La raison des fleurs
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La raison des fleurs

Michaël Trahan

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La raison des fleurs

Michaël Trahan

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Inhaltsverzeichnis
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Über dieses Buch

Pendant des années j'ai été hanté par les vagues, le ressac, le souvenir d'un corps happé par le fond des eaux. Je cherchais à épuiser une scène dont je n'arrivais pas à revenir. J'ai ainsi habité un rêve qui ne m'appartenait pas, une photographie prise dans les années cinquante, puis oubliée ou perdue avant d'être développée. Quelqu'un en a découvert le négatif par hasard dans une brocante un demi-siècle plus tard. Une femme se tient debout sur la plage. Le soleil tombe, l'horizon est bleu, rose, mauve. La mer roule à ses pieds. La femme regarde au loin. C'est à peine si on voit le profil de son visage. Ce n'est pas vraiment une réponse. C'est une fiction de la disparition, une enquête sur le silence de quelques images que je traîne depuis trop longtemps. C'est un requiem: un chant qui ouvre le calme pour les morts et les vivants.C'est la logique de l'encre poussée à sa vraie limite de chose vraie.

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Information

Jahr
2017
ISBN
9782896983605
HISTOIRE NATURELLE
requiem
La femme des vagues
Une sorte de lien ombilical relie le corps de la chose photographiée à mon regard : la lumière, quoique impalpable, est bien ici un milieu charnel, une peau que je partage avec celui ou celle qui a été photographié.
ROLAND BARTHES
La chambre claire
Si je devais filmer le texte, je voudrais que les pleurs sur la mer soient montés de telle sorte qu’on voie le fracas de la blancheur de la mer et le visage de l’homme presque en même temps. Qu’il y ait une relation entre la blancheur des draps et celle de la mer. Que les draps soient déjà une image de la mer. Cela à titre d’indication générale.
MARGUERITE DURAS
La maladie de la mort
J’ouvre la boîte à fantômes,
le trésor équivoque aux mille visages.
La femme des vagues est la femme du rêve
est la photographie absolue.
Toutes les voyelles sont noires
c’est le cinéma que je décris, le drame
suivi d’un bord à l’autre (les quatre coins
tenus en laisse), le nom étroit, la couronne
de fumée qu’on porte en terre
ou au pied du lit.
Toutes les voyelles sont noires je
reviens une fois, deux fois, trois fois.
Huit, douze, treize. Vingt-quatre ou quarante.
Quatorze peut-être l’année miroir. Le frère
est la chambre froide, la faculté de colère
multipliée par dix. Le frère dit la force
géométrique, l’écran la peur noire
ou blanche ou bleue comme
toutes toutes toutes
les taches rouges les clefs les lettres
que rien n’efface. Je suis là-bas, couché
au sol, l’arc ouvert sur la créature
impaire derrière la porte
les voyelles noires le rideau tremble
c’est un rideau qui tremble c’est une image
obscène qui ne me quitte plus.
Je confie mes secrets aux pierres. Je les retourne, je les affole. Elles ne tombent pas seules. L’aveu leur brûle les mains et elles noient chaque heure comme si c’était la première.
Voici comment tout a commencé.
Mes merveilles étaient peu nombreuses,
je les chérissais comme d’étranges fardeaux.
Du sucre, de l’eau et l’amour traîné de force.
Mes soins attentifs ne suffisaient pas à leur pitié.
La folie bouillait en silence, prête à s’endormir,
prête à oublier. C’est l’œuf qui n’enfantait pas,
la ville nue et ses couloirs de cendre, la chambre
éteinte je suis resté avec la crise jusqu’au bout.
Voici le tableau auquel j’ai assisté sans en avoir le droit.
Droit de regarder, droit de comprendre ou de parler,
droit d’un cœur de battre ou d’arrêter de battre,
droit de tomber en miettes sans le regretter.
Chaque nuit lave ma chance. Je ne suis pas béni, j’existe à peine.
Toutes les voyelles sont noires je l’avoue le jour est noir la nuit est nue et longue et lente et malgré tout j’ai vu ce que je ne savais pas être capable de voir j’ai su ce que je savais pourtant ne jamais pouvoir savoir malgré tout j’ai compris qu’il ne me serait jamais possible d’ouvrir les yeux en entrant je n’attendais rien je n’attendais rien
Aucune trace ne répond de moi.
Rideau est rideau est la phrase souveraine
l’écran la phrase au sol la phrase unique
impossible et sans fin (surtout sans fin).
La phrase absolue.
C’est le carré, la femme seule dans la voiture,
le stationnement, l’attente, la fête qu’on suppose
de l’autre côté du mur.
La phrase miroir.
La langue obscure la langue basse
