Un diplomate à la découverte du Japon
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Un diplomate à la découverte du Japon

Le voyage de Rodolphe Lemieux, 1907

René Castonguay

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  1. 160 pages
  2. French
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Un diplomate à la découverte du Japon

Le voyage de Rodolphe Lemieux, 1907

René Castonguay

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À propos de ce livre

Au début du XXe siÚcle, le Canada est aux prises avec un flux de migrants japonais. Qui sont ces gens issus d'une société alors méconnue? Pourquoi viennent-ils en si grand nombre? En 1907, le premier ministre Wilfrid Laurier décide d'envoyer son homme de confiance, le diplomate Rodolphe Lemieux, pour éclaircir ces mystÚres. René Castonguay s'appuie sur deux types de textes pour raconter cette mission. Il y a le récit officiel, celui que Lemieux présente à l'histoire, épuré, privé, comme tous les récits officiels, de son caractÚre authentique, dans une volonté de bien faire paraßtre les actions de son gouvernement. Puis, il y a la longue et détaillée correspondance de Lemieux, récit sans filtre de son aventure. Nous pouvons suivre, pas à pas, Rodolphe Lemieux qui prend contact avec une société et une culture dont il ne sait pratiquement rien, comme la plupart de ses contemporains. Pendant son voyage, il fera preuve d'une ouverture d'esprit intéressante, certes teintée d'un jugement occidental et chrétien sur la société japonaise, mais aussi d'un sens de l'humour face à ses découvertes qu'il transmet dans sa correspondance. Titulaire d'un doctorat en histoire politique canadienne, René Castonguay est un passionné du rÎle des individus dans le développement des sociétés. Il est l'auteur de Rodolphe Lemieux et leParti libéral, 1866-1937: le chevalier du roi, publié aux PUL.

