Nature morte au couteau
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Nature morte au couteau

Anne-Marie Desmeules

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  1. 172 pagine
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Nature morte au couteau

Anne-Marie Desmeules

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Tu quitteras sans retour la ville dĂ©vastĂ©e pour t'enfoncer dans la forĂȘt. Tu marcheras vers le nord. Tu fuiras la lumiĂšre et tomberas du cĂŽtĂ© foisonnant du miroir. Tu verras, encore debout, les animaux et les plantes. Eux aussi te verront. Car ce livre est un pont, une cassure, une allĂ©gorie qui se replie sur elle-mĂȘme. Un exil, une rĂ©sistance. Tu fuiras et, dans ta fuite, tu entremĂȘleras ta destinĂ©e Ă  celle d'autres humains. Avec eux, tu lutteras contre le froid, la faim, la promiscuitĂ©, les pilleurs. BientĂŽt vous ne serez plus qu'un noyau minuscule dans l'immensitĂ© des plateaux de gneiss mangĂ©s par les aulnes et le myrique baumier. Avec eux, tu devras tout reconstruire. Dans les glaces brisĂ©es du territoire, tu croiseras peut-ĂȘtre un reflet autre. AffĂ»te tes lames et pars. Le monde est une gorge Ă  trancher.

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Informazioni

Anno
2020
ISBN
9782896985258
Argomento
Literature
Categoria
Poetry
La femme sans avenir
Dans l’acte d’amour se mĂȘlent deux haleines vivantes. Dans le moment de la perte, notre haleine se retrouve seule, ne sait plus faire signe Ă  quiconque. Dans le deuil et la hantise, notre haleine, tout Ă  coup, rencontre un courant d’air : le souffle de l’absence, la respiration du lieu lui-mĂȘme. Le fantĂŽme.
Georges Didi-Huberman,
GĂ©nie du non-lieu
Hiver 1
La lande (mainates plombĂ©s, clĂŽtures, vire-vent et ferraille silencieuse) est un tableau mort oĂč je me reprĂ©sente aisĂ©ment, ensoleillĂ©e d’existence. Je sais que tout s’accĂ©lĂšre, mais j’essaie de tout retenir. Loin des cathĂ©drales en ruines, comme un drone, je survole les grĂšves, leurs taches arctiques et fractales. Les cuivres sĂ©crĂštent des mauves, l’hiver confĂšre au matin un ennui de fond. Le poids de mon corps s’évanouit. Éventrer des fruits m’apaise, j’enfouis ma joue dans leurs plumes encore fumantes. Je rĂ©pĂšte jusqu’à l’inconsistance : la mer se boit par petites gorgĂ©es, et chaque espĂšce emprunte un couloir diffĂ©rent.
Ma robe Ă©close, je cours avec des ciseaux. J’occupe l’éternitĂ© en taillant des silhouettes dans l’étoffe du cosmos. Il est temps de me renouveler, de distinguer perte et apparence de perte. La terre s’éloigne. Moi, figure dans un poing, moi plaie scintillante, moi, flĂšche. Je prĂ©fĂšre l’ocĂ©an, son chƓur dĂ©multipliĂ©, son lustre violĂątre. Ma tristesse a le tintement de ceux qui reviennent. Pourtant, plus rien ne me concerne ici.
Je panique Ă  l’idĂ©e de rĂ©apprendre la motion, de dĂ©cider ce qui est acceptable ou non, qui est ou n’est pas habilitĂ© Ă  franchir la riviĂšre, je me tords les doigts et pose mon front lĂ -haut, sur la grande faille.
Hiver 2
J’entre – et c’est lĂ  mot pesĂ© – dans l’irrespirable. Je m’arrache au rĂ©el et je dis, je beugle l’absence de temps et d’espace pour demeurer humaine. Mon corps m’exhorte Ă  fuir, ma soif une grandeur de souffle camouflĂ©e dans de petites noix rances.
Les jeux que j’invente sont Ă©reintants, mais par eux j’échappe Ă  la mort lente. Je n’ai pas le choix, c’est ainsi. Certains, il est vrai, piquent Ă  travers champ et crĂ©ent des brĂšches dans l’obscuritĂ©. Le sacrifice a lieu Ă  la brunante, quand se confondent loques et livrĂ©e royale. Ce qu’il reste aprĂšs se mĂȘle aux traces des cerfs Ă  l’entrĂ©e des ravages. Un ruissellement infime, le retour des longues journĂ©es.
Hiver 3
Je reviens dans l’eau sale de la zone et je lance mon Ă©crou, espĂ©rant que le biome ne me traite pas comme un corps Ă©tranger. Un pas de trop et c’est la fin. Trop d’arrogance et c’est aussi la fin. Le mĂ©canisme est prompt, explosif. Dehors, la pluie froide colle les cheveux au crĂąne. Les insectes prennent le chemin de la terre. Les moisissures prĂ©parent la suite. Je mue par mes pores.
