*LEĂONÂ 1Â : LE VOILE DE LâILLUSION
« Nous ajoutons souvent à notre douleur et à nos souffrances en étant trop sensibles, en réagissant de maniÚre excessive à des choses mineures, et en prenant parfois les choses trop personnellement... »
DalaĂŻ Lama
LâUN DES PRINCIPES DE BASES DU BOUDDHISME, comme lâaffirme le DalaĂŻ Lama, est que « nous nous infligeons Ă nous-mĂȘmes nos problĂšmes personnels », qui ne sont que des crĂ©ations de notre propre esprit. La vĂ©ritĂ© est que la majoritĂ© de ce que vous considĂ©rez comme de « vrais problĂšmes » sont « auto-infligĂ©s » et, par consĂ©quent, de simples « illusions ».
Pour comprendre pleinement cela, continuez simplement à lire avec un esprit ouvert !
Comme le DalaĂŻ Lama lâexplique dans son livre « La sagesse transcendante », lâun des aspects de base de la philosophie tibĂ©taine dĂ©rive des anciens enseignements du cĂ©lĂšbre moine bouddhiste du 8ĂšmesiĂšcle connu sous le nom de Shantideva, qui affirmait que tous les ĂȘtres humains connaissent deux rĂ©alitĂ©s basiques et distinctives :
1.-LA RĂALITĂ ILLUSOIRE : Il sâagit dâune projection mentale basĂ©e sur votre « image mentale de la rĂ©alité », qui dĂ©termine ou filtre votre perception de la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Shantideva lâappelait « rĂ©alitĂ© conventionnelle » ou « rĂ©alitĂ© illusoire », affirmant que câest effectivement une production ou une projection de votre propre esprit ou intellect. Elle peut ĂȘtre dĂ©crite comme votre vision du monde personnelle et relative, basĂ©e sur la dualitĂ© et sur vos propres spĂ©culations et idĂ©es de ce quâest ou devrait ĂȘtre la rĂ©alitĂ© selon vous. En somme, câest le produit de votre propre imagination !
La rĂ©alitĂ© illusoire nâexiste que dans notre propre esprit. Câest comme un rĂȘve ou le tour dâun magicien, comme met en garde le DalaĂŻ Lama dans « La sagesse transcendante » :
« Lorsquâon rĂȘve, toutes sortes de choses peuvent venir Ă lâesprit, mais ce ne sont rien de plus que des apparences. De la mĂȘme façon, un magicien peut crĂ©er une variĂ©tĂ© dâapparences illusoires, mais elles nâexistent pas objectivement... »
2.-LA RĂALITĂ RĂELLE : La seconde est sous-jacente, appelĂ©e « rĂ©alitĂ© ultime » ou « rĂ©alitĂ© rĂ©elle ». Câest tout ce qui existe rĂ©ellement. Elle ne peut pas ĂȘtre perçue par lâintellect ni dĂ©crite avec des mots, mais seulement vĂ©cue directement par les chercheurs de la Voie qui ont rĂ©ussi à « apprivoiser » leur esprit et Ă dĂ©velopper leur « regard intĂ©rieur » ou « troisiĂšme Ćil ».
Le DalaĂŻ Lama enseigne quâen sâappuyant sur ces deux rĂ©alitĂ©s distinctives perçues par les humains, Shantideva a distinguĂ© deux « types de personnes » basiques : « les hommes ordinaires » (la majoritĂ© des gens qui ne voient que leur propre rĂ©alitĂ© illusoire et lâacceptent Ă tort comme la seule VĂ©ritĂ©) et « les contemplatifs » (qui sont capables de voir lâimportance relative de notre rĂ©alitĂ© illusoire plus la VĂ©ritĂ© contenue dans notre rĂ©alitĂ© rĂ©elle).
Shantideva a aussi affirmé que le point de vue des hommes ordinaires était invalidé par celui des contemplatifs. Ces deux groupes différenciés marquent la différence entre « les chercheurs de la Vérité » et « les non chercheurs ».
Concernant lâillusion causĂ©e par « le voile de Maya » dans « La lumiĂšre du Dharma », le DalaĂŻ Lama a affirmĂ©Â :
« Dans le contexte de notre court texte, la nature illusoire de la rĂ©alitĂ© doit ĂȘtre comprise comme Ă©tant liĂ©e Ă lâensemble des choses et des Ă©vĂ©nements. Bien que nous ayons tendance Ă les percevoir comme possĂ©dant une sorte de nature ou dâexistence intrinsĂšque, ils sont tous dĂ©nuĂ©s de cette rĂ©alitĂ©.
« Il y a donc une disparitĂ© entre la façon dont les choses nous apparaissent et la façon dont les choses sont rĂ©ellement. Câest dans ce sens que lâon dit que les choses et les Ă©vĂ©nements ont une nature illusoire.
Cette illusion, en fait, crĂ©e une rĂ©elle « hallucination » dâaprĂšs Alan Watts (1915-1973), lâun des plus cĂ©lĂšbres interprĂštes du bouddhisme zen du siĂšcle dernier, comme il lâa exprimĂ© dans son « Livre de la sagesse » :
« Nous souffrons dâune hallucination, dâune sensation fausse et dĂ©formĂ©e de notre propre existence en tant quâorganismes vivants. La plupart dâentre nous avons la sensation que "moi je" est un centre distinct de sentiment et dâaction, vivant Ă lâintĂ©rieur et limitĂ© par le corps physique â un centre qui "confronte" un monde "extĂ©rieur" de personnes et de choses, entrant en contact par les sens avec un univers Ă la fois Ă©tranger et Ă©trange. Les figures de style quotidiennes reflĂštent cette illusion. « Je suis venu au monde ». « Tu dois faire face Ă la rĂ©alité ». « La conquĂȘte de la nature ». Cette sensation dâisolement, cette façon de se considĂ©rer comme des visiteurs trĂšs provisoires dans lâunivers est en contradiction totale avec tout ce que les sciences nous apprennent sur lâhomme (et sur tous les autres organismes vivants).
