Je suis l'ennemie
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Je suis l'ennemie

Karianne Trudeau Beaunoyer

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  1. 124 Seiten
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Je suis l'ennemie

Karianne Trudeau Beaunoyer

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Über dieses Buch

À l'Ă©cole, quand on nous demandait ce que nos parents faisaient dans la vie, je n'avais rien Ă  rĂ©pondre, car mes parents ne faisaient rien. Ce n'Ă©tait pas leur faute. Je ne comprenais pas pourquoi ils avaient fait un enfant. Ils m'ont eue, mais nous avons failli ĂȘtre deux. Souvent je me dis qu'ensemble il aurait Ă©tĂ© plus facile de vivre avec eux, d'obĂ©ir Ă  ceux qui ne dĂ©siraient rien crĂ©er. À la place, je suis deux. Je ne peux ni te libĂ©rer, ni t'avaler pour de bon. J'ai dĂ» apprendre. J'ai grandi avec toi, je suis partie avec toi, vers une lumiĂšre que moi seule arrive Ă  voir. Ce n'est pas juste, mais c'Ă©tait la seule solution.

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Information

Jahr
2020
ISBN
9782896984923
â€č SÉRIE QR â€ș
N° 146
Le Quartanier Éditeur
C.P. 47550, CSP Plateau Mont-Royal
Montréal (Québec) H2S 2S8
www.lequartanier.com
Karianne Trudeau Beaunoyer

JE SUIS L’ENNEMIE


poĂšmes
LE QUARTANIER
Couvre la mĂ©moire de ton visage du masque de celle que tu seras et fais peur Ă  l’enfant que tu as Ă©tĂ©.
alejandra pizarnik
Extraction de la pierre de folie
Il arrive, pendant les grossesses gĂ©mellaires, qu’une des jumelles meure spontanĂ©ment. Parfois, le placenta assimile les restes du fƓtus. Parfois, la mĂšre ou la jumelle survivante les incorpore, sous la forme d’une tumeur contenant des os, des poils, des dents, du cartilage immature ou des fragments de tissus.
OÙ VONT LES MORTS?
D’OÙ VIENNENT LES ENFANTS?
Prologue
Ici, de la poussiĂšre. Le mot poussiĂšre n’existe pas encore. Seuls existent les jours d’avant les jours, la couleur de la suie, une galerie de fĂ©es d’eau douce. Nous sommes fĂ©briles. Dehors, l’univers est rempli de dangers. Dehors, un arbre tombe et le bruit de l’arbre qui tombe rĂ©sonne jusque dans notre caverne. Un arbre tombe et la poussiĂšre remuĂ©e par sa chute colle aux parois. Un arbre tombe et tout se passe comme si rien n’avait prĂ©cĂ©dĂ© sa chute, comme si l’arbre n’allait jamais finir de tomber, comme si nous risquions de sombrer avec lui, sĂšches, gauches et finies, nous. Tout se passe comme si l’arbre, c’était nous. Au cƓur de notre tronc sectionnĂ©, nos nerfs se dĂ©ploieraient en des cercles concentriques, ils dessineraient des anneaux. Il y en aurait peu, pas assez pour garantir que nous avions vĂ©cu.
Nous nous tenons sous les cloisons molles d’un drap dĂ©posĂ© sur quatre chaises au vernis usĂ©. Du bout des doigts, j’arrache des Ă©cailles des pattes de bois. Quand tu Ă©tires les bras, le tissu forme une pointe, puis tu replies les coudes et le plafond se relĂąche vers l’intĂ©rieur, l’espace se resserre. De nous deux, tu es celle qui conserve sans jamais se lasser le goĂ»t de rapetisser, de ne pas faire de bruit, de mener une existence tĂ©nue. Notre pensĂ©e engendre notre monde. Nous n’avons pas grand-chose pour nous distraire : une bille de la taille d’un ongle, qui traĂźnait lĂ , la perle, surgie tout Ă  coup du drap Ă©cartĂ©. Nous nous avons. Tu me proposes un jeu. Je ne pressens rien de tes manigances, je te fais confiance, comment pourrait-il en ĂȘtre autrement? Tu es lĂ©gĂšre, entĂȘtĂ©e. On joue Ă  faire le mort. La premiĂšre qui remue a perdu. Veux-tu, ma mie? Veux-tu? On joue?
Nous nous installons face Ă  face. Nous devons nous regarder sans jamais cligner des yeux. Ne jamais les dĂ©tourner, ne pas ciller, ne pas nous perdre de vue. Qu’est-ce qu’on gagne? Tu hĂ©sites, jettes un regard vers la bille posĂ©e dans la poussiĂšre entre nous deux. Quand tu rives tes yeux aux miens un instant plus tard, le pacte est scellĂ©. Je rĂ©siste, les larmes montent, elles coulent sur mes joues, je ne cĂšde pas, je garde les yeux ouverts, les imagine se flĂ©trir, dĂ©shydratĂ©s, plantĂ©s dans les tiens. Je suis rĂ©solue, la bille sera Ă  moi. ƒil pour Ɠil.
Nous rĂ©gnons sur le temps. Tu aimes, plus que moi, te voir ĂȘtre la morte que tu seras. Ça me fatigue, toute cette acuitĂ©, toute cette attention. Je ne sais pas si c’est pour me rendre service, si tu sens mon inconfort, mon ennui, mais pour nous sortir de cette impasse tu dis : c’est quoi, ça? pointant ma poitrine. Je baisse les yeux, tu tends la main, je m’élance. Dans la collision, la bille rebondit et roule hors de la cabane.
Il faut sortir.
Tu es moins hardie que tu en as l’air. Tu resteras pour surveiller notre abri. Je dois traverser un rideau noir. La p...

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