Croc-Blanc
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Croc-Blanc

Jack London

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  1. 242 pages
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Croc-Blanc

Jack London

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À propos de ce livre

Dans le Grand Nord sauvage et glacé, un jeune loup apprend à lutter pour la vie. Les premiers hommes qu'il rencontre, des Indiens, le baptisent Croc-Blanc. AuprÚs d'eux, il connaßt la chaleur du feu de camp, mais aussi le goût du sang. Racheté par un Blanc cupide, il est dressé pour le combat et découvre la haine. Un homme pourtant le sauve de cet enfer. Croc-Blanc lui vouera un amour exclusif.

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Informations

Éditeur
Books on Demand
Année
2020
ISBN
9782322223718
Édition
1

Chapitre XVIII LA MORT ADHÉRENTE



LA MORT ADHÉRENTE

Lorsque l'heure de la rencontre fut venue, Beauty-Smith dĂ©tacha la chaĂźne qui retenait Croc-Blanc et se retira en arriĂšre. Croc-Blanc, pour une fois, ne fit pas une attaque immĂ©diate. Il demeura immobile, les oreilles pointĂ©es en avant, alerte et curieux, observant l'Ă©trange animal qu'il avait devant lui. Jamais il n'avait vu un semblable chien. Tim Keenan poussa le bull-dog en lui disant Ă  mi-voix : « Vas-y
 » Le bull-dog se dandinait au centre du cercle qui entourait les deux champions, court, trapu et l'air gauche. Il s'arrĂȘta aprĂšs quelques pas et loucha vers Croc-Blanc.
Il y eut des cris dans la foule :
– Vas-y, Cherokee ! Crùve-le, Cherokee ! Bouffe-le !
Mais Cherokee ne semblait pas disposĂ© Ă  combattre. Il tourna la tĂȘte vers les gens qui criaient, en clignant de l'Ɠil et en agitant son bout de queue avec bonne humeur. Ce n'Ă©tait pas qu'il eĂ»t peur de Croc-Blanc. Non, c'Ă©tait simple paresse de sa part. Il ne lui semblait pas, d'ailleurs, qu'il fĂ»t dans ses obligations de combattre le chien qu'on lui prĂ©sentait. Cette espĂšce ne figurait point sur la liste Ă  laquelle il Ă©tait accoutumĂ© et il attendait qu'on lui offrĂźt un autre chien.
Tim Keenan entra dans l'enceinte et, se courbant vers Cherokee, se mit à lui gratter les deux épaules, à lui rebrousser le poil, afin de l'inciter à aller de l'avant. Le résultat en fut d'irriter le chien peu à peu. Cherokee commença à gronder d'abord en sourdine, puis plus ùprement dans sa gorge. Au rythme des doigts correspondait celui des grondements qui, au fur et à mesure que le mouvement de la main s'accélérait, devenaient plus intenses et, brusquement, se terminÚrent en un aboi furieux.
Tout ce manĂšge ne laissait pas non plus Croc-Blanc insensible. Son poil se soulevait sur son cou et sur ses Ă©paules. Tim Keenan, aprĂšs avoir passĂ© la main sur le poil de sa bĂȘte encore une fois, abandonna Cherokee Ă  lui-mĂȘme ; le bull-dog Ă©tait prĂȘt Ă  s'Ă©lancer. Mais dĂ©jĂ  Croc-Blanc avait frappĂ©. Un cri d'admiration et de stupeur s'Ă©leva. Avec la rapiditĂ© et la souplesse d'un chat plutĂŽt que d'un chien, il avait couvert la distance qui le sĂ©parait de son adversaire, puis avait rebondi au large aprĂšs l'avoir lacĂ©rĂ©.
Le bull-dog saignait d'une oreille arrachĂ©e et d'une large morsure dans son cou Ă©pais. Il n'eut pas l'air d'y prĂȘter attention, ne laissa pas Ă©chapper une plainte, mais marcha sur Croc-Blanc. La vĂ©locitĂ© de l'un, l'inĂ©branlable tenue de l'autre passionnaient la foule ; les premiers paris se renouvelĂšrent avec une mise augmentĂ©e ; d'autres furent engagĂ©s. La mĂȘme attaque et la mĂȘme parade se rĂ©pĂ©tĂšrent.
Croc-Blanc bondit encore en avant, lacĂ©ra, puis reflua en arriĂšre sans ĂȘtre touchĂ©. Et encore son Ă©trange ennemi le suivit sans trop se presser, sans lenteur excessive, mais dĂ©libĂ©rĂ©ment, avec dĂ©termination, comme on traite une affaire. Il avait, de toute Ă©vidence, un but qu'il se proposait et une mĂ©thode pour arriver Ă  ce but. Le reste ne comptait pas et ne devait pas le distraire.
