L'art de la Guerre (Les Treize Articles)
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Sun Tzu

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L'art de la Guerre (Les Treize Articles)

Sun Tzu

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À propos de ce livre

Traduit pour la premiĂšre fois par un jĂ©suite en 1772 sous le titre «Les treize chapitres», qui l'a fait connaĂźtre en Europe, ce texte est vite devenu un texte fondateur de la stratĂ©gie militaire auprĂšs des diffĂ©rentes cours et Ă©tat-majors europĂ©ens. Rarement, un livre ancien (Ă©crit entre le 6Ăšme et le 3e siĂ©cle avant JĂ©sus-Christ) n'est restĂ© aussi moderne, car cette philosophie de la guerre et de la politique fondĂ©e sur la ruse et le semblant, plus que sur la force brute, qu'il dĂ©crit, est toujours d'actualitĂ©. Et mĂȘme, hors de la «chose militaire», Sun tzu reste une grande rĂ©fĂ©rence pour dĂ©crypter la stratĂ©gie d'entreprise et la politique. La formulation prĂ©cise et imagĂ©e de Sun tzu ajoute Ă  l'intĂ©rĂȘt du texte, une touche de sagesse millĂ©naire...

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Informations

Article XI – Des neufs sortes de terrain

Sun Tzu dit : Il y a neuf sortes de lieux qui peuvent ĂȘtre Ă  l'avantage ou au dĂ©triment de l'une ou de l'autre armĂ©e. 1° Des lieux de division ou de dispersion. 2° Des lieux lĂ©gers. 3° Des lieux qui peuvent ĂȘtre disputĂ©s. 4° Des lieux de rĂ©union. 5° Des lieux pleins et unis. 6° Des lieux Ă  plusieurs issues. 7° Des lieux graves et importants. 8° Des lieux gĂątĂ©s ou dĂ©truits. 9° Des lieux de mort.
I. J'appelle lieux de division ou de dispersion ceux qui sont prĂšs des frontiĂšres dans nos possessions. Des troupes qui se tiendraient longtemps sans nĂ©cessitĂ© au voisinage de leurs foyers sont composĂ©es d'hommes qui ont plus envie de perpĂ©tuer leur race que de s'exposer Ă  la mort. À la premiĂšre nouvelle qui se rĂ©pandra de l'approche des ennemis, ou de quelque prochaine bataille, le gĂ©nĂ©ral ne saura quel parti prendre, ni Ă  quoi se dĂ©terminer, quand il verra ce grand appareil militaire se dissiper et s'Ă©vanouir comme un nuage poussĂ© par les vents.
II. J'appelle lieux légers ou de légÚreté ceux qui sont prÚs des frontiÚres, mais pénÚtrent par une brÚche sur les terres des ennemis. Ces sortes de lieux n'ont rien qui puisse fixer. On peut regarder sans cesse derriÚre soi, et le retour étant trop aisé, il fait naßtre le désir de l'entreprendre à la premiÚre occasion : l'inconstance et le caprice trouvent infailliblement de quoi se contenter.
III. Les lieux qui sont Ă  la biensĂ©ance des deux armĂ©es, oĂč l'ennemi peut trouver son avantage aussi bien que nous pouvons trouver le nĂŽtre, oĂč l'on peut faire un campement dont la position, indĂ©pendamment de son utilitĂ© propre, peut nuire au parti opposĂ©, et traverser quelques-unes de ses vues ; ces sortes de lieux peuvent ĂȘtre disputĂ©s, ils doivent mĂȘme l'ĂȘtre. Ce sont lĂ  des terrains clĂ©s.
IV. Par les lieux de rĂ©union, j'entends ceux oĂč nous ne pouvons guĂšre manquer de nous rendre et dans lesquels l'ennemi ne saurait presque manquer de se rendre aussi, ceux encore oĂč l'ennemi, aussi Ă  portĂ©e de ses frontiĂšres que vous l'ĂȘtes des vĂŽtres, trouverait, ainsi que vous, sa sĂ»retĂ© en cas de malheur, ou les occasions de suivre sa bonne fortune, s'il avait d'abord du succĂšs. Ce sont lĂ  des lieux qui permettent d'entrer en communication avec l'armĂ©e ennemie, ainsi que les zones de repli.
