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Je suis l'ennemie
Karianne Trudeau Beaunoyer
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Je suis l'ennemie
Karianne Trudeau Beaunoyer
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Información del libro
À l'école, quand on nous demandait ce que nos parents faisaient dans la vie, je n'avais rien à répondre, car mes parents ne faisaient rien. Ce n'était pas leur faute. Je ne comprenais pas pourquoi ils avaient fait un enfant. Ils m'ont eue, mais nous avons failli être deux. Souvent je me dis qu'ensemble il aurait été plus facile de vivre avec eux, d'obéir à ceux qui ne désiraient rien créer. À la place, je suis deux. Je ne peux ni te libérer, ni t'avaler pour de bon. J'ai dû apprendre. J'ai grandi avec toi, je suis partie avec toi, vers une lumière que moi seule arrive à voir. Ce n'est pas juste, mais c'était la seule solution.
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Información
Categoría
LiteratureCategoría
Poetry‹ SÉRIE QR ›
N° 146
Le Quartanier Éditeur
C.P. 47550, CSP Plateau Mont-Royal
Montréal (Québec) H2S 2S8
www.lequartanier.com
C.P. 47550, CSP Plateau Mont-Royal
Montréal (Québec) H2S 2S8
www.lequartanier.com
Karianne Trudeau Beaunoyer
JE SUIS L’ENNEMIE
poèmes
LE QUARTANIER
Couvre la mémoire de ton visage du masque de celle que tu seras et fais peur à l’enfant que tu as été.
alejandra pizarnik
Extraction de la pierre de folie
Il arrive, pendant les grossesses gémellaires, qu’une des jumelles meure spontanément. Parfois, le placenta assimile les restes du fœtus. Parfois, la mère ou la jumelle survivante les incorpore, sous la forme d’une tumeur contenant des os, des poils, des dents, du cartilage immature ou des fragments de tissus.
OÙ VONT LES MORTS?
D’OÙ VIENNENT LES ENFANTS?
D’OÙ VIENNENT LES ENFANTS?
Prologue
Ici, de la poussière. Le mot poussière n’existe pas encore. Seuls existent les jours d’avant les jours, la couleur de la suie, une galerie de fées d’eau douce. Nous sommes fébriles. Dehors, l’univers est rempli de dangers. Dehors, un arbre tombe et le bruit de l’arbre qui tombe résonne jusque dans notre caverne. Un arbre tombe et la poussière remuée par sa chute colle aux parois. Un arbre tombe et tout se passe comme si rien n’avait précédé sa chute, comme si l’arbre n’allait jamais finir de tomber, comme si nous risquions de sombrer avec lui, sèches, gauches et finies, nous. Tout se passe comme si l’arbre, c’était nous. Au cœur de notre tronc sectionné, nos nerfs se déploieraient en des cercles concentriques, ils dessineraient des anneaux. Il y en aurait peu, pas assez pour garantir que nous avions vécu.
Nous nous tenons sous les cloisons molles d’un drap déposé sur quatre chaises au vernis usé. Du bout des doigts, j’arrache des écailles des pattes de bois. Quand tu étires les bras, le tissu forme une pointe, puis tu replies les coudes et le plafond se relâche vers l’intérieur, l’espace se resserre. De nous deux, tu es celle qui conserve sans jamais se lasser le goût de rapetisser, de ne pas faire de bruit, de mener une existence ténue. Notre pensée engendre notre monde. Nous n’avons pas grand-chose pour nous distraire : une bille de la taille d’un ongle, qui traînait là, la perle, surgie tout à coup du drap écarté. Nous nous avons. Tu me proposes un jeu. Je ne pressens rien de tes manigances, je te fais confiance, comment pourrait-il en être autrement? Tu es légère, entêtée. On joue à faire le mort. La première qui remue a perdu. Veux-tu, ma mie? Veux-tu? On joue?
Nous nous installons face à face. Nous devons nous regarder sans jamais cligner des yeux. Ne jamais les détourner, ne pas ciller, ne pas nous perdre de vue. Qu’est-ce qu’on gagne? Tu hésites, jettes un regard vers la bille posée dans la poussière entre nous deux. Quand tu rives tes yeux aux miens un instant plus tard, le pacte est scellé. Je résiste, les larmes montent, elles coulent sur mes joues, je ne cède pas, je garde les yeux ouverts, les imagine se flétrir, déshydratés, plantés dans les tiens. Je suis résolue, la bille sera à moi. Œil pour œil.
Nous régnons sur le temps. Tu aimes, plus que moi, te voir être la morte que tu seras. Ça me fatigue, toute cette acuité, toute cette attention. Je ne sais pas si c’est pour me rendre service, si tu sens mon inconfort, mon ennui, mais pour nous sortir de cette impasse tu dis : c’est quoi, ça? pointant ma poitrine. Je baisse les yeux, tu tends la main, je m’élance. Dans la collision, la bille rebondit et roule hors de la cabane.
Il faut sortir.
Tu es moins hardie que tu en as l’air. Tu resteras pour surveiller notre abri. Je dois traverser un rideau noir. La p...