12 leçons de rhétorique pour prendre pouvoir
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12 leçons de rhétorique pour prendre pouvoir

Mettez vos idées en discours et votre public en mouvement

Victor Ferry

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12 leçons de rhétorique pour prendre pouvoir

Mettez vos idées en discours et votre public en mouvement

Victor Ferry

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METTEZ VOS IDÉES EN DISCOURS ET VOTRE PUBLIC EN MOUVEMENT

Reprendre l'offensive, renverser la table, passer de celui qui galère à celui qu'on désire. Et surtout: faire que le public accorde à votre savoir, à votre projet, à votre produit, à vos compétences, l'attention et la valeur qu'ils méritent. Voilà ce que peut vous apporter la rhétorique.

S'appuyant sur le savoir des orateurs de l'Antiquité comme sur la recherche contemporaine en psychologie de la persuasion, Victor Ferry donne en douze leçons les outils et l'inspiration pour vous aider à trouver votre style et à développer votre influence.

Leçon 3: Assouplissez votre pensée • Leçon 6: Avant de dire, commencez par montrer • Leçon 8: Écrivez votre histoire • Leçon 9: Ne confondez plus convaincre et persuader • Leçon 10: Jouez avec leurs émotions • Leçon 12: Prenez les commandes

Avec ce livre, vous n'allez pas devenir un bon orateur, vous allez devenir un grand orateur.

Après avoir soutenu une thèse sur la rhétorique à l'Université libre de Bruxelles, VICTOR FERRY a commencé à partager ses outils et ses exercices dans le cadre de cours et de séminaires en entreprise. En 2016, il fonde sa chaîne YouTube L'artisanat rhétorique, qui regroupe aujourd'hui plus de 125 000 abonnés. En complément de cette chaîne principale, il a également lancé en 2020 L'atelier de rhétorique qui lui permet d'échanger directement avec ses abonnés et de faire vivre la rhétorique avec eux.

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Information

Publisher
Eyrolles
Year
2020
ISBN
9782212437928

Partie I

Affûtez votre esprit

LEÇON 1

Écrivez votre manifeste

Voici une lettre fascinante :
« Cher ami,
Nombreux sont ceux qui m’ont supplié de vous écrire au nom de la sauvegarde de l’humanité. Mais j’ai résisté à leur requête. Je pensais que vous me trouveriez impertinent. Néanmoins, quelque chose me souffle que je dois passer outre ce genre de considération et faire appel à vous sans tenir compte des conséquences.
Aujourd’hui, il est clair que vous êtes la seule personne au monde capable d’empêcher que n’éclate une guerre qui verrait l’humanité ramenée à l’état sauvage. Croyez-vous vraiment, quel que soit le but que vous cherchez à atteindre, que cela en vaille le prix ?
Prêterez-vous l’oreille à l’appel de celui qui a délibérément rejeté le choix de la guerre, non sans remporter un succès considérable ?
Quoi qu’il en soit, je vous prie de me pardonner, si j’ai commis une erreur en vous écrivant. »
L’auteur de cette lettre est Gandhi. Son destinataire n’est autre qu’Adolf Hitler. Le 23 juillet 1939, le leader indépendantiste indien prit sa plume pour dissuader le chef allemand de déclencher un nouveau conflit mondial. Je n’arrive pas à me décider sur ce qui est le plus surprenant. Le fait que Gandhi appelle Hitler « Cher ami » ou qu’il cherche à le convertir à la non-violence ? Le fait qu’il ait eu ne serait-ce qu’un instant l’espoir de raisonner Hitler ? Le fait même qu’une connexion ait existé entre deux personnages si radicalement opposés ? Pourtant, les deux hommes ne sont pas si différents qu’on pourrait le croire…

L’étoffe des meneurs

Si Hitler et Gandhi s’opposent comme le jour et la nuit, ils ont en commun d’avoir fasciné les foules, lancé un mouvement et changé le cours de l’histoire. Vous vous en doutez, ce pouvoir d’influence ne venait pas de trucs et astuces de prise de parole en public, d’un langage corporel travaillé ou de techniques de programmation neurolinguistique… Ce qui fit d’Hitler et de Gandhi des guides pour leurs semblables, c’est qu’ils ont fait ce que personne ne fait jamais : élaborer une idéologie.
Une idéologie c’est une logique d’idées, une petite machine qui donne un sens aux événements. Nous adhérons tous plus ou moins consciemment à une idéologie. Lorsqu’une grève éclate, certains y verront le symptôme d’un système qui met les travailleurs sous pression, d’autres une confirmation qu’en France on préfère la complainte à l’effort. Mais il s’agit là d’idéologies préfabriquées. Si vous comptez vous démarquer, il va falloir élaborer une idéologie originale : la vôtre. Cela passe par l’écriture d’un manifeste et c’est le but de cette leçon.
Avant cela, je dois clarifier un point : a-t-on le droit de prendre Hitler comme exemple de grand orateur ? Je n’ai pas choisi cet exemple au hasard. Il fait écho à un commentaire qui revient régulièrement quand je présente mon métier : « Imagine que tu sois en train de former le nouvel Hitler. » Si c’est peu vraisemblable, je ne peux l’exclure tout à fait. Ce qui différencie ma méthode des autres, c’est que je vais vous encourager à vous engager corps et âme pour une cause. Souvenez-vous : vous êtes là pour devenir de grands orateurs, pas juste de bons orateurs. Les grands orateurs sont habités, obsédés par la nécessité d’apporter un changement au monde. C’est pour cela qu’ils fascinent : ils donnent du sens à un monde qui en manque cruellement. Et c’est un fait : celui qui prend la tête d’un mouvement peut embarquer ses suiveurs au cœur des ténèbres. Suis-je donc inconscient de partager la recette pour lancer un mouvement ? Justement pas.

