Les Voies de la puissance
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Les Voies de la puissance

Penser la géopolitique au XXIe siècle

Frédéric Encel

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Les Voies de la puissance

Penser la géopolitique au XXIe siècle

Frédéric Encel

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Impossible de parler de géopolitique sans évoquer l'idée de puissance. Rapports de force, zones d'influence, conflits – politiques, économiques, militaires – sont la matière des relations internationales. La puissance, qu'elle menace ou qu'elle protège, détermine les conditions d'existence des États et des populations. Le livre s'interroge d'abord sur les critères de la puissance?: ses instruments, ses manifestations et jusqu'aux illusions qu'elle engendre. Il dresse ensuite un état des lieux de la planète, panorama impeccablement documenté et actuel des principales entités étatiques et des enjeux régionaux saillants. Il décrit enfin de nouveaux acteurs non étatiques qui imposent, sur la scène mondiale, des effets de puissance parfois inédits. S'appuyant au besoin sur des rappels historiques qui sont moins des leçons que des exemples édifiants, Frédéric Encel réussit à proposer un tableau cohérent de l'état du monde et à dégager les grandes tendances de son évolution. Une mine d'informations, une somme d'analyses et de décryptages des grandes orientations stratégiques qui se dessinent sous nos yeux. Frédéric Encel, docteur HDR en géopolitique, est professeur de relations internationales et de sciences politiques (Paris School of Business) et maître de conférences à Sciences Po Paris. Il est membre du comité de lecture de la revue Hérodote.

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Information

PREMIÈRE PARTIE

Critères, moyens et instruments de la puissance

CHAPITRE 1

Représentations d’un soi collectif

Soi implique l’altérité. Se penser signifie penser autrui. Se penser collectivement comme un nous impose de penser les autres collectifs comme eux. Or, ce nous prévaut systématiquement – les hommes ne vivent pas seuls, les Diogène et autres saints Siméon le Stylite sont excessivement rares, et Mowgli et Tarzan n’ont existé qu’en légende – et ce n’est pas parce qu’une population est bigarrée et composée de gens d’origines ou d’appartenances diverses qu’elle ne se représente pas comme un nous, soit au quotidien, soit à la faveur de circonstances exceptionnelles tel qu’un péril extérieur. Mais, qui dit péril extérieur dit bien représentation de celui-ci par ce nous intérieur. Dire « nous », en rejetant ce qui le distingue d’eux, n’a guère de sens, du moins dans une analyse géopolitique. Aussi bien, vouloir abolir les frontières et les différences consiste à abolir le nous. On peut parfaitement souhaiter un monde dans lequel les distinctions auront en effet été abolies et avec elles, croit-on logiquement, les motifs de querelles. Sauf que cela ne se peut pas car les hommes ne sont pas (encore) des clones. Et quand bien même un sortilège permettrait de faire des humains des quasi-semblables, ceux-ci dénicheraient encore très probablement de quoi se constituer et se distinguer en nouveaux collectifs sur de nouvelles bases, et, partant, trouver matière à s’affronter…

