Le Voyage saharien
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Le Voyage saharien

Sven Lindqvist

  1. 260 pagine
  2. French
  3. ePUB (disponibile sull'app)
  4. Disponibile su iOS e Android
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Le Voyage saharien

Sven Lindqvist

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Informazioni sul libro

Dans le désert du Sahara, la lumiÚre est parfois si blanche qu'elle confond ciel et terre.
Est-ce cet éclat qui attira l'aviateur et écrivain Antoine de Saint-Exupéry, André Gide et Pierre Loti, la sulfureuse Isabelle Eberhardt, le peintre EugÚne Fromentin et l'explorateur Michel Vieuchange?
Un siÚcle aprÚs leur passage, Sven Lindqvist tente de comprendre pourquoi tous furent éblouis, au point d'ignorer parfois les massacres perpétrés en ces lieux, au nom de la colonisation.
C'est l'histoire des Plongeurs du désert, une odyssée bouleversante et inédite dans notre passé colonial.
Quelques années plus tard, l'auteur repart dans le désert, avec dans ses bagages Au coeur des ténÚbres de Joseph Conrad.
C'est le point de dĂ©part d'Exterminez toutes ces brutes!, une analyse lumineuse oĂč littĂ©rature et histoire dĂ©voilent la part obscure de notre hĂ©ritage europĂ©en.
Le Voyage saharien réunit en un volume les deux plus grands essais d'un écrivain majeur, acclamé à l'étranger, indispensable à la compréhension de l'histoire coloniale en Occident.

