NĂšgre Blanc
eBook - ePub

NĂšgre Blanc

Priez pour nous

Arvo Steinberg, Julie Redon, Vincent Hedoin, Théau Leidner, Juana Sabina Ortega, Joh Pacheco Surriable, Pierre Renier, Rachel Abaldalb, Isidore De Palsuie, Cyril Torres, Alas Steinberg, Pablo Steinberg

Partager le livre
  1. 80 pages
  2. French
  3. ePUB (adapté aux mobiles)
  4. Disponible sur iOS et Android
eBook - ePub

NĂšgre Blanc

Priez pour nous

Arvo Steinberg, Julie Redon, Vincent Hedoin, Théau Leidner, Juana Sabina Ortega, Joh Pacheco Surriable, Pierre Renier, Rachel Abaldalb, Isidore De Palsuie, Cyril Torres, Alas Steinberg, Pablo Steinberg

DĂ©tails du livre
Aperçu du livre
Table des matiĂšres
Citations

À propos de ce livre

Numéro 2 de la revue NÚgre Blanc créée par Arvo Steinberg: Nouvelles, poésies et visuels (peinture, dessin, photographie, collage etc.)Revue artisanale et indépendante: goût pour l'avant-garde, l'expérimentation et l'underground.

Foire aux questions

Comment puis-je résilier mon abonnement ?
Il vous suffit de vous rendre dans la section compte dans paramĂštres et de cliquer sur « RĂ©silier l’abonnement ». C’est aussi simple que cela ! Une fois que vous aurez rĂ©siliĂ© votre abonnement, il restera actif pour le reste de la pĂ©riode pour laquelle vous avez payĂ©. DĂ©couvrez-en plus ici.
Puis-je / comment puis-je télécharger des livres ?
Pour le moment, tous nos livres en format ePub adaptĂ©s aux mobiles peuvent ĂȘtre tĂ©lĂ©chargĂ©s via l’application. La plupart de nos PDF sont Ă©galement disponibles en tĂ©lĂ©chargement et les autres seront tĂ©lĂ©chargeables trĂšs prochainement. DĂ©couvrez-en plus ici.
Quelle est la différence entre les formules tarifaires ?
Les deux abonnements vous donnent un accĂšs complet Ă  la bibliothĂšque et Ă  toutes les fonctionnalitĂ©s de Perlego. Les seules diffĂ©rences sont les tarifs ainsi que la pĂ©riode d’abonnement : avec l’abonnement annuel, vous Ă©conomiserez environ 30 % par rapport Ă  12 mois d’abonnement mensuel.
Qu’est-ce que Perlego ?
Nous sommes un service d’abonnement Ă  des ouvrages universitaires en ligne, oĂč vous pouvez accĂ©der Ă  toute une bibliothĂšque pour un prix infĂ©rieur Ă  celui d’un seul livre par mois. Avec plus d’un million de livres sur plus de 1 000 sujets, nous avons ce qu’il vous faut ! DĂ©couvrez-en plus ici.
Prenez-vous en charge la synthÚse vocale ?
Recherchez le symbole Écouter sur votre prochain livre pour voir si vous pouvez l’écouter. L’outil Écouter lit le texte Ă  haute voix pour vous, en surlignant le passage qui est en cours de lecture. Vous pouvez le mettre sur pause, l’accĂ©lĂ©rer ou le ralentir. DĂ©couvrez-en plus ici.
Est-ce que NÚgre Blanc est un PDF/ePUB en ligne ?
Oui, vous pouvez accĂ©der Ă  NĂšgre Blanc par Arvo Steinberg, Julie Redon, Vincent Hedoin, ThĂ©au Leidner, Juana Sabina Ortega, Joh Pacheco Surriable, Pierre Renier, Rachel Abaldalb, Isidore De Palsuie, Cyril Torres, Alas Steinberg, Pablo Steinberg en format PDF et/ou ePUB ainsi qu’à d’autres livres populaires dans Literatura et PoesĂ­a. Nous disposons de plus d’un million d’ouvrages Ă  dĂ©couvrir dans notre catalogue.

Informations

Éditeur
Books on Demand
Année
2019
ISBN
9782322130740
Édition
1
Sous-sujet
PoesĂ­a

I.


