Le jour où les lions mangeront de la salade verte
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Le jour où les lions mangeront de la salade verte

  1. 320 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Le jour où les lions mangeront de la salade verte

À propos de ce livre

L'homme est un lion pour l'homme. Et les lions ne s'embarrassent pas de délicatesse. Sûrs de leur bon droit, ils imposent leurs vues sans conscience de leur égocentrisme et de leur appétit excessif pour les rapports de force. Ces lions, nous les croisons tous les jours : automobiliste enragé, conjoint gentiment dénigrant, chef imbu de pouvoir, mère intransigeante qui sait mieux que nous ce qui est bon pour nous...

C'est ce que Romane appelle : la "burnerie".

Trentenaire passionnée et engagée, Romane accompagne ces félins mal embouchés vers davantage d'humanité. Elle a créé une société qui leur propose un programme unique en son genre, relooking intégral de posture et de mentalité.

Parmi ses nouveaux participants figurent de beaux spécimens. Surtout un : Maximilien Vogue, célèbre homme d'affaires, PDG d'un grand groupe de cosmétiques, charismatique en diable, mais horripilant archétype de burnerie !

Saura-t-elle le faire évoluer pour qu'il exprime autrement sa puissance intérieure, avec plus de justesse et de respect pour autrui ? Une évidence : elle va avoir du fil à retordre.

Raphaëlle Giordano est écrivain, experte en créativité et développement personnel. Elle signe ici son deuxième roman, après le best-seller international Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une.

