Rompre!
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Rompre!

Le cri des "indignés"

Dominique Boisvert

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  1. 112 Seiten
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Le cri des "indignés"

Dominique Boisvert

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Über dieses Buch

Le fonctionnement du monde repose sur notre consentement, le plus souvent implicite et inconscient. Pourtant, ne serait-il pas temps de ROMPRE? De briser ce consentement et d'agir dĂšs maintenant pour construire cet « autre monde possible »?VoilĂ  ce Ă  quoi nous invite Dominique Boisvert. AprĂšs avoir ciblĂ© quelles sont les sources du pouvoir, il dĂ©montre comment s'articule notre adhĂ©sion (in)volontaire au discours dominant, avec lequel il est impĂ©ratif de rompre. Argent, vitesse, propriĂ©tĂ©, guerre, individualisme, compĂ©tition, (sur)consommation, travail, technologie... autant de thĂšmes et d'institutions sur lesquels se penche l'auteur pour explorer de nouveaux rapports au monde. Avec optimisme et dĂ©termination, il donne ainsi corps au cri que tentent de faire entendre les « indignĂ©s ». Parce que la rupture est aussi la possibilitĂ© d'une ouverture.Dominique Boisvert est membre fondateur du RĂ©seau quĂ©bĂ©cois pour la simplicitĂ© volontaire (RQSV). Avocat de formation, il a travaillĂ© en milieu communautaire dans les domaines de la solidaritĂ© internationale, de la dĂ©fense des droits humains, de la paix et de la nonviolence. Il est l'auteur de « L'ABC de la simplicitĂ© volontaire » (ÉcosociĂ©tĂ©, 2005).

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Information

Jahr
2012
ISBN
9782897190163
CHAPITRE II

ROMPRE AVEC


Je ne suis pas, je l’ai dit, un porte-parole des « indignĂ©s ». Mais je propose ma lecture des courants souterrains irriguant le mouvement d’indignation qui semble se rĂ©pandre partout sur la planĂšte : je m’efforce de mettre des mots sur plusieurs des raisons de cette colĂšre qui gronde et qui cherche Ă  s’exprimer pour « un autre monde possible ». Il s’agit bien sĂ»r de ma vision subjective, mais dans laquelle plusieurs pourront, j’en suis sĂ»r, se retrouver en tout ou en partie.
Mon but ici n’est pas de peindre un portrait de tout ce qui pose problĂšme, mais de chercher plutĂŽt Ă  identifier un certain nombre des racines des problĂšmes qui sont les nĂŽtres. Je m’intĂ©resse aux causes de la maladie, mĂȘme si pour les illustrer je devrai brosser un portrait rapide d’un certain nombre des symptĂŽmes.
Quelles sont donc ces forces dominantes ou ces caractĂ©ristiques importantes de notre sociĂ©tĂ© avec lesquelles je suis convaincu qu’il nous faut ROMPRE si nous voulons Ă©viter les culs-de-sac vers lesquels nous filons Ă  vive allure ?
* * *
Vous connaissez peut-ĂȘtre le conte d’Andersen, « Les habits neufs de l’empereur », dans lequel seule la naĂŻvetĂ© d’un enfant (pas encore dĂ©formĂ© ou formatĂ© comme les adultes) lui permet de voir et d’oser dire tout haut que « le roi est nu ». Il est grand temps de retrouver ce regard neuf de l’enfant. Et de nommer, haut et fort, le rĂ©el tel qu’il est, dĂ©pouillĂ© des innombrables couches de justifications, de nuances et de fatalitĂ© qu’on y a superposĂ©es au fil des annĂ©es. Souvent en l’emballant dans l’argument de la complexitĂ©, ce qui finit de nous dĂ©pouiller de tout pouvoir pour nous en remettre aux mains des seuls « experts ».

ROMPRE AVEC L’ARGENT !

