Pour les droits des femmes
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Pour les droits des femmes

Andrée Yanacopoulo

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Pour les droits des femmes

Andrée Yanacopoulo

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Où en est actuellement le mouvement des femmes? Depuis quelques années sont apparues des divergences entre féministes quant aux buts à atteindre et aux moyens à utiliser. Au Québec comme ailleurs, l'escalade de commentaires agressifs et méprisants de certains groupes de femmes à l'endroit d'autres n'est pas sans inquiéter: on associe le féminisme classique au racisme, à la xénophobie, à l'islamophobie, à l'exclusion, à la stigmatisation, au colonialisme, voire à l'impérialisme.Cette évolution ne met-elle pas à mal le féminisme en divisant les femmes et en les dressant les unes contre les autres? Sous prétexte de défendre les opprimés, quel que soit leur sexe, ne va-t-elle pas parfois à l'encontre de l'égalité entre les femmes et les hommes?Pour Andrée Yanacopoulo et ses collaboratrices, on a véritablement affaire à un détournement du féminisme. En conséquence, la position féministe doit non seulement être recadrée, mais elle doit aussi continuer de miser sur la nécessaire solidarité entre les femmes afin de contrer les diverses oppressions et discriminations qui affligent plus particulièrement certains groupes: les femmes pauvres, prostituées, autochtones, immigrantes, etc.Car l'évidence est là: quelque dominé, quelque minorisé, quelque bâillonné, quelque asservi que soit un homme, il y aura toujours un être humain qu'il pourra dominer, minoriser, bâillonner, asservir: sa femme.

