Les enquêtes sur les pratiques culturelles
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Les enquêtes sur les pratiques culturelles

Mesures de la culture au Québec et ailleurs dans le monde

  1. 396 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
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Les enquêtes sur les pratiques culturelles

Mesures de la culture au Québec et ailleurs dans le monde

À propos de ce livre

Depuis 1979, le ministère responsable de la culture au Québec a lancé sept enquêtes dans le but de mesurer les pratiques culturelles et médiatiques des Québécois et d'en suivre l'évolution. Elles permettent de nourrir la réflexion et de préciser les interventions d'organismes culturels et de chercheurs. Or, si les données recueillies grâce à ces enquêtes permettent de mieux mesurer et décrire les pratiques culturelles, plusieurs pans restent encore à analyser.La première partie de ce livre retrace le contexte politique et idéologique dans lequel la première enquête fut mise en place, décrit ses éditions successives et cerne la place prise par la recherche au ministère responsable de la culture. La deuxième partie aborde les concepts en jeu, les considérations méthodologiques et les perspectives d'analyse. La troisième partie est consacrée à des enquêtes réalisées dans trois autres pays – la France, l'Uruguay et le Brésil – et aux défis que les chercheurs ou organismes responsables de ces enquêtes doivent relever.Ce livre s'adresse aux chercheurs et aux étudiants universitaires qui s'intéressent à la culture et aux méthodes quantitatives, et constitue une référence pour les décideurs et les professionnels du milieu culturel.