L’argent est devenu notre Dieu, l’idole de notre monde. Aucun responsable n’ose prendre quelque dĂ©cision que ce soit sans l’évaluer d’abord en fonction des coĂ»ts et bĂ©nĂ©fices. L’argent est devenu omniprĂ©sent, contaminant absolument tout, mĂȘme les domaines les plus « purs » de l’humanitaire, de la solidaritĂ© et du fair play : la campagne du ruban rose pour le cancer du sein cache une redoutable industrie de la charitĂ©, l’aide au dĂ©veloppement sert trĂšs souvent d’alibi Ă  l’exportation de notre expertise et de nos produits ; et le sport amateur est depuis longtemps profondĂ©ment viciĂ© par l’influence financiĂšre (comme le montrent le rĂ©cent scandale du football universitaire Ă  Penn State et des Jeux olympiques oĂč publicitĂ© et commanditaires ont remplacĂ© l’idĂ©al de fraternitĂ© du baron de Coubertin).
Cette pollution par l’argent atteint de plus en plus les domaines traditionnellement considĂ©rĂ©s comme un patrimoine commun de toute l’humanitĂ©. L’eau, l’air et l’espace sont de plus en plus considĂ©rĂ©s comme de simples marchandises soumises aux seules rĂšgles du marchĂ©. Cette marchandisation du monde atteint les services publics, l’éducation et la santĂ©, mais aussi la culture, les relations humaines et mĂȘme le vivant (libre disposition de son corps, brevet sur les gĂšnes, etc.).
Pour beaucoup de jeunes, la rĂ©ussite matĂ©rielle et financiĂšre a remplacĂ©, comme principal objectif de vie, la fondation d’une famille ou l’établissement de relations humaines significatives. Et le bonheur est peu Ă  peu devenu, pour un trĂšs grand nombre, insĂ©parable de la richesse et du niveau de vie. Ce lien Ă©troit qu’on a rĂ©ussi Ă  Ă©tablir entre bonheur et consommation Ă©tant d’ailleurs le principal moteur de notre sociĂ©tĂ© marchande et de notre croissance Ă©conomique. Qui oserait encore chercher le bonheur sans « tĂ©lĂ©phone intelligent » et toute la panoplie, sans cesse en expansion, des gadgets Ă©lectroniques ?
D’ailleurs l’argent est devenu encore plus insidieux et pervers depuis qu’il s’est dĂ©matĂ©rialisĂ©. Autrefois, SĂ©raphin comptait son or, cachĂ© dans sa chambre. Maintenant, les symboles que sont la monnaie et les billets de banque disparaissent de plus en plus au profit de morceaux de plastique (les cartes de dĂ©bit ou de crĂ©dit), de puces Ă©lectroniques, de colonnes d’opĂ©rations comptables dans des ordinateurs centraux ou de transactions virtuelles rendues possibles par l’informatique. On touche ou voit de moins en moins d’argent rĂ©el, et pourtant nos vies n’ont jamais Ă©tĂ© aussi prisonniĂšres des filets invisibles de l’endettement par le jeu de « produits financiers » de plus en plus complexes et abscons, par lesquels les banquiers ont crĂ©Ă©, de toutes piĂšces, la terrible crise Ă©conomique de 2008-2009 et pour lesquels ils se sont ensuite payĂ© des bonus aussi considĂ©rables qu’indĂ©cents !
L’argent, qui n’était au dĂ©part qu’un simple instrument d’échange de vĂ©ritables biens et services, pour plus de commoditĂ©, est devenu un objectif en soi : le signe matĂ©riel de la rĂ©ussite, de la richesse et de l’accumulation de celle-ci. De serviteur, l’argent est devenu le maĂźtre. Et il impose sa tyrannie dans toutes les sphĂšres de la vie, individuelle et collective. Essayez d’imaginer un monde sans argent ! Sans les agences de notation, les banques centrales, le Fonds monĂ©taire international, et tous ceux et celles qui font la pluie et le beau temps dans les « affaires » du monde. Comme si les pays et les États n’étaient que des enfants ou des marionnettes, soumis aux diktats de forces Ă©conomiques devenues anonymes et incontrĂŽlables.
Et si on reprenait le contrîle de nos vies ? Et si on pouvait vivre sans argent ou hors de la logique de l’argent ? Impossible ? Allez lire La mort de l’argent, de l’anthropologue Denis Blondin4 : un tel monde existe, et il est plus urgent que jamais !

