Servir le prince en temps de guerre civile
Dans l'Europe des XVIe et XVIIe siÚcles
Matthieu Gellard, Bertrand Haan, Jérémie Foa, Matthieu Gellard, Bertrand Haan, Jérémie Foa
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Servir le prince en temps de guerre civile
Dans l'Europe des XVIe et XVIIe siÚcles
Matthieu Gellard, Bertrand Haan, Jérémie Foa, Matthieu Gellard, Bertrand Haan, Jérémie Foa
Ă propos de ce livre
Le service implique une hiĂ©rarchie et se fonde sur une rĂ©ciprocitĂ©: il revient au sujet de satisfaire et d'assister les dĂ©tenteurs du pouvoir, comme aux dĂ©tenteurs du pouvoir de reconnaĂźtre, d'accrĂ©diter et de rĂ©compenser le service rendu. Le service s'accompagne d'un discours mettant en exergue le dĂ©vouement voire le sacrifice, tout en demandant Ă ĂȘtre confirmĂ© en actes. Ainsi est-il un fondement de la fidĂ©litĂ© aux princes, doit-il ĂȘtre profitable Ă chacun, et ouvre-t-il la porte Ă la nĂ©gociation. Comment comprendre, dans une perspective europĂ©enne et au sein de la premiĂšre modernitĂ©, le service comme ce lien fondamental qui innerve tous les rapports d'autoritĂ©? La rĂ©ponse ne tient pas Ă une construction hiĂ©rarchique dĂ©cidĂ©e du sommet mais Ă des interactions entrecroisĂ©es. Elle ne tient pas seulement Ă des Ă©lĂ©ments de discours, mais Ă des comportements individuels et collectifs entre les sujets et leurs dirigeants. Elle ne se limite pas aux Ă©lites sociales sur lesquelles l'historiographie a jusqu'ici concentrĂ© son attention, mais elle concerne l'ensemble des acteurs qui invoquent leur attachement indĂ©fectible Ă un prince ou Ă une communautĂ© quelle qu'elle soit (une RĂ©publique, une Ăglise, une ville, etc.). Au-delĂ de ces rapports vĂ©cus sur un mode personnel et mĂȘme charnel avec les dirigeants, le service met en concurrence les convictions politiques et religieuses. Alors que nombre d'Ătats s'affirment au cours de la premiĂšre modernitĂ© comme des entitĂ©s autonomes, le service rendu Ă la personne du dirigeant et les obligations ressenties envers l'Ătat, le bien commun ou l'Ăglise, tendent Ă se dissocier, voire Ă entrer en conflit dans le cadre de guerres civiles et de guerres de Religion. C'est au cĆur de ces pĂ©riodes de dĂ©chirures que le service et la relation au service vivent une mutation dĂ©cisive. C'est en leur sein que s'Ă©clairent le plus vivement les pratiques et les conceptions politiques fondĂ©es sur le service dans ses diffĂ©rentes formes, dans ses actes, dans les imaginaires qu'il met en jeu, dans les nĂ©gociations et les conflits qu'il suscite.