Et si c’était vous ?

Il faut bien comprendre que les gens neutres, les gens désengagés, ne peuvent rien face aux aspirants à la tyrannie. Si Hitler a accédé au pouvoir, c’est qu’il a su mieux que les autres se connecter aux colères et aux frustrations de ses concitoyens. On ne stoppe pas un tel mouvement par le déni ou la condamnation. Il faut pouvoir y opposer un idéal plus désirable. C’est ce qu’a tenté Gandhi. Et si sa lettre ne fut qu’une poussière sur la marche d’Hitler, elle doit retenir notre attention sur un point. L’ascension d’Hitler a sidéré tout le monde. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, les populations européennes n’avaient pas la moindre idée du désastre qui approchait. Gandhi, lui, sentait le vent sinistre et les pluies de sang. Il avait lu Mein Kampf dès 1930. Il avait perçu l’antagonisme avec la vision qu’il élaborait depuis des années1. En décembre 1940, il prit à nouveau sa plume :
« Vos écrits et vos déclarations et ceux de vos amis et admirateurs ne laissent aucune place au doute que beaucoup de vos actes sont monstrueux et étrangers à toute dignité humaine, spécialement du point de vue de personnes qui comme moi croient à l’amitié universelle. »
On ne sait jamais à temps si le monde prend un tournant sinistre. Sauf si nous avons une idée ferme de ce qu’il devrait être.
Qui sait. Peut-être qu’en ce moment même, les ténèbres se rapprochent. Peut-être que le monde a déjà besoin de vous. Peut-être qu’il est grand temps d’écrire votre manifeste.

Un illustre précédent

Un manifeste, c’est le socle de votre pensée, de votre idéologie. C’est un document où vous allez noter votre diagnostic de ce qu’il faudrait régler en priorité et vos solutions pour rendre le monde un peu meilleur. Cela va donner un supplément d’âme à vos discours. Votre public le sentira et sera emporté dans quelque chose qui le dépasse.
Voyons à quoi cela ressemble avec un illustre précédent. Nous sommes au XVIe siècle. Resté dans l’histoire comme le protecteur des lettres, François Ier fut un artisan de la Renaissance française et un fervent défenseur de notre langue. En 1539, il imposa le français comme langue officielle unique par l’ordonnance de Villers-Cotterêts. Mais le fossé était grand entre ce texte juridique et la réalité car l’immense majorité de la population parlait de nombreux patois (tels le picard ou le normand) ou d’autres langues (telle la langue d’oc). De leur côté, les élites boudaient le français au profit du grec et du latin. Rien ne laissait présager que le français s’imposerait.
S’il est devenu la langue que nous parlons aujourd’hui, c’est en grande partie grâce au combat d’un homme, Joachim Du Bellay, et du manifeste qu’il diffusa en 1549 : Défense et illustration de la langue française2. De ce texte est né La Pléiade, un groupe de poètes militants qui renouvelèrent la production littéraire et contribuèrent à unifier la France autour d’une langue et d’une culture commune. D’où vient la force de ce manifeste ? D’une structure en 5 temps, que vous allez bientôt maîtriser :
1. Identifier le problème :sla France n’a pas été capable de faire émerger d’intellectuels, de scientifiques ou de poètes à la hauteur d’un Homère, d’un Aristote ou d’un Platon. Joachim Du Bellay partage ce triste constat en filant une métaphore végétale :
« Notre langue, qui commence encore à fleurir sans fructifier, ou plutôt, comme une plante et vergette, n’a point encore fleuri, tant s’en faut qu’elle ait apporté tout le fruit qu’elle pourrait bien produire. Cela certainement non pour le défaut de la nature d’elle, aussi apte à engendrer que les autres, mais pour la coulpe de ceux qui l’ont eue en garde, et ne l’ont cultivée à suffisance, mais comme une plante sauvage, en celui même désert où elle avait commencé à naître, sans jamais l’arroser, la tailler, ni défendre des ronces et épines qui lui faisaient ombre, l’ont laissée envieillir et quasi mourir. » (Défense et illustration de la langue française, p. 83)
2. Assombrir l’horizon : si nous ne prenons pas au sérieux l’enrichissement de notre langue, la France n’atteindra jamais le prestige d’Athènes ou de Rome. Pire encore : elle deviendra une culture de seconde zone et finira dans les oubliettes de l’histoire. Souvenons-nous, nous dit l’auteur, du destin comparé des romains et des gaulois. Les premiers ont marqué l’histoire, les seconds en ont pratiquement disparu :
« Les Romains ont eu si grande multitude d’écrivains, que la plupart de leurs gestes (pour ne pas dire pis) par l’espace de tant d’années, ardeur de batailles, vastité d’Italie, incursions d’étrangers, s’est conservée entière jusques à notre temps. Au contraire, les faits des autres nations, singulièrement des Gaulois, avant qu’ils tombassent en la puissance des Français, et les faits des Français mêmes depuis qu’ils ont donné leur nom aux Gaules, ont été si mal recueillis, que nous en avons quasi perdu non seulement la gloire, mais la mémoire. » (Défense et illustration de la langue française, p. 83)
3. Dénoncer les coupables et leurs idées fausses : certains veulent faire croire que la langue française est par nature impropre à la s...

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