quand des faisceaux de lumiĂšre
traversent la route sans sâarrĂȘter
je nâai pas besoin de savoir
dâoĂč ils viennent
ce quâils cherchent
je continue mon chemin
les yeux fermés
jâappuie un peu plus fort
sur la pédale de gaz
quand les longues gouttes dâhuile
noire sâĂ©chappent
vers le haut
entraĂźnant avec elles
ce quâil existe de plus
crotté de plus méchant
ce qui pourrit lâorganisme
je le libĂšre si je veux
je dis Ă©piphanie pour le compte
de lâordre et de la beautĂ©
jâignore le but
sâil faut tendre
vers le danger
je connais le décompte
une bataille incertaine
contre le sort
qui se joue
chaque seconde
je sais contrer lâattente
et la peur des attaques
les coups qui surgissent
de nulle part
les revirements
de situation
la lumiĂšre froide
dirigée dans les yeux
je lâabsorbe
à chaque chiffre nommé
quelque chose
de lourd sâenvole
tant pis
pour lâimportance
tant pis pour ce qui part
quand je reste ici je tournoie
à chaque battement je me réjouis
je dis au revoir en dansant
jâinvente le seul guide de survie possible
imiter cinq cent mille sourires
dans la poussiĂšre du miroir
je dis apocalypse
pour me réchauffer
pour la braise
je me relĂšve et jâattends
une seconde
jâordonne Ă mes jambes de tenir
bon aprÚs le décompte
comme au cĆur de lâhiver
quand je scrute Ă lâinfini
des brĂšches dans la glace
comme au cĆur de la canicule
quand mon corps sâalourdit
écrasé par la chaleur
et le poids décuplé de
chaque goutte de sueur
se formant sur ma peau
je traverse le mur si jâen ai envie
et si je suis une bonne fille
je fais bouger les cadres
du regard je tire les rideaux
tourne en mĂȘme temps toutes
les poignées de porte
je dis cinq quatre
trois deux
un
je laisse tomber le zéro
si je meurs je meurs
aprÚs le décompte
je recommence
et si jâen ai envie
je refais une par une
les mĂȘmes erreurs
les mĂȘmes exagĂ©rations solidaires
les mĂȘmes vices, sans me cacher
je deviens monstre si je veux
je trahis sâil faut trahir
si je pars je reviens nouvelle
je mâenveloppe dâune autre peau
dâune odeur plus puissante et
je flanque dessus sans permission
mon visage imparfait
si je meurs je refais
le parcours Ă la nage
et cette fois jâexplose
Ă chaque fois jâexploserai
pour chaque seconde
une alarme
tous les jours
comme un mémo
quand câest lâheure câest lâheure
si je pars je suis libre
si je vis je le refais
toutes les saisons
tous les jours
depuis toujours
ce quâon me demande
je le refuse coup sur coup
je préfÚre me sauver
et laisser la matiĂšre
se consumer ou pourrir
je refuse le contrĂŽle
je nâen pense rien
j...