Foire aux questions

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Informations

Éditeur
Eyrolles
Année
2017
Imprimer l'ISBN
9782212564471
ISBN de l'eBook
9782212092691
Édition
1
1
UNE GICLÉE DE ROUGE SANG est projetée sur le sable de l’arène, comme un dripping sur une œuvre de Jackson Pollock. Au milieu de ce tableau vivant, un taureau, écrasante masse noire opaque, se détache impitoyablement sur le sable. La tauromachie élève sa discipline au rang d’art et la foule agglutinée, le regard avide, boit jusqu’à la lie la coupe de sa fascination morbide…
Le monstre gratte le sable brûlant. Son sabot griffe le sol, tel la fourche d’un mauvais diable, sa puissance mâle incarnant, malgré elle, le Mal en puissance… Face à lui, un homme en habit de lumière, totalement absous de ses parts d’ombre par un public conquis d’avance. Duel des ego. Orgueil mâle piqué au vif par les banderilles. Naseaux et narines frémissent d’un même désir de vaincre. Le toréador anime alors d’un geste leste le drapeau rouge, comme un fulgurant trait de pinceau provocateur. Le manège s’accélère soudain.
La bête bondit à une vitesse ahurissante et tout se met à tourner. La vision des corps, dans ce mouvement anarchique, se déstructure, donnant à la scène un faux air du Guernica de Picasso. Stupeur ! Le toréador roule dans la poussière pour esquiver l’attaque. Le taureau achève son tour de la piste, puis revient à la charge et bondit, révélant deux magistrales gonades ballottées, tribut ou fardeau de virilité… Un hurlement sort de la bouche du toréador, se mêlant au râle glauque de la bête. La bouche béante devient de plus en plus grande, jusqu’à devenir un terrifiant trou noir, prêt à tout aspirer dans son néant mortel.
Romane s’éveilla en sursaut. Des perles de sueur suintaient sur son front. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ce rêve.
C’est le trac, se dit-elle en étirant ses membres douloureux. Le cauchemar revenait avant chaque importante conférence publique à donner. L’insupportable sonnerie de son téléphone portable se remit à strider. La jeune femme grogna avant de glisser son doigt nerveux sur la paroi lisse de l’écran pour mettre un terme à ce supplice sonore.
14 h 30. Les minutes ne faisaient jamais de quartier en pareil cas et s’égrenaient impitoyablement. Pas de temps à perdre. Romane bondit hors de son lit et chassa d’une main preste les signes de sieste sur son visage. Elle noua rapidement ses longs cheveux bouclés bruns en un chignon sauvage dans lequel elle planta le premier crayon venu en guise de peigne. Son négligé tomba à ses pieds sans résistance tandis qu’elle pénétrait dans la cabine de douche. Le pommeau eut tout loisir d’observer les courbes franches de ce joli corps vallonné de trentenaire sportive et ses chromes auraient probablement rougi s’il avait eu forme humaine.
Puis Romane se sarcophagea dans une immense serviette et frotta le miroir d’un poing pressé pour dessiner un trou dans la buée.
Je suis ravie de venir vous parler aujourd’hui d’un thème qui m’est cher et qui nous concerne tous : la burnerie dans notre vie de tous les jours !
La burnerie… C’est le nom qu’elle avait trouvé pour nommer l’ensemble des comportements plus ou moins nuisibles auxquels presque tout le monde était confronté dans son quotidien, au bureau, à la maison ou partout ailleurs : un automobiliste ou un client passant injustement ses nerfs sur vous, un supérieur hiérarchique vous critiquant publiquement, un conjoint manquant du tact le plus élémentaire… Les exemples de burnerie pouvaient varier à l’infini !
Parmi les caractéristiques fréquentes, on retrouvait à des degrés variés chez les sujets à burnerie : une certaine inflation de l’ego (et la part d’égocentrisme qui va avec…), un instinct de domination et un sentiment de supériorité plus ou moins exacerbés, ainsi qu’un penchant naturel pour les jeux de pouvoir ou les rapports de force. Quand elle parlait de burnerie, Romane évoquait aussi souvent les malheureux « petits attentats à la sensibilité » trop souvent perpétrés (manque de tact, manque d’écoute, mesquineries diverses), la regrettable propension à l’agressivité facile ou gratuite, sans oublier la mauvaise foi en toute bonne foi, si tristement répandue. Fréquente également, la tendance au jugement facile et aux critiques « en trois i » : injustes, injustifiées, inappropriées, ou parfois l’irrépressible besoin de mettre des pressions inutiles ou d’avoir raison plus que de raison… Bref, la burnerie pouvait se loger à tous les étages.
Romane avait su très tôt qu’elle tenait là sa vocation : réduire le taux de burnerie partout où elle le pourrait ! En cela, sa mission apparaissait triple : aider les gens à affronter les comportements burnés dont ils pouvaient faire les frais, éveiller les consciences pour amener chacun à réfléchir à ses propres penchants burnés et enfin, accompagner le changement des personnes qui le souhaitaient en leur apprenant à déburner efficacement leurs comportements ; une sorte de relooking intégral de posture et de mentalité. L’idée ? Gommer leurs travers burnés polluants ou nuisibles pour l’entourage et développer une façon d’être plus juste et harmonieuse.
Aujourd’hui, elle espérait beaucoup de la conférence qu’elle allait donner pour promouvoir son action. La presse serait là. Les retombées pouvaient être importantes pour son entreprise, Sup’ de Burnes.
