LES NOUVEAUX BIENS COMMUNS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
LES TROIS PRIORITÉS MONDIALES D’ACTIONS ÉCONOMIQUES
Ces trois questions ne peuvent être que l’écho quasi identique de celles posées au préalable dans la problématique fondamentale : « Pourquoi avoir des Biens Communs ? ». On y retrouve les mêmes axes d’interrogation.
Qu'est-ce que l'on produit ?
Comment on le produit ?
Comment on se répartit les produits et les fruits de cette distribution ?
Quoi produire ?
Sur le premier point, devant les gaspillages, pollution, dérèglement climatique, obsolescence programmée, il est impératif de redéfinir les produits et services que nous réalisons en ce moment. Cette redéfinition passera par la définition de nouvelles NORMES.
Il est absolument inadmissible, et incompréhensible, que les objets fabriqués actuellement, notamment l'électroménager et l'électronique ne soient pas garantis, au moins, 20 ans ! Pour quelle raison devons-nous avoir des équipements que ne durent pas, qui se jettent au bout de deux, trois ans ? Qui se souvient encore du temps où un lave-vaisselle durait 20 ans, un réfrigérateur parfois 30 ans ?
Et pour quelle raison, réellement fondamentale, au sens d'impossibilité physique ou génétique, ne pourrions-nous pas réparer, pièce par pièce, les produits manufacturés ? Pourquoi ne pourrions-nous pas remplacer, facilement, un moteur électrique, une ampoule, un circuit électronique, etc. sans devoir racheter l'ensemble de l'objet ? Pourquoi ?
La vraie réponse actuelle c'est que ce n'est pas conçu pour.
Mais la seule réponse que nous devrions apporter, c'est que cela devrait être prévu pour !
Il faut donc revoir complètement nos NORMES pour pousser, favoriser d'autres formes de conception et de créations d'objets. En choisissant ces normes, nous allons également influer sur les formes de structures juridiques qui ont créé ces outils. Prenons un exemple qui pourrait apparaître caricatural, mais pas tant que cela finalement. Si la nouvelle norme indique qu'il est nécessaire de pouvoir faire réparer son bien à moins de deux heures de voiture (électrique)sur le lieu de fabrication (et pourquoi pas après tout ?), on voit bien que l'on favorise des structures à dimensions locales humaines et non plus des multinationales au sang-froid. D'une certaine manière, ce point-là est également inclus dans le troisième.
Ajoutons, pour conclure sur cette première question, qu’elle-même contient en germe une question initiale : pourquoi on veut produire cet objet ou service ? C’est le premier filtre qui permet, après réponses et choix, de savoir quoi produire.
Comment produire ?
Le COMMENT on le produit concerne deux aspects différents. La partie technique de fabrication et la partie humaine. Cette dernière représente dans quelles conditions économiques et sociales sont fabriquées les biens et services. Quelles sont les conditions de travail ? Et ce en prenant les conditions de travail au sens large, comme qualité du lieu de travail, temps d'accès au lieu, confort de travail avec les notions de poste de travail (qualité du siège ? debout ?), espace de production (espace ouvert, atelier bruyant, petits bureaux sans fenêtres…), horaires (quantité d'heures, horaires décalés de nuit, week-end, jours fériés), la pression managériale (petits chefs à l'ancienne ou pas), la sécurité physique au travail (dangerosité des machines et des gestes effectués). Et aussi la nécessité d’avoir pour tout travail, une part de « création », de marge de manœuvre. Tout travail devrait avoir une part de liberté en harmonie avec la mission effectuée (un conseiller bancaire d’une agence locale peut décider d’une remise gracieuse de frais de découverts à un client, pas forcément d’un prêt à un milliard d’Euros...). Une nouvelle fois les normes, et les lois, vont pouvoir nous permettre d'améliorer, étape par étape, ces conditions de travail.
L'autre partie, celle qui concerne la technique de fabrication va, de la conception à la fabrication et mise en stock. Le point de départ est en même temps le point clef, c'est celui de la conception de l'objet. C'est ce qui va influencer l'ensemble de la chaîne de production. Et c'est là où la suppression des gaspillages et le respect des normes vues dans le point un devront être assurés. Une fois l'objet conçu, sa fabrication devra être faite en adéquation et respect de la partie humaine énoncée précédemment. En quelque sorte, les deux points sont liés par une dialectique. Les normes sur la partie humaine amènent des évolutions sur la partie technique. Qui en contrecoup amène d’autres réflexions et idées sur la partie humaine.
Comment répartir ?
La thématique de la RÉPARTITION constitue le troisième point. Mais comme vous l'avez compris, cette numérotation est artificielle. On peut très bien commencer par n'importe lequel de ces trois points, notamment celui-ci. Où l'on peut établir le résultat souhaité PUIS s'organiser pour les mettre en forme via le point un et deux.