ROMPRE AVEC LA VITESSE !

L’accĂ©lĂ©ration de la vie a Ă©tĂ© tout simplement phĂ©nomĂ©nale. Pendant des dizaines de milliers d’annĂ©es, l’ĂȘtre humain s’est dĂ©placĂ© Ă  la vitesse de son pas. Il a fallu des millĂ©naires avant qu’il puisse se dĂ©placer Ă  la vitesse du cheval. Il y a moins de deux siĂšcles, suivant l’invention de la machine Ă  vapeur, il a dĂ©veloppĂ© le train, puis l’automobile, puis l’avion. En moins de 100 ans, la vitesse de communication a progressĂ© Ă  travers les journaux, le tĂ©lĂ©graphe, le tĂ©lĂ©phone, la radio, puis avec la tĂ©lĂ©vision et le tĂ©lĂ©copieur. Depuis 50 ans, les fusĂ©es s’envolent vers l’espace et les satellites arrivent Ă  « faire le tour du monde » en 80 minutes, au lieu des 80 jours de Jules Verne. Et depuis 25 ans Ă  peine, l’informatique fait littĂ©ralement exploser la vitesse en permettant la quasi-instantanĂ©itĂ© : on suit les Ă©vĂ©nements de partout « en temps rĂ©el », on communique par courriels, on se rassemble Ă  distance par l’intermĂ©diaire de « Skype » et les transactions commerciales et financiĂšres se font dĂ©sormais en permanence.
Les fabuleuses inventions humaines ont rĂ©duit la planĂšte Ă  la dimension d’un grand village et elles ont graduellement aboli les distances gĂ©ographiques et temporelles. Il n’y a plus, pour notre technologie, ni jour, ni nuit, ni fin de semaine, ni calendrier. Tout (et tous !) est dĂ©sormais accessible « 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 », Ă  la grandeur du cyberespace. Nos outils permettent dĂ©sormais des travaux impensables auparavant, parce qu’on a su remplacer l’effort physique par l’énergie des machines, les capacitĂ©s de calcul du cerveau par celles des ordinateurs, les limites corporelles par les possibilitĂ©s prodigieuses du virtuel. Avec les dĂ©sirs et les tentations qu’entraĂźne cet univers en apparence dĂ©sormais illimité 
On a seulement oubliĂ© une toute petite chose : l’ĂȘtre humain n’a pas vĂ©ritablement changĂ©, pendant que ses inventions et ses outils dĂ©multipliaient ses possibilitĂ©s
 et ses rĂȘves. Il n’a toujours qu’un corps mortel (mĂȘme si on le connaĂźt mieux et qu’on lui permet de vivre plus longtemps). Il n’a toujours que deux bras et deux jambes, et pas plus de 24 heures dans une journĂ©e. De plus, les capacitĂ©s d’absorption de son cerveau n’ont aucunement suivi l’accĂ©lĂ©ration proprement inhumaine des possibilitĂ©s de sa technologie. D’oĂč les collisions de plus en plus nombreuses et brutales entre un humain limitĂ© et ses moyens apparemment illimitĂ©s !
Les maladies du travail (Ă©puisement, stress, dĂ©pression) ne sont que la pointe de l’iceberg de la nouvelle condition humaine. Les pressions pour ĂȘtre performant (Ă  la mesure de nos outils) sont devenues la rĂšgle quasi universelle : le cellulaire et le portable rendent l’employĂ© joignable en tout temps et ont transportĂ© l’univers du travail non seulement Ă  la maison mais souvent mĂȘme en vacances. Les courriels Ă©tant instantanĂ©s, on s’attend Ă  une rĂ©ponse rapide, sinon immĂ©diate. Notre capacitĂ© d’attente et de patience s’est sĂ©rieusement Ă©moussĂ©e : qu’un logiciel mette une minute Ă  se mettre en marche ou une page Internet Ă  s’afficher et on s’arrache les cheveux. Le sentiment d’ĂȘtre submergĂ© ou oppressĂ© par la surabondance des possibilitĂ©s de choix (de loisirs, de marques d’électromĂ©nagers ou de chaĂźnes de tĂ©lĂ©vision) crĂ©e une lourdeur et une tension latente que les populations rurales ou moins « nanties » Ă©prouvent gĂ©nĂ©ralement beaucoup moins.
Le rythme humain, celui de notre corps comme celui de notre esprit, n’est pas celui de nos machines. L’ĂȘtre humain est partie intĂ©grante de la nature (l’écologie nous l’a fait redĂ©couvrir) et ne peut survivre sans elle ou contre elle. Celle-ci a aussi son rythme : celui des saisons, des annĂ©es, du temps long. Nulle part, on n’y trouve la course effrĂ©nĂ©e dans laquelle nos inventions nous ont entraĂźnĂ©s. De plus en plus de gens en prennent conscience : il nous faut ralentir ! Pour notre propre santĂ© comme pour celle de la planĂšte.

