Insoumis de l'Empire (Les)
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Insoumis de l'Empire (Les)

Le refus de la domination coloniale au Bas-Canada et en Irlande

Julie Guyot

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Insoumis de l'Empire (Les)

Le refus de la domination coloniale au Bas-Canada et en Irlande

Julie Guyot

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À la fin du XVIIIe siĂšcle, l'Europe occidentale et les AmĂ©riques sont traversĂ©es par des mouvements de rĂ©volutions libĂ©rales et nationales. La Grande-Bretagne est alors un vaste empire colonial. Londres met en place des structures constitutionnelles et des pratiques politiques afin de maintenir sa domination.À la suite de la RĂ©volution amĂ©ricaine, le rĂ©gime impĂ©rial britannique est revu pour renforcer le rĂŽle de l'exĂ©cutif dans l'administration des colonies. Julie Guyot illustre dans cet ouvrage l'Ă©tat des rapports entre l'Angleterre et certaines nations satellites afin de pouvoir dĂ©crire les contours de l'impĂ©rialisme britannique et ainsi illustrer les enjeux dĂ©mocratiques et nationalitaires.En prenant pour exemples l'Irlande et le Bas-Canada, l'auteure propose une analyse du discours public de Theobald Wolfe Tone et de Louis-Joseph Papineau, ces insoumis qui ont dĂ©sirĂ© changer le destin politique de leur «pays» respectif.Julie Guyot est professeure d'histoire au cĂ©gep Édouard-Montpetit et doctorante Ă  l'École des Ă©tudes canado-irlandaises de l'UniversitĂ© Concordia. Ayant trĂšs tĂŽt choisi l'histoire des idĂ©es comme approche pour Ă©tudier le parcours des peuples dĂ©pendants et les mouvements d'Ă©mancipation, les cas irlandais et bas-canadien (XVIIIe-XIXe siĂšcles) allaient de soi.

