La dévoration des fées
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La dévoration des fées

Catherine Lalonde

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La dévoration des fées

Catherine Lalonde

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Entre le conte de fées enragé et la reprise hallucinée des récits d'apprentissage, entre la forêt de Sainte-Amère-de-Laurentie et la grande ville électrique, La dévoration des fées raconte le sort de la p'tite, de Grand-maman et de Blanche absente. Mais le récit est ravalé par le chant, le mythe, la fantasmagorie, et une poésie féroce et primordiale hante la narration. Œuvre baroque et mal embouchée, La dévoration des fées est traversé de sortilèges crachés ou lyriques, dans une scansion affamée, bourrée jusqu'aux yeux de désir.

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Información

Editorial
Le Quartanier
Año
2017
ISBN
9782896983278
Categoría
Littérature
Categoría
Poésie
V
« je me mets dans l’ring
mon amour je ne guérirai jamais
si tu me fourres dans ma blessure »
On sent déjà que midi sera brûlant, on le sent et le sait. La p’tite, les mains sur le volant, encaisse les coups sourds, secouée par les cahots des nids de poule de la grande côte. Le paysage l’envahit – estragon du foin fait, sécheresse, bouses, les odeurs la pénètrent, passent dans la voiture par embardées sensibles. L’enfance et Sainte-Amère-de-Laurentie lui reviennent par saccades, grandes brassées de senteurs; épinette, musc, purin et céréales. Le sac de voyage sur le siège du mort, un ruban de catalogne – tout ce qu’il en reste, si usée… – noué à la poignée, signal coloré sur le carrousel à bagages, le sac lui semble un ogre tant elle se souvient être partie, chemin inverse petit-peta, avec un maigre baluchon d’enfante. Si petit, le baluchon. Et elle aussi alors. Un cahot plus brutal et elle se pète le coude dans la portière en plein sur le petit juif. Elle jure, sacrament, pas de savon dans la bouche, personne pour contenir les éclats, les débordements. Survenante sous le plein soleil. Elle n’a pas prévenu.
La p’tite. Quelle ironie, maintenant, ce nom qui perdure malgré ses membres déliés; ces longueurs inencadrables, sa silhouette aux angles secs évoquant la sauterelle calme, ou la mante. Elle retrouve les noms de ses souvenirs au fur et à mesure que les lieux défilent. La forêt de l’Arbre-à-la-pendue, là où couraient la rivière et son bouillon baignable – ce trou dit de la Maudite. Après les champs de vaches, le rang de la Belle-de-jour, inexplicablement sis entre le cinquième et le sixième. Et quand on tourne à gauche, là, sur le chemin de garnotte qu’il faut savoir pour voir, qu’il faut de nuit sentir pour trouver, tout au bout, plus grise et plus petite que ce qu’elle aurait dessiné de mémoire, la maison. La maison où elle est née, où naquit la p’tite. Le nid, su depuis toujours, l’arène de l’amour.
Elle s’arrête, coupe le moteur. Elle sait que le bruit des machines est assez rare ici pour qu’elle n’ait pas à klaxonner. La sueur glisse dans sa coulisse vertébrale, quelle chaleur. La porte s’ouvre sur un trou noir. L’anti-midi exactement, et ses sombres éclairs de souvenance.
L’aïeule apparaît. Toujours svelte de tristesse, musclée du travail de se nourrir, la tête blanchie, les jambes fortes. Forte d’être devenue aïeule, aïeule à trente-sept ans, naguère jadis il n’y a pas si longtemps, quand au commencement était le verbe, et de n’avoir, depuis que les garçons sont devenus hommes à mourir, plus de bouches à nourrir, plus de doigts à frapper de sa main dure, plus de litanies, de trâlée à rameuter avant que refroidisse la potée. Elle regarde, et dans le contre-jour reconnaît. C’était dit, écrit, parole originelle : la première sera la dernière. Sera la seule revenue car la seule revenable, la pas tuable. Grand-maman desserre les lèvres, un souffle en émane, presque rien, un miasme, une tension lâchée. Elle tourne le dos et rentre à la maison, la porte laissée large ouverte aux mouches au bruissement des criquets. C’est une invitation, le seul bienvenue ici possible. Faut pas en demander trop. La p’tite pénètre à son tour par le trou noir, le chas carré de l’aiguille : retour à l’ombre – naissance de tout –, et à tout le reste.
