ACTE UN
SCĂNE 1
Percy Schmeiser entre avec lâauteure, qui lâinterviewe.
PERCY
Ăa, câest le fameux champ numĂ©ro 2, juste ici. Câest lĂ que tout est arrivĂ©. Jâai trois kilomĂštres de terre dans cette direction-lĂ , puis deux dans cette direction-lĂ . Le champ commence Ă cĂŽtĂ© des pylĂŽnes Ă©lectriques, juste ici. Câest lĂ que le champ comme tel commence. La propriĂ©tĂ©.
LâAUTEURE, au public
Percy Schmeiser, fermier, chez lui, à Bruno, en Saskatchewan, décembre 2003.
PERCY
Pour moi, la terre, ma terre, reprĂ©sente la vie. Puis si je repense en particulier⊠à cette portion-lĂ de ma terre⊠cette terre-là ⊠juste ce quâon voit ici⊠puis que je repense Ă comment mon pĂšre sâest Ă©chinĂ© Ă la travailler⊠Avant, câĂ©tait presque tout en broussaille. Puis quand jâai pris la relĂšve⊠Le temps que ma femme Louise et moi, on a passĂ© Ă arracher des souches puis Ă ramasser des roches puis Ă travailler pour avoir la terre que vous voyez aujourdâhui⊠lâamener Ă produire une culture⊠Ăa fait que la terre devient comme une partie de nous-mĂȘme, vous savez ? Ăa fait que ça brasse toutes sortes dâĂ©motions. (Un temps.) Surtout maintenant, quand⊠quand tout Ă coup on peut plus faire pousser ce quâon veut⊠Notre choix nous est enlevĂ©, contre notre volonté⊠Notre propriĂ©tĂ© nous est enlevĂ©e.
Un temps.
Trish Jordan entre.
JORDAN
Câest une histoire assez simple : nous, Monsanto, dĂ©tenons un brevet valide sur un produit, un brevet qui nous a Ă©tĂ© accordĂ© par le Bureau canadien des brevets. Ce gars-lĂ avait notre technologie brevetĂ©e. Il savait quâil lâavait. Et il lâa utilisĂ©e.
PROJECTION
Trish Jordan, directrice des relations publiques chez Monsanto Canada.
JORDAN
Donc, que vous soyez un musicien ou un dramaturge ou whatever, prenez lâanalogie que vous voudrez, si vous inventez un produit innovateur et que câest votre idĂ©e Ă vous, OK ? et que le produit en question peut vous apporter un certain profit⊠Et ça, câest ce qui intĂ©resse la plupart des entreprises, right ? Parce que thatâs what they do⊠Ben, il leur appartient Ă ce moment-lĂ de dire : « Comment est-ce quâon peut partager notre technologie, mais en mĂȘme temps ĂȘtre rĂ©compensĂ© pour lâinvestissement quâon a fourni ? »
LâAUTEURE, au public
Trish Jordan a dâabord refusĂ© de participer Ă ce documentaire quand je lâai contactĂ©e en mars 2004.
Trish Jordan tente dâintervenir pour protester.
LâAUTEURE
Elle a finalement acceptĂ© avec rĂ©ticence un mois plus tard, aprĂšs que je lâeus assurĂ©e que le documentaire ferait un portraitâŠ
JORDAN
Balanced !
LâAUTEURE
⊠équilibrĂ© de lâaffaire Monsanto-Schmeiser.
JORDAN
Monsanto fournit une technologie de grande valeur. On a plus de 30 000 fermiers dans lâouest du Canada qui utilisent notre technologie, right ? Par choix. Et ce quâon entend des dizaines et des dizaines et des dizaines de fois de la part des fermiers, câest : « Hey, you know what ? Je veux essayer votre technologie. Je⊠Jâaime votre technologie. » Euh⊠« Et je suis prĂȘt Ă payer pour avoir accĂšs Ă votre technologie. Mais vous savez quoi ? Si moi, je paie pour la technologie, ben je mâattends Ă ce que tout le monde suive les mĂȘmes rĂšgles. » Et tout ça, câest juste un cas, un individu, qui dans notre esprit nâa pas suivi les rĂšgles.
SCĂNE 2
PROJECTION, avec le bruit dâune pile de journaux tombant lourdement par terre
Une coupure de presse du Western Producer de septembre 1998.
TECHNICIEN 1
« Un fermier de la Saskatchewan fait lâobjet de la premiĂšre poursuite judiciaire au Canada en matiĂšre de protection des plantes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es. »
Un téléphone sonne.
LâAUTEURE
Le tout premier article Ă©crit sur lâaffaire Monsanto-Schmeiser est paru dans le Western Producer en septembre 1998. Monsanto Canada avait intentĂ© une poursuite un mois plus tĂŽt, en allĂ©guant que Percy Schmeiser cultivait son canola gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ© sans permis.
TECHNICIEN 1
« Schmeiser nâa pas rĂ©pondu Ă nos demandes dâentrevue. »
Le téléphone cesse de sonner.
JORDAN
Lâaffaire ne se rendra peut-ĂȘtre pas en cour.
TECHNICIEN 1
« ⊠a indiqué une représentante de Monsanto Canada. »
JORDAN
Nous espĂ©rons pouvoir rĂ©gler lâaffaire sans avoir recours aux tribunaux.
PROJECTION sur un autre Ă©cran
5 ans plus tard. Bruno (Saskatchewan).
Un téléphone sonne (sonnerie différente de la précédente).
PE...