V. Les lieux que j'appelle simplement pleins et unis sont ceux qui, par leur configuration et leurs dimensions, permettent leur utilisation par les deux armées, mais, parce qu'ils sont au plus profond du territoire ennemi, ne doivent pas vous inciter à livrer bataille, à moins que la nécessité ne vous y contraigne, ou que vous n'y soyez forcé par l'ennemi, qui ne vous laisserait aucun moyen de pouvoir l'éviter.
VI. Les lieux Ă  plusieurs issues, dont je veux parler ici, sont ceux en particulier qui permettent la jonction entre les diffĂ©rents États qui les entourent. Ces lieux forment le nƓud des diffĂ©rents secours que peuvent apporter les princes voisins Ă  celle des deux parties qu'il leur plaira de favoriser.
VII. Les lieux que je nomme graves et importants sont ceux qui, placĂ©s dans les États ennemis, prĂ©sentent de tous cĂŽtĂ©s des villes, des forteresses, des montagnes, des dĂ©filĂ©s, des eaux, des ponts Ă  passer, des campagnes arides Ă  traverser, ou telle autre chose de cette nature.
VIII. Les lieux oĂč tout serait Ă  l'Ă©troit, oĂč une partie de l'armĂ©e ne serait pas Ă  portĂ©e de voir l'autre ni de la secourir, oĂč il y aurait des lacs, des marais, des torrents ou quelque mauvaise riviĂšre, oĂč l'on ne saurait marcher qu'avec de grandes fatigues et beaucoup d'embarras, oĂč l'on ne pourrait aller que par pelotons, sont ceux que j'appelle gĂątĂ©s ou dĂ©truits.
IX. Enfin, par des lieux de mort, j'entends tous ceux oĂč l'on se trouve tellement rĂ©duit que, quelque parti que l'on prenne, on est toujours en danger ; j'entends des lieux dans lesquels, si l'on combat, on court Ă©videmment le risque d'ĂȘtre battu, dans lesquels, si l'on reste tranquille, on se voit sur le point de pĂ©rir de faim, de misĂšre ou de maladie ; des lieux, en un mot, oĂč l'on ne saurait rester et oĂč l'on ne peut survivre que trĂšs difficilement en combattant avec le courage du dĂ©sespoir.
Telles sont les neuf sortes de terrain dont j'avais à vous parler ; apprenez à les connaßtre, pour vous en défier ou pour en tirer parti.
Lorsque vous ne serez encore que dans des lieux de division, contenez bien vos troupes ; mais surtout ne livrez jamais de bataille, quelque favorables que les circonstances puissent vous paraßtre. La vue de leur pays et la facilité du retour occasionneraient bien des lùchetés : bientÎt les campagnes seraient couvertes de fuyards.
Si vous ĂȘtes dans des lieux lĂ©gers, n'y Ă©tablissez point votre camp. Votre armĂ©e ne s'Ă©tant point encore saisie d'aucune ville, d'aucune forteresse, ni d'aucun poste important dans les possessions des ennemis, n'ayant derriĂšre soi aucune digue qui puisse l'arrĂȘter, voyant des difficultĂ©s, des peines et des embarras pour aller plus avant, il n'est pas douteux qu'elle ne soit tentĂ©e de prĂ©fĂ©rer ce qui lui paraĂźt le plus aisĂ© Ă  ce qui lui semblera difficile et plein de dangers.
Si vous avez reconnu de ces sortes de lieux qui vous paraissent devoir ĂȘtre disputĂ©s, commencez par vous en emparer : ne donnez pas Ă  l'ennemi le temps de se reconnaĂźtre, employez toute votre diligence, que les formations ne se sĂ©parent pas, faites tous vos efforts pour vous en mettre dans une entiĂšre possession ; mais ne livrez point de combat pour en chasser l'ennemi. S'il vous a prĂ©venu, usez de finesse pour l'en dĂ©loger, mais si vous y ĂȘtes une fois, n'en dĂ©logez pas.