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Informazioni

Anno
2018
ISBN
9782352048923
LES PLONGEURS DU DÉSERT
TRADUIT DU SUÉDOIS PAR HÉLÈNE HERVIEU
Tout est en transformation, toi-mĂȘme, tu es en changement constant et, un en sens, en dissolution ;
il en va ainsi du monde entier.
Marc AurĂšle
Le voyage est une espĂšce de porte par oĂč l’on sort de la rĂ©alitĂ© comme pour pĂ©nĂ©trer dans une rĂ©alitĂ© inexplorĂ©e qui semble un rĂȘve.
Maupassant
VERS TARFAYA
1
Il y a une grande pierre boueuse au fond du lavabo de ma chambre d’hîtel.
J’enlùve doucement la terre et je nettoie la pierre sous le jet. L’eau qui sort du robinet est noire.
Une fois lavĂ©e, la pierre est aussi rose qu’un ciel d’aurore. Elle est en granit et prĂ©sente deux crevasses rondes qui ressemblent aux hĂ©misphĂšres cĂ©rĂ©braux.
Oui, je le vois maintenant – c’est mon propre cerveau qui est arrivĂ© ici devant moi.
Il est si lourd que je peux Ă  peine le soulever du lavabo.
2
Je suis tirĂ© de mon rĂȘve par les applaudissements rituels en vol charter, qui marquent le profond soulagement quand l’avion atterrit miraculeusement sans encombre au bon aĂ©roport : Agadir.
Bus jusqu’à l’hîtel Almohades. Je ne loue une chambre que pour une nuit, mais une voiture pour un mois.
Je ne suis pas venu pour la piscine mais pour le dĂ©sert. Enfant, j’ai lu sur les cracheurs de feu et les plongeurs de puits, sur les tempĂȘtes de sable et les lacs du dĂ©sert. Je projette un grand voyage dans le Sahara. Maintenant, j’y suis.
Je suis seul. Je viens de me séparer de Dostoïevski. Avec tous les passages soulignés. Je me suis séparé de celle qui a été ma bien-aimée. Je me suis séparé de trente-trois ans de ma vie.
Cela a au moins un avantage : la pĂ©riode qui prĂ©cĂšde ces trente-trois ans s’est soudain rapprochĂ©e de moi.
Aussi longtemps que je vivais dans ma maison d’enfance, je ne me rappelais rien de ma jeunesse. Elle Ă©tait comme gommĂ©e. Une poignĂ©e d’anecdotes seulement, pas de vĂ©ritables souvenirs.
Et je ne pouvais pas rĂȘver non plus.
Maintenant que j’ai dĂ©mĂ©nagĂ©, des fragments de mon enfance me reviennent souvent Ă  l’esprit. Et quand j’ai commencĂ© Ă  m’entraĂźner avec des haltĂšres comme quand j’étais petit, j’ai aussi commencĂ© Ă  rĂȘver.
Les souvenirs et les rĂȘves n’aiment pas qu’on leur force la main. La seule intention ferme la porte qu’on voulait ouvrir. Il faut passer par-derriĂšre et prendre des chemins dĂ©tournĂ©s si l’on veut atteindre son but.
Un moyen de s’approcher de l’enfance, que j’ai eu plusieurs fois l’occasion d’expĂ©rimenter, est de faire maintenant ce que je souhaitais si ardemment avoir le droit de faire alors. MĂȘme si ça paraĂźt infantile et injustifiĂ©, je veux parfois essayer, en toute loyautĂ©, de rĂ©aliser ce que, dans l’impuissance de mon jeune Ăąge, je rĂȘvais de faire.
3
« C’est comme plonger dans de l’eau noire », Ă©crit Antoine de Saint-ExupĂ©ry Ă  propos d’un atterrissage de nuit dans le Sahara.
Quand dans ses romans les avions postaux faisaient une escale Ă  Agadir, les pilotes avaient quatre heures de libertĂ© avant de repartir. Je m’en souviens comme si je l’avais lu hier. Ils allaient dĂźner en ville, le corps encore chargĂ© des vibrations de l’avion.
Pour ma part, je mange des crevettes gratinĂ©es au restaurant Le Jardin d’eau, juste en face de mon hĂŽtel, et je porte un toast aux pilotes des avions postaux avec de l’eau minĂ©rale pĂ©tillante Oulmez. La trouverai-je lĂ -bas, plus au sud, oĂč j’en aurai vraiment besoin ?
À vrai dire, qu’il n’y en ait pas me prĂ©occupe peu. J’ai envie d’en avoir besoin, nuance.
À dix heures du soir, le 30 octobre, j’ai les Ă©paules qui frissonnent quand je reste assis dehors aprĂšs le dĂźner. Je vais me coucher tĂŽt. AllongĂ©, je laisse flotter mon Ăąme dans le no man’s land Ă  la frontiĂšre du sommeil. Le rĂȘve interrompu dans l’avion me revient alors.
Encore une fois, je lave la pierre dans l’eau noire. Des chauves-souris volent en grinçant autour de moi dans les tĂ©nĂšbres de la grotte, le vent de leurs ailes rĂ©veille les endormies qui pendent du plafond, la tĂȘte en bas. La tĂȘte ? Toute la grotte est une tĂȘte, un crĂąne vide rempli d’obscuritĂ© grinçante, oĂč je me tiens, la pierre rose dans les bras.
4
Les moineaux chantent du Stravinski dans les buissons. Le ciel est bleu, avec de lĂ©gers nuages. TĂŽt le matin, je quitte la communautĂ© des hommes regroupĂ©s autour de la piscine de l’hĂŽtel, m’installe au volant de ma petite Renault et pars lentement pour le sud.
Au dĂ©but, les creux sont encore verts et brillent d’humiditĂ©. Le figuier de Barbarie vient de porter des fruits et, sous les cimes des palmiers, des grappes de dattes mĂ»res pendent lourdement telles des mamelles – jaunes, marron, rouge foncĂ©, prĂšs d’exploser du suc des dattes.
Le rose vif est la couleur prĂ©fĂ©rĂ©e du Maroc. À la place des encadrements blancs dans nos maisons suĂ©doises peintes en rouge, les maisons ici ont des pignons Ă  gradins inversĂ©s, hauts dans les coins et plus bas au milieu.
