Le troisiĂšme monde
Signification, vérité et connaissance chez Frege
Jacques Bouveresse
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Le troisiĂšme monde
Signification, vérité et connaissance chez Frege
Jacques Bouveresse
Ă propos de ce livre
Ă cĂŽtĂ© des choses du monde extĂ©rieur, d'une part, et des reprĂ©sentations du monde mental, d'autre part, « on doit, Ă©crit Frege dans La PensĂ©e, reconnaĂźtre un troisiĂšme monde. Ce qui y appartient s'accorde avec les reprĂ©sentations en ce qu'il ne peut ĂȘtre perçu par les sens, avec les choses en ce qu'il n'a besoin d'aucun porteur au contenu de conscience duquel il appartiendrait. Il en est ainsi, par exemple, de la pensĂ©e que nous exprimons dans le thĂ©orĂšme de Pythagore: elle est vraie intemporellement, vraie indĂ©pendamment du fait que qui que ce soit la tienne pour vraie ou non ». Du point de vue de Frege, « l'ĂȘtre-vrai est quelque chose d'autre que l'ĂȘtre-considĂ©rĂ©-comme-vrai, que ce soit par un, par beaucoup, par tous, et ne peut en aucune façon ĂȘtre ramenĂ© Ă lui. Il n'est pas contradictoire que quelque chose soit vrai, qui est considĂ©rĂ© comme faux par tous ». « Peut-on â se demande-t-il â falsifier plus gravement le sens du mot "vrai" que lorsqu'on veut inclure une rĂ©fĂ©rence Ă celui qui juge? » La notion frĂ©gĂ©enne de vĂ©ritĂ© est intrinsĂšquement non Ă©pistĂ©mique. Elle n'implique apparemment aucune rĂ©fĂ©rence essentielle Ă un sujet connaissant, pas mĂȘme (comme celle de Peirce) Ă un sujet connaissant collectif, identifiĂ© avec la communautĂ© des esprits engagĂ©e dans la tĂąche infinie de la recherche de la vĂ©ritĂ©. En ce sens-lĂ , il est parfaitement correct de soutenir, comme l'a fait Dummett, que Frege a voulu dĂ©possĂ©der la thĂ©orie de la connaissance de la position privilĂ©giĂ©e qu'elle occupait avant lui en philosophie; et les questions fondamentales de la thĂ©orie de la connaissance, de leur caractĂšre prĂ©judiciel. L'opinion de Geach est, sur ce point, la mĂȘme que celle de Dummett: « Il est certain que Frege rejetait totalement une approche Ă©pistĂ©mologique des problĂšmes philosophiques. Son attitude a Ă©tĂ© tout au long de sa vie: en premier lieu, dĂ©terminez ce qui est connu et la maniĂšre dont ces vĂ©ritĂ©s connues doivent ĂȘtre analysĂ©es et articulĂ©es â et c'est seulement ensuite que vous pourrez, avec profit, commencer Ă discuter ce qui fait que ces vĂ©ritĂ©s se mettent Ă apparaĂźtre Ă un ĂȘtre humain; si vous essayez de dĂ©marrer avec une thĂ©orie de la connaissance, vous n'aboutirez nulle part. »