Pauvre Farah
 De toi, il ne reste que cet espace vide de ta prĂ©sence mais encore plein de toi et de tes choses. Il y fotte encore une odeur de toast chaud
 comme un semblant de dimanche matin ensoleillé 
Je sens les larmes quimontent, un frisson me parcourt. J’ai les yeux gros de l’envie de pleurer. Je pose ma main sur ta table, celle sur laquelle tu dessinais parfois ces androgynes squelettiques, les paupiĂšres lourdes de couleurs, les yeux pleins de mĂ©lancolie, Ă©ternels
 Je pense, « Je n’aurais jamais dĂ» t’offrir ce livre sur Egon Schiele » et j’en ris.
J’empile ce que je sais de toi, je l’associe, je pose mon front sur une pile de bouquins t’ayant appartenu, je crie dans la salle de bain pour espĂ©rer dĂ©coller des murs un peu de tes murmures, de ces choses que tu devais te dire, le matin, devant ta petite glace.
Je théùtralise mon chagrin.
J’ai ce livre entre les mains, Ombres et LumiĂšres sur les Mythologies perdues, il Ă©tait sur ton rocking-chair. J’adore ce genre de livre. J’ai eu le temps d’en lire un bout, ça m’a donnĂ© envie d’écrire. Sais-tu que j’adore raconter des histoires ? Dans ce bouquin il y a un tas de phrases efrayantes. Des paragraphes obscurs qui parlent de tout et de rien, bourrĂ©s de mĂ©taphores. Tiens celui-lĂ  par exemple :
(
) Ainsides Faluns Ă©tait nĂ© l’homme de cristal, dont l’intĂ©rieur visible comme le sommet des montagnes renfermait une Ă©trange vapeur triturĂ©e d’éclairs dansants, menĂ©e par des vents qui en dictaient les tourbillons. Mais voilĂ , avec le temps la vapeur devint grasse, maculant les parois de cristal. BientĂŽt ilne fut plus possible d’y voir et l’homme fgĂ©, retournĂ© Ă  la roche, n’avait gardĂ© de ses secrets que des orbites remplies de sable (
)
Ça me parle, ça me parle bien plus que tous ces torchons remplis de petits sentiments indigestes que j’ai pu lire.
Je ne m’aime pas. J’aime Farah. Est-ce qu’elle m’aimait ? En Ă©tait-elle seulement capable ?
Il y a du bruit dans la cage d’escalier.
Il y a du bruit dans la cage d’escalier.
Je me prĂ©cipite Ă  la porte, je m’y colle de tout mon long, dĂ©verse mon regard dans le judas. Mon cƓur ne palpite plus, ilvibre. Ma bouche est sĂšche, je n’ai rien mangĂ© depuis hier.
J’ai un couteau dans la poche.
Dans le petit cercle j’aperçois deux types plein de cambouis qui descendent l’escalier. La voisine sur son palier leur dit bonjour. Encore une vieille folle.
Elle me regarde.
Elle a tournĂ© ses yeux vers moi, Ă  travers la putain de porte, comment a-t-elle fait ? Je retiens ma respiration, comme Ă  l’école quand je ne voulais pas que le prof de math me fasse passer au tableau.
Elle me regarde.
Je me laisse glisser le long de la porte, doucement.
Elle me regarde.
Il ne faudrait pas non plus qu’elle m’entende. Il ne faut surtout pas qu’elle panique. Je reste assis contre la porte. Aujourd’hui encore, la lumiĂšre est telle dans cet appartement, que je finis par faire Ă©clater en sanglots. J’ouvre grand la bouche, je plisse fort mes yeux. Mon nez est envahi par la morve et ma bouche est comme remplie de glu. J’étouffe un rĂąle de dĂ©sespoir. Faudrait pas qu’elle m’entende la vieille carne. J’étale mes larmes sur mon visage et me lĂšve. Je cale mon Ɠil rougit dans le judas. Elle n’est plus lĂ .
J’aime bien cet immeuble. L’appartement est au cinquiĂšme Ă©tage et la cuisine a une vue plongeante sur une cour exiguĂ« qui croule sous les chaussettes et les torchons qui ont Ă©tĂ© pris dans le vent sur les cordes Ă  linge. En face on peut voir la cuisine de la voisine. J’imagine Farah papoter de fenĂȘtre Ă  fenĂȘtre dans la ligne directe des Ă©viers, en faisant la vaisselle en mĂȘme temps que la vieille. Le vent qui s’engouffre dans la piĂšce lui faisant doucement frĂ©mir ses cheveux