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Informations

Partie 1 /
Contextes politique et idéologique des enquêtes sur les pratiques culturelles au Québec
Chapitre 1 /
Petite histoire de l’Enquête sur les pratiques culturelles au Québec
Comment va-t-elle passer du XXe au XXIe siècle ?
Rosaire Garon
À la mémoire de Gilbert Gagnon, un bâtisseur de la recherche culturelle au Québec
Ce chapitre est dédié à la mémoire de Gilbert Gagnon (1936-2009), sociologue, qui a été un pionnier de la recherche gouvernementale dans le domaine de la culture au Québec. Premier directeur de la recherche au ministère des Affaires culturelles, en 1971, il a été l’artisan d’un programme de recherche qui jettera les bases d’une professionnalisation de la statistique culturelle au Québec, laquelle servira à « déchiffrer la culture1 » et à fonder l’action culturelle sur des connaissances objectives.
Un début
L’Enquête sur les pratiques culturelles au Québec (EPC) ne se comprend bien qu’en la situant dans le contexte historique qui a vu son émergence et dans l’évolution des problématiques ministérielles : tiraillements à l’intérieur de l’administration à l’égard de l’action culturelle, mandats qui sont venus s’ajouter à ce qui était initialement le ministère des Affaires culturelles du Québec (MACQ), émergence de l’industrie culturelle et, plus récemment, changements technologiques. Nous devons également considérer qu’il s’agit d’une enquête ministérielle, soumise à des contraintes administratives et financières, dont les problématiques sont différentes de celles qu’une telle enquête aurait pu connaître en milieu universitaire. En outre, les procédures administratives québécoises dans les appels d’offres peuvent parfois conduire à faire des choix qui ne sont pas les meilleurs sur le plan scientifique. Ces réserves étant faites, campons maintenant le décor dans lequel se déroule cette petite histoire et venons-en à sa narration.
Un premier ministre, un songe
Le songe n’est pas réservé seulement aux pharaons. Nos premiers ministres en ont également de grands et ils aiment les exposer librement devant l’assemblée du peuple. À l’aube de la Révolution tranquille, le parti libéral canalise les forces du changement. La victoire de M. Lesage, en 1960, marque le début d’une restauration sociale où l’État se fait l’initiateur et le catalyseur du progrès. Le 24 mars 1961, plein d’entrain et d’imagination, Jean Lesage, premier ministre, dévoile son rêve : faire de l’État québécois un missionnaire de la cause française en Amérique. Avec enthousiasme, il annonce la création d’un ministère de la culture, le ministère des Affaires culturelles. Ce ministère, enfant de la Révolution tranquille, en emprunte les aspirations gonflées d’un optimisme un peu irréaliste. L’histoire, comme maître de discipline, sera cruelle parce que cette ambition de former une grande nation canadienne-française en Amérique n’a été suivie ni de la volonté ni des moyens nécessaires à sa réalisation. Ce seront les motifs invoqués par le ministre Georges-Émile Lapalme, premier titulaire du ministère, dans sa lettre de démission, en 1964. Mais les rêves – comme toute illusion – ne meurent pas aussi facilement, et ce petit ministère, au budget acceptable, bien que minime, saura mettre en place les mécanismes et les institutions nécessaires au développement de la culture québécoise.
Un beau jour d’automne…
Nous voici rendus à l’année 1978. Nous étions à l’automne et les travaux de la direction de la recherche du ministère des Affaires culturelles étaient bien amorcés après la période des vacances estivales. En une fin d’après-midi, en un jour qui s’annonçait très ordinaire, la secrétaire de notre direction me signifie que le directeur, Gilbert Gagnon (voir l’encadré en début de chapitre), désire me rencontrer. Intrigué par cette demande subite, imprévue, étant un peu et même assez inquiet, je dépose minutieusement mes instruments de travail, mon stylo et ma pipe2, pour regagner le bureau du directeur. À son sourire, j’ai compris immédiatement qu’il avait de bonnes nouvelles. Il m’informa que le projet d’enquête sur les comportements des Québécois en matière d’activités culturelles de loisir – c’est ainsi que l’on désignait l’EPC à l’époque – avait été accepté par la direction ministérielle et que nous pouvions entreprendre les travaux et procédures pour sa réalisation. Encouragé, je m’équipai, comme un collégien de l’époque, d’un bloc-notes, d’une gomme à effacer et d’un crayon plutôt que d’un stylo pour ne pas trop raturer le projet de questionnaire.
J’étais loin de me douter que ce qui me semblait être une recherche comme une autre était pour me suivre et me hanter jusque dans mes rêves durant plus de 30 ans. Je ne pouvais soupçonner, non plus, que ce qui me semblait un dossier de recherche « ordinaire » devait susciter tant de débats, ni que, sous le couvert d’une méthodologie et de questions apparemment inoffensives, il pouvait y avoir matière à engager des luttes internes de pouvoir entre la culture cultivée et le développement culturel, et encore moins que « tous ces incidents [se produiraient] sur le champ de manœuvre de l’action culturelle » (Frégault, 1976, p. 39), pour reprendre une expression de Guy Frégault, qui a été longtemps sous-ministre au ministère3. Pourquoi ? Nous verrons que le politique, l’administratif et le scientifique sont parfois pris dans des intrigues dont la solution se trouve dans la connivence et le compromis. Jeune chercheur que j’étais – à l’esprit pur, je crois –, je ne pouvais m’imaginer que, tout en participant au service public, on pouvait poursuivre ses ambitions et utiliser à cet effet l’administration.
Le sage et le fonctionnaire
Au cours de son enfance, le ministère s’est donné un comité de sages qui devait l’orienter dans ses politiques, soit le Conseil des arts du Québec4. Universitaires, académiciens et professionnels des arts, détenteurs reconnus mais surtout convaincus de leur vérité culturelle, étaient persuadés que la vocation du ministère était de favoriser la culture la plus noble, d’inspiration classique, à l’exemple de celle dont Malraux se faisait le défenseur. Une action culturelle dirigée vers le professionnalisme devait être accompagnée naturellement d’un exercice de démocratisation culturelle. Guy Frégault, sous-ministre, semble un peu provoqué par cette perspective, tout en paraissant s’y résigner, sans pour autant restreindre son jugement : « Sans qu’elle le souhaite, une assemblée de “sages” […] ayant pour clientèle des establishments artistiques, ne peut, c’est dans la nature des choses, qu’élaborer une politique de notables. Et une telle politique, aussi intelligente et généreuse soit-elle, est forcément involutive. » (Frégault, 1976, p. 47)
Cette politique, qui se voulait séductrice de l’élite, a conduit le ministère à se faire le missionnaire du développement professionnel des arts et de la culture. C’était l’époque des strange bedfellows, pour reprendre l’expression de George Woodcock (1985, p. 93), au cours de laquelle les administrateurs de programmes et les milieux artistiques et culturels professionnels se retrouvaient dans une familiarité d’intérêts. Pourtant, le mécontentement régnait au Conseil des arts provincial qui aspirait, lui aussi, à jouer le rôle de prince dans la distribution des aides publiques. Dans ce duel, l’administration l’emporta par sa persévérance en ne renouvelant pas les membres du Conseil.
