La raison des fleurs
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La raison des fleurs

Michaël Trahan

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  1. 252 pages
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La raison des fleurs

Michaël Trahan

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Citations

À propos de ce livre

Pendant des annĂ©es j'ai Ă©tĂ© hantĂ© par les vagues, le ressac, le souvenir d'un corps happĂ© par le fond des eaux. Je cherchais Ă  Ă©puiser une scĂšne dont je n'arrivais pas Ă  revenir. J'ai ainsi habitĂ© un rĂȘve qui ne m'appartenait pas, une photographie prise dans les annĂ©es cinquante, puis oubliĂ©e ou perdue avant d'ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e. Quelqu'un en a dĂ©couvert le nĂ©gatif par hasard dans une brocante un demi-siĂšcle plus tard. Une femme se tient debout sur la plage. Le soleil tombe, l'horizon est bleu, rose, mauve. La mer roule Ă  ses pieds. La femme regarde au loin. C'est Ă  peine si on voit le profil de son visage. Ce n'est pas vraiment une rĂ©ponse. C'est une fiction de la disparition, une enquĂȘte sur le silence de quelques images que je traĂźne depuis trop longtemps. C'est un requiem: un chant qui ouvre le calme pour les morts et les vivants.C'est la logique de l'encre poussĂ©e Ă  sa vraie limite de chose vraie.

