
- 290 pages
- French
- ePUB (adapté aux mobiles)
- Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub
Pionniers et aventuriers à la Martinique
À propos de ce livre
Les récits de Xavier Eyma, Jules Chabot de Bouin et Louis de Maynard publiés ici racontent la conquête de la Martinique - conquête destinée à améliorer la position géopolitique et économique de la France dans le monde. Ces écrits n'en soulignent pas moins le fait que l'ambition, fût-elle héroïque et désintéressée au départ, a toujours un prix. En lisant entre les lignes, on découvre que l'extermination des Caraïbes, l'exploitation des Noirs africains transportés par-delà la mer et la lutte contre des individus et pays rivaux sont la contrepartie de certains projets nationaux tout comme la mort représente la solde du rêve d'amour et de promotion sociale de certaines femmes.
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Informations
Sujet
LittératureSujet
Littérature généralePIONNIERS ET AVENTURIERS
À LA MARTINIQUE
Textes de Xavier Eyma,
Jules Chabot de Bouin et Louis de Maynard
Xavier Eyma
LE ROI DES TROPIQUES

LE ROI DES TROPIQUES
I
Une après-midi d’un jour du mois de mai de l’année 1625 un jeune gentilhomme, debout sur la plage de Dieppe, le visage tourné vers la haute mer, les bras croisés sur sa poitrine agitée autant que les flots qui roulaient à ses pieds, regardait avec des larmes dans les yeux un brigantin retenu à l’ancre, à quelques brasses du rivage.
Ce jeune homme était si absorbé dans sa contemplation ou sa rêverie qu’il ne s’apercevait même pas que la marée, en montant, avait atteint déjà jusqu’au point où il se trouvait.
À quarante pas de là, un autre gentilhomme, jeune également, était attablé à la porte d’une auberge, le coude appuyé sur la table et la tête dans sa main. Il fixait aussi l’horizon, mais avec distraction et indifférence. S’apercevant que la mer montait, et que chaque flot nouveau gagnait rapidement son camarade qui semblait pétrifié à sa place, il s’élança vers le rivage en criant :
– Êtes-vous donc fou, de Nambuc ? Et songez-vous à vous laisser noyer par le flot ?
De Nambuc se retourna vers son compagnon qui, voyant son visage tout humide de pleurs, lui dit :
– Est-ce donc que les lames vous ont craché leur écume au nez ?
De Nambuc essuya ses joues, et se dirigea vers l’auberge. Les deux amis s’attablèrent devant une bouteille de vin que leur apporta le maître de l’endroit, un homme au teint bronzé, à l’œil dur, mais vif et intelligent. C’était dans son ensemble, des épaules à la cheville du pied, une sorte de colosse taillé tout d’une pièce ; un type exagéré du marin noirci au rude métier de la mer1.
Après avoir servi ses deux hôtes, Bonnard (ainsi se nommait le marin) se retira de quelques pas en arrière ; et s’adossant à la porte de la maison, il examina attentivement les deux jeunes gens.
De Nambuc avait le front large, l’œil profond, le regard énergique et plein d’enthousiasme, des traits mâles et bien accentués, rehaussés par une cicatrice glorieuse un peu au-dessus de la tempe droite. Il ne paraissait pas avoir au-delà de vingt-huit à trente ans. Sa tenue était sévère, malgré l’usure de son pourpoint, qui laissait deviner aisément un pauvre cadet2. De Nambuc appartenait, d’ailleurs, à une riche et puissante famille de Normandie.
Son compagnon, le chevalier du Rossey, offrait à côté de de Nambuc, un contraste frappant par sa tenue, par sa physionomie, par son langage. Du Rossey était débraillé, au physique comme au moral ; ses traits cyniques trahissaient la débauche ; sa parole était décousue au moins autant que son pourpoint. Dans le délabrement de sa mise, il y avait quelque chose d’affecté et de goguenard à la fois3.