La vieille est dans sa cuisine et elle me fixe. Je sursaute. On reste tous les deux Ă  se regarder avec Ă©tonnement, prĂȘts Ă  dĂ©guerpir s’il le faut, comme deux chats qui se croisent sur un toit de tuiles. Je la salue d’un geste sec et maladroit. En retour, elle me dĂ©visage.
J’ai un couteau dans la poche.
Ce n’est pas que j’aie envie de m’en servir, mais elle commence Ă  m’inquiĂ©ter. Va savoir ce qu’il peut passer comme idioties dans le crĂąne d’une vieille. Je vais aller la voir moi, je vais prendre les devants et je lui dirai : Bonjour ! Je suis monsieur un tel, ami-amant-frĂšre-cousin-avocat de mademoiselle Kannila, oui, drĂŽle de mĂ©lange ces noms, hein ? Oui, bien sur ma petite dame ! J’irai lui dire tout ça et je serai Ă  l’aise, pour qu’elle pense Ă  autre chose que sa mĂ©fiance, qu’elle se dise simplement que je suis une curieuse personne. Il faut en arriver lĂ  avec les gens, il faut prendre les devants si on veut s’en dĂ©barrasser, leur raconter tout et n’importe quoi pour bien les endormir. À un moment la personne en face de vous lĂąche l’affaire et petit Ă  petit se fait Ă  l’idĂ©e que vous ĂȘtes un crĂ©tin inoffensif, et c’est Ă  moment qu’il faut attaquer.

II.

Je suis dans l’appartement de la vieille, une certaine madame Schnitzer, je l’ai lu sur sa sonnette. J’ai d’ailleurs dĂ» sonner deux fois avant qu’elle ne daigne m’ouvrir. Comme tous les vieux elle doit ĂȘtre sourde comme un pot. J’ai attendu un petit moment, j’ai entendu des bruits de pas traĂźnant dans des pantoufles bien larges.
La vieille m’a ouvert la porte et ne m’a pas reconnu. J’aurais dĂ» laisser les choses lĂ  et dire que je m’étais trompĂ©, mais ça sentait bon le gĂąteau chaud et le cafĂ©.
J’ai donc menti :
Monsieur Bergstein, Wallace, avocat et ami proche de mademoiselle Kannila. Elle aurait Ă©tĂ© victime de harcĂšlements de la part de son ex petit-ami et m’aurait envoyĂ© dans son appartement en Ă©claireur au cas oĂč le psychopathe roderait encore dans les parages. « Avez-vous lu les faits divers rĂ©cents madame ? On n’est jamais trop prudents ! » lui avais-je dit, avec toute l’affectation d’un homme inquiet pour sa patrie. Schnitzer opina du chef et se confondit en oh lĂ  lĂ  typiques des gens fatiguĂ©s qui ne savent mĂȘme plus de quoi on parle, sur quoi elle m’invita Ă  venir discuter de tout ça Ă  l’intĂ©rieur.
Alors que je suis assis dans un fauteuil confortable, les mains croisĂ©es sur le ventre, je rĂ©alise que je suis extrĂȘmement fatiguĂ©. La nuit derniĂšre a Ă©tĂ© terriblement courte et agitĂ©e.
Autour de moi, les nombreuses babioles semblent de la moisissure sortie d’un bois pourri. Il y a quelques photos de famille. L’appartement n’est pas trĂšs lumineux et le peu de soleil qui entre est filtrĂ© par des rideaux bleus azur que je n’aime pas. J’imagine le reste de la piĂšce parce que j’ai les yeux fermĂ©s et que je divague dans ma somnolence. J’entends une porte qui s’ouvre au loin, des craquements, peut-ĂȘtre mĂȘme de la musique Ă  fond dans des Ă©couteurs. Encore des pantoufles ? Dans la cuisine j’entends tinter de la vaisselle. L’air frĂ©mit. Je sombre.
« Alors monsieur Bergstein, vous l’aimez avec du sucre votre cafĂ© ? », Je sursaute comme un petit chien et bondit du fauteuil, je ne crois pas que la vieille ait remarquĂ© quoi que ce soit. Je raccommode mon pantalon, mes cheveux et refuse le sucre. Il y a une grosse part de gĂąteau dans une soucoupe et mĂȘme plus prĂ©cisĂ©ment trois parts, dans trois soucoupes diffĂ©rentes. J’écarquille les yeux et regarde la vieille. Elle est tellement sĂ©nile qu’e...

Table des matiĂšres