Pour ce qui est des lieux de réunion, tùchez de vous y rendre avant l'ennemi ; faites en sorte que vous ayez une communication libre de tous les cÎtés ; que vos chevaux, vos chariots et tout votre bagage puissent aller et venir sans danger. N'oubliez rien de tout ce qui est en votre pouvoir pour vous assurer de la bonne volonté des peuples voisins, recherchez-la, demandez-la, achetez-la, obtenez-la à quelque prix que ce soit, elle vous est nécessaire ; et ce n'est guÚre que par ce moyen que votre armée peut avoir tout ce dont elle aura besoin. Si tout abonde de votre cÎté, il y a grande apparence que la disette régnera du cÎté de l'ennemi.
Dans les lieux pleins et unis, Ă©tendez-vous Ă  l'aise, donnez-vous du large, faites des retranchements pour vous mettre Ă  couvert de toute surprise, et attendez tranquillement que le temps et les circonstances vous ouvrent les voies pour faire quelque grande action.
Si vous ĂȘtes Ă  portĂ©e de ces sortes de lieux qui ont plusieurs issues, oĂč l'on peut se rendre par plusieurs chemins, commencez par les bien connaĂźtre ; alliez-vous aux États voisins, que rien n'Ă©chappe Ă  vos recherches ; emparez-vous de toutes les avenues, n'en nĂ©gligez aucune, quelque peu importante qu'elle vous paraisse, et gardez-les toutes trĂšs soigneusement.
Si vous vous trouvez dans des lieux graves et importants, rendez-vous maĂźtre de tout ce qui vous environne, ne laissez rien derriĂšre vous, le plus petit poste doit ĂȘtre emportĂ© ; sans cette prĂ©caution vous courriez le risque de manquer des vivres nĂ©cessaires Ă  l'entretien de votre armĂ©e, ou de vous voir l'ennemi sur les bras lorsque vous y penseriez le moins, et d'ĂȘtre attaquĂ© par plusieurs cĂŽtĂ©s Ă  la fois.
Si vous ĂȘtes dans des lieux gĂątĂ©s ou dĂ©truits, n'allez pas plus avant, retournez sur vos pas, fuyez le plus promptement qu'il vous sera possible.
Si vous ĂȘtes dans des lieux de mort, n'hĂ©sitez point Ă  combattre, allez droit Ă  l'ennemi, le plus tĂŽt est le meilleur.
Telle est la conduite que tenaient nos anciens guerriers. Ces grands hommes, habiles et expĂ©rimentĂ©s dans leur art, avaient pour principe que la maniĂšre d'attaquer et de se dĂ©fendre ne devait pas ĂȘtre invariablement la mĂȘme, qu'elle devait ĂȘtre prise de la nature du terrain que l'on se occupait et de la position oĂč l'on se trouvait. Ils disaient encore que la tĂȘte et la queue d'une armĂ©e ne devaient pas ĂȘtre commandĂ©es de la mĂȘme façon, qu'il fallait combattre la tĂȘte et enfoncer la queue ; que la multitude et le petit nombre ne pouvaient pas ĂȘtre longtemps d'accord ; que les forts et les faibles, lorsqu'ils Ă©taient ensemble, ne tardaient guĂšre Ă  se dĂ©sunir ; que les hauts et les bas ne pouvaient ĂȘtre Ă©galement utiles ; que les troupes Ă©troitement unies pouvaient aisĂ©ment se diviser, mais que celles qui Ă©taient une fois divisĂ©es ne se rĂ©unissaient que trĂšs difficilement. Ils rĂ©pĂ©taient sans cesse qu'une armĂ©e ne devait jamais se mettre en mouvement qu'elle ne fĂ»t sĂ»re de quelque avantage rĂ©el, et que, lorsqu'il n'y avait rien Ă  gagner, il fallait se tenir tranquille et garder le camp.
En rĂ©sumĂ©, je vous dirai que toute votre conduite militaire doit ĂȘtre rĂ©glĂ©e suivant les circonstances ; que vous devez attaquer ou vous dĂ©fendre selon que le thĂ©Ăątre de la guerre sera chez vous ou chez l'ennemi.