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Informations

Éditeur
Le Quartanier
Année
2017
ISBN
9782896983605
Sous-sujet
Poetry
HISTOIRE NATURELLE
requiem
La femme des vagues
Une sorte de lien ombilical relie le corps de la chose photographiée à mon regard : la lumiÚre, quoique impalpable, est bien ici un milieu charnel, une peau que je partage avec celui ou celle qui a été photographié.
ROLAND BARTHES
La chambre claire
Si je devais filmer le texte, je voudrais que les pleurs sur la mer soient montĂ©s de telle sorte qu’on voie le fracas de la blancheur de la mer et le visage de l’homme presque en mĂȘme temps. Qu’il y ait une relation entre la blancheur des draps et celle de la mer. Que les draps soient dĂ©jĂ  une image de la mer. Cela Ă  titre d’indication gĂ©nĂ©rale.
MARGUERITE DURAS
La maladie de la mort
J’ouvre la boüte à fantîmes,
le trésor équivoque aux mille visages.
La femme des vagues est la femme du rĂȘve
est la photographie absolue.
Toutes les voyelles sont noires
c’est le cinĂ©ma que je dĂ©cris, le drame
suivi d’un bord à l’autre (les quatre coins
tenus en laisse), le nom Ă©troit, la couronne
de fumĂ©e qu’on porte en terre
ou au pied du lit.
Toutes les voyelles sont noires je
reviens une fois, deux fois, trois fois.
Huit, douze, treize. Vingt-quatre ou quarante.
Quatorze peut-ĂȘtre l’annĂ©e miroir. Le frĂšre
est la chambre froide, la faculté de colÚre
multipliée par dix. Le frÚre dit la force
gĂ©omĂ©trique, l’écran la peur noire
ou blanche ou bleue comme
toutes toutes toutes
les taches rouges les clefs les lettres
que rien n’efface. Je suis lĂ -bas, couchĂ©
au sol, l’arc ouvert sur la crĂ©ature
impaire derriĂšre la porte
les voyelles noires le rideau tremble
c’est un rideau qui tremble c’est une image
obscĂšne qui ne me quitte plus.
Je confie mes secrets aux pierres. Je les retourne, je les affole. Elles ne tombent pas seules. L’aveu leur brĂ»le les mains et elles noient chaque heure comme si c’était la premiĂšre.
Voici comment tout a commencé.
Mes merveilles Ă©taient peu nombreuses,
je les chĂ©rissais comme d’étranges fardeaux.
Du sucre, de l’eau et l’amour traĂźnĂ© de force.
Mes soins attentifs ne suffisaient pas à leur pitié.
La folie bouillait en silence, prĂȘte Ă  s’endormir,
prĂȘte Ă  oublier. C’est l’Ɠuf qui n’enfantait pas,
la ville nue et ses couloirs de cendre, la chambre
Ă©teinte je suis restĂ© avec la crise jusqu’au bout.
Voici le tableau auquel j’ai assistĂ© sans en avoir le droit.
Droit de regarder, droit de comprendre ou de parler,
droit d’un cƓur de battre ou d’arrĂȘter de battre,
droit de tomber en miettes sans le regretter.
Chaque nuit lave ma chance. Je ne suis pas bĂ©ni, j’existe Ă  peine.
Toutes les voyelles sont noires je l’avoue le jour est noir la nuit est nue et longue et lente et malgrĂ© tout j’ai vu ce que je ne savais pas ĂȘtre capable de voir j’ai su ce que je savais pourtant ne jamais pouvoir savoir malgrĂ© tout j’ai compris qu’il ne me serait jamais possible d’ouvrir les yeux en entrant je n’attendais rien je n’attendais rien
Aucune trace ne répond de moi.
Rideau est rideau est la phrase souveraine
l’écran la phrase au sol la phrase unique
impossible et sans fin (surtout sans fin).
La phrase absolue.
C’est le carrĂ©, la femme seule dans la voiture,
le stationnement, l’attente, la fĂȘte qu’on suppose
de l’autre cĂŽtĂ© du mur.
La phrase miroir.
La langue obscure la langue basse
la pudeur les mots qui manquent les mots
qui viennent et qui pourtant manquent.
La phrase fantĂŽme.
La nuit qui tombe, le train
en gare, le mauvais numéro la recherche
de la vérité (la recherche de la joie).
L’adoration la faute la chambre vide
répétée par trois fois.
La phrase forcée perdue forcée.
La mÚre est la honte pliée en quatre,
la raison retournĂ©e sur elle-mĂȘme, la mĂ©canique
de l’encre poussĂ©e Ă  sa vraie limite de chose vraie.
J’entends la musique, le disque apportĂ© au hasard
d’entre les morts, j’entends une main au piano,
l’autre qui ouvre le thĂ©Ăątre et qui pleure
l’histoire tenue comme un sexe ouvert.
L’écran noir dit
la phrase sacrée est une histoire
d’amour et d’abandon.
je n’attendais rien d’elle ni de moi encore moins de moi de qui je ne pourrai plus jamais rien attendre je n’avais rien Ă  dire j’ai commencĂ©
La peau la mémoire creuse
dans chaque morceau de paysage
la photographie d’un sourire disparu.
une phrase je l’ai commencĂ©e en silence elle est venue ou je suis allĂ© la chercher elle disait quelque chose Ă  quelqu’un je n’ai jamais su s’il m’était possible de l’écrire s’il Ă©tait possible que quelqu’un entende aussi cette voix
La poussiĂšre sur les meubles, les fruits qui mĂ»rissent peut-ĂȘtre sur la table peut-ĂȘtre pas ici la raison broie le cƓur et s’en va.
cette voix m’a dit d’entrer m’a fait comprendre d’une maniĂšre que je ne comprends pas qu’il Ă©tait temps d’entrer qu’il me fallait entrer je passais seulement je n’avais aucune intention d’entrer c’est cela que je me rĂ©pĂ©tais mĂȘme s’il avait bien fallu que je voie quelque chose que j’arrive par quel miracle Ă  ĂȘtre dans ce quartier oĂč elle Ă©tait et oĂč je passais et Ă  la faveur de quoi une phrase m’est venue qui me disait d’entrer je suis entrĂ©
DerriĂšre la porte j’ai pensĂ©
aux lĂšvres tendues de la catastrophe
et je me suis effondré en silence.
« Rien, rien qu’image, rien d’autre, oubli total. »
(Franz Kafka, fin 1920)
Le temps me sĂ©pare. Ne m’habite qu’imparfaitement. Je pense aux pierres, qui le traversent. Je pense aux pierres qui dansent. Je pense Ă  un livre incomprĂ©hensible Ă©crit par des pierres. L’abĂźme derriĂšre chaque mot, la chair marquĂ©e au fer rouge, le dĂ©sastre dans la bouche : chaque fois que je parle je pense que c’est la derniĂšre fois.
La forĂȘt vient avec l’étang, le petit pont
oĂč j’avance, le rĂȘve tenu du bout des doigts.
La pierre tremble et je laisse tomber
les vagues, la maison tendre
et abĂźmĂ©e oĂč
je suis entrĂ© j’ai attendu je n’attendais plus rien mourir me suffisait j’ai attendu j’ai tant attendu qu’il ne m’était plus permis d’espĂ©rer mĂȘme que l’attente eĂ»t une fin
j’arrĂȘte ici l’enfant sauvage.
La syncope de la joie est un fléau et une grùce.
Voici la scĂšne inaugurale.
Rideau est un trou creusé des deux cÎtés à la fois.
Je vois la chose froide, le triptyque abandonné, les deux tas de terre qui échangent leur raison comme des paradoxes de lumiÚre. Je me replie sur ma propre défaite : je suis le secret et sa révélation, une photographie que je prends à mon insu. Un tableau barré à ciel ouvert ou face contre terre.
L’aveu est lisse comme la mer, opaque comme un animal, muet comme une planche.
J’arrive parfois Ă  la vie simple et je note la clartĂ© du temps.
C’est le requiem : le chant qui ouvre le calme pour les morts et les vivants.
Une histoire naturelle, dĂ©figurĂ©e d’origine. Un livre sans visage, plus dur qu’une pierre. Un cercle Ă  la limite du recueillement et de la priĂšre.
J’ai envie de partir, j’ai envie de rester, je n’ai envie d’aller nulle part, j’ai une envie d’aller nulle part qui me ronge, me tue, m’abat silencieusement, je ne rĂ©siste pas, j’attends, je n’ai pas soif, j’attends, je lĂšve les yeux et je vois les souvenirs affichĂ©s au mur (l’inventaire me dĂ©goĂ»te), j’ai vu un film et j’en ai gardĂ© une image, un homme affalĂ© dans un fauteuil, au mur, son mur Ă  lui, juste en haut du feu le portrait d’une femme (une femme trĂšs belle), l’histoire du film, la recherche obstinĂ©e d’une rĂ©ponse, la quĂȘte aberrante d’un mystĂšre qui n’existe pas, des bouts de papier, des images de New York, une ville, une grande ville comme dans les films, des traces qui prouvent que j’y suis allĂ©, le billet de train jauni, les images du film, l’homme dans le fauteuil, l’homme debout un verre Ă  la main, la carte postale de l’hĂŽtel, cet hĂŽtel qui m’a traversĂ©, que j’ai habitĂ©, qui est le foyer de tous mes rĂȘves, mes petits rĂȘves, mes rĂȘves qui sont Ă  peine des rĂȘves, qui sont des traces que je retourne dans tous les sens, des indices d’une a...

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