La nécessaire unité intérieure

Sans paix à l’intérieur, pas de puissance à l’extérieur. Il en va de cette règle pour toute institution et tout collectif. Pour projeter une puissance commerciale, diplomatique et militaire, un collectif doit se présenter devant les autres avec un minimum d’unité, avec un leadership – de gré ou de force – exonéré de trop lourdes entraves internes, et en pleine possession de ses moyens d’action. Cela vaut aussi sur le plan militaire, et pas seulement dans les domaines institutionnel et social. Le calamiteux bourbier espagnol a incité l’Autriche à bâtir une nouvelle coalition militaire contre Napoléon Ier en 1809. Ce fut également le cas pour les régimes totalitaires bellicistes – fasciste et nazi notamment – qui réprimèrent leurs « ennemis intérieurs » et ouvrirent des camps de travail forcé et de concentration bien avant de projeter leur puissance guerrière à leurs frontières – mais pas seulement. Après tout, l’État belge, authentique démocratie libérale, a fait la guerre en Libye en 2011 (que ce fut sous l’égide de l’ONU et dans le cadre d’une coalition emmenée par la France et le Royaume-Uni ne change rien) et, de surcroît, sans même disposer d’un gouvernement autre que celui sortant censé expédier les affaires courantes !
Les six cas de figure historiques suivants étayent, parmi bien d’autres, cette réalité dichotomique :
  1. 1) au cours de la guerre de Cent Ans, les phases de replis et de défaites respectivement françaises et anglaises épousent assez fidèlement les phases de guerre civile et/ou de vacance du pouvoir de part et d’autre de la Manche au XVe siècle, à l’image de la lutte entre Armagnacs et Bourguignons sur fond de folie de Charles VI de Valois, et de la guerre des Deux-Roses en Angleterre ;
  2. 2) l’une des variables explicatives de la très cruelle répression menée en Vendée par les armées révolutionnaires, en 1793-1794, tient à la nécessité de broyer toute contestation du régime qui pourrait grever la puissance de l’État nouvellement républicain, en particulier dans une région ouverte sur une puissance maritime traditionnellement hostile, l’Angleterre ;
  3. 3) le républicain Adolphe Thiers fait impitoyablement écraser la Commune au printemps 1871 afin d’éviter la contagion révolutionnaire (même si certains communards sont eux-mêmes républicains, tel Charles Delescluze), et ainsi restaurer au plus vite l’État en stabilisant son nouveau régime républicain postimpérial, restauration conditionnée à son unité et bien vue par la Prusse/Allemagne victorieuse ;
  4. 4) en janvier 1919 à Berlin, les révolutionnaires spartakistes de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg sont anéantis par les corps francs et des forces nationalistes, mais avec la bienveillance d’un nouveau pouvoir de centre-gauche souhaitant redresser l’État – dans son nouveau cadre républicain – grâce à un accord avec les puissances victorieuses et le retour à la stabilité ;
  5. 5) l’Angola du président José Eduardo dos Santos, bien que miné par une guerre civile pluridécennale entre 1975 et 2002, a, certes, pu continuer à exporter son pétrole, mais dans la seule mesure où les gisements de cette manne se situaient en pleine possession du régime. Et encore, si l’État angolais a survécu à cette crise endémique, il n’a pu en aucun cas projeter une quelconque puissance au-delà (d’une partie seulement) de son territoire ;
  6. 6) en Syrie, si le régime de Bashar el Assad n’a effectivement pas chuté (ni même évolué constitutionnellement ou idéologiquement d’un iota) après une décennie de guerre civile extrêmement destructrice, l’État a perdu à peu près toute capacité d’interaction extérieure, lui qui avait successivement réussi à menacer militairement Israël (1973), à envahir, contrôler et piller durablement le Liban (1976-2005), et à mener des campagnes terroristes d’envergure contre la France et les États-Unis jusqu’à se faire admettre à tort comme incontournable au Proche-Orient…
Réfléchir sur l’unité intérieure d’un État, c’est poser la question de l’allégeance à celui-ci, et donc observer, là encore, des représentations. Pour rester sur le cas syrien, évoquer une « guerre fratricide » entre 2011 et 2021 prête à confusion, sauf à admettre que dix-huit millions d’individus, sur la seule base de leur possession d’une carte d’identité syrienne, se représentent peu ou prou comme des frères ou à tout le moins des compatriotes. Existe-t-il une conscience nationale spécifiquement syrienne ? Peut-être, mais les Druzes de Syrie ne se représentent-ils pas prioritairement comme des Druzes ? Et les Arméniens comme des Arméniens (gagnant d’ailleurs pour beaucoup Erevan lorsque grandit le péril) ? Et les Alaouites au pouvoir – même s’ils se défendent de l’exercer en tant que tels, eux qui ne représentent que 10 % de la population – depuis l’avènement de Hafez el Assad en 1970, comme des Alaouites ? Et les sunnites, ultramajoritaires mais exclus du pouvoir depuis cette date, se perçoivent-ils comme tels ou comme des musulmans ? Tous ces collectifs intra- ou extranationaux ont existé bien avant la création par la France quasiment ex nihilo de la Syrie contemporaine entre 1922 et 1945. Si c’est bien officiellement comme syrien et au nom de la nation Syrie (Bilad al Sham) que le régime prétend combattre, c’est au nom de l’islam (et de l’Oumma, communauté des croyants musulmans, dont la Syrie fait partie) que ses opposants islamistes, par exemple, mènent pour leur part la lutte. D’autres cas de figure sont très éloquents et traduisent une grande diversité de situations. Ainsi en Afghanistan, État dont les frontières furent tracées suite au « grand jeu » anglo-russe de la fin du XIXe siècle, la conscience nationale relève du théorique ; l’allégeance de chacun revient tout prioritairement à son clan et à son collectif ethnolinguistique (Tadjiks, Ouzbeks, Pachtounes, etc.). Aux États-Unis, en revanche, pendant la guerre de Sécession (1860-1865), nordistes comme sudistes se représentent comme américains, et c’est à ce titre, et dans la conviction respective d’être plus respectueux que l’adversaire de ce que signifie être américain, qu’on le combat. La guerre civile russe de 1917-1922 présente un schéma différent encore : les Russes blancs combattent primordialement comme russes pour la Russie dans ses dimensions à la fois religieuse (en l’espèce chrétienne orthodoxe), nationale, voire civilisationnelle (langue, traditions, folklore…) – tandis que les bolcheviks combattent comme révolutionnaires internationalistes, au nom de l’humanité entière et à la manière de son avant-garde. Ces derniers préfèrent du reste céder à l’Allemagne de larges et riches pans de territoires ukrainiens et biélorusses en contrepartie d’un traité de paix (Brest-Litovsk, 1918) afin de mieux faire la guerre à l’intérieur et ainsi de sauver leur nouveau régime.
En définitive, qu’il s’agisse de guerres civiles au sein d’institutions politiques (des cités et empires antiques aux États modernes en passant par les duchés et comtés féodaux) ou de déchirements internes au sein de familles, de tribus ou de clans régnants, le déploiement de la puissance du collectif en pâtit gravement. C’est vrai des fractures au sein de la population, entre le pouvoir et la population, mais aussi au sommet du pouvoir (luttes de succession, révolutions de palais, coups d’État). Décidément, souvent soucieuse, voire organisatrice, de divisions affaiblissantes chez les autres, la puissance exige à l’inverse une grande stabilité chez soi… Mais sur quelles bases fédératrices l’établir ?