Si la guerre se fait dans votre propre pays, et si l'ennemi, sans vous avoir donnĂ© le temps de faire tous vos prĂ©paratifs, s'apprĂȘtant Ă  vous attaquer, vient avec une armĂ©e bien ordonnĂ©e pour l'envahir ou le dĂ©membrer, ou y faire des dĂ©gĂąts, ramassez promptement le plus de troupes que vous pourrez, envoyez demander du secours chez les voisins et chez les alliĂ©s, emparez-vous de quelques lieux qu'il chĂ©rit, et il se fera conforme Ă  vos dĂ©sirs, mettez-les en Ă©tat de dĂ©fense, ne fĂ»t-ce que pour gagner du temps ; la rapiditĂ© est la sĂšve de la guerre.
Voyagez par les routes sur lesquelles il ne peut vous attendre ; mettez une partie de vos soins Ă  empĂȘcher que l'armĂ©e ennemie ne puisse recevoir des vivres, barrez-lui tous les chemins, ou du moins faites qu'elle n'en puisse trouver aucun sans embuscades, ou sans qu'elle soit obligĂ©e de l'emporter de vive force.
Les paysans peuvent en cela vous ĂȘtre d'un grand secours et vous servir mieux que vos propres troupes : faites-leur entendre seulement qu'ils doivent empĂȘcher que d'injustes ravisseurs ne viennent s'emparer de toutes leurs possessions et ne leur enlĂšvent leur pĂšre, leur mĂšre, leur femme et leurs enfants.
Ne vous tenez pas seulement sur la défensive, envoyez des partisans pour enlever des convois, harcelez, fatiguez, attaquez tantÎt d'un cÎté, tantÎt de l'autre ; forcez votre injuste agresseur à se repentir de sa témérité ; contraignez-le de retourner sur ses pas, n'emportant pour tout butin que la honte de n'avoir pu réussir.
Si vous faites la guerre dans le pays ennemi, ne divisez vos troupes que trÚs rarement, ou mieux encore, ne les divisez jamais ; qu'elles soient toujours réunies et en état de se secourir mutuellement ; ayez soin qu'elles ne soient jamais que dans des lieux fertiles et abondants.
Si elles venaient à souffrir de la faim, la misÚre et les maladies feraient bientÎt plus de ravage parmi elles que ne le pourrait faire dans plusieurs années le fer de l'ennemi.
Procurez-vous pacifiquement tous les secours dont vous aurez besoin ; n'employez la force que lorsque les autres voies auront Ă©tĂ© inutiles ; faites en sorte que les habitants des villages et de la campagne puissent trouver leurs intĂ©rĂȘts Ă  venir d'eux-mĂȘmes vous offrir leurs denrĂ©es ; mais, je le rĂ©pĂšte, que vos troupes ne soient jamais divisĂ©es.
Tout le reste étant égal, on est plus fort de moitié lorsqu'on combat chez soi.
Si vous combattez chez l'ennemi, ayez Ă©gard Ă  cette maxime, surtout si vous ĂȘtes un peu avant dans ses États : conduisez alors votre armĂ©e entiĂšre ; faites toutes vos opĂ©rations militaires dans le plus grand secret, je veux dire qu'il faut empĂȘcher qu'aucun ne puisse pĂ©nĂ©trer vos desseins : il suffit qu'on sache ce que vous voulez faire quand le temps de l'exĂ©cuter sera arrivĂ©.
Il peut arriver que vous soyez rĂ©duit quelquefois Ă  ne savoir oĂč aller, ni de quel cĂŽtĂ© vous tourner ; dans ce cas ne prĂ©cipitez rien, attendez tout du temps et des circonstances, soyez inĂ©branlable dans le lieu oĂč vous ĂȘtes.
Il peut arriver encore que vous vous trouviez engagé mal à propos ; gardez-vous bien alors de prendre la fuite, elle causerait votre perte ; périssez plutÎt que de reculer, vous périrez au moins glorieusement ; cependant, faites bonne contenance. Votre armée, accoutumée à ignorer vos desseins, ignorera pareillement le péril qui la menace ; elle croira que vous avez eu vos raisons, et combattra avec autant d'ordre et de valeur que si vous l'aviez disposée depuis longtemps à la bataille.
Si dans ces sortes d'occasions vous triomphez, vos soldats redoubleront de force, de courage et de valeur ; votre rĂ©putation s'accroĂźt dans la proportion mĂȘme du risque que vous avez couru. Votre armĂ©e se croira invincible sous un chef tel que vous.