Je veux atteindre l’autre cĂŽtĂ© du miroir, je veux jouer dans la trame du monde, en dĂ©foncer les contours. Une violence nĂ©cessaire. Il faut ĂȘtre brutal avec le monde. Douceur pour soi, violence pour le monde.
Hiver 4
CondamnĂ©e j’arpente l’espace Ă  la brasse, je me dĂ©leste de mes bagues. Leur marque me rappelle mes vƓux de silence. Poulies et palans, j’apprends Ă  remonter la pluie jusqu’au carrelage miroitant de ma nouvelle demeure. Pour toi, j’abandonne ma paix, pour un seul mot entiĂšrement noir, ma maison dans les ronces.
J’apprends Ă  dĂ©croĂźtre avec la lumiĂšre comme les noyĂ©s prĂȘts Ă  refaire surface. J’ai toujours aimĂ© les feux d’artifice, trop beaux trop clairs, la finesse des gaz et des particules qui retombent en Ă©cailles. J’envie la violence de l’électricitĂ©. La nuit transporte mes armes, la nuit est un calque. Je flambe Ă  l’angle des loupes.
Hiver 8
Dans une boĂźte Ă  ta porte, mes restes comme des lames neuves – trois morceaux de charbon sous l’aile opposĂ©e des dimanches faciles. Tu me poses prĂšs de la fenĂȘtre. Ta collection d’os Ă  souhaits attend quelqu’un pour se rompre, s’envoler, disparaĂźtre. Demain, tu seras ailleurs, sorti de ton axe comme une coupe brisĂ©e.
Toujours l’inquiĂ©tude dans ton regard, toujours cette tristesse. Aux autres, tu montres tes livres. Des poĂšmes enluminĂ©s dans de grands cahiers en cuir, palimpsestes rĂ©Ă©crits de ta main sur les rĂ©cits de naguĂšre. Mon nom s’y rĂ©pĂšte, en lettres de toutes les couleurs. Tu y consignes ton engagement, prĂšs des mĂ©dailles qui, cueillies aux cols des morts, maintenant te dĂ©finissent comme chien. Tu dis : je suis chien fidĂšle, et tu en es fier, au milieu de cette cabane oĂč tu Ă©touffes.
Tu scrutes le ciel avec suspicion. Un ocĂ©an de sucre brĂ»lĂ©. Tu crois m’apercevoir, alors tu sombres dans le rĂ©cit hallucinatoire des influences planĂ©taires. Le fil de ta voix porte la beautĂ© de ta jeunesse. C’est lĂ  qu’il faut sauter, dis-tu, passer le relais au nĂ©ant. Je reste Ă  bonne distance, mon seau dĂ©borde de perles. Ce n’est plus comme avant, avec les herbes penchĂ©es. Mais ton art me protĂšge. Ton art mime la soif, fait jaillir le sang.
Hiver 11
Le pĂ©ricarde s’embrase, puis le cƓur. Je peux te dire que je meurs seule, que les plages s’effritent par kilomĂštres. FourvoyĂ©e dans ses transactions, son Ăąme ruineuse criblĂ©e de dettes, ma tĂȘte aspire les mĂ©taux lourds. Les liens pĂšlent comme l’épiderme des granges.
J’ai changĂ©, je suis devenue blonde et altiĂšre. Tu bois Ă  mon sein de morte et je refuse de revoir certains visages. Les ormes crachent des lianes sectionnĂ©es, les organes se mĂȘlent comme des vers. L’étĂ© se dĂ©roule Ă  deux pas. On s’arrose, on arrose la prairie. Les couleurs se remarquent de loin. Es-tu heureux, es-tu vraiment heureux?
Hiver 25
Je te demande des nouvelles de ton cheval sauvage, peut-ĂȘtre as-tu rĂ©ussi Ă  le promener par la bride, Ă  tes cĂŽtĂ©s. Mais dĂ©jĂ  tu t’allonges sans me voir derriĂšre la grande cotonnade, sur la table, entre les lambeaux de pĂąte crue, tu amorces une conversation avec une autre personne. Je pars au moment oĂč tu recommences Ă  rire.
Hiver 32
Je dis chaleur du centre, charbon des extrĂ©mitĂ©s, joues et polymĂšre fondu : sache que je maĂźtrise mieux chaque jour l’art du jaunissement. J’use avec prudence de la salive comme des adverbes. Mon sommeil a mille ans – une jarre de voitures accidentĂ©es, de tiques et d’ondes retenues.
Mon sable se dĂ©verse en petits monceaux et mes croquis alourdis par la bruine ne volent plus. Une saison d’aubes larmoyantes, fricassĂ©es, une annĂ©e de soirs distants. Je trĂ©buche sans jamais tomber.
Devant le champ d’épuration, des lignes, mes seins d’indĂ©cision. Je me retiens d’ouvrir la cage. Je retiens le chant qu’on attend de moi. Je me retiens de vomir. Les branchages ont atteint les murets de ...

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