Du Rossey écoutait en souriant les projets gigantesques de de Nambuc. De fréquents et ironiques mouvements d’épaules ou de tête marquaient le peu de foi qu’il avait en ces visions d’un esprit supérieur et enthousiaste.
Maître Bonnard ne laissait pas tomber une seule phrase de la conversation des deux gentilshommes ; pas un des gestes de du Rossey ne lui avait non plus échappé. Il avait pesé au trébuchet4 de son bon sens instinctif la légèreté de l’un et la mâle gravité de l’autre. Il avait prêté attentivement l’oreille à l’écho sonore que rendait l’âme de de Nambuc, et avait conçu pour ce jeune gentilhomme une de ces sympathies ardentes qui mènent au dévouement absolu.
De Nambuc, à ce moment-là, expliquait à son compagnon comment son séjour à Dieppe et la vue du brigantin, qu’il savait être à vendre, avaient éveillé en lui une noble et grande ambition. Du rivage, il avait si longtemps considéré ce bâtiment oisif qu’il s’était imaginé tout à coup être transporté à bord ; puis, du haut du pont, son regard avait embrassé un horizon bien autrement profond que celui qui s’étendait alors à leurs yeux. Ensuite le navire s’était mis en marche sous son commandement ; il avait franchi le tropique ; il s’était trouvé dans le Nouveau-Monde, non plus courant les prises, mais débarquant dans une île. Laquelle ? – Il l’ignorait encore ; s’y établissait au nom du roi de France, se proclamait seigneur et maître de cette île, y fondait comme une royauté pour lui-même ; arrivait à la richesse, à la puissance, couvrait de gloire son nom inconnu, et devenait finalement la souche d’un peuple5.
Du Rossey, lui, ne comprenait bien que le côté matériel de ce rêve à yeux ouverts que lui racontait de Nambuc en un langage si élevé, si enthousiaste, si convaincu, que le sceptique en frissonnait par instants, malgré lui. Mais ce n’était là qu’une impression passagère. Ce qu’il saisissait le mieux, c’était, quoique de Nambuc ne le voulût pas, la chasse aux Espagnols, quelques prises hardies, et le retour en France avec la fortune. Quant à la colonisation de quelque île, quant à cette puissance imaginaire, chimères pour lui ! De Nambuc pouvait bien y penser présentement, mais il chasserait bientôt les illusions pour se rattacher au positif de son expédition.
Mais il manquait à de Nambuc le principal pour l’exécution d’un tel projet : il lui manquait un bâtiment. Depuis deux ou trois jours qu’il était à Dieppe, il avait convoité le brigantin à l’ancre ; seulement il lui fallait l’argent nécessaire pour l’acheter. Le propriétaire du bâtiment avait bien consenti à n’être payé de la moitié de la somme qu’en cas de succès ; l’autre moitié, il l’exigeait au comptant. Or, il ne s’agissait pas de moins de sept mille livres ; et où de Nambuc les pouvait-il trouver ?
Cet aveu fut pour du Rossey une chute affreuse, moins cruelle, cependant, qu’elle ne l’était pour de Nambuc ; car les larmes en vinrent aux yeux du brave jeune homme.
Du Rossey, qui s’était cramponné des dix doigts à son compagnon, fit une grimace piteuse au moment de ce fatal aveu ; et, comme s’il se fût repenti d’avoir perdu son temps à écouter des plans devenus tout à fait fantastiques, il allait s’éloigner dédaigneusement, tant il lui semblait improbable qu’un cadet de famille, même de la meilleure mine, pût trouver sept mille livres à emprunter.
– Allons, mon pauvre de Nambuc, murmura du Rossey en vidant son verre, je rêvais un pourpoint neuf, vous venez de le mettre en morceaux. Comptez-vous également sur un emprunt de sept mille livres pour solder notre bouteille de vin ?
Maître Bonnard, le cabaretier, s’avança alors vers la table, et ôtant son bonnet avec la plus grande marque de respect :
– Les sept mille livres qui vous manquent, mon gentilhomme, dit-il à de Nambuc, je veux bien vous les prêter.