Quelque critiques que puissent ĂȘtre la situation et les circonstances oĂč vous vous trouvez, ne dĂ©sespĂ©rez de rien ; c'est dans les occasions oĂč tout est Ă  craindre qu'il ne faut rien craindre ; c'est lorsqu'on est environnĂ© de tous les dangers qu'il n'en faut redouter aucun ; c'est lorsqu'on est sans aucune ressource qu'il faut compter sur toutes ; c'est lorsqu'on est surpris qu'il faut surprendre l'ennemi lui-mĂȘme.
Instruisez tellement vos troupes qu'elles puissent se trouver prĂȘtes sans prĂ©paratifs, qu'elles trouvent de grands avantages lĂ  oĂč elles n'en ont cherchĂ© aucun, que sans aucun ordre particulier de votre part, elles improvisent les dispositions Ă  prendre, que sans dĂ©fense expresse elles s'interdisent d'elles-mĂȘmes tout ce qui est contre la discipline.
Veillez en particulier avec une extrĂȘme attention Ă  ce qu'on ne sĂšme pas de faux bruits, coupez racine aux plaintes et aux murmures, ne permettez pas qu'on tire des augures sinistres de tout ce qui peut arriver d'extraordinaire.
Si les devins ou les astrologues de l'armée ont prédit le bonheur, tenez-vous-en à leur décision ; s'ils parlent avec obscurité, interprétez en bien ; s'ils hésitent, ou qu'ils ne disent pas des choses avantageuses, ne les écoutez pas, faites-les taire.
Aimez vos troupes, et procurez-leur tous les secours, tous les avantages, toutes les commoditĂ©s dont elles peuvent avoir besoin. Si elles essuient de rudes fatigues, ce n'est pas qu'elles s'y plaisent ; si elles endurent la faim, ce n'est pas qu'elles ne se soucient pas de manger ; si elles s'exposent Ă  la mort, ce n'est point qu'elles n'aiment pas la vie. Si mes officiers n'ont pas un surcroĂźt de richesses, ce n'est pas parce qu'ils dĂ©daignent les biens de ce monde. Faites en vous-mĂȘme de sĂ©rieuses rĂ©flexions sur tout cela.
Lorsque vous aurez tout disposĂ© dans votre armĂ©e et que tous vos ordres auront Ă©tĂ© donnĂ©s, s'il arrive que vos troupes nonchalamment assises donnent des marques de tristesse, si elles vont jusqu'Ă  verser des larmes, tirez-les promptement de cet Ă©tat d'assoupissement et de lĂ©thargie, donnez-leur des festins, faites-leur entendre le bruit du tambour et des autres instruments militaires, exercez-les, faites-leur faire des Ă©volutions, faites-leur changer de place, menez-les mĂȘme dans des lieux un peu difficiles, oĂč elles aient Ă  travailler et Ă  souffrir. Imitez la conduite de Tchouan Tchou et de Tsao-Kouei, vous changerez le cƓur de vos soldats, vous les accoutumerez au travail, ils s'y endurciront, rien ne leur coĂ»tera dans la suite.
Les quadrupĂšdes regimbent quand on les charge trop, ils deviennent inutiles quand ils sont forcĂ©s. Les oiseaux au contraire veulent ĂȘtre forcĂ©s pour ĂȘtre d'un bon usage. Les hommes tiennent un milieu entre les uns et les autres, il faut les charger, mais non pas jusqu'Ă  les accabler ; il faut mĂȘme les forcer, mais avec discernement et mesure.
Si vous voulez tirer un bon parti de votre armĂ©e, si vous voulez qu'elle soit invincible, faites qu'elle ressemble au Chouai Jen. Le Chouai Jen est une espĂšce de gros serpent qui se trouve dans la montagne de Tchang Chan. Si l'on frappe sur la tĂȘte de ce serpent, Ă  l'instant sa queue va au secours, et se recourbe jusqu'Ă  la tĂȘte ; qu'on le frappe sur la queue, la tĂȘte s'y trouve dans le moment pour la dĂ©fendre ; qu'on le frappe sur le milieu ou sur quelque autre partie de son corps, sa tĂȘte et sa queue s'y trouvent d'abord rĂ©unies. Mais cela peut-il ĂȘtre pratiquĂ© par une armĂ©e ? dira peut-ĂȘtre q...

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