Si l'on revient maintenant sur le point en lui-même, il concerne l'ensemble de la problématique de la RÉPARTITION. Ce n'est pas seulement la répartition des bénéfices, marges et dividendes. Mais c'est aussi la possibilité pour le plus grand nombre d'avoir les produits et services fabriqués. Les nouveaux Biens Communs doivent faciliter la fabrication et la distribution des nouveaux objets et services. Ils doivent aussi répondre à la question de la juste répartition des « bénéfices » récoltés par la vente des produits et services. Mais cette question centrale peut tout à fait aussi bien être traitée, dès maintenant, dans les structures économiques classiques qui ont cours et qui ne sont pas des Biens Communs, à savoir comme les entreprises. Et dans le monde actuel, ce sont elles qui doivent répondre à cette demande et ce besoin.
C'est toute la question des bénéfices colossaux qui sont réalisés par les multinationales et entreprises cotées dans les grandes Bourses (il doit être écrit très clairement que la question des PME-PMI, notamment familiales, est complètement différente, soyez persuadé que c'est un autre monde !). L'énormité des dividendes partagés, au détriment de primes sur les salariés de ceux qui ont créé ces surplus (comment est-ce possible un tel fonctionnement ? ou plutôt !), les collaborateurs de l'entreprise, est le problème social numéro un. D'autant plus que cette course à la distribution sans cesse croissante de dividendes se fait aux dépens des hausses de salaire des collaborateurs, voire de leur nombre dans l'entreprise.
Les nouveaux Biens Communs qu'ils soient numériques ou « classiques », locaux ou universels, vont contribuer, par leur essence et esprit, à prendre en compte ces trois points. Mais en attendant leurs montées en puissance, il est possible et nécessaire, pour chaque pays, de faire voter des lois garantissant des répartitions plus justes et équilibrées dans les structures économiques actuelles. Et si ces lois ne sont pas initiées et appliquées, cela rend encore plus urgente et essentielle la mise en place de Biens Communs disponibles et bénéfiques pour le plus grand bien de tous.
Cette forme d’alliance entre les deux formes, privé et Biens Communs, peut se trouver résumée par la notion d’optimisation des jeux économiques et sociaux. Car d’une certaine manière, et sous un certain angle, tout ce qui est économie, et donc social, n’est en fait, comme évoqué auparavant, qu’un jeu grandeur nature. Avec des règles, des objectifs et des joueurs. Dont certains sont gagnants, d’autres perdants. Pourtant, il existe d’autres philosophies de jeu comme les jeux coopératifs. Ou tout le monde peut être gagnant. Voyons donc l’économie et le social sous l’angle du jeu.
LES SUBVENTIONS AUX ENTREPRISES SONT DES BIENS COMMUNS FINANCIERS
Le premier nouvel outil économique basé sur les Biens Communs que nous allons présenter est celui de la question, épineuse, mais actuellement volontairement camouflée ou mise de côté, de la justification et de la contrepartie des subventions aux entreprises. Or les formes de soutien financier sont de l'argent de la communauté, d'une nation, d'un pays. Elles ne doivent plus être données aux entreprises sans compensation.
Quelle est la problématique ?
Par essence et par substance, les subventions attribuées aux entreprises c'est l'argent de tous donner à quelques-uns. Est-il concevable de les donner ? Pourquoi sont-elles données ? Sont-elles efficaces ? Sont-elles morales ?
Dans le passé, plusieurs de ces questions, légitimes, ont déjà été posées à leur sujet. Mais maintenant quelles sont les questions que la communauté, au sens d'assemblée des citoyens, pourrait se poser présentement sur ce soutien venant du collectif apporté véritablement, in fine, uniquement aux actionnaires des entreprises soutenues ?
Et surtout, et c'est la problématique principale qui sera étudiée dans ce texte, quelles sont les nouvelles formes modernes, vues sous l'angle des Biens Communs, que peuvent, doivent, prendre les subventions ?
Mais, avant cela, commençons à reprendre les critiques apportées aux formes actuelles de la subvention avant de proposer une mutation, nécessaire, de la subvention.
Subventions et Libéralisme
En effet, si l'on s'en tient à la doxa économique libérale, les subventions aux entreprises posent, en principe, deux problèmes principaux :
De cohérence de doctrine.
Le marché étant omniscient et tout-puissant, un tel cas ne devrait jamais survenir. Puisque les entreprises sont par nature non seulement rationnelles, mais aussi que rationnelles. Elles ne devraient pas avoir besoin d'un coup de pouce. Elles ne devraient faire aucune erreur. Et ne jamais se retrouver en difficulté. Il n'y a donc aucune raison pour une entreprise de faire appel à de l'argent public.
Rappelons d'ailleurs, comme évoqué plus haut que l'argent public, que cela soit celui de l'état, de régions, de départements, d'agglomérations, de communes ou de communes, est toujours de l'argent des citoyens et donc de l'argent de la communauté. Nous reviendrons plus tard sur ce point crucial.
D'équité entre entreprises.
Pourquoi favoriser telle entreprise au détriment de telle autre ? Donner une subvention à l'une par rapport à l'autre est un déséquilibre. Et pourquo...