Requiem suivi de Fausse route
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Requiem suivi de Fausse route

Michel Ouellette

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  1. 142 pages
  2. French
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Requiem suivi de Fausse route

Michel Ouellette

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À propos de ce livre

« Requiem »: Trois ĂȘtres convulsifs, hantĂ©s par la vie, trois priĂšres rageuses et amoureuses pour qu'advienne le repos, que s'apaisent les blessures et que, au terme de la douleur, chante enfin la beautĂ©...« Fausse route »: Road movie thĂ©Ăątral au ton irrĂ©vĂ©rencieux, cette comĂ©die grinçante met en scĂšne cinq personnages porteurs de drames intĂ©rieurs dissimulĂ©s sous les quarts de vĂ©ritĂ© et les demi-mensonges. DĂ©sir, jalousie, rejet, pouvoir, errance, crĂ©ation, mĂ©moire: les fausses pistes se multiplient jusqu'Ă  la troublante conclusion.

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Informations

Année
2015
ISBN
9782894238394

FAUSSE ROUTE

a Ă©tĂ© Ă©crit dans le cadre d’une rĂ©sidence d’écriture au Festival international des francophonies en Limousin, Ă  Limoges, en mai et juin 1997.
Le texte a fait l’objet de deux lectures publiques : par le ThĂ©Ăątre La Catapulte, en octobre 1997, sous la direction d’Isabelle BĂ©lisle, avec SĂ©bastien Bertrand, Jean-Marc GuĂ©rin, Annie Lefebvre, Éric-Paul Parent et Sophie Tremblay ; et par ThĂ©Ăątre Action et le Centre des auteurs dramatiques, dans le cadre des Quinze jours de la dramaturgie des rĂ©gions, en juin 1999, sous la direction de Louise Latraverse, avec Vincent Bilodeau, Louise Bombardier, Johanne Delcourt, Louis-Martin Despa, Lise Roy et Robert VĂ©zina.
Les personnages :
MISTER
un homme dans la cinquantaine
TI-CƒUR
un homme dans la trentaine
JAMBON
un garçon de quinze ans
LUCIA
une femme dans la trentaine
EMMA
une femme dans la cinquantaine
Un espace vaste et plutĂŽt vide. Au centre : un grand bloc noir avec sur le dessus une bouteille de whisky et un gros sandwich de pain blanc. DerriĂšre : des gradins qui font la largeur de la scĂšne.
Nous sommes en 1959, dans le nord de l’Ontario. Trois hommes : JAMBON, prĂȘt Ă  partir ; MISTER, en train de s’habiller ; TI-CƒUR, un crochet Ă  la place d’une main, ses bottes dĂ©lacĂ©es. Debout, ils tendent les bras, implorant.
MISTER : Emma!
TI-CƒUR : AimĂ©!
JAMBON : Amy!
EMMA est assise dans les gradins. Elle sourit, mais ne dit rien.
UN : LE CAMP 40
Vers 13 h, un vendredi. On entend de la musique western venant d’un poste de radio. Jambon joue avec son poste de radio portatif : il tente de syntoniser une station et dirige l’antenne vers le ciel. Tout le long de la piĂšce, Jambon traĂźnera sa radio
 Mister finit de s’habiller. Ti-CƓur, pliĂ© en deux, tente de lacer ses bottes.
MISTER : Hello! I’m looking for Miss Emma
 No. No. No
 Je ne sais pas. Je ne connais pas son visage, mais je sais qu’elle existe. Nous avons rendez-vous ici mĂȘme. Twelve thirty. One Twenty Station Road
 Alas! Je ne sais pas si cela est aujourd’hui. Peut-ĂȘtre est-ce demain? Maybe. Anyway, je repasserai demain Ă  la mĂȘme heure. Thank you, sir. God bless you!
Temps.
MISTER : Ti-CƓur!
 Ti-CƓur! OĂč es-tu? Tu devrais ĂȘtre ici en train de m’aider Ă  m’habiller. On rentre en ville. C’est le temps de se rhabiller comme du monde, du vrai monde, civilisĂ©! Pas en bĂ»cheron colon!
 Ti-CƓur! J’ai besoin de toi! What the hell are you up to?

Les bottes dĂ©lacĂ©es, Ti-CƓur va rejoindre Jambon. Emma ne rĂ©agit pas.
TI-CƒUR : ArrĂȘte de zigonner avec ça. Tu pogneras pas de stations amĂ©ricaines Ă  ce temps-ci de la journĂ©e. Grouille! Éteins ça, pis viens ici!
Jambon s’exĂ©cute et dĂ©pose la radio.
JAMBON : Mister est pas avec toi?
TI-CƒUR : Occupe-toi de ce qui te regarde!
JAMBON : Excuse. Je faisais juste le demander. Vous ĂȘtes toujours ensemble, d’habitude. Ça fait que