– Vous ? demanda du Rossey en souriant d’un air de doute.
– Moi-même, Monsieur, répliqua le cabaretier.
Du Rossey se rassit et devint plus sérieux et plus attentif. De Nambuc s’était levé pâle et muet. Il regardait Bonnard avec de grands yeux étonnés et avides.
– Je vous prête ces sept mille livres, reprit le cabaretier, à une condition.
– C’est que je vous les rendrai ? interrompit de Nambuc, qui retrouvait enfin la parole ; oh ! oui, je vous les rendrai, maître Bonnard, je vous le jure ; non seulement intacts, mais avec de gros intérêts, je l’espère.
– Ce n’est pas cela, mon gentilhomme, reprit le brave cabaretier. Que vous me rendiez mon argent, et à gros intérêts, je n’en doute pas. Je vous le prête à une condition, disais-je : c’est que je ferai partie de votre expédition. Je n’avais qu’un être qui me retînt prisonnier à terre, ma fille Marie, une belle et douce enfant. Dans cinq jours elle épouse son cousin Saint-André. Son enfance s’est écoulée loin de moi ; j’ai joui de cinq ans de sa jeunesse ; elle va aimer son mari plus qu’elle ne m’aimera, à coup sûr. Elle n’a plus besoin de moi, je n’ai plus rien à faire ici ; tout mon bien, je le lui laisse, moins les sept mille livres que je vous offre, et qui sont mon enjeu dans cette partie que vous entreprenez. Les voulez-vous bien accepter ?
De Nambuc, pour toute réponse, sauta au cou du vieux marin et l’embrassa avec effusion. Du Rossey qui reprenait, comme il disait, son rêve de pourpoint neuf, embrassa de Nambuc et Bonnard.
– Voilà qui est parler ! s’écria-t-il, et vous êtes un vrai brave homme !
– Dans dix minutes, reprit Bonnard, dégagé des tendresses de ses deux nouveaux amis, dans dix minutes les écus vous seront comptés.
– Et apportez-nous par-dessus le marché une autre bouteille de vin, que nous viderons tous les trois. C’était du Rossey qui venait de parler ainsi.
– S’il vous faut un équipage, ajouta le cabaretier, je vous le recruterai d’autant d’hommes qui vous seront nécessaires. Ah ! par exemple, je ne vous garantis pas leurs vertus et leur probité à tous ; mais vous ne me paraissez pas y regarder de si près, n’est-ce pas ?
En prononçant ces derniers mots, Bonnard avait fixé les yeux sur du Rossey.
De Nambuc reçut des mains de Bonnard les sept mille livres. Il alla aussitôt payer le brigantin et faire passer le contrat ; après quoi il se rendit à bord en toute hâte.
En posant le pied sur le pont de son bâtiment, de Nambuc éprouva une indicible émotion. Un roi montant la première marche du trône, au jour de son couronnement, n’est pas plus fièrement heureux que ne l’était le fier de Nambuc. Il était, en effet, debout sur son trône à lui.
– Eh bien ! dit-il à du Rossey, en lui serrant la main avec joie, suis-je toujours le fou que vous pensiez ? Ah ! je sentais bien que ma vision ambitieuse n’était pas une ombre flottant incertaine dans mon cerveau ! C’était la réalité matérielle et palpable ! Mon rêve ! mon rêve de fortune, de puissance, de grandeur, voilà donc qu’il va s’accomplir !
Du Rossey demeurait étourdi du succès de de Nambuc ; et, par moments il tournait autour de Bonnard avec une attentive curiosité comme pour s’assurer que le gros cabaretier était un homme et non pas quelque être surnaturel. Mais du Rossey abandonna bien vite ce terrain où son imagination ne se pouvait complaire longtemps, pour revenir au positif de cette victoire gagnée par de Nambuc sur leur commune mauvaise fortune. À lui aussi, son rêve se réalisait, ce rêve de la vie d’aventures, de courses, de captures, de richesse et finalement de puissance matérielle. Il ne demandait, il n’espérait rien de plus.