Croc-Blanc s'en aperçut et cela le rendit perplexe. Il en Ă©tait tout dĂ©routĂ©. Ce chien Ă©tait dĂ©cidĂ©ment bien Ă©trange. Il avait le poil ras et ne possĂ©dait point de fourrure protectrice. Les morsures s'enfonçaient sans peine dans une chair grasse qu'aucun matelas ne protĂ©geait, et il ne semblait pas que l'animal eĂ»t la capacitĂ© de s'en dĂ©fendre. Il ne se fĂąchait pas non plus et saignait sans se plaindre, ce qui Ă©tait non moins dĂ©concertant. À peine un lĂ©ger cri, lorsqu'il avait reçu son chĂątiment.
Ce n'Ă©tait pas pourtant que Cherokee fĂ»t impuissant Ă  se mouvoir. Il tournait et virait mĂȘme assez vite, mais Croc-Blanc n'Ă©tait jamais lĂ  oĂč il le cherchait. Il en Ă©tait fort perplexe, lui aussi. Il n'avait jamais combattu avec un chien qu'il ne pouvait apprĂ©hender, avec un adversaire qui ne cessait pas de danser et de biaiser autour de lui.
Croc-Blanc ne rĂ©ussissait pas cependant Ă  atteindre, comme il l'eĂ»t voulu, le dessous de la gorge du bulldog. Celui-ci la tenait trop bas et ses mĂąchoires massives lui Ă©taient une protection efficace. Le sang de Cherokee continuait Ă  couler ; son cou et le dessus de sa tĂȘte Ă©taient tailladĂ©s, et il persistait Ă  poursuivre inlassablement Croc-Blanc, qui restait indemne. Une seule fois il s'arrĂȘta durant un moment, abasourdi, en regardant de cĂŽtĂ© vers Tim Keenan et en agitant son tronçon de queue en signe de sa bonne volontĂ©. Puis il reprit avec application sa poursuite, en tournant en rond derriĂšre Croc-Blanc. Soudain, il coupa le cercle que tous deux dĂ©crivaient et tenta de saisir son adversaire Ă  la gorge. Il ne le manqua que de l'Ă©paisseur d'un cheveu, et des applaudissements crĂ©pitĂšrent Ă  l'adresse de Croc-Blanc, qui avait Ă©chappĂ©.
Le temps passait. Croc-Blanc rĂ©pĂ©tait ses soubresauts et Cherokee s'acharnait avec la sombre certitude que, tĂŽt ou tard, il atteindrait son but. Ses oreilles n'Ă©taient que de minces rubans, plus de cent blessures les couvraient, et ses lĂšvres mĂȘmes saignaient, toutes coupĂ©es. Parfois, Croc-Blanc s'efforçait de le reverser Ă  terre, pattes en l'air, en se jetant sur lui. Mais son Ă©paule Ă©tait plus haute que celle du chien et la manƓuvre avortait. Il s'obstina Ă  la renouveler et, dans un Ă©lan plus fort qu'il avait pris, il passa par-dessus le corps de Cherokee. Pour la premiĂšre fois depuis qu'il se battait, on vit Croc-Blanc perdre pied. Il tournoya en l'air pendant une seconde, se retourna comme un chat, mais ne rĂ©ussit pas Ă  retomber immĂ©diatement sur ses pattes. Il chut lourdement sur le cĂŽtĂ© et, quand il se redressa, les dents du bull-dog s'Ă©taient incrustĂ©es dans sa gorge.
La prise n'Ă©tait pas bien placĂ©e ; elle Ă©tait trop bas vers la poitrine, mais elle Ă©tait solide. Croc-Blanc, avec une exaspĂ©ration frĂ©nĂ©tique, s'efforça de secouer ces dents resserrĂ©es sur lui, ce poids qu'il sentait pendu Ă  son cou. Ses mouvements, maintenant, n'Ă©taient plus libres ; il lui semblait qu'il avait Ă©tĂ© happĂ© par une chausse-trappe. Tout son ĂȘtre s'en rĂ©voltait, au point de tomber en dĂ©mence. La peur de mourir avait tout Ă  coup surgi en lui, une peur aveuglĂ©e et dĂ©sespĂ©rĂ©e.
Il se mit à virer, courir à droite, courir à gauche, tant pour se persuader qu'il était toujours vivant que pour tenter de détacher les cinquante livres que traßnait sa gorge. Le bull-dog se contentait, à peu de chose prÚs, de conserver son emprise. Quelquefois, il tentait de reprendre pied pendant un moment afin de secouer Croc-Blanc à son tour. Mais l'instant d'aprÚs, Croc-Blanc l'enlevait à nouveau et l'emportait à sa suite dans ses mouvements giratoires.
Cherokee s'abandonnait consciemment Ă  son instinct. Il savait que sa tĂąche consistait Ă  tenir dur et il en Ă©prouvait de petits frissons joyeux. Il fermait bĂ©atement les yeux et, sans se raidir, se laissait ballotter de-ci de-lĂ , avec abandon, indiffĂ©rent aux heurts auxquels il Ă©tait exposĂ©. Croc-Blanc ne s'arrĂȘta que lorsqu'il fut extĂ©nuĂ©. Il ne pouvait rien contre son adversaire. Jamais pareille aventure ne lui Ă©tait arrivĂ©e. Il se coucha sur ses jarrets, pantelant et cherchant son souffle.