TI-CƒUR : C’est correct. C’est pas ben grave. C’est moi qui devrais m’excuser
 Mister est en train de se pomponner. Tu sais comment qu’il est. À chaque fois qu’on rentre en ville, il sort son beau linge, pis ça lui prend une bonne heure à s’habiller. Avant mon accident (en lui montrant son crochet), je l’aidais. Mais maintenant, il a trop peur que j’endommage ses beaux habits
 ou pire, que je le blesse.
JAMBON : Avoir un crochet à la place de la main, c’est ben malcommode.
TI-CƒUR : Il te fait peur? (Il lui met le crochet devant le visage, le glisse sur sa joue.) Pas besoin d’avoir peur, Jambon. C’est doux de ce cĂŽtĂ©-lĂ . Doux comme ta joue de bĂ©bĂ©.
JAMBON : Je suis pas un bébé!
TI-CƒUR : Quand t’auras du poil sur le menton, on en reparlera.
JAMBON : Je suis un homme. Je travaille comme un homme. Je mange comme un homme.
TI-CƒUR : Tu sens encore le pipi!
JAMBON : Redis ça, voir! Redis-le!
TI-CƒUR : Énerve-toi pas!
JAMBON : Retire ce que tu viens de me dire, sinon je vais te montrer que je sais me battre comme un homme.
TI-CƒUR : Du calme, le jeune! Si tu veux pas goĂ»ter le bout pointu de mon crochet, du calme! Je suis pas ici pour me battre. Tu te montes une colĂšre pour un rien, toi! C’est l’ñge, faut croire! Écoute, Jambon. Moi, la bataille, ça m’intĂ©resse pas. Je suis pas un gars de chicane. Je suis un gars de fĂȘte.
JAMBON : T’aimes ça, rire des autres. Mais moi, tu riras pas de moi de mĂȘme. J’ai beau avoir juste quinze ans

TI-CƒUR : T’es un bon petit gars. Un bon gars. Un chum! 
 Entre chums, on peut se parler.
JAMBON : Qu’est-ce que t’as à me dire, Ti-CƓur?
TI-CƒUR : Sois pas suspicieux. Je suis ton chum.
JAMBON : Qu’est-ce que tu veux?
TI-CƒUR : Aide-moi à lacer mes bottes. Avec mon crochet, j’y arrive pas.
JAMBON : Tu veux que je lace tes bottes?
TI-CƒUR : Je te verrais, toi, avec une main pis un moignon! Fais donc ce que je te demande! S’il te plaüt.
Ti-CƓur s’assoit dans les gradins.
JAMBON : C’est ben parce que tu le demandes poliment.
Jambon s’agenouille devant Ti-CƓur pour lui lacer les bottes.
TI-CƒUR : Merci. T’es un bon gars, Jambon. Un vrai chum. Pour moi, toi, t’es un gars qui a de l’ambition. Je me trompe pas, hein? Si t’as lĂąchĂ© l’école pour venir travailler dans le bois, c’est parce que l’argent t’haĂŻs pas ça.
JAMBON : Je travaille pour aider mon pĂšre pis ma mĂšre. Je leur donne toute ma paie.
TI-CƒUR : C’est beau, ça. T’es un maudit bon gars. Un vrai bon gars. Ben Ă©levĂ© pis tout! Tu fais ben d’aider tes parents. On doit tout Ă  nos parents.
JAMBON : Je les Ă©coute.
TI-CƒUR : Ça te tenterait pas, des fois, d’en garder un peu pour toi, un peu d’argent, juste pour toi, pour t’acheter des affaires, du beau linge comme Mister?
JAMBON : Certain! Mais mon pĂšre surveille ma paie. Il compte tout. Je peux rien garder pour moi. Plus tard, quand je serai plus vieux, Ă  dix-huit ans, je vais pouvoir en garder un peu. Pis quand je vais me marier, ça va tout ĂȘtre Ă  moi, toute la paie.
TI-CƒUR : Mais si on te donnait de l’argent en plus de ta paie, un bonus, t’aurais pas besoin d’en parler à ton pùre, t’aurais pas besoin d’en parler à personne.
JAMBON : Hein?
TI-CƒUR : Tiens. Je vais te donner vingt piastres, tout de suite.
JAMBON : Pourquoi?
TI-CƒUR : Le veux-tu?
JAMBON : Ben? Certain! Qu’est-ce qu’il faut que je fasse?
TI-CƒUR : Pas grand-chose. Une petite affaire.
JAMBON : Quoi?
TI-CƒUR : Juste de me conduire en ville.
JAMBON : C’est pas nĂ©cessaire de me donner de l’argent pour ça. On part bientĂŽt, aussitĂŽt que Mister arrive.
TI-CƒUR : Justement, je voudrais partir avant Mister. Sans lui. Tu comprends-tu, là?
JAMBON : Ben?
TI-CƒUR : Je te donne vingt piastres pour partir tout de suite. Mister passera une autre journĂ©e ici, ça le tuera pas.
JAMBON : Mais?
TI-CƒUR : Tu reviendras le chercher demain, c’est tout. C’est pas ben grave. C’est une farce que je veux lui faire. Rien qu’une farce. Il va la trouver drîle, tu vas voir.
JAMBON : Il va se fĂącher pis c’est sur moi qu’il va se dĂ©fouler!
TI-CƒUR : Ben non!
 Sur le coup, c’est sĂ»r qu’il la trouvera pas drĂŽle. Mais ni toi ni moi, on sera lĂ  pour recevoir ses coups. Pis demain matin, il va avoir tout oubliĂ© parce qu’il va avoir passĂ© la nuit Ă  jouer aux cartes pis Ă  boire du whisky. Quand tu reviendras ...

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