Le salut de l'arrière-pays
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Le salut de l'arrière-pays

Figures légendaires, récits imaginaires et humour crucifère du Nord de l'Ontario

Normand Renaud

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Le salut de l'arrière-pays

Figures légendaires, récits imaginaires et humour crucifère du Nord de l'Ontario

Normand Renaud

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Le salut de l'arrière-pays, c'est le signe de la main que les villages envoient aux villes, leurs voisines. Face à d'inquiétantes tendances démographiques et économiques, les petites communautés cherchent leur avenir. Voici un vibrant témoignage de confiance en leur coeur et leur esprit.Cette collection d'oeuvres créées dans le cadre d'une série d'émissions de CBON, la Première Chaîne de Radio-Canada dans le Nord de l'Ontario, évoque les ambiances et célèbre les richesses humaines de huit localités nord-ontariennes: Gogama, Verner, Chapleau, Earlton, Iroquois Falls, Spanish, Sturgeon Falls et Fauquier. Chaque arrêt comprend le portrait d'un personnage local haut en couleur; un « conte rural » signé par un écrivain renommé et inspiré par la communauté; et un sketch comique dans lequel se déploient des projets de développement régional loufoques. Tout ça ponctué de chansons originales.Le salut de l'arrière-pays rend hommage à des communautés menacées, mais fières, enracinées et résolues à bâtir l'avenir. Les petites communautés de partout au Canada s'y reconnaîtront.« À tous ceux qui veulent que ça continue, on dit: Salut! »

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Salut Spanish!

