Sud des États-Unis (Le)
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Sud des États-Unis (Le)

Rouge, Blanc, Noir

Ginette Chenard

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Sud des États-Unis (Le)

Rouge, Blanc, Noir

Ginette Chenard

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À propos de ce livre

Comprendre les Ferguson, New York, Chicago, Cleveland, Los Angeles, DĂ©troit et tant d'autres villes du Nord des États-Unis, c'est avant tout retourner au Sud et le revisiter.D'hier Ă  aujourd'hui, cette rĂ©gion a marquĂ© la politique nationale et estampillĂ© les rapports socioĂ©conomiques du pays aux couleurs qui rythment son histoire: rouge, blanc et noir.Le rouge, couleur crue, ardente et souvent tragique du conservatisme, Ă©voque la supĂ©rioritĂ© et l'hĂ©gĂ©monie, exalte l'uniformitĂ© dans la diversitĂ©. Le Blanc dĂ©barquĂ© Ă  Jamestown en 1607. Il a dĂ©veloppĂ© le Sud en dĂ©ployant ses valeurs traditionalistes. Le noir d'un peuple dĂ©chargĂ© comme esclave dĂšs 1619 qui a construit le Sud pour le compte du Blanc. Le Sud des États-Unis demeure encore, dans son ensemble, un mystĂšre pour plusieurs. Ginette Chenard fait tomber les prĂ©jugĂ©s et nous livre un portrait Ă©tonnant d'une AmĂ©rique coincĂ©e entre tradition et modernitĂ©.Ginette Chenard dĂ©tient un doctorat en sciences politiques et relations internationales de l'UniversitĂ© de MontrĂ©al. Elle a vĂ©cu une quinzaine d'annĂ©es aux États-Unis oĂč elle a occupĂ© plusieurs postes liĂ©s aux relations internationales entre le QuĂ©bec et les États-Unis. Elle est coprĂ©sidente de l'Observatoire sur les États-Unis Ă  la Chaire Raoul-Dandurand en Ă©tudes stratĂ©giques et diplomatiques de l'UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al.

