Rompre!
eBook - ePub

Rompre!

Le cri des "indignés"

Dominique Boisvert

Compartir libro
  1. 112 páginas
  2. French
  3. ePUB (apto para móviles)
  4. Disponible en iOS y Android
eBook - ePub

Rompre!

Le cri des "indignés"

Dominique Boisvert

Detalles del libro
Vista previa del libro
Índice
Citas

Información del libro

Le fonctionnement du monde repose sur notre consentement, le plus souvent implicite et inconscient. Pourtant, ne serait-il pas temps de ROMPRE? De briser ce consentement et d'agir dès maintenant pour construire cet « autre monde possible »?Voilà ce à quoi nous invite Dominique Boisvert. Après avoir ciblé quelles sont les sources du pouvoir, il démontre comment s'articule notre adhésion (in)volontaire au discours dominant, avec lequel il est impératif de rompre. Argent, vitesse, propriété, guerre, individualisme, compétition, (sur)consommation, travail, technologie... autant de thèmes et d'institutions sur lesquels se penche l'auteur pour explorer de nouveaux rapports au monde. Avec optimisme et détermination, il donne ainsi corps au cri que tentent de faire entendre les « indignés ». Parce que la rupture est aussi la possibilité d'une ouverture.Dominique Boisvert est membre fondateur du Réseau québécois pour la simplicité volontaire (RQSV). Avocat de formation, il a travaillé en milieu communautaire dans les domaines de la solidarité internationale, de la défense des droits humains, de la paix et de la nonviolence. Il est l'auteur de « L'ABC de la simplicité volontaire » (Écosociété, 2005).

Preguntas frecuentes

¿Cómo cancelo mi suscripción?
Simplemente, dirígete a la sección ajustes de la cuenta y haz clic en «Cancelar suscripción». Así de sencillo. Después de cancelar tu suscripción, esta permanecerá activa el tiempo restante que hayas pagado. Obtén más información aquí.
¿Cómo descargo los libros?
Por el momento, todos nuestros libros ePub adaptables a dispositivos móviles se pueden descargar a través de la aplicación. La mayor parte de nuestros PDF también se puede descargar y ya estamos trabajando para que el resto también sea descargable. Obtén más información aquí.
¿En qué se diferencian los planes de precios?
Ambos planes te permiten acceder por completo a la biblioteca y a todas las funciones de Perlego. Las únicas diferencias son el precio y el período de suscripción: con el plan anual ahorrarás en torno a un 30 % en comparación con 12 meses de un plan mensual.
¿Qué es Perlego?
Somos un servicio de suscripción de libros de texto en línea que te permite acceder a toda una biblioteca en línea por menos de lo que cuesta un libro al mes. Con más de un millón de libros sobre más de 1000 categorías, ¡tenemos todo lo que necesitas! Obtén más información aquí.
¿Perlego ofrece la función de texto a voz?
Busca el símbolo de lectura en voz alta en tu próximo libro para ver si puedes escucharlo. La herramienta de lectura en voz alta lee el texto en voz alta por ti, resaltando el texto a medida que se lee. Puedes pausarla, acelerarla y ralentizarla. Obtén más información aquí.
¿Es Rompre! un PDF/ePUB en línea?
Sí, puedes acceder a Rompre! de Dominique Boisvert en formato PDF o ePUB, así como a otros libros populares de Philosophie y Sozialphilosophie. Tenemos más de un millón de libros disponibles en nuestro catálogo para que explores.

Información

Editorial
Écosociété
Año
2012
ISBN
9782897190163
Categoría
Philosophie
CHAPITRE II

ROMPRE AVEC…

Je ne suis pas, je l’ai dit, un porte-parole des « indignés ». Mais je propose ma lecture des courants souterrains irriguant le mouvement d’indignation qui semble se répandre partout sur la planète : je m’efforce de mettre des mots sur plusieurs des raisons de cette colère qui gronde et qui cherche à s’exprimer pour « un autre monde possible ». Il s’agit bien sûr de ma vision subjective, mais dans laquelle plusieurs pourront, j’en suis sûr, se retrouver en tout ou en partie.
Mon but ici n’est pas de peindre un portrait de tout ce qui pose problème, mais de chercher plutôt à identifier un certain nombre des racines des problèmes qui sont les nôtres. Je m’intéresse aux causes de la maladie, même si pour les illustrer je devrai brosser un portrait rapide d’un certain nombre des symptômes.
Quelles sont donc ces forces dominantes ou ces caractéristiques importantes de notre société avec lesquelles je suis convaincu qu’il nous faut ROMPRE si nous voulons éviter les culs-de-sac vers lesquels nous filons à vive allure ?
* * *
Vous connaissez peut-être le conte d’Andersen, « Les habits neufs de l’empereur », dans lequel seule la naïveté d’un enfant (pas encore déformé ou formaté comme les adultes) lui permet de voir et d’oser dire tout haut que « le roi est nu ». Il est grand temps de retrouver ce regard neuf de l’enfant. Et de nommer, haut et fort, le réel tel qu’il est, dépouillé des innombrables couches de justifications, de nuances et de fatalité qu’on y a superposées au fil des années. Souvent en l’emballant dans l’argument de la complexité, ce qui finit de nous dépouiller de tout pouvoir pour nous en remettre aux mains des seuls « experts ».