Devant le miroir, Romane répétait son texte pour se rassurer tout en se maquillant pour la circonstance. Elle n’aimait pas le clinquant, aussi avait-elle appris auprès d’une professionnelle à mettre son visage en lumière sans abuser d’artifices trop voyants… Elle tenait ses yeux couleur vert d’eau de son père aux origines lituaniennes. Sa mère, quant à elle, lui avait transmis toute la grâce de sa lignée vénitienne. Ce choc des cultures avait marqué la personnalité de Romane d’une irrémédiable dualité. Elle pouvait être aussi expansive que réservée, aussi sauvage que sociable, aussi douce qu’implacable. Il n’était pas à la portée du premier venu de composer avec ces contradictions. Peter Gardener en avait fait les frais et leur mariage s’était soldé par un échec en moins de deux ans. Romane n’avait gardé de cette expérience maritale que le nom de famille, et avait depuis lors laissé sa vie sentimentale en friche, préférant se consacrer corps et âme au développement de son entreprise.
15 heures. Tandis qu’elle s’habillait, Romane réalisa qu’elle avait faim. Elle ouvrit le frigo : le désert de Gobi. Elle détestait ça, mais elle allait devoir se rabattre sur le fast-food au coin de sa rue… Ventre creux n’a pas d’états d’âme.
Encombrée par son sac à main coincé sous le bras, occupée d’une main à fermer sa porte à clé, c’est avec un troisième bras poussé dans le dos que Romane répondit à son téléphone qui venait de sonner :
— Papa ? Oui, non, je ne peux pas te parler, là, tout de suite. Bien sûr que je serai à l’heure… La presse est déjà là ? Tu as pu convoquer tout le monde ? Parfait. Bon, je te laisse. Oui, moi aussi… Bises.
Son père. Ils étaient devenus tellement proches… Qui l’eut cru ? Lui qui autrefois raflait toutes les palmes de la burnerie… Aujourd’hui, il avait bien changé et s’investissait comme personne dans l’entreprise, aux côtés de Romane. La jeune femme était contente qu’il puisse être présent pour la soutenir lors de sa conférence. Elle s’appuyait beaucoup sur lui ces derniers mois, il est vrai. Depuis son divorce un an et demi plus tôt, il était redevenu un pilier dans sa vie. Le savoir là l’aiderait à dépasser son trac tout à l’heure devant le public. Romane poussa un soupir de soulagement à cette idée tandis qu’elle pénétrait dans le fast-food. Heureusement, à cette heure, il n’y avait pas trop de monde.
— Non merci, pas de ketchup et une eau minérale, s’il vous plaît.
Romane attrapa une paille et coucha sa bouteille d’eau sur le plateau pour éviter qu’elle tombe. Elle s’installa dans un coin tranquille, jusqu’à ce qu’un petit groupe d’adolescents prenne d’assaut la table d’à côté.
Pourquoi fallait-il qu’ils parlent ainsi, aussi gras et lourd que leurs hamburgers ? Les filles, surtout. Burnerie précoce, se dit Romane qui hésitait entre amusement et consternation.
— Non mais hé, ta mère, Dylan, la vérité, tu me casses les couilles à m’parler comme ça !
Voilà des jeunes filles qui adoptaient des traits burnés-mutants : pour s’adapter à leur environnement, elles se croyaient obligées de copier-coller le modèle masculin et se transformer en mec-à-seins. Dommage. Décidément, la burnerie gagnait du terrain et Romane avait du pain sur la planche… Néanmoins, elle quitta le fast-food sans faire de réflexion. Pour l’heure, elle n’avait pas le temps de jouer au Spiderman-sauveur-de-burnées-en-socquettes.
Elle s’engouffra dans un taxi.
— À la Maison des polytechniciens, s’il vous plaît !
Le chauffeur acquiesça sans broncher. Paris défila, démasquant ses penchants burnés avec, en pièce maîtresse, la tour Eiffel, érigeant sans complexes aux regards impudiques sa forme phallique. Elle régnait sur la ville en dame de fer, se mesurant fièrement à son confrère non moins burné, l’obélisque de la Concorde…
Après quelques embûches et détours de circulation, le taxi arriva enfin à destination, stationnant en double file dans un concert de klaxons.
— Gardez la monnaie, sourit Romane en glissant gracieusement sa jambe galbée de noir hors de la voiture.
Son père se tenait à la porte pour l’accueillir. La salle affichait complet. La jeune femme sentit son cœur s’accélérer.
Tout était prêt pour son intervention. Le micro monté sur perche l’attendait, comme déjà prêt à boire ses paroles. Boire. C’est l’idée qui traversa la tête de Romane tandis qu’elle sentait sa gorge se dessécher sous l’effet du trac. Comme d’habitude, elle craignait l’enrouement. Mâcher de l’eau, se souvenait-elle comme technique anti-stress au moment d’une prise de parole difficile. Ce ne sont pas les gens qui te regardent, c’est toi qui les regardes… Ton trac se voit beaucoup moins que ce que tu crois… Romane se rassurait en répétant en boucle ces conseils. Une grande inspiration, un sourire éclatant : elle pouvait commencer.
À son premier souffle, le micro partit dans un terrible larsen, le traître. L’homme au premier rang grimaça en s’esclaffant : « Ah ! Les femmes et la technologie… » Il dut se croire très drôle, car il sourit grassement à Romane en lui adressant un clin d’œil entendu, lourd d’une connivence univoque.
Romane rendit silencieusement grâce à cet homme, qui lui permettait de confirmer l’importance et l’ampleur de sa mission… Elle retroussa mentalement ses manches.
2
CINQ ANS QUE CLÉMENCE était au service de Maximilien Vogue, directeur général de l’empire Cosmetics & Co. Mais travailler auprès de cet homme, c’était comme pour les vies de chien, ça multipliait le temps par sept… À ceci près que son sort lui convenait tout à fait. « Assistante personnelle », comprendre : bras droit. Même si, dans le principe, c’étaient plutôt plusieurs bras ; Shiva aurait dû être son deuxième prénom. Mais peu lui importait. Clémence adorait se sentir indispensable. Elle n’aurait pas fait ça pour tout le monde, mais pour Maximilien, elle aurait grimpé l’Himalaya. Elle souriait en longeant les couloirs de l’entreprise, pressée d’aller lui apporter la bonne nouvelle : elle venait de re...

Table des matières

  1. Couverture
  2. Page de titre
  3. Copyright
  4. 1
  5. 14
  6. 30
  7. 47
  8. Épilogue
  9. Petit manuel anti-burnerie