Mais bientĂŽt les habitations se rarĂ©fient et le sol se dessĂšche. La verdure s’étiole jusqu’à ressembler aux rares brins d’herbe qui poussaient dans le sable de la crĂšche de NoĂ«l quand j’étais enfant.
Et lorsque le dĂ©sert commence Ă  s’ouvrir autour de moi, quand les couleurs du sable prennent le relais avec leur million de variations monotones et que la lumiĂšre devient si intense qu’elle dissimule les formes, Ă©teint les couleurs et nivelle les reliefs – alors le bonheur jaillissant de tout mon corps me submerge et je sens : ceci est mon paysage ! C’était ici que je voulais aller !
J’arrĂȘte la voiture, sors et tends l’oreille.
Un criquet, noir comme un Ă©clat de pierre, stridule. Le vent fait vibrer les six fils de tĂ©lĂ©phone – un son tĂ©nu et mĂ©tallique que je n’ai pas entendu depuis l’enfance.
Puis le silence, qui est plus rare encore.
Là-bas, au loin, les tentes en poil de chùvre des nomades tremblent dans la chaleur de midi. Femmes et enfants arrivent en cheminant à l’ombre de leurs fardeaux.
5
À Tiznit, certaines d’entre elles ont dressĂ© leur camp au nord du mur d’enceinte. Elles viennent des zones occupĂ©es au sud pour vendre leurs bijoux.
Elles ne sont pas voilĂ©es. Leurs enfants ne sont pas craintifs, leurs regards non plus. L’une d’elles s’appelle Fatima. Ses talons sont peints de flammes au hennĂ© qui lui lĂšchent les pieds.
Avec des gestes calmes, elle dĂ©plie sur le sol un tissu bleu en coton. Puis elle commence Ă  sortir de petits objets d’un coffret.
Je me souviens des boutiques d’Agadir avec leurs articles en cuir oĂč les motifs dĂ©coratifs s’accumulaient, leurs plateaux en fer-blanc au bruit caractĂ©ristique, leurs Ă©pais tapis de couleurs criardes – comme cet orientalisme de harem a façonnĂ© l’image du Maroc, oui, de toute l’Afrique du Nord !
Les bijoux de Fatima appartiennent à une autre, tradition saharienne oblige. TrÚs intéressé, je demande leur prix. Elle ne répond pas.
« Ici, on n’est pas au bazar », me corrige-t-elle en espagnol.
Je dois avoir la patience d’attendre la suite du rituel. Les uns aprĂšs les autres, les bijoux sont prĂ©sentĂ©s et commentĂ©s : « Les trois tentes sur le couvercle de la boĂźte sont les trois tribus du Sahel », ou : « Ce bracelet montre la pĂ©riode de sĂ©cheresse et la saison des pluies. »
Ensuite seulement elle me demande quels objets m’intĂ©ressent. Elle les pose dans un bol en bois sombre et range les autres dans le coffret.
Puis elle me raconte Ă  quelles familles appartiennent ces objets. C’est pour leur compte qu’elle les vend. Comme si cela allait de soi, elle m’indique les prix en farine de blĂ©.
Je m’étais tout imaginĂ© Ă  l’avance – la brume de sable dans l’air, les lunettes de soleil qui me feraient mal derriĂšre les oreilles, le bourdonnement des mouches autour des postes militaires, les gouttes de sueur qui en me chatouillant se fraieraient un chemin jusqu’à la taille, tout ça.
Mais je ne m’étais pas imaginĂ© qu’à quelques heures Ă  peine au sud d’Agadir j’achĂšterais des bijoux du Sahara pour une demi-tonne de farine de blĂ©.
Et pour qui ?
6
La route du désert longe au sud une vallée tapissée de vert.
L’eau qui entretient cette verdure n’est nulle part visible, mais elle est lĂ , sous la terre. C’est la maniĂšre de survivre dans le dĂ©sert. Les plantes s’exposant Ă  l’évaporation ont Ă©chouĂ©. MĂȘme chose pour les cours d’eau. Seuls ceux qui ont tracĂ© leur chemin sous la surface ont pu rĂ©sister.
À cĂŽtĂ© de la route, je vois une plante Ă  fleurs jaunes qui se penchent en avant en zigzag, couvrant le sol de petits carrĂ©s tel un grillage Ă  poules.
Je vois de petites fleurs aux clochettes rose pĂąle sur un buisson gris et une plante grasse Ă  fleurs bleues en forme d’étoiles au bout de longs entonnoirs en guise de tiges.
De petits cactus poussent les uns sur les autres en massifs, comme des coraux, et ils se défendent non seulement avec leurs épines mais aussi avec une sÚve à la blancheur de lait qui, au moindre contact, éclabousse dans toutes les directions.
Pendant une demi-heure interminable, je roule Ă  travers une nuĂ©e de sauterelles. Innombrables, elles font la taille de petits oiseaux aux ailes transparentes qui stridulent. Elles luisent d’humiditĂ©, s’écrasent contre le pare-brise avec le mĂȘme bruit craquant que quand on croque la tĂȘte d’une crevette, et sont du mĂȘme rose.
Il reste sur la vitre quelque chose de jaune et de poisseux qui bientĂŽt recouvre tout le champ de vision et m’oblige Ă  rouler trĂšs lentement – jusqu’à ce que l’essaim s’éloigne aussi vite qu’il Ă©tait venu.
7
Tan-Tan est une ville jaune aux portails bleu clair. Une ville de garnison, comme Boden tout au nord de la SuĂšde, oĂč vous pouvez avoir la malchance d’ĂȘtre envoyĂ© et oĂč vous ĂȘtes vite la proie de l’équivalent de notre lappsjukan, « le cafard1 ».
La ville vit de la gu...

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