoire de David. Elle est potentiellement un rappel de ce que David a été lui-même quand il était jeune. Il était « beau » (1 S 16,12 ; 17,42). Elle est une évocation de son fils Absalom, « beau lui aussi » (2 S 14,25) et de Tamar, sa fille, qui était très belle et vierge (2 S 13,1-2), comme Abishag. Elle rappelle la beauté de sa petite fille, la fille d’Absalom, elle aussi prénommée Tamar (2 S 14,27). Plus qu’un trait physique, la beauté est très importante dans l’histoire de David. Parce que Tamar, la fille de David, est belle, Amnon, son demi-frère (2 S 13,4), la viole. Amnon sera tué par Absalom chez qui Tamar demeure (2 S 13,20). La beauté d’Abishag invite donc à se remémorer l’histoire difficile de la paternité de David. Le nom même d’Abishag (« mon père s’est égaré ») le suggère. La présence d’Abishag signifie davantage que son rôle d’intendante. Cette rencontre prend donc un sens tout particulier pour David à ce moment de son histoire.
Le geste de « se coucher sur le sein » d’un homme évoque un autre aspect de David. Le prophète Nathan parle au roi en parabole. Il cherche à faire comprendre à David qui était Bethsabée « couchée sur le sein » de son mari Urie (2 S 12,3), avant que David ne s’arrange pour faire tuer Urie. David s’était épris de Bethsabée, avait « couché avec » elle, parce qu’elle était de belle apparence (2 S 11,2). La présence d’Abishag invite à se souvenir de la relation maritale de David avec Bethsabée.

Un corps réchauffé en présence d’une Shounamite

La répétition est une caractéristique de l’art du raconter biblique et les variations dans les parallélismes sont majeures pour l’interprétation{41}. Ainsi, quand à quelques chapitres de distance, le lecteur découvre une seconde Shounamite, il est en alerte ; d’autant qu’elles ne seront que deux dans toute la Bible et que l’épisode de 2 R 4,8-37 évoque aussi le réchauffement d’un corps.
La seconde femme est plus âgée que la jeune fe...

Table des matières

  1. Sommaire
  2. Éditorial
  3. Liminaire
  4. Qui sont les jeunes ?
  5. Jeunes, charité, foi, Église
  6. Ouverture
  7. Mode d’emploi
  8. À lire