la pudeur les mots qui manquent les mots
qui viennent et qui pourtant manquent.
La phrase fantôme.
La nuit qui tombe, le train
en gare, le mauvais numéro la recherche
de la vérité (la recherche de la joie).
L’adoration la faute la chambre vide
répétée par trois fois.
La phrase forcée perdue forcée.
La mère est la honte pliée en quatre,
la raison retournée sur elle-même, la mécanique
de l’encre poussée à sa vraie limite de chose vraie.
J’entends la musique, le disque apporté au hasard
d’entre les morts, j’entends une main au piano,
l’autre qui ouvre le théâtre et qui pleure
l’histoire tenue comme un sexe ouvert.
L’écran noir dit
la phrase sacrée est une histoire
d’amour et d’abandon.
je n’attendais rien d’elle ni de moi encore moins de moi de qui je ne pourrai plus jamais rien attendre je n’avais rien à dire j’ai commencé
La peau la mémoire creuse
dans chaque morceau de paysage
la photographie d’un sourire disparu.
une phrase je l’ai commencée en silence elle est venue ou je suis allé la chercher elle disait quelque chose à quelqu’un je n’ai jamais su s’il m’était possible de l’écrire s’il était possible que quelqu’un entende aussi cette voix
La poussière sur les meubles, les fruits qui mûrissent peut-être sur la table peut-être pas ici la raison broie le cœur et s’en va.
cette voix m’a dit d’entrer m’a fait comprendre d’une manière que je ne comprends pas qu’il était temps d’entrer qu’il me fallait entrer je passais seulement je n’avais aucune intention d’entrer c’est cela que je me répétais même s’il avait bien fallu que je voie quelque chose que j’arrive par quel miracle à être dans ce quartier où elle était et où je passais et à la faveur de quoi une phrase m’est venue qui me disait d’entrer je suis entré
Derrière la porte j’ai pensé
aux lèvres tendues de la catastrophe
et je me suis effondré en silence.
« Rien, rien qu’image, rien d’autre, oubli total. »
(Franz Kafka, fin 1920)
Le temps me sépare. Ne m’habite qu’imparfaitement. Je pense aux pierres, qui le traversent. Je pense aux pierres qui dansent. Je pense à un livre incompréhensible écrit par des pierres. L’abîme derrière chaque mot, la chair marquée au fer rouge, le désastre dans la bouche : chaque fois que je parle je pense que c’est la dernière fois.
La forêt vient avec l’étang, le petit pont
où j’avance, le rêve tenu du bout des doigts.
La pierre tremble et je laisse tomber
les vagues, la maison tendre
et abîmée où
je suis entré j’ai attendu je n’attendais plus rien mourir me suffisait j’ai attendu j’ai tant attendu qu’il ne m’était plus permis d’espérer même que l’attente eût une fin
j’arrête ici l’enfant sauvage.
La syncope de la joie est un fléau et une grâce.
Voici la scène inaugurale.
Rideau est un trou creusé des deux côtés à la fois.
Je vois la chose froide, le triptyque abandonné, les deux tas de terre qui échangent leur raison comme des paradoxes de lumière. Je me replie sur ma propre défaite : je suis le secret et sa révélation, une photographie que je prends à mon insu. Un tableau barré à ciel ouvert ou face contre terre.
L’aveu est lisse comme la mer, opaque comme un animal, muet comme une planche.
J’arrive parfois à la vie simple et je note la clarté du temps.
C’est le requiem : le chant qui ouvre le calme pour les morts et les vivants.
Une histoire naturelle, défigurée d’origine. Un livre sans visage, plus dur qu’une pierre. Un cercle à la limite du recueillement et de la prière.
J’ai envie de partir, j’ai envie de rester, je n’ai envie d’aller nulle part, j’ai une envie d’aller nulle part qui me ronge, me tue, m’abat silencieusement, je ne résiste pas, j’attends, je n’ai pas soif, j’attends, je lève les yeux et je vois les souvenirs affichés au mur (l’inventaire me dégoûte), j’ai vu un film et j’en ai gardé une image, un homme affalé dans un fauteuil, au mur, son mur à lui, juste en haut du feu le portrait d’une femme (une femme très belle), l’histoire du film, la recherche obstinée d’une réponse, la quête aberrante d’un mystère qui n’existe pas, des bouts de papier, des images de New York, une ville, une grande ville comme dans les films, des traces qui prouvent que j’y suis allé, le billet de train jauni, les images du film, l’homme dans le fauteuil, l’homme debout un verre à la main, la carte postale de l’hôtel, cet hôtel qui m’a traversé, que j’ai habité, qui est le foyer de tous mes rêves, mes petits rêves, mes rêves qui sont à peine des rêves, qui sont des traces que je retourne dans tous les sens, des indices d’une a...

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