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Information

CHAPITRE IV
La constitution dans les discours publics de T. W. Tone et de L.-J. Papineau
Introduction : les constitutions de 1782, en Irlande, et de 1791, au Bas-Canada
Tel que mentionnĂ© au chapitre prĂ©cĂ©dent, la question constitutionnelle est Ă©troitement liĂ©e Ă  celle de la dĂ©pendance nationale ou coloniale. Elle se pose dans le mĂȘme contexte gĂ©nĂ©ral et elle se dĂ©veloppe selon une Ă©volution chronologique voisine de l’évolution de la question de l’indĂ©pendance. Les deux questions sont l’envers et l’endroit du mĂȘme problĂšme, soit celui d’un rapport politique inĂ©gal incarnĂ© dans une constitution et maintenu par cette constitution. Nous prĂ©senterons ici le problĂšme particulier que posent les constitutions britanniques s’appliquant Ă  l’Irlande et au Bas-Canada, respectivement.
Ce prĂ©sent chapitre comporte trois sections. Il est d’abord question, successivement, des prises de position de Tone sur la question constitutionnelle, puis de celles de Papineau Ă  propos du mĂȘme thĂšme. La derniĂšre section compare leurs discours publics sur ce sujet.
Tone et Papineau peuvent ĂȘtre vus comme des partisans de rĂ©formes constitutionnelles. Le jeune Tone a commencĂ© sa carriĂšre de commentateur ou de publiciste politique, sept ou huit ans aprĂšs la pĂ©riode de l’acquisition de ce que l’on a appelĂ© en Irlande l’« indĂ©pendance lĂ©gislative » par rapport Ă  l’Angleterre. DĂšs ses « Essays410 » devant le Dublin Political Club, il se montre critique Ă  la fois de la glorification du pacte de 1782 et de l’action politique du Parlement irlandais depuis ce temps. Durant la pĂ©riode de 1790 Ă  1793, pĂ©riode oĂč il fait paraĂźtre ses brochures pour le grand public, il se fait connaĂźtre en particulier comme dĂ©fenseur de cette « indĂ©pendance lĂ©gislative », acquise en 1782 mais encore Ă  parfaire, dĂ©fenseur de la rĂ©forme Ă©lectorale et de l’émancipation des catholiques. Mais l’homme n’est pas qu’un observateur de la scĂšne politique, il a aussi Ă©tĂ© engagĂ© dans l’action : il a fait partie du groupe fondateur et fut membre actif des United Irishmen, et il a Ă©tĂ© secrĂ©taire du Catholic Committee. À compter de 1795, aprĂšs son bref sĂ©jour aux États-Unis, il a ƓuvrĂ© auprĂšs du Directoire pour obtenir l’appui de la France Ă  la libĂ©ration de l’Irlande. C’est au cours de la seconde tentative de dĂ©barquement français que Tone sera mis en Ă©tat d’arrestation.
On se souvient que, pour sa part, Papineau est dĂ©putĂ© depuis 1808 Ă  la Chambre d’assemblĂ©e du Bas-Canada, « orateur » de la Chambre depuis 1815 et chef du « parti » canadien (puis du « parti » patriote). Il est le dĂ©fenseur des prĂ©rogatives et des ambitions de l’AssemblĂ©e dans l’appareil politique. Sur le plan constitutionnel, le discours de Papineau passe de l’affirmation de la primautĂ© du principe de la reprĂ©sentation, de la primautĂ© des reprĂ©sentants Ă©lus au sein des institutions politiques, Ă  l’attaque contre l’autre corps lĂ©gislatif, nommĂ© d’autoritĂ© selon la constitution de 1791, puis Ă  la promotion gĂ©nĂ©rale du principe Ă©lectif et Ă  l’idĂ©e de convention pour rĂ©gler la question constitutionnelle.
Theobald Wolfe Tone et le problĂšme constitutionnel irlandais
Marianne Elliott, Ă  propos de l’indĂ©pendance obtenue en 1782 et faisant rĂ©fĂ©rence Ă  la crise entourant la rĂ©gence de l’Irlande en 1788-1789, Ă©crit : « It was a classic example of how empty was the independence of the Irish Parliament under the 1782 constitution, when the executive could continue to operate in defiance of it411. »
L’analyse de l’administration irlandaise
En 1791, dans son Argument on Behalf of Irish Catholics
, Ă  propos du commerce, grand et petit, Tone explique que les intĂ©rĂȘts mutuels entre le gouvernement et le peuple tels qu’ils existent en Angleterre sont inexistants en Irlande. Le poids de l’influence anglaise sur l’administration irlandaise « must immediately give way », prĂ©cise-t-il. « Commons of Ireland, by their own laws, exclude themselves from a commerce with half the known world, in complaisance to a monopolizing English company412. » Il dĂ©plore le fait que la reprĂ©sentation au Parlement irlandais ne permette pas de s’opposer adĂ©quatement Ă  ce type de situation413.
À ce sujet, Tone salue l’entreprise des Volunteers qui, « in the year of 1782, had emancipated their country from a foreign yoke and given to their parliament the means of being independent414 ». Il profite de l’occasion pour souligner que les activitĂ©s de ces derniers n’avaient Ă©tĂ© entravĂ©es ni par le Gunpowder Act (fĂ©vrier 1793), lequel interdisait l’importation et la distribution d’armes et de munitions, ni par le Convention Act (juillet 1793) qui rĂ©primait toute tentative de la part de quelque regroupement populaire que ce soit (Catholic Committee, United Irishmen ou autres) de remettre en question la reprĂ©sentativitĂ© du Parlement irlandais ou de rĂ©clamer des modifications constitutionnelles qui permettraient de revoir sa composition415. Ce dernier acte a Ă©tĂ© adoptĂ© pour contrecarrer les plans des United Irishmen. Tone rappelle cependant que la reconnaissance de l’autonomie lĂ©gislative de l’Irlande dans la constitution de 1782 Ă©tait quasi inutile, parce qu’elle Ă©tait inopĂ©rante, sans une rĂ©forme du Parlement de Dublin :
England had [...] to renounce her usurped right of binding them [Volunteers] by the act of her legislature ; [...] but she had an easier and more plausible method to effectuate her purpose. An English Secretary had the command of the Irish treasury to purchase Irish liberty and Irish commerce from an Irish parliament416.
Ironique, il terminera son analyse en écrivant : « The trade of parliament was that, of all others, which experienced the most immediate and rapid improvement from the revolution of 1782417. »
Tone publie sa premiĂšre brochure, A Review of the Conduct of Administration during the Last Session of Parliament418, pour le compte du Northern Whig Club419, en 1790. C’est une analyse de l’activitĂ© et des conditions d’existence du pouvoir politique en Irlande. Il fait alors une relation Ă©troite entre la nature de l’administration irlandaise et la façon dont se dĂ©roulaient les activitĂ©s parlementaires. En comparant le poids de la Couronne et de sa garde rapprochĂ©e (Conseil privĂ©) en Angleterre, dans l’élaboration des lois et l’exercice du pouvoir parlementaire, avec celui du lord lieutenant britannique et de son entourage en Irlande, Tone offre Ă  ses concitoyens une image claire de ce qu’il qualifie ĂȘtre un systĂšme politique corrompu. Il expose l’incongruitĂ© d’avoir un lord lieutenant qui possĂšde, en plus de l’impunitĂ© des personnages royaux, le loisir de disposer de la totalitĂ© des revenus du territoire. « Here, the revenues are unappropriated 420. » Pour le paiement des pensions, des salaires ou de toute autre somme particuliĂšre, une lettre du roi est contresignĂ©e par trois lords anglais, le lord lieutenant et le secrĂ©taire. « Not one Irishman concerned in the transaction [...] The people may complain, but how can they punish421 ? »
Plus encore que les coĂ»ts exorbitants liĂ©s aux pensions et autres salaires ou dĂ©penses, Tone dĂ©plore en premier lieu « the unconstitutional influence thus thrown into the hands of the minister422 ». Il dĂ©nonce le fait qu’en Irlande 104 des 144 parlementaires de la Chambre des communes « were placemen and pensioners423 ». Dans ces conditions, il est impossible pour l’opposition de jouer son rĂŽle. Il ajoute qu’il faut imiter « the example of England, [...], where the influence of the Crown is much weaker than with us, and where there is, out of doors, a jealous vigilance, a fund of knowledge, and a spirit of resistance not yet to be found in Ireland424 ».
Soucieux d’éclairer les esprits, Tone pose alors la question : « What is a strong government ? » Il rĂ©pond : « The only strength of government is the confidence of the people, a confidence not lightly bestowed, nor lightly withdrawn425. » Un bon gouvernement « is not physically strong, but rests in opinion426 ». ...

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