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Informations

Année
2016
ISBN
9782896649228
CHAPITRE 1
La sous-culture politique traditionaliste d’appartenance commune
« Le passĂ© n’est jamais mort. Il n’est mĂȘme pas encore passĂ©. »
William Faulkner
Le Sud d’aujourd’hui et le Sud d’hier ne sont plus forcĂ©ment similaires. Le mirage des perceptions fournit nĂ©anmoins Ă  plusieurs de bons motifs pour allĂ©guer que la Virginie, l’État qui a donnĂ© naissance au Sud et qui s’oblige aussi comme l’un des deux berceaux nationaux, ne serait plus rĂ©ellement un État sudiste en raison de ses progrĂšs singuliers en matiĂšre de modernitĂ© ; pas plus que ne le serait Ă  proximitĂ© Washington D.C., ville qui dans les annĂ©es 1970 exhibait encore ses attributs sudistes, bien qu’elle soit devenue aujourd’hui l’une des grandes villes cosmopolites nationales, surpassant les autres par la beautĂ© de son esthĂ©tique. De simples impressions amĂšnent aussi des voyageurs sĂ©journant Ă  Atlanta, Ă  Houston ou Ă  Miami Ă  convenir que ces villes, en raison de leur modernisme et de leur diversitĂ© culturelle, n’appartiendraient plus vraiment au Sud. Sous prĂ©texte d’en finir avec les stigmates du passĂ©, des habitants bouillants d’impatience prĂ©tendent aussi que la Caroline du Nord, la GĂ©orgie, le Texas et la Floride ne seraient plus des « États sudistes » Ă  l’instar de la Virginie ; Ă  preuve, le dynamisme de leur dĂ©veloppement Ă©conomique et les Ă©carts de mentalitĂ©s qui les dissocient des rĂ©sidents d’autres États, dont ceux du pauvre Mississippi toujours houspillĂ© par ses voisins, mais Ă©galement de l’Alabama et de la Caroline du Sud. En somme, de cet afflux d’impressions Ă©parses, d’aucuns pourraient ĂȘtre portĂ©s Ă  conclure que le Sud se dĂ©cline en de vagues frontiĂšres flexibles qui s’articulent en fonction de degrĂ©s d’appartenance variables ou d’impĂ©ratifs relatifs au rayonnement international et Ă  la qualitĂ© de l’image Ă  l’étranger. Or, la rĂ©alitĂ© est autrement plus tĂȘtue que les perceptions ; le Sud subsiste sur le plan national comme un tout bien circonscrit, une entitĂ© qui entretient sa distinction par la force d’une culture politique qui prend rĂ©solument appui sur le passĂ© et qui fait d’elle un ensemble compact et homogĂšne Ă  maints Ă©gards, en dĂ©pit des spĂ©cificitĂ©s infrarĂ©gionales qui particularisent ses composantes.
Une rĂ©gion dans tous ses États
La géographie
D’un point de vue strictement gĂ©ographique, deux grandes lignes de dĂ©marcation dĂ©partagent historiquement le Sud du reste du pays. Depuis le XVIIIe siĂšcle, une frontiĂšre a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  la fois par la ligne Mason-Dixon et par la riviĂšre Ohio, deux bornes utilisĂ©es pour dĂ©terminer la limite territoriale qui correspond grosso modo au 39e parallĂšle ; d’un cĂŽtĂ© au nord, la Pennsylvanie et l’Ohio, de l’autre au sud, le Maryland et la Virginie. D’abord Ă©tablie Ă  la suite d’un diffĂ©rend territorial entre deux colons anglais, le nordiste Charles Mason et le sudiste Jeremiah Dixon, au cours des annĂ©es 1780, cette frontiĂšre fut Ă©ventuellement prolongĂ©e vers l’ouest quand vint le temps de dĂ©battre des nouvelles admissions au sein de l’Union et du statut relatif Ă  l’institution de l’esclavage Ă  prescrire dans le cas des États Ă©manant de la subdivision du grand territoire de l’Ouest acquis Ă  la suite de l’achat de la Louisiane. Depuis la signature de la DĂ©claration d’indĂ©pendance, en 1776, toute nouvelle adhĂ©sion Ă  l’Union se faisait par paires d’États, de façon Ă  conserver l’équilibre de la reprĂ©sentation au SĂ©nat entre États abolitionnistes et esclavagistes. ConsĂ©quemment, la ligne de dĂ©marcation entre le Sud et le Nord fut essentiellement l’ancienne tracĂ©e par le systĂšme de l’esclavage et son corollaire, Ă  savoir un systĂšme politique fondĂ© sur la « souverainetĂ© populaire » plutĂŽt que sur des Ă©dits constitutionnels.
Les dispositions relatives aux dĂ©marcations de la ligne Mason-Dixon et de la riviĂšre Ohio ont d’abord dĂ©partagĂ© le pays entre, d’une part, les États du Nord qui avaient procĂ©dĂ© Ă  l’abolition de l’esclavage, notamment la Pennsylvanie, l’Ohio, l’Indiana et l’Illinois et, d’autre part, les États du Sud qui avaient fait de cette pratique le fondement de leur rĂ©gime. Ces assises dĂ©finissant l’organisation politico-Ă©conomique du pays furent authentifiĂ©es par le CongrĂšs amĂ©ricain lors des dĂ©bats au sujet de la demande d’admission du Missouri au sein de l’Union en 1819 Ă  titre d’État esclavagiste. Le Compromis du Missouri de 1820 qui en est rĂ©sultĂ© a officiellement lĂ©galisĂ© l’existence du systĂšme de l’esclavage dans les États sudistes, octroyĂ© le droit Ă  la pratique de l’esclavage au Missouri, tout en limitant ce rĂ©gime aux seuls États situĂ©s au sud du 36e parallĂšle correspondant Ă  la frontiĂšre mĂ©ridionale de cet État, et l’interdisant dans tout le reste du pays. L’enjeu de l’unitĂ© nationale et celui de la stabilitĂ© politique de l’Union ont pris une ampleur considĂ©rable au fur et Ă  mesure des progrĂšs de la conquĂȘte de l’Ouest, alors que s’amplifiaient les luttes politiques menĂ©es par le Sud afin de promouvoir l’esclavage dans les nouveaux territoires de l’Ouest, de mĂȘme que la notion de la « souverainetĂ© populaire » comme fondement d’organisation politique. À nouveau forcĂ© d’intervenir sur la question des frontiĂšres, le CongrĂšs en est d’abord arrivĂ© au Compromis de l’Utah et du Nouveau-Mexique de 1850, puis Ă  la Loi sur le Kansas-Nebraska de 1854 qui comportait une provision soutenue par le Sud visant Ă  invalider le Compromis du Missouri61. C’est dire que la division Nord/Sud a Ă©tĂ© largement Ă©tablie en fonction de la pratique de l’esclavage et que l’histoire et la culture politique du Sud et de ses habitants sont insĂ©parables des luttes politiques nationales que ce partage a engendrĂ©es. Du reste, cette portion mĂ©ridionale du territoire amĂ©ricain fut dĂšs lors connue sous le nom de « Dixie », que plusieurs associent au colonisateur sudiste Dixon ; pour d’autres, les termes Dixie et Dixie Land rĂ©fĂšrent au royaume du coton (land of cotton), Ă  l’agriculture de plantation et Ă  l’ordre racial qui ont soudĂ© le Sud comme un bloc, selon l’interprĂ©tation de John Shelton Reed62.
Force est de convenir qu’il faut s’en remettre Ă  l’histoire, Ă  l’évolution de la culture sous ses diffĂ©rents aspects, aux valeurs et aux pratiques qui particularisent un territoire pour mieux en faire le portrait. C’est un argument que soutient en l’occurrence Joel Garreau. Trente ans aprĂšs la publication en 1981 de son ouvrage intitulĂ© Nine Nations of North America, il commentait l’actualitĂ© en affirmant que les vĂ©ritables frontiĂšres des « neuf nations » amĂ©ricaines qu’il avait dĂ©finies coĂŻncidaient bien davantage avec la culture et les valeurs en partage parmi les groupes d’habitants qu’avec les frontiĂšres administratives Ă©tablies parfois arbitrairement. En ce sens, Garreau n’a pas tort d’avancer que les blocages qui obstruent le dĂ©roulement de la vie politique nationale contemporaine Ă©manent, en bonne partie, de l’entrechoquement des cultures rĂ©gionales ou « sous-nationales », car, estime-t-il, elles « dessinent encore la carte du pouvoir, de l’argent et de l’influence, dans des modalitĂ©s qui n’ont fait que s’approfondir63 ». À la maniĂšre de Garreau, Colin Woodard s’est aussi intĂ©ressĂ© aux cultures d’appartenance des peuples colonisateurs pour planter dans le Sud des « nations » dont les limites dĂ©passent trĂšs largement le territoire administratif actuel : la « nation du Deep South » au cƓur du Sud serait entourĂ©e des nations suivantes : l’« El Norte » Ă  l’ouest, le « Greater Appalachia » au centre, le « Tidewater » Ă  l’est et la « New France » au sud64. Nonobstant l’intĂ©rĂȘt des contributions de Garreau et de Woodard,...

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