Collectif religieux : le plus ancien
(et l’un des plus solides !)

L’affinité spirituelle ou religieuse, sans nécessairement incarner le ciment le plus fréquent des cités et groupements de cités antiques, ne pouvait pas être complètement absente. Partager une même divinité, vénérer un même récit mythique, et procéder au même dispositif cultuel et liturgique rapprochent naturellement et permettent au pouvoir de tendre le ressort des énergies, y compris guerrières. Un régime disposant d’un collectif relativement uni sur le plan confessionnel pourra en effet l’instrumentaliser à souhait contre l’autre devenu ennemi de confession différente, et cela même si, d’une part, l’objet du conflit échappe à toute considération religieuse, et, d’autre part, les collectifs opposés sont plus ou moins sécularisés. Entre Israël et la Syrie (depuis 1948), entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan (depuis 1991), les conflits prévalent entre États, certes distincts sur le plan confessionnel, mais assez sécularisés, et sans rapport direct avec des éléments ou des espaces d’importance réellement théologique. Louis XIV, bien que petit-fils de prince protestant (Henri IV), joua à fond de la corde religieuse en renforçant la nature profondément catholique de son royaume au détriment de sa composante protestante, fût-elle loyale. Bigot, le Roi-Soleil pensait néanmoins sans doute autant à la puissance de l’État qu’à son propre destin dans l’au-delà… Ce faisant, il affaiblit en réalité le royaume de France en poussant à l’exode plusieurs centaines de milliers de protestants industrieux qui allaient enrichir la Suisse, les principautés d’Allemagne, les Provinces-Unies (futurs Pays-Bas notamment) et l’Angleterre puis indirectement les États-Unis, la France y perdant dramatiquement sur des temps longs. Notons deux autres cas, fort différents, d’États qui s’appauvriront considérablement en ressources créatives, commerciales et scientifiques : l’expulsion par les Rois Catholiques des Juifs d’Espagne puis du Portugal refusant la conversion en 1492, et le fanatisme antisémite (de nature bien plus raciale que religieuse) du IIIe Reich quatre siècles et demi plus tard impliquant le départ forcé de nombreux ingénieurs juifs dans les années 1933-1939.
Pour autant, les monothéismes présentent quelques caractéristiques propices à structurer cités, empires et nations, et à penser l’espace, le temps, la guerre et la paix ou encore l’économie. Le plus ancien ouvre la voie : ainsi le judaïsme se fonde-t-il sur un texte très politique au sens où les affaires d’une cité et d’un peuple y sont toutes narrées et commentées. Cela dit, depuis au moins la rédaction du Talmud aux premiers siècles de l’ère chrétienne, le judaïsme, d’un côté, a renoncé au prosélytisme et à l’exogamie, de l’autre, s’est concentré sur sa propre eschatologie syncrétique de nation/confession. Le sionisme comme mouvement politique européen du XIXe, bien que non seulement laïc et anticlérical mais largement athée à ses débuts, a généreusement puisé dans ce que le corpus biblique lui offrait d’expérience ou d’exemplarité politique mais aussi agraire ou encore institutionnel – voire, lorsque naîtra le fruit politique du sionisme, l’État d’Israël –, militaire et stratégique. Aujourd’hui, poser la question de savoir si, pour l’État d’Israël, le judaïsme constitue un attribut de puissance expose à une réponse complexe et ambivalente. D’abord, désincarné de la dimension à tout le moins politique et culturelle (linguistique notamment) du judaïsme, cet État verrait sa raison d’être pour partie questionnée. Ensuite parce qu’au moins un courant religieux, celui des haredim (craignant-Dieu, ou ultraorthodoxes) ne s’assume pas sioniste, méprise l’État-nation israélien comme hérésie pré- et antimessianique quand il ne le défie pas ouvertement, rejetant son système de conscription, sa diplomatie, son socle institutionnel démocratique et les droits de l’homme. Or, comme cette