ROMPRE AVEC L’ARGENT !

L’argent est devenu notre Dieu, l’idole de notre monde. Aucun responsable n’ose prendre quelque décision que ce soit sans l’évaluer d’abord en fonction des coûts et bénéfices. L’argent est devenu omniprésent, contaminant absolument tout, même les domaines les plus « purs » de l’humanitaire, de la solidarité et du fair play : la campagne du ruban rose pour le cancer du sein cache une redoutable industrie de la charité, l’aide au développement sert très souvent d’alibi à l’exportation de notre expertise et de nos produits ; et le sport amateur est depuis longtemps profondément vicié par l’influence financière (comme le montrent le récent scandale du football universitaire à Penn State et des Jeux olympiques où publicité et commanditaires ont remplacé l’idéal de fraternité du baron de Coubertin).
Cette pollution par l’argent atteint de plus en plus les domaines traditionnellement considérés comme un patrimoine commun de toute l’humanité. L’eau, l’air et l’espace sont de plus en plus considérés comme de simples marchandises soumises aux seules règles du marché. Cette marchandisation du monde atteint les services publics, l’éducation et la santé, mais aussi la culture, les relations humaines et même le vivant (libre disposition de son corps, brevet sur les gènes, etc.).
Pour beaucoup de jeunes, la réussite matérielle et financière a remplacé, comme principal objectif de vie, la fondation d’une famille ou l’établissement de relations humaines significatives. Et le bonheur est peu à peu devenu, pour un très grand nombre, inséparable de la richesse et du niveau de vie. Ce lien étroit qu’on a réussi à établir entre bonheur et consommation étant d’ailleurs le principal moteur de notre société marchande et de notre croissance économique. Qui oserait encore chercher le bonheur sans « téléphone intelligent » et toute la panoplie, sans cesse en expansion, des gadgets électroniques ?
D’ailleurs l’argent est devenu encore plus insidieux et pervers depuis qu’il s’est dématérialisé. Autrefois, Séraphin comptait son or, caché dans sa chambre. Maintenant, les symboles que sont la monnaie et les billets de banque disparaissent de plus en plus au profit de morceaux de plastique (les cartes de débit ou de crédit), de puces électroniques, de colonnes d’opérations comptables dans des ordinateurs centraux ou de transactions virtuelles rendues possibles par l’informatique. On touche ou voit de moins en moins d’argent réel, et pourtant nos vies n’ont jamais été aussi prisonnières des filets invisibles de l’endettement par le jeu de « produits financiers » de plus en plus complexes et abscons, par lesquels les banquiers ont créé, de toutes pièces, la terrible crise économique de 2008-2009 et pour lesquels ils se sont ensuite payé des bonus aussi considérables qu’indécents !
L’argent, qui n’était au départ qu’un simple instrument d’échange de véritables biens et services, pour plus de commodité, est devenu un objectif en soi : le signe matériel de la réussite, de la richesse et de l’accumulation de celle-ci. De serviteur, l’argent est devenu le maître. Et il impose sa tyrannie dans toutes les sphères de la vie, individuelle et collective. Essayez d’imaginer un monde sans argent ! Sans les agences de notation, les banques centrales, le Fonds monétaire international, et tous ceux et celles qui font la pluie et le beau temps dans les « affaires » du monde. Comme si les pays et les États n’étaient que des enfants ou des marionnettes, soumis aux diktats de forces économiques devenues anonymes et incontrôlables.
Et si on reprenait le contrôle de nos vies ? Et si on pouvait vivre sans argent ou hors de la logique de l’argent ? Impossible ? Allez lire La mort de l’argent, de l’anthropologue Denis Blondin4 : un tel monde existe, et il est plus urgent que jamais !

ROMPRE AVEC LA VITESSE !