Au bord de la route 17, là où la rivière Spanish se jette dans le lac Huron en formant un bel archipel et un bon havre pour une nouvelle marina — une des plus appréciées des Grands Lacs — se trouve un village franc et honnête, malgré son nom trompeur. Car, sachez-le, il n’y a rien d’espagnol à Spanish (non plus à Espanola, en amont sur la rivière).
Sur les vieilles cartes de la Nouvelle-France, cette rivière se nommait « l’Espagnole ». Ça on le sait. Mais pourquoi, ça on ne le sait pas. une dizaine d’hypothèses circulent. La plus colorée soutient que des explorateurs français furent étonnés d’entendre des mots espagnols dans le parler des Amérindiens de l’endroit. On leur aurait dit qu’une femme faite prisonnière lors d’un raid amérindien dans le Sud aurait appris sa langue à ses enfants.
La langue maternelle, c’est tenace, on le sait. C’est pour ça qu’à défaut d’espagnol, vous entendrez parler français ici. Environ le tiers des neuf cents habitants de Spanish sont Canadiens français. Il y en a par ici depuis le milieu du 19e siècle. Ils sont venus bûcher sur la Rive-Nord même avant l’arrivée du chemin de fer. Ils sont venus cultiver. Ils étaient nombreux dans les belles années forestières et minières.
Mais comme partout dans le Nord, le vent a tourné. En six ans, selon le dernier recensement, Spanish a perdu dix pour cent de ses habitants. S’il a bien fallu dire salut à ceux qui sont partis, aujourd’hui nous saluons ceux qui tiennent à y rester. Spanish a dans son passé un homme qui n’a laissé presqu’aucune trace dans l’histoire, sauf… ses histoires. Mais quelles histoires!
Jules Couvrette
Jules Couvrette était un des pires péteurs de broue, conteur de coups, fabricateurs d’histoires de fou que vous puissiez imaginer. Il en a tant et si bien conté, de ses aventures insensées, tirées par les cheveux, exagérées à qui mieux mieux, qu’enfin on s’est demandé : a-t-il vraiment pu exister, ce Jules Couvrette?
Qu’il ait vraiment existé, on en est sûr au musée de Massey, où j’ai trouvé le document Gems of History, d’où j’ai tiré ce que je vais conter. Ce petit cahier dactylographié est le fruit d’une enquête orale locale que la Spanish River Women’s Institute a menée dans les années soixante-dix. Ces enquêteuses ont découvert que plusieurs familles pionnières connaissaient et racontaient de curieuses histoires immanquablement attribuées à Jules Couvrette, sans pourtant savoir qui il était exactement. En tout cas, ces histoires ont fini par donner tout un chapitre dans le cahier. Moi, je ne fais que les répéter. Vous en jugerez, à les écouter, si Jules Couvrette a existé.
Un après-midi d’hiver, Jules Couvrette est entré dans le magasin général de Spanish, dont monsieur Sandowski était le propriétaire. Par hasard, il s’y trouvait un client qui n’était pas du coin. Jules Couvrette a dit:
— Sandowski, tu paies combien pour une corde de lièvres ces temps-ci?
— Ça dépend. T’en as combien?
— Deux cordes, peut-être même trois! » a répondu Jules Couvrette.
Puis il est sorti.
— C’est un fou, celui-là? a demandé l’étranger.
— Oui et non. S’il revient, tu lui demanderas comment il les attrape, ses lièvres.
Sur ces entrefaites, Jules Couvrette est revenu et l’étranger lui a posé sa question.
— C’est simple. La rivière est couverte de glace lisse ces temps-ci. Mes garçons et moi, on y place partout de petits tas d’éclisses de cèdre pas plus grosses que des crayons. À la brunante, on les allume. Les lièvres aiment la chaleur, donc ils s’approchent. une fois bien réchauffés, ils s’endorment. Mais quand le feu s’éteint, la glace se reforme et leurs derrières restent pris dedans. Donc le matin, mes garçons et moi, on a juste à les faucher puis à les corder.
— Vraiment? Mais qu’est-ce que vous faites l’été?
— L’été? Alors là, on va sur le chemin de la réserve. Le terrain, par là, c’est de la belle roche lisse. Là-dessus, on laisse partout des petits tas de poivre. Les lièvres qui passent là sentent ça. Quand ils éternuent — atchoum! — leur tête se lance par en avant contre le roc puis ils s’assomment. Avec le poivre et les éclisses, j’ai pas besoin de collets. Mais dis donc, Sandowski, tu la paies combien, la corde de lièvres aujourd’hui?
« Vas te promener! » a été la réponse de Sandowski. Cette réponse a soulagé l’étranger.
Une autre fois, Jules Couvrette se faisait voler ses patates la nuit, dans son champ au bord de la rivière. Donc une nuit, il s’y cache avec sa hache.
Vers minuit, il a entendu la vase clapoter, puis un corps se traîner entre deux rangs de patates. Soudain, c’est le face-à-face avec son voleur, qui était… une barbotte géante!
D’un grand coup de hache, Jules Couvrette lui a fendu la tête en deux moitiés. Mais la barbotte a quand même réussi à se sauver dans l’eau.
Le pire, c’est que la nuit suivante, la barbotte est quand même revenue voler des patates. Puis maintenant, elle déterrait deux rangs en même temps!
Comme tout cultivateur, Jules Couvrette bûchait en hiver. Mais, parfois, il façonnait ses harnais non pas avec du cuir, mais de la babiche.
La babiche, quand c’est mouillé, ça s’étire. une fois, son harnais s’est tellement étiré que le cheval était rendu à l’étable, mais la bille qu’il traînait était encore dans le bois.
Mais Jules Couvrette avait du savoir-faire. Il a juste dételé le cheval et accroché le harnais à une souche. Pendant la nuit, la babiche a rétréci. Donc, au matin, la bille était rendue près de la grange. Ça n’avait pas été forçant.
Cette histoire-ci remonte au temps où il y avait encore des pins géants sur la Rive-Nord. Jules Couvrette racontait qu’à son arrivée dans la région, il était marteleur près de la rivière aux Sables. Le marteleur, on l’appelle aussi le fitteur. C’est l’homme qui marque d’un coup de hache les bons arbres à abattre.
Une fois, Jules Couvrette a planté sa hache dans le pin le plus immense qu’il ait jamais vu. Puis il en a fait le tour comme il faut faire pour juger de quel côté il allait tomber. Quand il a eu fini d’en faire le tour et qu’il est revenu là où sa hache était plantée, il a trouvé juste la lame. Le manche, lui, avait disparu.
Jules Couvrette était perplexe, mais il a vite compris. Ça avait été si long, faire le tour de cet arbre, que le manche avait eu le temps de pourrir!
Les chiens de Jules Couvrette étaient les plus intelligents du pays. Il en avait un si fin qu’il lui suffisait de pointer du doigt ce qu’il voulait et ce chien-là s’en occupait.
Dans ce temps-là, Jules Couvrette défrichait. Il y avait de grosses souches sur sa terre. Donc, il s’est procuré de la dynamite. Prudent quand même, il a utilisé une longue mèche. Malheureusement, ça a donné le temps à sa meilleure vache de s’en approcher de trop près. Sans réfléchir, Jules Couvrette a pointé la souche du doigt. Son chien est parti en flèche. Et le pire est advenu. Juste comme le chien l’a atteint, la souche a explosé. Son pauvre chien a revolé trente pieds en l’air, et est retombé juste à ses pieds, déchiré en deux!
Sans hésiter, Jules Couvrette a vite recollé les deux bouts du chien ensemble et, miraculeusement, son chien semblait bien se porter. Mais il avait agi si vite que les deux pattes d’en arrière pointaient par en l’air!
Mais ça ne le dérangeait pas, au contraire. Ce chien-là courait sur deux pattes d’abord, puis il se roulait de l’autre côté et courait sur les deux autres. Il ne se fatiguait jamais. Il était deux fois meilleur qu’avant!
Les chiens de Jules Couvrette étaient aussi bons à la chasse. Il en avait un qui ne lâchait jamais sa proie, au grand jamais.
Une fois, ce chien s’est mis à pourchasser un renard derrière Blind River. Quand il les a revus les deux, le lendemain, ils étaient à Walford. Mais ils ne couraient plus, ils marchaient lentement, tellement ils étaient morts de fatigue.
Ce chien-là était aussi champion pour suivre une piste à l’odeur. Mais une fois, il s’est trompé. Il s’est mis à suivre une piste d’orignal pendant sept jours. Quand il s’est enfin arrêté, il n’y avait pas un animal autour. Jules Couvrette était perplexe, mais il a fini par comprendre. Son chien avait suivi la piste de reculons. C’était donc à cet endroit que l’orignal était né.
Jules Couvrette trappait aussi et son chien était fameux pour ça.
Tout ce qu’il avait à faire, c’était de sortir une des planches sur lesquelles il tendait les peaux à sécher. Le chien savait quelle prise faisait sur cette planche-là — castor, martre, pécan — puis il partait lui en chercher une.
Une fois, Jules Couvrette a sorti la planche à repasser. Son chien est parti. Mais il ne l’a plus jamais revu.
Même sans son chien, ce chasseur savait chasser. une fois, Jules Couvrette, en chaloupe, poursuivait à la rame un orignal à la nage. C’était épuisant. À force de ramer, il a réussi à s’approcher assez près de la bête pour lui passer une corde autour du panache. Là, il pouvait relaxer, en attendant que l’orignal atteigne la rive pour le tirer. Malheureusement, sa chaloupe s’est cognée contre un arbre submergé et Jules Couvrette est tombé dans le lac.
L’automne suivant, il ...

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