– Non, vous n’êtes pas si fou que je croyais, dit-il à de Nambuc ; mais vous pouvez le devenir, si vous ne tirez pas de ce coup inattendu du sort tout le parti que vous en devez tirer. Nous vous verrons à l’œuvre, mon maître ! ajouta-t-il mentalement.
Un éclair de jalousie venait de traverser le cœur du chevalier. L’aventure de de Nambuc avait fait rapidement grand bruit dans la ville de Dieppe. En descendant à terre il trouva à l’auberge de Bonnard deux hommes qui l’attendaient. L’un grand, mince, un peu voûté, la figure triste, le regard fin, observateur et doux ; l’autre, impatienté déjà d’avoir attendu pendant vingt minutes à peine, avait les traits mâles et énergiques, une certaine contraction nerveuse dans les lèvres, un œil vif comme l’éclair, et un bras de moins, coupé à la hauteur de l’épaule,
Ils saluèrent de Nambuc et se nommèrent à lui : le premier, le chevalier du Pont ; le second, du Halde6. Ce qu’ils voulaient l’un et l’autre, le nouveau capitaine du brigantin le devina.
Nous venons, dirent-ils, solliciter de vous l’honneur de vous accompagner et de vous seconder dans vos projets, quels qu’ils soient, bien convaincus que, sous la conduite d’un gentilhomme tel que vous, qui a fait ses preuves de courage au service du roi, nous ne pouvons qu’entrer en un bon chemin.
De Nambuc avait une réputation de bravoure et d’honneur bien établie dans la marine. Il s’était distingué en plusieurs occasions, et notamment, trois ans auparavant, dans la bataille navale livrée par l’amiral de Guise à la flotte rochelloise défendant le protestantisme. Il avait montré la plus vaillante intrépidité dans l’attaque du vaisseau la Vierge, appartenant au duc de Nevers7 ; c’est dans ce combat qu’il avait été blessé au front.
De Nambuc tendit une main à chacun des deux gentilshommes en signe de leur bienvenue. Il leur expliqua ensuite tous ses plans d’avenir, que ceux-ci écoutèrent avec une grande attention, mêlée de respect et d’admiration.
– La première place, leur dit-il, je la garde pour moi ; la seconde appartient de droit à mon ami du Rossey ; il vous reste, Messieurs, la troisième. Vous convient-il de l’accepter, sauf à ce que chacun de vous plus tard, car le Nouveau-Monde est grand, arrive selon ses mérites, au premier rang à côté de moi ? Vous y consentez ; c’est bien, et merci. Dans cinq jours, nous mettrons à la voile. J’aurais souhaité que ce fût demain, mais je laisse à ce brave homme, ajouta de Nambuc en montrant Bonnard, le temps de marier sa fille Marie. Vous êtes donc des nôtres, Messieurs ; c’est entendu et au revoir !
– Dans cinq jours et à bord.
– C’est dit ; je compte sur vous.
Bonnard, en accompagnant de Nambuc à l’auberge, ne put se défendre de faire observer à son capitaine combien il regrettait de lui voir faire à du Rossey une si large place dans ses plans d’avenir.
Autant Bonnard avait ressenti d’entraînement pour de Nambuc, autant du Rossey lui avait inspiré de défiance e...
Table des matières
- Couverture
- 4e de couverture
- Titre
- Copyright
- INTRODUCTION par Barbara T. Cooper
- INTRODUCTION
- NOTE TECHNIQUE ET REMERCIEMENTS
- BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE
- PIONNIERS ET AVENTURIERS À LA MARTINIQUE
- ANNEXES
- TABLE DES MATIÈRES
- TITRES DE LA COLLECTION « AUTREMENT MÊMES »
- Adresse