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Informations

Année
2018
ISBN
9782894489338
La négociation et ses conséquences
La diplomatie est souvent un jeu de coulisses secret. Il faut d’abord bien connaĂźtre son vis-Ă -vis et le respecter suffisamment pour le mettre Ă  l’aise ; puis, le silence et le secret des conversations sont garantis de succĂšs. Il y a donc les nĂ©gociations des comptes rendus publics, puis il y a les arriĂšres, les nĂ©gociations privĂ©es, les histoires de corridor. Ce sont trĂšs souvent les plus importantes histoires pour connaĂźtre la vĂ©ritĂ© sur des nĂ©gociations. Bien que la Mission Lemieux se soit soldĂ©e par un succĂšs par rapport aux objectifs canadiens, tout n’a pas Ă©tĂ© facile pour le diplomate, surtout dans ses communications avec son premier ministre. Nous trouverons ici les mots de Lemieux concernant ces nĂ©gociations ; nous verrons la complexitĂ© du processus japonais, sa reconnaissance personnelle envers l’ambassadeur britannique, mais surtout les problĂšmes auxquels il doit faire face pour faire passer son message Ă  Ottawa oĂč ses collĂšgues ministres ne semblent pas comprendre la situation. Nous nous Ă©cartons ici considĂ©rablement du petit passage sur les nĂ©gociations dans le rĂ©cit officiel qu’il a rendu dans ses mĂ©moires, oĂč son absence de dĂ©tails laissait croire que tout avait Ă©tĂ© rapide et facile.
Nous avons volontairement Ă©cartĂ© tous les documents officiels, notamment les mĂ©morandums transmis au gouvernement japonais lors des nĂ©gociations, afin de nous concentrer sur ce qui se passe en coulisses. Beaucoup des lettres envoyĂ©es Ă  Laurier se rĂ©pĂštent, dĂ©montrant que Lemieux a la certitude qu’à Ottawa plusieurs ne comprennent pas ce qui se passe ; certains commentaires faits dans le courrier personnel le confirment. Afin de bien suivre le fil des Ă©vĂ©nements, nous avons ajoutĂ© quelques tĂ©lĂ©grammes de Laurier en rĂ©ponse Ă  ceux de Lemieux.
* * *
16 novembre 1907131 – Une fois arrivĂ© au Japon, il faut faire la reconnaissance du terrain de bataille, apprendre Ă  connaĂźtre les belligĂ©rants et mettre la table pour les nĂ©gociations. DĂ©jĂ , Lemieux et Pope voient l’importance d’avoir Ă  leurs cĂŽtĂ©s l’ambassadeur anglais.
La journĂ©e d’hier a Ă©tĂ© bien remplie. Lady MacDonald nous avait invitĂ©s Ă  dĂ©jeuner Ă  l’Ambassade, Berthe, Monsieur Pope, Monsieur Verret et moi. Comme vous le savez sans doute, les MacDonald Ă©taient Ă  PĂ©kin lors de l’insurrection des Boxeurs132, et j’ai vu dans sa bibliothĂšque quelques unes des balles qui ont Ă©tĂ© tirĂ©es sur le personnel de l’Ambassade, durant cette triste affaire. Ce sont des gens charmants. Ils nous donnent, Mardi le 19, un grand dĂźner oĂč, sans doute, nous rencontrerons plusieurs des membres du corps diplomatique Japonais. AprĂšs le dĂ©jeuner, nous avons eu, Monsieur Pope et moi, une longue entrevue avec Sir Claude au sujet de l’objet de ma mission. Bien confidentiellement, nous avons gagnĂ© Sir Claude, et il a dĂ» adresser hier un cable Ă  Downing Street pour demander de prendre fait et cause avec nous auprĂšs des autoritĂ©s Japonaises133. Il a Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© des faits que nous lui avons rĂ©vĂ©lĂ©s. Il ne croyait pas notre cause aussi bonne et aussi forte. Il est indĂ©niable que sans l’appui de l’Ambassadeur An[glais] ici, avec le tintamarre que fait la presse Japonaise au sujet des incidents de San Francisco et de Vancouver, et en tenant compte de l’orgueil et de la sensibilitĂ© des Japonais, nous ne rĂ©ussirions pas Ă  rĂ©gler cette question de l’immigration, qui est la grande question Ă  l’ordre du jour ici. Les Hommes d’Etat Japonais ne veulent pas que leurs nationaux soient considĂ©rĂ©s les infĂ©rieurs des autres peuples ; c’est lĂ  toute la question. Comme vous le voyez, elle est de la plus haute importance.134
16 novembre 1907 – Lemieux explique Ă  Laurier qu’il a mis l’ambassadeur, sir Claude MacDonald, de son cĂŽtĂ©. Les seules instructions que MacDonald a reçues de Londres sont de prĂ©senter Lemieux au gouvernement japonais, ce qui pourrait dĂ©montrer le dĂ©sintĂ©rĂȘt de Londres pour la question ou le fait que le Canada a les mains libres pour mener ses nĂ©gociations. Mais les deux hommes ont d’autres intentions, surtout compte tenu de la sensibilitĂ© du sujet au Japon, sensibilitĂ© bien relevĂ©e par Lemieux dans cette lettre. Il faut noter que Lemieux Ă©crit Ă  Laurier en anglais, ce qui n’est pas inhabituel pour la correspondance officielle du premier ministre.
Hier, j’ai eu un long entretien avec sir Claude MacDonald durant lequel il m’a rĂ©vĂ©lĂ© qu’aprĂšs avoir lu notre dossier il l’a trouvĂ© si solide et le bris de confiance de la part des Japonais si flagrant, qu’il a contactĂ© le ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres (F.O. = Foreign Office ?) en Angleterre afin qu’on lui accorde de m’apporter toute l’assistance nĂ©cessaire. Sir Claude avait seulement l’autorisation de me prĂ©senter. Étant donnĂ© la prĂ©occupation immense au Japon en ce qui a trait Ă  cette question d’immigration, j’ai rĂ©ellement besoin d’une aide active de la part de sir Claude MacDonald. Il a ainsi reportĂ© la premiĂšre rencontre au lundi 18 et en a avisĂ© le comte Hayashi.
Notre affaire Ă©tant Ă  ce point solide, nous envisageons de gagner, mais avec la diplomatie japonaise, chacun de nos pas doit ĂȘtre prudemment calculĂ©.135
18 novembre 1907 – Les AmĂ©ricains, aux prises avec les mĂȘmes problĂšmes Ă  contrĂŽler l’entrĂ©e de milliers de Japonais sur leur territoire, veulent se joindre au Canada pour bĂ©nĂ©ficier du mĂȘme rĂšglement. Lemieux refuse de faire Ă©quipe avec les AmĂ©ricains, sans doute parce qu’il se rappelle que le Canada a perdu sa cause face au gĂ©ant amĂ©ricain dans le dossier de la frontiĂšre de l’Alaska. Le gouvernement amĂ©ricain en viendra Ă  son propre accord de contrĂŽle d’émigration avec le gouvernement japonais.
Je peux Ă©galement vous informer que les AmĂ©ricains ont trĂšs hĂąte d’unir leurs efforts aux nĂŽtres dans cette affaire. L’ambassadeur amĂ©ricain, M. O’Brien, a appelĂ© ce matin et a fait valoir auprĂšs de l’ambassadeur britannique la nĂ©cessitĂ© de prĂ©senter un dossier commun au comte Hayashi, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres. Nous avons bien sĂ»r refusĂ©.136
22 novembre 1907 – Londres accepte la position de son ambassadeur et lui demande d’accorder son appui au Canada dans ses nĂ©gociations. Il ne faut pas y voir un affaiblissement dans la position canadienne de faire un accord diplomatique directement avec le Japon. L’ambassadeur anglais connaĂźt le Japon et ses ministres et sa rĂ©putation Ă  Tokyo est grande ; il ne peut ainsi qu’aider Lemieux dans son rĂŽle. Sir Claude MacDonald a aussi bien compris que c’est Lemieux qui mĂšne les nĂ©gociations et que lui est en soutien.
[
] Je reviens Ă  l’Ambassade travailler et Sir Claude m’annonce une bonne nouvelle de Londres : « Give L. your active support ». Nous aurons donc lundi le 25 notre premiĂšre entrevue officielle avec le Comte Hayashi, Ministre des Affaires EtrangĂšres et, avec le prestige de la Grande Bretagne, nous comptons bien terminer promptement et sĂ»rement notre affaire.137
25 novembre 1907 – Il faut surveiller ses arriùres, à plus d’un niveau.
En causant hier avec Sir Claude, j’ai appris que mes lettres...

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