La dissidence
Une autre source d’inspiration a été celle de l’action culturelle en France, sous Jacques Duhamel. Une conception de l’action culturelle publicisée sous le leitmotiv du développement culturel a trouvé bon accueil auprès des responsables ministériels des régions. Autant l’agressivité du service du Développement culturel régional (DCR), qui cherchait à établir et à étendre son pouvoir, que sa philosophie inspiratrice ne pouvaient que heurter les directions générales du ministère. Intrigues et calomnies semblent avoir fait partie de la culture ministérielle, foi de sous-ministre : « Médire fait apparemment partie de l’activité culturelle et administrative. La calomnie nourrit l’intrigue, désennuie le prince et soulage la valetaille. » (Frégault, 1976, p. 24) Ainsi, la dissidence grondait au sein du ministère, comme en témoigne ce passage d’un rapport confidentiel, demandé par le ministre Denys Hardy, sur le Développement culturel régional :
Un des points de friction les plus évidents entre le DCR et les directions générales du ministère est l’incongruité apparente d’un organisme multidisciplinaire d’intervention au milieu du cénacle culturel constitué de directions générales disciplinaires. C’est en effet avec méfiance que l’on regarde ce service trouble-fête dont l’action semble vouloir décloisonner ce qu’on s’était ingénié à isoler. (Labarre, 1976, p. 42)
C’est dans un tel contexte que la décision d’enquêter sur les comportements en matière d’activités culturelles soulevait toute une série de questions conflictuelles : sur quoi enquêter ? sur qui ? pour qui et comment ? Et quels usages seraient faits des statistiques, sachant bien que leur prétendue objectivité serait ensuite utilisée par les différents acteurs, gouvernementaux, organisationnels et sociaux, dans leurs argumentaires ?
Qui, quoi, pour qui et comment
L’ignorance se revêt souvent des vertus de la naïveté. C’est heureux que j’aie entrepris ce projet d’enquêter sur les comportements des Québécois en matière d’activités culturelles dans une inconscience de ce qui pouvait se cacher derrière une telle entreprise. Il fallait enquêter sur le comportement des Québécois en matière d’activités culturelles, mais de quelles activités serait-il question ? Le ministère avait-il besoin de connaître les publics des compagnies et des organismes, ou les comportements de la population ? Fallait-il mettre l’accent sur une politique des arts, ou sur une politique culturelle ? L’étalon de mesure fixe le jugement. Le plus souvent, en région, la confusion régnait entre les compagnies et organismes professionnels et ceux reposant sur une dynamique régionale où ils étaient en développement. On devine que, derrière ces questions, se profilaient les intérêts de la répartition budgétaire entre le soutien aux professionnels et le développement des régions, et que, sous ce couvert, le prestige et le pouvoir pouvant en découler pour les gestionnaires n’étaient pas étrangers à la discorde.
Cette enquête sur les pratiques culturelles, même si elle s’inscrivait dans un programme de production statistique, était destinée premièrement à l’administration, et avait été conçue et amorcée pour celle-ci. La planification s’implantait dans les ministères. Tout comme le Service des études et recherches, en France, avait pour mission de préparer le Ve Plan (Poirrier, 1996, p. 49-50), au Québec, le Service de la recherche a participé étroitement aux travaux de l’Office de planification et de développement du Québec (OPDQ)5. Cette enquête n’était pas désintéressée quant aux besoins à satisfaire. Ces besoins de l’administration étaient toutefois en partie conflictuels, selon les positions idéologiques des directeurs quant à la fonction de la culture. Pour certains d’entre eux, il était même immoral de dépenser l’argent des pouvoirs publics pour des organismes qui ne pourront jamais atteindre les critères du professionnalisme. Rappelons que les directeurs de l’époque n’étaient pas des gestionnaires professionnels ni des diplômés de l’École nationale d’administration publique, mais des professionnels ayant œuvré dans le domaine des arts et de la culture, par exemple d’anciens directeurs de théâtre ou d’orchestre, des bibliothécaires et des libraires professionnels. À l’époque, on entendait beaucoup de musique classique dans les corridors. Tout ce contexte colorait la conception du développement disciplinaire de même que celle du développement global.
La bataille des professionnels et des amateurs fera longtemps l’objet de litiges, tout comme celle de la démocratisation et de la décentralisation. Jean-François Barbier-Bouvet exprimait déjà bien cette tension entre l’étude des publics de la culture centrée sur la conservation et la création, et une autre encouragée par une politique culturelle centrée sur la diffusion : « Si la première n’éprouvait guère le besoin de s’enquérir de son public, la seconde lui a accordé une place de plus en plus importante. […] Dans ce cadre, il est demandé désormais aux études de faire le bilan des principales inégalités dans la pratique selon les différentes catégories sociodémographiques […] et de comprendre la logique qui produit ces inégalités. » (Barbier-Bouvet, 1978, p. 570)
La connaissance de la réalité culturelle du Québec était faite d’un rapiéçage d’informations se prêtant difficilement à une codification et à une systématisation. Même si Statistique Canada avait un programme de recherche en matière de culture, ce programme convenait peu aux besoins du Québec, notamment à l’égard du développement culturel régional, et sa seule provenance produisait un certain agacement de la fibre nationaliste chez certains dans l’appareil administratif québécois. Cela incitait à la mise en place d’un système statistique autonome. Cette pression était d’autant plus forte que plusieurs projets culturels étaient en cours, soit dans le cadre des ententes fédérales-provinciales, soit dans l’élaboration des schémas régionaux sous la gouverne de l’OPDQ. Ces projets étaient fertilisés par des programmes de création d’emplois tels que PIL (Programme d’initiatives locales) et PJ (Perspective Jeunesse). Il y a donc eu une grande effervescence culturelle dans les régions, provoquée par ces programmes de création d’emplois, et plusieurs compagnies artistiques et organismes culturels en sont nés. L’improvisation de politiques et de plans d’action devenait moins acceptable dans un tel contexte. Augustin Girard et Geneviève Gentil nous rappellent la nécessité de fonder l’action culturelle pub...

Table des matières

  1. Cover
  2. Page de titre
  3. Page de copyright
  4. Remerciements
  5. Liste des encadrés
  6. Liste des figures
  7. Liste des sigles et acronymes
  8. Introduction /: Repenser les enquêtes sur les pratiques culturelles au Québec
  9. Partie 1 /: Contextes politique et idéologique des enquêtes sur les pratiques culturelles au Québec
  10. Partie 2 /: Concepts en jeu, considérations méthodologiques et perspectives d’analyse
  11. Partie 3 /: Perspectives internationales
  12. Conclusion finale
  13. Biographies