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Informazioni

chapitre 1
Le féminisme à l’ère de la troisième vague
Où en est actuellement le mouvement des femmes ? Peut-on encore parler au nom du « nous, femmes » ?
C’est en 1872, semble-t-il, qu’Alexandre Dumas fils, l’auteur de la célèbre pièce de théâtre La Dame aux camélias, a qualifié de féministes ceux (et celles ?) qui défendaient les droits des femmes – de ces féministes, il n’était d’ailleurs pas loin de faire lui-même partie. Le mot était lancé. Répondant aux appels de Mary Wollstonecraft (1759-1797) et d’Olympe de Gouges (1748-1793), les femmes ont, à l’aube du xxe siècle, commencé à s’unir et à réclamer leurs droits, et peu à peu le mouvement a pris de l’ampleur, jusqu’à véritablement ancrer le féminisme dans la société.
Naissance du féminisme
À la première vague, qualifiée de réformiste parce qu’elle était principalement axée sur la réclamation du droit de vote, en a succédé une deuxième, née dans la foulée effervescente des événements de 1968, et dite radicale, elle, parce qu’elle était désireuse de s’attaquer à la racine même du mal, à l’élément structurant de la société, à savoir le patriarcat. Ce féminisme exigeait, par le fait même, un remaniement en profondeur des structures sociales, fondamentalement androcentriques, et la mise en place de pouvoirs parallèles subversifs, car il faut du pouvoir pour abattre le Pouvoir. Autrement dit, il nous fallait passer d’un discours sur l’oppression à un discours sur les moyens de lutter contre cette oppression, bref, politiser notre engagement, aussi bien en ce qui concerne la façon de l’envisager, de l’analyser, de le concevoir, que la manière d’y remédier. C’est pourquoi action et réflexion n’ont cessé de s’alimenter l’une l’autre, dialectiquement oserons-nous dire, sans que l’une ait jamais priorité sur l’autre.
Les femmes (au rebut, cet être mythique qu’est LA femme !) aspiraient à une libération totale, elles voulaient figurer comme des êtres humains complets, être égales aux hommes sous tous les rapports. Le travail, théorique comme pratique, était de taille. Il fallait, premièrement, mettre à plat les préjugés sur l’infériorité dite constitutive, biologique, des femmes (de leur cerveau, notamment), et par voie de conséquence dénoncer les stéréotypes en découlant, en tout premier lieu ceux propagés par les manuels scolaires. Deuxièmement, il s’agissait de réécrire l’histoire, jusqu’ici domaine des hommes, soit de montrer comment notre apport au savoir, aux valeurs, à la culture, avait été occulté. Il fallait donc ranimer les grandes figures féminines qui, au cours des siècles, avaient accompli une œuvre en dépit du bâillon sur leur bouche apposé ou qui, au contraire, avaient vu leurs talents étouffés dans l’œuf. Il nous fallait également rappeler comment la médecine et surtout la psychiatrie avaient accordé leur caution à la soi-disant infériorité naturelle des femmes et à leur réduction au rôle maternel. Bref, en réécrivant l’histoire, nous voulions restituer le passé des femmes pour leur donner un avenir. Et encore et encore. Disons, pour paraphraser Montaigne, que rien de ce qui était féminin ne nous était étranger.
Par essence politique, ce féminisme dit de la seconde vague constituait ainsi un mouvement de masse, axé sur la prise de conscience collective de l’assujettissement des femmes. Un assujettissement que nous disions à la fois spécifique, car il n’était réductible à nul autre (celui des exploités, des prolétaires, des colonisés, notamment), et total, car il se retrouvait tout autant sur les plans économique, politique et social, donc dans la sphère publique, dite de production, et sur le plan sexuel, donc dans la sphère privée, dite de reproduction : « Le privé est politique. » En bref, une oppression une et indivisible, qui par le fait même fondait la solidarité universelle des femmes. En effet, si nous ne partagions pas toutes un féminisme radical, toutes nous nous reconnaissions comme opprimées par le seul fait d’être femmes et prêtes à lutter contre la classe des hommes.
Plus encore, notre féminisme était un humanisme qui prônait le respect des autres, la protection des faibles et des démunis, une échelle de valeurs dont le sommet n’était pas occupé par le désir insatiable du profit. Chose certaine, ce à quoi il ne visait pas, c’était d’inverser la vapeur : endosser les valeurs masculines, devenir une copie des hommes, cibler la compétition, le profit à tout prix, au risque d’engendrer la violence, la guerre, l’oppression des faibles et des moins bien nantis, etc. C’est pourquoi nous le disions haut et fort : « Il ne suffit pas d’avoir le pouvoir, il faut aussi arriver à le changer. »
Oui, notre féminisme était utopique. Et alors ? En tout cas, comme l’a si bien dit Benoîte Groult, il n’a jamais tué personne. On ne saurait en dire autant du machisme.
Entendons-nous bien : être politisée, ce n’est pas forcément faire partie d’un groupe, manifester, parcourir en nombre les rues dans le but de faire connaître les torts et les injustices qui nous accablent ou les revendications que nous voulons faire valoir. Être politisée, c’est comprendre que notre comportement personnel a un sens, extensible à toute la communauté des femmes. Rien de plus, rien de moins. Si dans mon quotidien je refuse, parce que je les juge aliénants, des comportements qui m’insultent ou m’infériorisent, je ne fais pas que satisfaire à ma propre réaction : je transmets un message qui se joint à celui de toutes les femmes, je m’affirme dans ma volonté de m’accomplir comme être humain, au nom d’une solidarité qu’ont mise à l’épreuve maintes et maintes luttes et réflexions collectives.
De plus, il ne suffit pas d’être femme et de se vouloir libre pour être féministe. Être féministe, c’est prendre conscience que des droits me sont refusés non pas parce que je suis X, Y ou Z, mais parce que je suis de sexe féminin – la preuve en est que ces droits sont d’emblée reconnus aux hommes.