Sans relĂącher son Ă©treinte, le bull-dog tenta de le renverser complĂštement. Croc-Blanc rĂ©sista Ă  cet effort ; mais il sentit que les mĂąchoires qui le tenaillaient, par un imperceptible mouvement de mastication, portaient plus haut leur emprise. Patiemment, elles travaillaient Ă  se rapprocher de sa gorge. Dans un mouvement spasmodique, il rĂ©ussit Ă  mordre lui-mĂȘme le cou gras de Cherokee lĂ  oĂč il rattache Ă  l'Ă©paule. Mais il se contenta de le lacĂ©rer, pour lĂącher prise ensuite. Il ignorait la mastication de combat et sa mĂąchoire, au surplus, n'y Ă©tait point apte.
Un changement se produisit, Ă  ce moment, dans la position des deux adversaires. Le bull-dog Ă©tait parvenu Ă  rouler Croc-Blanc sur le dos et, toujours accrochĂ© Ă  son cou, lui Ă©tait montĂ© sur le ventre. Alors Croc-Blanc, se ramassant sur son train de derriĂšre, s'Ă©tait mis Ă  dĂ©chirer Ă  coups de griffes, Ă  la maniĂšre d'un chat, l'abdomen de son adversaire. Cherokee n'eĂ»t pas manquĂ© d'ĂȘtre Ă©ventrĂ© s'il n'eĂ»t rapidement pivotĂ© sur ses dents serrĂ©es, hors de la portĂ©e de cette attaque imprĂ©vue.
Mais le destin était inexorable comme la mùchoire qui, dÚs que Croc-Blanc demeurait un instant immobile, continuait à monter le long de la veine jugulaire. Seules, la peau flasque de son cou et l'épaisse fourrure qui la recouvrait sauvaient encore de la mort le jeune loup. Cette peau formait un gros rouleau dans la gueule du bull-dog et la fourrure défiait toute entame de la part des dents. Cependant Cherokee absorbait toujours plus de peau et de poil et, de la sorte, étranglait lentement Croc-Blanc qui respirait et soufflait de plus en plus difficilement.
La bataille semblait virtuellement terminée. Ceux qui avaient parié pour Cherokee exultaient et offraient de ridicules surenchÚres. Ceux, au contraire, qui avaient misé sur Croc-Blanc étaient découragés et refusaient des paris à dix pour un, à vingt pour un. On vit alors un homme s'avancer sur la piste du combat. C'était Beauty-Smith. Il étendit son doigt dans la direction de Croc-Blanc, puis se mit à rire avec dérision et mépris.
L'effet de ce geste ne se fit pas attendre. Croc-Blanc, en proie à une rage sauvage, appela à lui tout ce qui lui restait de force et se remit sur ses pattes. Mais, aprÚs avoir traßné encore autour du cercle les cinquante livres qu'il portait, sa colÚre tourna en panique. Il ne vit plus que la mort adhérente à sa gorge et, trébuchant, tombant, se relevant, enlevant son ennemi de terre, il lutta vainement, non plus pour vaincre, mais pour sauver sa vie. Il tomba à la renverse, exténué, et le bull-dog en profita pour enfouir dans sa gueule un bourrelet de peau et de poil encore plus gros. La strangulation complÚte était proche. Des cris, des applaudissements s'élevÚrent, à la louange du vainqueur. On clama : « Cherokee ! Cherokee ! » Cherokee répondit en remuant le tronçon de sa queue, mais sans se laisser distraire de sa besogne. Il n'y avait aucune relation de sympathie entre sa queue et ses mùchoires massives. L'une pouvait s'agiter joyeusement, sans que les autres détendissent leur implacable étau.
Une diversion inattendue survint sur ces entrefaites. Un bruit de grelots rĂ©sonna, mĂȘlĂ© Ă  des aboiements de chiens de traĂźneau. Les spectateurs tournĂšrent la tĂȘte, craignant de voir arriver la police. Il n’en Ă©tait rien. Le traĂźneau venait Ă  toute vitesse de la direction opposĂ©e Ă  celle du fort et les deux hommes qui le montaient rentraient sans doute de quelque voyage d'exploration. Apercevant la foule, ils arrĂȘtĂšrent leurs chiens et s'approchĂšrent afin de se rendre compte du motif qui rĂ©unissait tous ces gens.
Celui qui conduisait les chiens portait moustache. L'autre, un grand jeune homme, était rasé à fleur de peau. Il était tout rouge du sang que l'air glacé et la rapidité de la course lui avaient fait affluer au visage.
Croc-Blanc continuait Ă  agoniser et ne tentait plus de lutter. Seuls, des spasmes inconscients le soulevaient encore, par saccades, en une rĂ©sistance machinale qui s'Ă©teindrait bientĂŽt avec son dernier souffle. Beauty-Smith ne l'avait pas perdu de vue une seule minute ; mĂȘme les nouveaux venus ne lui avaient pas fait tourner la tĂȘte. ...

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