Laquelle est survenue? Celle qui retrouve les fondations d’enfance – structures de bonheur amour détresse pensées rires pleurs – ou celle à qui revient sa toffe, sa teigne, sa pire, sa gâcheuse de lignée parfaite à mourir debout, sa gâcheuse de solitude chèrement gagnée? Laquelle?
La p’tite retrouve les murs de son enfance, et tout la frappe de plein fouet. Les notes de cèdre, les cendres, la poussière entassée dans les interstices des lattes. Elle retombe en cet état où l’air et tous tissus étaient mains caressantes et tout autour était aimant; l’autour de soie, simplement d’être, d’être vie. Elle sent son corps se fondre aux lambris, au cheval, au poêle à bois, au mongol,
à l’absence, océanique jouissance, sans céder pourtant les frontières de son corps à cette dévoration.
Grand-maman est là, accotée à la table et bras croisés. Énorme et primordiale, grosse de ses morts ses hommes ses mouches son rosaire ses bêtes à bon Dieu ses fuck ses rides de tour de bouche. Sorcière, se demande la p’tite. Chiennes de faïence de mère en fille, la première sera la dernière? Fuck, répond la p’tite. Elle pose ses pénates. La chaleur est à braiser, cerfeuil et romarin, des volutes émanent presque des peaux en sueur. La p’tite se dévêt, de haut en bas, voilà, flambant nue, retour à la case départ dans l’œil d’aïeule, avec poils au pubis. De femme à femme désormais, nous désormais, dépareillées et mêmes. Égales.
Ce retour, cette exhibition, ce marquage au fer rouge du premier jour, c’est qu’elle sent, la p’tite, elle sait la force de l’histoire d’os. Elle remonte à la source, à la pulsante maison, au mouvement. Elle revient se fonder. Un saumon dans la chute. Elle sait, si jeune elle sait déjà qu’elle tombera sorcière, pas d’autre destin annoncé par la hargne ou le temps coulé que celui de framboises piquées par les vers, et qui vivra verrue. Non, non, non. Retour à la malmaison du malamour, retour à elle, à Grand-maman mangeresse : seule façon de détourner les tracés d’avance.
Les premiers jours passent et se cordent facilement, comme des bûches sous la galerie. C’est une danse géométrique, une architecture mouvante de corps purs partageant un espace : la p’tite grandie et Grand-maman dans la maison d’elles. Affaires de corps, dans le cumul quotidien de gestes vivaces insignifiants, chacune pour soi – café vaisselle nourriture déplacements navigatoires lecture sieste lavage, et pour l’aïeule les prières rosaire en main – sans se frôler, sans acquiescer à l’autre présence, si loin si près si fort que c’est marque déjà de reconnaissance, partage d’odeurs et d’animal parcours.
La maison d’enfance se refait au goût du jour : plus de tornades ni de cacophonie d’objets, pas de criée à la moulée, pas de Jean-Jude Luc Jacques Matthieu Pierre-Joseph la p’tite retontissant trois fois par jour. Ce serait un appel aux morts maintenant.
Elle sent, la p’tite, elle sait qu’elle ne peut, n’a jamais pu toucher Grand-maman. Risques de craquelures pour celle qui se tient depuis trop longtemps dans le dur-dire, corps bandé et sans douceur. Elle ne s’approche pas, prépare une décoction de queues de cerises, la verse en offrande, la laisse à portée, ramasse ensuite la tasse vide. Le geste s’arrête là. Tout, à Sainte-Amère, a le luxe de s’arrêter. La p’tite regarde par la fenêtre le temps qui file – les bêtes broutent; Grand-maman, hors champ, bêche –, ce tic-tac du chant des criquets qui deviendra, entre chien et loup, coassements de ouaouarons. L’enfance et le farniente se fondent l’une à l’autre, pénètrent les pores de la p’tite. Elle monte à l’étage, pour une énième sieste, dans une énième langueur. Sa chambre, si petite désormais, aux murs si rapprochés, comme un confortable cercueil. Elle se retourne, fait trois pas : dans le dortoir des garçons pers...

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