C’est en vivant notre solidarité, en luttant ensemble ou privément, que peu à peu nous sommes sorties du silence et de l’ombre, et que nous avons obtenu un certain nombre de droits de personnes et de citoyennes (l’avortement, l’abolition de mesures faisant de la femme une mineure sous la tutelle de ses parents ou de son mari, etc.). Nous avons voulu, aussi et surtout, en travaillant sur nous, conquérir la libre possession de nos corps – parole comprise, ce pour quoi nous n’acceptions pas la mixité dans nos groupes. Cette réappropriation de nous-mêmes passait d’abord et avant tout par la rupture d’un silence auquel nous étions depuis longtemps confinées et qui avait fini par nous devenir consubstantiel. Nous nous sommes mises à parler, nous nous sommes mises à écrire et nous nous sommes mises à nous publier. Les anciennes se souviendront, les jeunes l’apprendront : en 1975 naissaient à Montréal deux maisons d’édition uniquement consacrées à des œuvres de femmes, celle de la Pleine Lune (dont la vocation première a disparu il y a plus de dix ans) et celle du remue-ménage (en minuscules s’il vous plaît), cependant que s’ouvrait la Librairie des femmes d’ici, exclusivement destinée à des livres écrits par des femmes. Ainsi a émergé une culture au féminin qui couvrait presque tous les domaines : roman, poésie, théâtre, arts divers, sciences, mathématiques…
« La féministe est un je qui se dit nous1. » (Hélène Cixous)
Après 1980
Si, contrairement à ce que souhaitaient les féministes de la seconde vague, le patriarcat n’a pas succombé à leurs critiques dévastatrices – il a la vie dure, et c’est attendu : il règne depuis toujours –, bien des hommes ne s’en sont pas moins sentis menacés d’être jetés à bas de leur trône. Hélas, tout progrès social entraîne inévitablement des remises en question, voire des oppositions, plus ou moins affirmées, plus ou moins violentes ; bref, le féminisme a engendré le masculinisme.
La réponse, en réalité, se manifeste sous deux formes : le retournement contre les femmes de leurs acquis et le combat ouvert mené sous le nom de masculinisme. Succinctement :
1.Le retournement contre les femmes de leurs acquis. Quelques exemples pêle-mêle : les femmes qui rapportent au foyer un argent indispensable à leur famille restent néanmoins, pour une grande part, responsables du soin de la maison et des enfants ; lorsque nous disons qu’il est possible de contrôler notre fécondité, les hommes comprennent que les femmes sont baisables à volonté ; sans compter que l’hypersexualisation des filles, l’envahissement médiatique et informatique de la pornographie nous laissent pantoises. Peut-on même parler de retournement ? Il s’agit peut-être tout simplement de surdité, d’étanchéité : les femmes peuvent bien revendiquer, le monde continuera à tourner sur les mêmes bonnes vieilles bases de leur exploitation au profit des hommes.
2.Le masculinisme affirmé. Postulant sans vergogne que les buts du féminisme sont atteints, et bien au-delà, des groupes d’hommes organisés se jugent autorisés à dénoncer ce qu’ils qualifient d’atteintes aux droits des hommes. Le temps est venu, disent-ils, de retourner à l’ordre naturel [sic] des choses. Il n’est besoin que de suivre les travaux remarquables que mènent à l’Université du Québec à Montréal Francis Dupuis-Déri et son groupe au sein de l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) pour constater que le masculinisme n’est pas le fait de quelques hurluberlus… mal baisés. On trouve sans peine ses marques dans des blogues, dans les médias, dans des mémoires présentés à des commissions parlementaires, etc. Il représente véritablement, nous disent-ils, une « force politique qui s’oppose au féminisme ».
Il y a plus : moins présent sur la scène publique dans les années 1980, le féminisme n’a toutefois pas cessé d’inspirer les femmes avec, en arrière-plan, ce qu’on peut appeler une mode du reniement, encore visible aujourd’hui, de la part de jeunes femmes fières de proclamer : « Je ne suis pas féministe, mais… »
À partir de 1980, les lesbiennes, déjà bien actives dans les années 1970, se radicalisent et se politisent, cependant que les universités s’honorent d’avoir chacune leur secteur de recherches sociales sur la question. Insensiblement, le féminisme s’investit dès lors dans l’unique champ sexuel et s’axe sur la lutte antisexiste par la concoction de nouveaux concepts, au premier chef les notions de genre et d’intersectionnalité.
Féminisme et analyse intersectionnelle
La théorie et la pratique du féminisme ont été attaquées de tout temps par l’antiféminisme des militants du mouvement masculiniste. À partir des années 1980, toutefois, la contestation est venue de l’intérieur même du féminisme en la personne de Gloria Jean Watkins (mieux connue sous son nom de plume, bell hooks), qui a théorisé ce qu’elle a appelé le black feminism. L’étude de cette notion a été soutenue notamment par les nombreuses recherches féministes qui ont fleuri dans les diverses institutions d’enseignement, universitaires et autres. Au début des années 1990 et dans la continuité du black feminism, ces analyses ont été synthétisées par la juriste américaine Kimberlé Crenshaw sous la forme d’un mot qui fait maintenant fureur : intersectionnalité. Comprendre : l’addition, la superposition chez une même femme de diverses oppressions dont elle souffre non seulement parce qu’elle est femme, mais aussi parce qu’elle est noire, lesbienne, pauvre, handicapée, ferait en sorte que l’analyse féministe « classique » serait inadéquate – ce féminisme qui, par le passé, a tant contribué à améliorer le statut des Québécoises. La philosophe américaine Judith Butler est une des figures éminentes à la source du mouvement queer, courant politique qui fait de la transgression des genres un élément de libération et qui déconstruit la catégorisation traditionnelle en deux sexes. La théorie de l’intersectionnalité venant des États-Unis et du monde anglo-saxon, on ne s’étonnera pas de voir l’expression de cette mouvance parsemée de termes anglais comme black feminism, safe space, queer, gender studies, TERF (pour Trans Exclusionary Radical Feminist), etc.
L’analyse intersectionnelle proposée semble privilégier trois objets d’oppression principaux : le groupe ethnique, la classe sociale et l’orientation sexuelle. En cours de r...

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