ROMPRE AVEC LA PROPRIÉTÉ !

J’ai Ă©tĂ© avocat pendant 20 ans. Un avocat « non pratiquant », parce qu’ayant choisi de travailler plutĂŽt en milieu communautaire, mais un avocat connaissant bien les rĂšgles de ce qu’on appelle le droit et la justice. Et l’un des fondements mĂȘme de notre droit civil, c’est prĂ©cisĂ©ment la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Comment puis-je donc remettre en question cette pierre angulaire de notre droit
 et du capitalisme ?
La propriĂ©tĂ© est fonciĂšrement antisociale, Ă©goĂŻste, excluante et fractionnelle. Elle accapare pour soi (« moi » ou « nous », selon le cas) au dĂ©triment des « autres » : ceci m’appartient en propre, et je n’ai de comptes Ă  rendre Ă  personne Ă  son sujet. (On pourrait d’ailleurs s’interroger longuement sur « de quel droit » cela m’appartient-il : mais c’est une question qui dĂ©borde du prĂ©sent cadre.)
La nature, dont l’ĂȘtre humain tire incontestablement son origine, ne connaĂźt pas de telle « propriĂ©tĂ© ». Elle est le patrimoine commun de toutes les espĂšces. Certes, certains animaux vont marquer leur « territoire » ; mais c’est un territoire d’usage, plus ou moins permanent, au seul service de la vie et de sa transmission. Et les forces de la nature se chargent d’empĂȘcher toute « possession » stĂ©rile, et encore plus toute accumulation ou tout accaparement au dĂ©triment du bien collectif (du troupeau, de l’espĂšce, de l’écosystĂšme).
Et si les divers mythes fondateurs des peuples varient dans leur expression, il semble bien qu’ils placent tous l’ĂȘtre humain soit comme partie prenante (sans supĂ©rioritĂ© ou pouvoir de domination) de la CrĂ©ation elle-mĂȘme, soit comme intendant ou jardinier de celle-ci (et dans ce cas, avec un certain « pouvoir » mais sans autoritĂ© de possession et encore moins de propriĂ©tĂ©). L’ĂȘtre humain, par son « intelligence », a certainement une place particuliĂšre au sein de la CrĂ©ation. Mais est-il pour autant « au-dessus » de celle-ci ? Chaque fois qu’il a tentĂ© d’agir ainsi, il a Ă©tĂ© durement rappelĂ© Ă  l’ordre par la nature elle-mĂȘme, comme le montre bien l’histoire du dĂ©clin de diffĂ©rentes civilisations (voir entre autres Effondrement de Jared Diamond). Et l’urgence des problĂšmes Ă©cologiques semble bien en ĂȘtre la plus rĂ©cente illustration.
On justifie souvent la propriĂ©tĂ© privĂ©e par la responsabilitĂ© individuelle qu’elle engendre chez son ...

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