« Nous ne venons pas "en ce" monde ; nous en sortons comme les feuilles de lâarbre. Comme "les vagues" de lâocĂ©an, comme "les peuples" de lâunivers. Chaque individu est une expression de tout le royaume de la nature, un acte unique de lâunivers dans sa totalitĂ©. Ce fait, la plupart des gens ne le vivent que rarement, voire jamais. MĂȘme ceux qui savent que câest vrai en thĂ©orie ne le sentent pas ni ne le ressentent, mais ils continuent dâavoir cette conception dâeux-mĂȘmes, celle dâun "moi" sĂ©parĂ© enfermĂ© dans un sac de peau »...
Concernant cet Ă©tat hallucinatoire et lâattitude que nous devrions avoir, lâun des maĂźtres majeurs du Dzogchen, Chögyal Namkhai Norbu, a sagement affirmĂ© dans la prĂ©face de La Source suprĂȘme :
Dans un sutra, le Bouddha Shakyamuni dĂ©crit le monde phĂ©nomĂ©nal que nous considĂ©rons gĂ©nĂ©ralement comme Ă©tant rĂ©el en utilisant de nombreuses mĂ©taphores. Ces descriptions mĂ©taphoriques comparent notre rĂ©alitĂ© Ă une Ă©toile filante, une illusion dâoptique, une lampe Ă beurre vacillante, des gouttes de rosĂ©e Ă lâaube, des bulles dans lâeau, lâĂ©clair, un rĂȘve et des nuages.
« Selon le Bouddha, toute existence agrĂ©gĂ©e, tous les dharmas et en fait, tous les phĂ©nomĂšnes sont en rĂ©alitĂ© irrĂ©els et changent instantanĂ©ment comme ces exemples. Un autre sutra emploie dâautres mĂ©taphores poĂ©tiques pour montrer la nature essentielle de notre condition irrĂ©elle, telles que le reflet de la lune dans lâeau, un mirage, les sons de la ville, un arc-en-ciel, un reflet dans un miroir ou encore un rĂȘve. »
VoilĂ pourquoi lâune des premiĂšres Ă©tapes de la voie qui mĂšne Ă la paix intĂ©rieure et Ă lâillumination consiste Ă reconnaĂźtre la « nature illusoire » de nos pensĂ©es et croyances et ceci englobe lâidĂ©e que nous avons de toutes les choses, lâidĂ©e que nous avons des gens, lâidĂ©e que nous avons de nous-mĂȘmes, de ce que nous pensons que les autres pensent de nous, du monde qui nous entoure...et mĂȘme de Dieu ! Ce ne sont que de simples idĂ©es et images mentales, donc de simples illusions dans notre esprit !
VOUS LIBĂRER DE LâILLUSION
à toutes les personnes intéressées à suivre sa Voie de la pratique intérieure, le Bouddha a clairement mis en garde :
« Il nây a que deux erreurs que lâon puisse commettre sur le chemin de la VĂ©ritĂ©Â : ne pas aller jusquâau bout et ne pas sây engager. »
Mais comment commencer ?
En reconnaissant avant tout la faussetĂ© de notre imagination ou de notre monde imaginaire et la nĂ©cessitĂ© de lâempĂȘcher de nous tromper et de nous faire sombrer dans les sables mouvants de la souffrance et de lâhostilitĂ© perpĂ©tuelles.
Comme lâenseigne le DalaĂŻ Lama, pour nous libĂ©rer des chaĂźnes de lâillusion, nous devons dâabord apprendre Ă percevoir la rĂ©alitĂ© comme la seule VĂ©ritĂ©, souvent dĂ©signĂ©e dans les anciens textes sacrĂ©s bouddhistes comme le « vide » Ă©tant donnĂ© que les mots sont impuissants Ă la dĂ©crire â car elle est « dĂ©pourvue de forme, de nom, dâĂ©tat, de caractĂ©ristiques et hors du temps et de lâespace ».
Selon le DalaĂŻ Lama Ă©galement, et comme prĂ©sentĂ© dans les pages suivantes, Ă moins que nous ne vivions cette vraie rĂ©alitĂ© en nous, dans notre cĆur, et que nous ne cessions de croire Ă un monde de pensĂ©e verbale et de reprĂ©sentations mentales Ă©rigĂ©es dans notre tĂȘte, nous continuerons inexorablement Ă ĂȘtre aveuglĂ©s par « le voile de Maya » ou illusion, tissĂ© par notre propre ignorance sous nos yeux.
Cette illusion nous fait toujours désirer une réalité différente, une fausse réalité avec différentes joies imaginées et nous fait aussi mépriser et négliger notre réalité présente.
Dans les pages suivantes, vous apprendrez comment commencer Ă percevoir cette illusion, qui non seulement engendre de la souffrance et de lâinsatisfaction mais affecte aussi profondĂ©ment la destinĂ©e de votre vie quotidienne, perturbant votre bien-ĂȘtre gĂ©nĂ©ral.
EXERCICE 1 : OBSERVER DES IMAG...