L’accélération de la vie a été tout simplement phénoménale. Pendant des dizaines de milliers d’années, l’être humain s’est déplacé à la vitesse de son pas. Il a fallu des millénaires avant qu’il puisse se déplacer à la vitesse du cheval. Il y a moins de deux siècles, suivant l’invention de la machine à vapeur, il a développé le train, puis l’automobile, puis l’avion. En moins de 100 ans, la vitesse de communication a progressé à travers les journaux, le télégraphe, le téléphone, la radio, puis avec la télévision et le télécopieur. Depuis 50 ans, les fusées s’envolent vers l’espace et les satellites arrivent à « faire le tour du monde » en 80 minutes, au lieu des 80 jours de Jules Verne. Et depuis 25 ans à peine, l’informatique fait littéralement exploser la vitesse en permettant la quasi-instantanéité : on suit les événements de partout « en temps réel », on communique par courriels, on se rassemble à distance par l’intermédiaire de « Skype » et les transactions commerciales et financières se font désormais en permanence.
Les fabuleuses inventions humaines ont réduit la planète à la dimension d’un grand village et elles ont graduellement aboli les distances géographiques et temporelles. Il n’y a plus, pour notre technologie, ni jour, ni nuit, ni fin de semaine, ni calendrier. Tout (et tous !) est désormais accessible « 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », à la grandeur du cyberespace. Nos outils permettent désormais des travaux impensables auparavant, parce qu’on a su remplacer l’effort physique par l’énergie des machines, les capacités de calcul du cerveau par celles des ordinateurs, les limites corporelles par les possibilités prodigieuses du virtuel. Avec les désirs et les tentations qu’entraîne cet univers en apparence désormais illimité…
On a seulement oublié une toute petite chose : l’être humain n’a pas véritablement changé, pendant que ses inventions et ses outils démultipliaient ses possibilités… et ses rêves. Il n’a toujours qu’un corps mortel (même si on le connaît mieux et qu’on lui permet de vivre plus longtemps). Il n’a toujours que deux bras et deux jambes, et pas plus de 24 heures dans une journée. De plus, les capacités d’absorption de son cerveau n’ont aucunement suivi l’accélération proprement inhumaine des possibilités de sa technologie. D’où les collisions de plus en plus nombreuses et brutales entre un humain limité et ses moyens apparemment illimités !
Les maladies du travail (épuisement, stress, dépression) ne sont que la pointe de l’iceberg de la nouvelle condition humaine. Les pressions pour être performant (à la mesure de nos outils) sont devenues la règle quasi universelle : le cellulaire et le portable rendent l’employé joignable en tout temps et ont transporté l’univers du travail non seulement à la maison mais souvent même en vacances. Les courriels étant instantanés, on s’attend à une réponse rapide, sinon immédiate. Notre capacité d’attente et de patience s’est sérieusement émoussée : qu’un logiciel mette une minute à se mettre en marche ou une page Internet à s’afficher et on s’arrache les cheveux. Le sentiment d’être submergé ou oppressé par la surabondance des possibilités de choix (de loisirs, de marques d’électroménagers ou de chaînes de télévision) crée une lourdeur et une tension latente que les populations rurales ou moins « nanties » éprouvent généralement beaucoup moins.
Le rythme humain, celui de notre corps comme celui de notre esprit, n’est pas celui de nos machines. L’être humain est partie intégrante de la nature (l’écologie nous l’a fait redécouvrir) et ne peut survivre sans elle ou contre elle. Celle-ci a aussi son rythme : celui des saisons, des années, du temps long. Nulle part, on n’y trouve la course effrénée dans laquelle nos inventions nous ont entraînés. De plus en plus de gens en prennent conscience : il nous faut ralentir ! Pour notre propre santé comme pour celle de la planète.

ROMPRE AVEC LA PROPRIÉTÉ !

J’ai été avocat pendant 20 ans. Un avocat « non pratiquant », parce qu’ayant choisi de travailler plutôt en milieu communautaire, mais un avocat connaissant bien les règles de ce qu’on appelle le droit et la justice. Et l’un des fondements même de notre droit civil, c’est précisément la propriété privée. Comment puis-je donc remettre en question cette pierre angulaire de notre droit… et du capitalisme ?
La propriété est foncièrement antisociale, égoïste, excluante et fractionnelle. Elle accapare pour soi (« moi » ou « nous », selon le cas) au détriment des « autres » : ceci m’appartient en propre, et je n’ai de comptes à rendre à personne à son sujet. (On pourrait d’ailleurs s’interroger longuement sur « de quel droit » cela m’appartient-il : mais c’est une question qui déborde du présent cadre.)
La nature, dont l’être humain tire incontestablement son origine, ne connaît pas de telle « propriété ». Elle est le patrimoine commun de toutes les espèces. Certes, certains animaux vont marquer leur « territoire » ; mais c’est un territoire d’usage, plus ou moins permanent, au seul service de la vie et de sa transmission. Et les forces de la nature se chargent d’empêcher toute « possession » stérile, et encore plus toute accumulation ou tout accaparement au détriment du bien collectif (du troupeau, de l’espèce, de l’écosystème).
Et si les divers mythes fondateurs des peuples varient dans leur expression, il semble bien qu’ils placent tous l’être humain soit comme partie prenante (sans supériorité ou pouvoir de domination) de la Création elle-même, soit comme intendant ou jardinier de celle-ci (et dans ce cas, avec un certain « pouvoir » mais sans autorité de possession et encore moins de propriété). L’être humain, par son « intelligence », a certainement une place particulière au sein de la Création. Mais est-il pour autant « au-dessus » de celle-ci ? Chaque fois qu’il a tenté d’agir ainsi, il a été durement rappelé à l’ordre par la nature elle-même, comme le montre bien l’histoire du déclin de différentes civilisations (voir entre autres Effondrement de Jared Diamond). Et l’urgence des problèmes écologiques semble bien en être la plus récente illustration.
On justifie souvent la propriété privée par la responsabilité individuelle qu’elle engendre chez son ...

Índice