population, représentant déjà plus de 15 % des Juifs israéliens, accuse le plus fort taux de fécondité (soit le nombre d’enfants par femme en âge de procréer) au monde, 7,5, elle double tous les vingt ans… En revanche, on peut admettre qu’un autre courant religieux, sioniste-nationaliste celui-là – d’où provient le Premier ministre successeur de Benyamin Netanyahou, Naftali Bennett –, a déjà contribué à la montée en force de Tsahal (l’armée israélienne), et, en particulier, de ses unités d’élite. De façon générale, pour les 80 % de Juifs d’Israël qui le vivent comme une religion nationale, et vraisemblablement aux yeux d’une part importante des sept millions de Juifs de diaspora, le judaïsme, quels que soient ses pratiques et définitions, demeure une identité structurante et souvent mobilisatrice dans les crises1.
Le christianisme et l’islam, religions prosélytes et à vocation universelle pour leur part, ont souvent rempli leur rôle de structurants clanique, ducal, califal, royal, impérial ou/puis national, dans leurs variantes catholique, orthodoxe, réformée, sunnite ou chiite respectives. Pour autant, comme avec le judaïsme en Israël, il n’apparaît pas certain que l’emploi politique de ces confessions par le pouvoir séculier (soit ne pas suffisamment rendre à Dieu ce qui lui appartient quand on est César…) ait toujours constitué un instrument pourvoyeur de puissance. Comme toujours, tout dépend de la façon dont la population s’approprie et accompagne cette instrumentalisation théologique, des bénéfices sociaux (tsedaka, zakat, aumône) ou consolatoires et de la cohérence identitaire qu’elle procure, des encouragements ou justifications sacraux à la guerre qu’elle livre, sachant que les querelles liturgiques ou théologiques provoquent assurément un affaiblissement du collectif qui en pâtit, au moins jusqu’à la victoire réelle d’un camp spirituel sur un autre. Depuis les années 1980, des États musulmans combattent violemment des groupes islamistes radicaux au nom de l’islam… et vice versa, un schéma intraconflictuel qu’avait connu auparavant la chrétienté à maintes reprises et jusqu’aux combats fratricides entre chrétiens maronites libanais en 1990.
On eut tort de croire que l’avènement des idéologies nationalistes et marxistes ainsi que leurs dérivées diverses, dès le second XIXe siècle et tout au long du XXe, avaient relégué les appartenances religieuses de façon pérenne sinon définitive. Il n’en a rien été et le retour du religieux – et donc de son corollaire, l’instrumentalisation à des fins politiques – s’est avéré massif sur une grande partie de la planète. Dieu était peut-être « mort » comme le pensait Nietzsche, mais certainement pas ses oracles. La recherche de puissance par le truchement de la cohésion identitaire du collectif passe à nouveau (et parfois, comme en Inde, bien davantage qu’autrefois) par le religieux, sinon le mystique, y compris en Occident, des États-Unis de Donald Trump (2017-2021) à la Pologne du parti ultraconservateur Droit et Justice PiS en passant par le Brésil de l’évangélique Jair Bolsonaro.

La nation : le plus récent

Parmi les grands concepts politiques et les représentations collectives, la nation est l’un des plus récents. Avant la Révolution française, le terme était certes employé en France, mais par les autorités royales surtout et pour désigner des groupes religieux ; on parlait alors de la nation protestante ou de la nation juive, au sens contemporain de communautés de fidèles sans que le terme recouvre autre chose qu’un état/statut de naissance (natio). C’est sur le champ de bataille de Valmy, le 20 septembre 1792, lorsqu’un général acquis à la Révolution, François Christophe Kellermann, harangue ses troupes au cri de « Vive la nation ! », que le concept prend une nouvelle acception, politique et non plus cultuelle, inclusive, voire universaliste, plutôt qu’exclusive car on peut théoriquement rejoindre cette nation f...

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